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jeudi, mars 28, 2024

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La mouche blanche et le virus des feuilles en cuillère de la tomate (TYLCV)

Que peut on conclure?

A travers le monde, les producteurs qui étaient jadis munis d’un grand arsenal chimique pour lutter contre les ravageurs et les maladies se trouvent depuis quel-que années avec un nombre limité de matières actives encore autorisées et dont certaines sont déjà obsolètes, à cause des problèmes de résistance. Nos producteurs ont déjà intérêt à en prendre conscience.

La chimie moderne permet actuellement de mettre sur le marché des pesticides qui respectent l’environnement et la santé du consommateur. De leurs côtés, les firmes de production d’agents biologiques (prédateurs, parasitoides ou microbes) ne cessent de développer des souches mieux adaptés aux systèmes de serres méditerranéennes et compatibles avec certains pesticides. Les firmes de semences, de leur part, profitant des progrès spectaculaires de la biotechnologie continueront à mettre sur le marché des variétés avec des résistances multiples et parfois trop complexes.

Les acquis techniques concernant la lutte contre les mouches blanches au Maroc sont importants. Mais l’omniprésence des mouches blanches rend nécessaire une adaptation constante de la stratégie de lutte, afin de la simplifier au maximum et de maintenir son efficacité.

La protection de l’agriculture marocaine commence aux frontières

Le Maroc a connu durant ces dix dernières années, l’introduction d’un certain nombre de nouveaux ravageurs et maladies dont certains représentent un problème sérieux pour l’horticulture marocaine. La liste exhaustive n’est pas connue mais il serait utile de rappeler certaines introductions.

Parmi les espèces d’insectes qui ont été introduites récemment, nous citerons deux espèces de mouches mineuses de la tomate (Liriomyza huidobrensis et Liriomyza trifolii), une espèce de thrips, le thrips californien (Frankliniella occidentalis) et la mineuse des agrumes (Phyllocnistis citrella).

Au moins 5 nouvelles maladies fongiques ont été introduites au Maroc durant ces dix dernières années. Il s’agit du Fusarium oxysporum f.sp. radicis lycopersici, Pyrechaeta lycopersici, Oidium lycopersici, Verticillium albo-atrum et une nouvelle souche A2 de Phytophthora infestans.

Parmi les maladies virales, on pourrait citer l’exemple de la catastrophique introduction du virus des feuilles en cuillère de la tomate (TYLCV) en 1998 et celui de l’introduction en 1999 de CYSDV. D’autres maladies virales comme le TSWV (Tomato spotted wilt virus) ou le virus du pépino, ne sont pas loin des frontières marocaines et leur introduction compliquerait davantage la pratique du maraîchage dans notre pays.

Bemisia est vecteur d’une soixantaine de virus dont certains sont aussi grave que le TYLCV. C’est pourquoi, il est encore temps de rester vigilant sur les importations des végétaux porteurs de Bemisia, surtout à partir d’origines douteuses. Maintenant que le virus TYLCV est bien établi au Maroc, il constituera chaque année l’une des menaces les plus préoccupantes pesant sur la réussite de la culture de tomate.

Il est vrai qu’un certain nombre de ravageur établis au Maroc ont été introduits dans le passé. Cependant, jamais dans le passé, nous n’avons connu des introductions aussi intenses en si peu de temps. Sans aucun doute, l’intensification des échanges commerciaux durant ces dix dernières années a contribué à ces introductions. La réaction du Maroc à cette intensification des échanges est lente. Elle nécessite, à notre avis, la mise en place de moyens législatifs, humains et matériels adéquats. Devant ce fléau, la responsabilité est certes partagée entre professionnels du domaine et administration de tutelle. Quel que soient les efforts de cette dernière, il est capital à ce que nos producteurs prennent conscience de la gravité d’importations non réglementaires de semences ou de matériel végétal. C’est en fait à travers une concertation continue et une action intégrée de tous les concernés, qu’on pourrait effectivement protéger notre agriculture.

Dr. Abdelhaq HANAFI
Professeur à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II Complexe Horticole d’Agadir

Activités du projet ConserveTerra

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