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jeudi, avril 25, 2024

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L’élevage caprin dans la vallée d’Aït Bouguemaz

Propositions des axes de recherche et de développement

La proposition des axes prioritaires de développement pour l’élevage caprin des Aït Bouguemaz reposera d’une part sur la structure, le fonctionnement et les contraintes diagnostiquées dans les élevages caprins et d’autre part sur les lacunes en termes d’information sur les caractéristiques et les potentialités réelles des populations caprines locales et les systèmes de production caprin. Ainsi les axes prioritaires peuvent concernés ce qui suit:

Etude des populations caprines locales

Il est difficile d’élaborer une stratégie de développement cohérente et durable sans connaître les caractéristiques et le potentiel de production des populations caprines locales. A côté des études menées en milieu réel, des études complémentaires doivent être également menées en station expérimentale pour étudier le potentiel de production des ces populations. De telles études fourniront aux acteurs de développement les éléments de décision pour l’amélioration des populations locales. Ces orientations s’articulerons sur la sélection en privilégiant la voie des croisements avec les races (ou sous population) déjà identifiée par l’ANOC: Bercha et Ghazzalya étant donnée que la production des chevreaux est le principal objectif de l’élevage caprin dans la zone.

L’étude de la prévalence des dominantes pathologiques bactériennes, virales et parasitaires dans la région permettra d’identifier un programme de prophylaxie adapté aux principales pathologies. Cette mesure permettra de réduire le manque à gagner occasionné par le taux de mortalité élevé enregistré notamment chez les jeunes. Les études qui seront menées doivent tenir compte et compléter les informations déjà disponibles.

Production de viande de chevreaux

Aussi bien pour l’élevage caprin en haute altitude que celui mené dans la vallée nous proposons de maintenir la vocation de production de viande. Cette proposition est soutenue par la disponibilité des espaces pastoraux, le problème de limitation des superficies réservées aux cultures fourragères, l’enclavement et l’absence d’irrigation surtout en haute altitude et la faiblesse de la taille des exploitations. La demande de plus en plus croissante en viande caprine pour ses qualités diététiques et l’augmentation conséquente des prix de vente des chevreaux sont des atouts majeurs que la zone peut exploiter. Cependant, des efforts doivent être consentis pour améliorer la productivité de cet élevage. Il s’agit de:

La diversification des ressources du calendrier alimentaire des troupeaux caprins en évaluant des cultures fourragères en bour adaptées à la région et ceci à travers:

tt Le test de nouvelles variétés d’orge à double fin en bour (déprimage et grain);

tt L’évaluation du potentiel de production du triticale pour la production de grain sur les sols pauvres en pente en substitution au seigle;

tt Le test des nouvelles variétés de sorgho grain en bour, plus productives et adaptées aux conditions du milieu;

tt L’évaluation du potentiel de production du lupin et de la vesce pour l’utilisation en vert et en grain dans les conditions difficiles du milieu (terre en pente, sol peu fertile) comme sources azotées auto-produites et des possibilités d’incorporation dans la ration des caprins.

La réduction du taux de mortalité

Compte tenu de la mortalité très élevée des chevreaux et du déficit alimentaire durant la période automne-hiver, on préconise le groupement des naissances en mars-avril (lutte groupée en septembre/octobre). Cette saison est très favorable car elle correspond au pic des disponibilités fourragères et à un climat plus clément. Ceci doit être accompagné d’une conduite améliorée de l’alimentation par l’adoption de la technique de flushing, du steeming et de supplémentation pendant les deux premiers mois de lactation.

Amélioration de la productivité en viande

Ceci passera par une conduite améliorée de l’alimentation des chevreaux issus des naissances principales de mars par l’utilisation de la technique de « creep feeding », et le test d’opportunité économique de cette application.

Évaluation de l’impact technique et économique

La supplémentation des chèvres sur parcours forestier pendant les phases de fin de gestation et de début de lactation, à base d’aliments concentrés auto-produits, doit être évaluée en termes d’impact technico-économique.

Élaboration d’une conduite de reproduction améliorée

Une conduite de reproduction améliorée incluant rythme de reproduction, durée et périodes des luttes, et périodes des chevrettages doit être instaurée et évaluée. Cette conduite devrait tenir compte des potentialités des animaux, de la variation saisonnière de l’herbe sur parcours ainsi que des prix de la viande caprine sur le marché.

Production laitière dans la vallée

Pour permettre à la population de la vallée d’Aït Bouguemaz d’accéder à une production laitière même pour l’autoconsommation, l’introduction d’une chèvre laitière peut être une option prometteuse. La chèvre était et restera «la vache du pauvre». Par ailleurs, le risque couru en élevant une chèvre est toujours moins lourd sur l’économie d’une petite exploitation que celui couru suite à l’élevage d’une vache.

Pour l’élevage caprin de la vallée, compte tenue de l’accessibilité, la possibilité d’irrigation, la pratique de la luzerne et du maïs fourrager en irrigué constituent une base pour l’émergence «raisonnée» de l’élevage caprin laitier. Néanmoins, si l’on accepte l’introduction d’une chèvre laitière telle l’Alpine il est nécessaire qu’on œuvre pour la transformation petit à petit d’une partie même faible de l’effectif de la population locale par le biais de croisement. Cette pratique impliquera par ailleurs des modifications en terme des techniques de production fourragère, d’alimentation, de reproduction, de santé et de sélection que les structures de développement régionales devraient orienter et accompagné pour le moyen et long terme.

Par ailleurs, l’adoption de cette filière restera toujours limitée par la taille réduite de la SAU et par la faible part de la SAU réservée aux cultures fourragères. S’ajoute à cela les besoins élevés en fourrage pour la production de lait et la compétition de l’espèce caprine et bovine en terme d’affouragement.

En parallèle des interventions techniques, les structures de développement doivent s’orienter vers des actions qui permettent de:

tt Promouvoir la création des groupements d’éleveurs en association ou en coopérative en vue de faciliter l’encadrement technique des élevages, l’approvisionnement en intrants et l’écoulement de la production. Les résultats largement positifs obtenus dans d’autres régions, attestent de l’opportunité de promouvoir un modèle similaire d’organisation.

tt Renforcer les structures d’encadrement technique des élevages en moyens humains et matériels s’avère nécessaire pour qu’elles puissent accomplir leurs tâches. En effet, l’amélioration du niveau technique des éleveurs est une condition nécessaire pour l’amélioration de la productivité des troupeaux.

tt Améliorer le niveau de technicité des éleveurs par la diffusion des techniques d’élevage adaptées aux contextes de la région d’Azilal n.

El Amiri B., Ayadi M., Chentouf M., El Hafiani E., Chriyaa A.

Institut National de la Recherche Agronomique, Maroc

Activités du projet ConserveTerra

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