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jeudi, avril 25, 2024

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Les Agrumes, le maraîchage et le froid hivernal

Lutte contre le gel en verger

Méthodes préventives

Le choix du site constitue la méthode la plus simple pour une protection contre le mal du refroidissement atmosphérique. Les sites où la température ne descend jamais au dessous de -2 °C sont indiqués, tout en évitant les bas fonds et les sites où la circulation de l’air est mauvaise. Les brises vents limitent les pertes de chaleur par advection et par convection dans le verger. Ils doivent être relativement perméables.

L’utilisation des combinaisons d’espèces/variétés résistantes greffées sur des porte greffes résistants au froid ainsi que la pratique de taille tardive permettent d’échapper aux effets néfastes du gel. Par ailleurs, une cueillette hâtive des fruits des variétés précoces avant l’arrivée du froid permet l’écoulement de la production en bon état. Le maintien du sol nu, d’une alimentation adéquate en eau et en éléments fertilisants ainsi que d’un état sanitaire optimal des arbres assurent une meilleure résistance des arbres au gel.

La culture d’agrumes sous abris à grande échelle parait peu économique mais l’utilisation de serres chauffées au Japon est l’une des méthodes ayant permis à ce pays de produire des agrumes avec succès. Les fruits sont de bonne qualité et sont produits précocement dans l’année à cause des températures élevées dans les abris.

Méthodes actives

Le choix de la meilleure méthode pour lutter contre le gel dépend des températures qui règnent dans la zone de production considérée. Pour les gelées venant des pertes d’énergie par rayonnement, un réseau de relevés de température, d’hygrométrie et de vent est nécessaire pour une meilleure prévision du gel. Pour les gelées causées par les pertes d’énerge par convection, la météorologie nationale annonce les risques de gelée. Dans les régions du monde où les gelées sont fréquentes en verger d’agrumes, il existe plusieurs méthodes de lutte active et chacune exige des équipements et un investissement:

  • Le chauffage de l’air environnant des arbres en utilisant divers équipements et procédés. Le nombre de sources de chaleur à installer dans le verger est grand et les pertes en énergie sont importantes. Les chaufferettes métalliques (Fig. 2) (voir fichier PDF) avec combustion de fuel étaient très utilisées en Californie par exemple jusqu’à tout récemment.
  • Les ventilateurs (appelés Wind Machines en anglais; Fig. 3) (voir fichier PDF) sont encore très utilisés en Californie. Le principe consiste à ramener vers le bas les couches d’air au dessus du verger et qui sont à des températures supérieures à celles de l’environnement immédiat des arbres. Ce système est relativement efficace dans le cas des gelées par rayonnement et non par convection et par déplacement de masses d’air froid pourvu que l’augmentation de température recherchée ne dépasse pas 1 à 1,5 °C.
  • Chauffage-ventillation: permet d’homogénéiser l’effet du chauffage et du brassage de l’air dans le verger. Les pertes en énergie et en chaleur sont élevées.
  • Irrigation: l’eau en se transformant en glace libère de l’énergie. C’est cette propriété de l’eau qui est prise en compte dans les divers systèmes dans lesquels l’eau est utilisée pour lutter contre le gel. En plus, l’eau quand elle sort du puits a une température de l’ordre de 15-25 °C. Quand elle est utilisée dans le verger, la chaleur est libérée dans l’air et les arbres. En condition de perte d’énergie par déplacement de masses d’air froid, la protection n’est pas assurée par cette technique sauf si les quantités d’eau apportées sont relativement grandes.

Les exemples sont nombreux: aspersion sous frondaison, aspersion sur frondaison, micro aspersion, nébulisation… Cependant, certains problèmes sont associés à chacune de ces techniques tels que: le risque de cassure de branches sous l’effet du poids de la glace qui se forme sur l’arbre durant l’utilisation de l’aspersion sur frondaison, le fait que si les micro asperseurs sont placés relativement proches du sol ne sont efficaces que pour les jeunes arbres (âgés de 1 à 2 ans), vu que l’augmentation de température qu’ils permettent (1 à 2 °C) n’est bénéfique que pour les parties basses des arbres. Ce système utilise des quantités d’eau insuffisantes pour l’arbre et pour la zone humectée du verger et ne permet pas non plus de protéger les fruits et les strates supérieures de la frondaison.

Depuis le début des années 1990, les producteurs d’agrumes de Floride ont développée une technique pour protéger les arbres jeunes (2 à 4 ans) et qui consiste à mettre les micro asperseurs sur des tuteurs permettant de les surélever à une hauteur d’environ 80 à 100 cm et l’eau est projetée sur la frondaison de l’arbre, avec formation de glace sans effet néfaste sur l’arbre (Fig. 4) (voir fichier PDF). Cette méthode peut aussi être utilisée sur arbres adultes et permet de protéger les branches charpentières et les parties basses des arbres, ce qui permet une reprise plus rapide des arbres après le gel.

Autres méthodes

Dans certaines régions agrumicoles du monde, en hiver, les producteurs amassaient le sol autour du tronc du jeune arbre (« buttage »; Fig. 5) (voir fichier PDF) ce qui permet sa protection contre le froid en assurant 12 à 15 °C de température au dessus de la température de l’air. Cependant, cette technique a plusieurs inconvénients tel que l’exposition du plant aux maladies fongiques qui pourraient pénétrer par la ligne de greffe ou d’autres lésions pouvant exister au niveau du greffon.

L’utilisation de manchons en végétaux secs s’est révélée aussi efficace contre le froid. Actuellement, en Floride et en Californie, les agrumiculteurs couvrent le tronc des jeunes plants avec des gaines en matériaux isolants comme la fibre de verre, le polyéthylène, le polystyrène, polyuréthane (Fig. 5) ou l’aluminium. Ces manchons permettent un gain de 2 à 6 °C par rapport à la température de l’air. L’utilisation des serres au Japon et de tissus recouvrant les arbres en Géorgie à l’entrée de l’hiver permet d’éviter les pertes par rayonnement du sol et de la plante mais l’opération coûte très cher.

Conclusion

Dans nos régions, le phénomène climatique causant des gelées sur agrumes est très rare et l’investissement dans une technique de lutte ou une autre doit être étudiée et bien réfléchi. Une bonne connaissance du climat de la région de production et même du verger et de son évolution dans le temps permettrait de mieux concevoir les interventions à faire dans les vergers en production. Cependant, pour les nouvelles plantations, le choix du site et du matériel végétal doit être pris en considération non seulement vis-à-vis du froid mais doit tenir compte aussi des avantages qu’offrirait la combinaison variété/porte greffe.

Activités du projet ConserveTerra

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