Importance, exigences et aire de culture
Le grenadier est localisé principalement dans les régions de Béni-Mellal, Meknès, Fès, Marrakech ou certaines oasis sahariennes. En monoculture ou associé à l’olivier ou à la vigne, le grenadier est adapté au climat sub-aride et continental. Il peut tolérer des températures de -12°C l’hiver et 42°C l’été. Une courte période de froid est nécessaire à l’induction florale, certaines variétés exigent une grande quantité de chaleur pour fructifier. A 1200 m d’altitude, la fructification est compromise. C’est une espèce qui s’accommode de sols très variés avec une préférence pour les terres d’alluvions profondes ou argilo-limoneuses à forte rétention en eau. Il ne craint ni le calcaire actif ni la salinité.
Le matériel végétal
Deux groupes de variétés sont cultivées dans différentes régions du Maroc: (1) les Grenades consommées en frais: Les grenades rouges et jaunes sélectionnées à Marrakech, le Zhéri précoce, le Zhéri d’automne, le Kharazi de Bzou, le Mesri de Meknès et Laroussi de Fès. Ces variétés présentent des pépins souvent rouges, juteuses et tendres et (2) les Grenades acides à pépins durs destinés à la transformation: Une collection de ces variétés a été installée à la Station d’Ahl Souss à Béni-Mellal. Par ordre d’acidité croissante, on distingue: ‘Wonderful’, ‘Negro’, ‘Monstruso’, ‘Dwarf semi evergreen’.
Techniques culturales
Multiplication, plantation et entretien
La méthode de propagation la plus utilisée est celle du bouturage ligneux. Des boutures de 20 à 30 cm sont prélevées en décembre et conservées en stratification avant leur plantation en pépinière, en février-mars ou prélevées directement et plantées en mars. Un traitement à l’AIA ou l’AIB améliore l’émission des racines.
La plantation a lieu de la fin d’automne au printemps à une distance de 5×2 m, 5×3 m ou 5×4 m, en fonction de la richesse du sol. Le scion est rabattu aux ¾ de sa longueur et 3 à 5 charpentières sont conservées. Les gourmands, les pousses mal placées et les drageons sont supprimés au cours des trois années de non fructification.
Le palissage sur un tuteur est parfois nécessaire. Le grenadier fructifiant sur le bouquet de mai, la taille doit préserver ces productions en assurant un léger élagage et la suppression du bois mort.
Les irrigations doivent être copieuses et peu espacées (tous les 15 jours en été). L’apport de fumier à raison de 20 kg par arbre est recommandé à la plantation. Au cours de la première année, un apport de 10-15 g d’azote par plant et par mois active la croissance. Au cours de la 2ème année, on doit apporter pour chaque plant 100 g d’N, 200 g de P205 et 100 g de K20 avant floraison et 100 g d’N, quatre mois après.
Maladies, ravageurs et protection phytosanitaire
La pourriture du fruit, due à Aspergillus castaros, entraîne un noircissement interne du fruit qui devient nauséabond et impropre à la consommation. Cette maladie est fréquente dans les zones fortement humides. La cératite est à craindre certaines années. En cours de végétation, des attaques de pucerons sont aussi fréquentes.
Récolte et conservation
Les fruits sont récoltés quand l’écorce de la grenade se colore en jaune clair et qu’elle produit un son métallique au toucher d’un objet dur. 135 à 165 jours séparent généralement la floraison de la récolte. Un plant produit facilement 100 fruits par récolte et la rentabilité économique dure de 10 à 12 ans.
La craquelure de l’écorce du fruit est une caractéristique variétale qui est accentuée par des irrigations très espacées et la sécheresse de l’air. Certaines variétés (Shirvan, Burachni, Francis) sont très résistantes à cette altération. Les fruits sont susceptibles de perdre l’eau au cours de la conservation, mais s’ils sont entreposés à 4,5°C et 80-85% d’humidité relative, ils peuvent supporter jusqu’à 6 mois de stockage sans altération. La grenade est riche en vitamine C, en phosphore, potassium, magnésium et calcium.
Prof. L.D Wallali, Prof. A. Skiredj et Prof. H. Elattir
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat