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jeudi, avril 18, 2024

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Eléments agro-économiques pour réussir la culture du blé tendre en Bour

Fertilisation

Les sols de Louata ont été fortement fertilisés en phosphore et en potasse dans les années 90, sans avoir produit beaucoup, du fait de la longue période de sécheresse ayant sévi au Maroc à cette époque. La teneur actuelle du sol en ces deux éléments est globalement bien au-dessus des niveaux requis pour les céréales en Bour, qui sont respectivement de 25-30 ppm pour le P2O5 extrait par la méthode Olsen, et 200-300 ppm pour le K2O dit échangeable à l’acétate d’ammonium.

Hormis la partie irriguée qui reçoit l’entretien, le reste des parcelles est plutôt inscrit dans une logique de reprise d’exploitation des vieilles réserves accumulées auparavant dans le sol, mais sous surveillance analytique permanente pour ne pas franchir la ligne d’entretien et tomber dans les problèmes plus coûteux de redressement. En général, les doses de P et K conseillées en Bour sont soit l’impasse totale, soit 20 U/ha pour P2O5 et 50 U/ha pour K2O, apportées en totalité au semis, contre respectivement 60 et 120 U/ha en irrigué.

En Bour, c’est l’azote qui soulève beaucoup de problèmes spécifiques, du fait de la dynamique complexe de cet élément, en particulier sous climat méditerranéen. Comme partout ailleurs, il faut une gestion en temps réel de la fumure azotée si on veut profiter des avantages spécifiques de cet élément sans en subir les inconvénients. L’apport doit être échelonné et ajusté en fonction de la date et de la densité de semis, de la profondeur et du type de sol, de la variété, des conditions climatiques et des réserves hydriques autour de chaque stade, sans oublier le risque de lessivage et de pollution. En général, l’apport de cet élément est décidé en comité technique avec organisation de visites in situ, en tenant compte de l’état végétatif de chaque parcelle, de la qualité du sol, et de l’espérance en eau d’après la prévision météorologique la veille des épandages.

Du fait de la grande variabilité de la pluviométrie d’une année sur l’autre, de la diversité des conditions d’une parcelle à une autre, c’est dans des grandes fermes comme Louata qu’on se rend compte réellement des différentes interactions de type pluie/azote ou absence de pluie/azote, azote/potentiel de la variété, azote/peuplement, azote risque de verse, azote/qualité du grain, ou encore azote/non qualité du grain.

D’une manière générale, à Louata, ce sont les années pluvieuses depuis le début jusqu’à la fin, comme 1991 et 1995 ou encore 2006 et 2012, qui valorisant mieux l’azote apporté, avec des doses pouvant aller de 120 à 160 U/ha (160-200 U/ha en irrigué). Par contre, en années de sécheresse sévère, comme 2015/2016, l’azote est inefficace. Souvent, il a été nécessaire d’arrêter le programme des apports en cours de cycle.

Les fortes doses d’azote peuvent aussi être source de baisse de productivité et de qualité, lorsque l’année est fortement humide au départ mais se termine par une grave sécheresse au moment du remplissage du grain. Du fait de l’excès de vigueur, les blés épuisent le stock en eau disponible dans le sol et finissent la phase de remplissage des grains dans la sécheresse, faute de pluie. Ce qui donne beaucoup de paille et peu de grain, avec en plus parfois un grain échaudé.

Excès d’eau et excès d’azote provoquent également de la verse produisant plus de paille que de grain, en particulier dans les bas-fonds des parcelles, quoique dans le cas particulier de Louata, le phénomène soit limité en raison du peu de vrais bas-fonds au sein de la ferme et, de la faible sensibilité des variétés actuelles à la verse.

A Louata, l’efficacité de l’engrais azoté (kg de grain produit/unité d’azote apportée), calculée de façon pratique sans trop tenir compte de la fourniture du sol, varie grosso modo de 17 kg/U à 37 kg/U, selon l’année climatique, la variété ou encore l’irrigation.

De nombreux essais ont été menés durant les 20 dernières années sur les oligo-éléments. Avec les cocktails à base de cuivre utilisés, aucun effet remarquable sur le rendement n’a été constaté, si ce n’est une légère amélioration du poids spécifique du grain. Un tel résultat, rejoint sur ce point le constat d’autres fermes du groupe Providence Verte.

Activités du projet ConserveTerra

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