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mardi, avril 23, 2024

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Eléments agro-économiques pour réussir la culture du blé tendre en Bour

Semis

Le blé est sensible au gel après germination et sa résistance est à son maximum entre le stade quatre feuilles et début tallage. Il est également très sensible à l’échaudage physiologique au moment du palier hydrique de la fin du cycle. Dans le site particulier de Louata, gélif en hiver et sec en fin de printemps, il faut éviter de semer très précocement pour pouvoir échapper aux phénomènes de malformation d’épillets et de coulure dus au froid, mais semer suffisamment précocement pour qu’en même temps échapper aux grosses chaleurs et au Chergui. Sur ce site, rendement et qualité du grain sont corrélés négativement avec la tardiveté du semis.

La synthèse de la base de données disponible sur les 25 dernières campagnes, montre que le mois de novembre (en particulier les deux premières décades) est théoriquement la période idéale pour réaliser le semis, et que les semis de fin décembre/début janvier sont à proscrire en Bour. Ce délai est bien sûr insuffisant pour emblaver des superficies de 1.500 ha, avec le parc matériel actuel, d’autant plus que novembre est un mois pluvieux, ce qui réduit encore davantage le nombre de jours disponibles pour le semis.

A Louata, pour réaliser un maximum de levée en novembre et éviter de trop déborder sur décembre, il faut commencer les semis à sec dès fin octobre, mais sans perdre de vue les risques de levée très précoce. D’où la nécessité d’un suivi régulier de la prévision météorologique.

En agronomie, ce sont les objectifs de rendement escompté, les conditions générales de préparation du sol, de semis et les caractéristiques propres de la variété (précocité, poids de 1000 grains, faculté germinative), qui permettent de déterminer la densité et la dose de semis. D’autre part, beaucoup de recherches menées sur le blé au Maroc et dans le monde, concluent à l’existence d’une corrélation très forte entre le peuplement-épi et le rendement/ha réalisé. Ce peuplement peut être obtenu soit par une forte densité de peuplement-pied avec un faible tallage, soit par une compensation entre un peuplement-pied modéré et un tallage fort ou modéré.

Au Maroc, les variétés de blé qui tallent beaucoup, semblables à la 5-70-32 des années 75, ne sont plus produites. De même, le recours à l’azote comme moyen pour agir sur le tallage en cas de faible peuplement-pied est très limité en Bour, du fait du risque de l’inefficacité de cet engrais en cas de sécheresse au moment du tallage. Ce sont donc deux procédures d’obtention de peuplement–épi qui, dans le contexte du Bour au Maroc, n’offrent pas les mêmes chances. En Bour, c’est surtout sur le peuplement–pied qu’il faut compter si on veut réaliser un bon peuplement-épi. L’action sur le tallage doit rester un palliatif pour l’irrigué et en cas de moins bonne réussite de la levée.

A Louata, la densité de semis recherchée est en général de 450-500 grains/m2. Elle est obtenue au moyen de doses de semence variant entre 180 et 200 kg/ha, selon le poids de 1000 grains. La dose est également quelque peu ajustée selon la qualité de préparation du sol de la parcelle ou de la campagne, la date de semis, le type de semis, la faculté germinative, et dans une moindre mesure l’aptitude au tallage. Elle est en général augmentée sur un sol chargé en résidus de récolte, très sec et semé au semoir de semis direct. Elle est également majorée en cas de semis un peu tardif de fin décembre et diminuée en cas de variété à petit grain ou sur sol peu profond à faible capacité de rétention, afin d’éviter les blés trop denses et un épuisement rapide de la réserve en eau du sol en fin de cycle.

En Bour, il est très difficile de dire s’il faut privilégier plutôt des semis superficiels ou un peu plus profonds. Toujours est-il que le grain de blé est d’une taille moyenne par rapport aux autres céréales comme le maïs. Il dispose de réserves en principe suffisantes pour assurer une levée normale s’il est semé à des profondeurs raisonnables autour de 4-5 cm, sur un lit de semence renfermant un minimum de terre fine afin d’assurer un bon contact terre/grains et une imbibition suffisante de la graine. Semé trop profond, le grain réagit par la mortalité des plantules en cours de levée, faute de réserves suffisantes pour atteindre la surface, ou par l’émission de plantules épuisées, de faible croissance, difficile à redresser par la suite. Des erreurs de réglage de la profondeur (rares à Louata) ou des semis sur sols foisonnés et non roulés sont en général les principales causes de ce phénomène, qui parfois, compromet totalement la productivité.

En Bour, les semis doivent aussi tenir compte de l’humidité présente dans le sol et des hauteurs de pluie attendues après l’opération afin de réduire le risque de mauvaise levée ou de levée échelonnée. Ce risque est important en cas de semis sur sol avec une faible humidité suivi de période sèche ou sur sol sec suivi de faible pluie. Dans les campagnes particulièrement sèches au moment des semis, le phénomène apparait aussi dans les tâches calcaires, les bas fonds frais recélant une humidité résiduelle encore suffisante pour provoquer la germination de la graine. A Louata, la stratégie est de semer, soit sur sol suffisamment humide soit sur sol totalement sec, mais jamais sur sol de faible humidité.

Activités du projet ConserveTerra

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