On propose le sorgho comme brise-vent starter pour protéger les jeunes plantations d’agrumes dans les zones ventées, le temps que le brise-vent pérenne à base d’essences forestières atteigne une hauteur suffisante.
Les résultats obtenus sur un verger de 500 ha de mandarinier Afourer (Nadorcott), planté dans la zone de Larache (nord ouest du Maroc), caractérisée par ses vents forts (grand vent à violente tempête sur l’échelle de Beaufort), montrent que l’efficacité du sorgho est meilleure lorsque la variété utilisée est de type conventionnel non sensible à la verse (1), semée fin juin afin d’avoir un feuillage encore vert à l’arrivée du vent hivernal (2). D’après la présente expérience, il faut prévoir deux lignes jumelées par ligne de plantation (3) avec un écartement entre lignes de 50 cm (4), un espacement entre graines de 3.5 cm (5), et éloignées d’au moins 1.5 mètre (6) de la ligne de plantation pour éviter les phénomènes de concurrence avec les jeunes plants d’agrumes. Le sorgho doit être irrigué et fertilisé à part, et bien entretenu contre les mauvaises herbes et les maladies afin d’avoir une croissance dépassant largement celle du jeune plant à protéger (7). Le sorgho doit être renouvelé chaque année, de préférence au moyen d’un nouveau semis (8).
Introduction
D’habitude ce sont les essences forestières (Eucalyptus, Cyprès, Filao,..) qui sont utilisées comme brise-vent des vergers d’agrumes et des plantations arboricoles d’une manière générale. Mais du fait de la croissance relativement lente de ces essences, il leur faut au moins 2 à 4 ans, avant d’être des haies de hauteur suffisante pouvant protéger les agrumes. Il en résulte un décalage inévitable de quelques années entre le moment où il a été décidé de planter et la mise en place effective de la plantation.
Il y a trente ans, ce décalage était perçu comme un passage obligé, beaucoup moins problématique qu’il ne l’est aujourd’hui, que ce soit sur le plan financier ou commercial. Le verger d’agrumes était en effet, moins exigeant en montant d’investissement et le plus souvent en grande partie ou en totalité autofinancé. Il était en outre crée avec l’objectif d’être rentabilisé sur une durée très longue de 50 ans et plus, peu influencée par les 2 à 4 années de retard causé par la préparation du brise-vent.
Aujourd’hui, le raisonnement est différent. L’investissement sur un verger moderne est très lourd et souvent financé avec des emprunts, remboursables à des échéanciers que le producteur est tenu de respecter. D’autre part, en cas de nouveau clone très rémunérateur, il est évident qu’il y a intérêt à arriver sur le marché parmi les premiers pour profiter des meilleurs prix et non avec retard, c’est-à-dire en un moment où l’offre commence à l’emporter sur la demande.
Le cas d’école au Maroc a été celui de l’Ortanique. Lancé en 1988, cet hybride avait laissé un prix extraordinaire d’environ 11 Dh/kg net producteur pour un volume export de moins de 6000 T, contre 8 Dh en 1991 pour un volume de 14.000 T, et seulement 2Dh/kg huit ans plus tard, lorsque le volume exporté a dépassé 50.000 T. D’où l’intérêt de démarrer à chaque fois, brise-vent et verger à la fois, afin de gagner du temps et d’arriver sur le marché parmi les premiers.
Du fait de son prix exorbitant, le recours au filet synthétique comme brise-vent étant exclu dans le cas des agrumes. Le but du présent article est de présenter une expérience vraie grandeur nature où ce problème de brise-vent a été résolu avec une méthode agronomique bon marché utilisant du sorgho conventionnel conduit selon un protocole de culture approprié pour protéger les jeunes plantations.