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mercredi, avril 24, 2024

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Eléments agro-économiques pour réussir la culture du blé tendre en Bour

Démarche managériale et système de culture

Dans un grand domaine structuré, engageant beaucoup de frais chaque année, la démarche managériale doit être de type intégré avec obligation de résultats. A Louata, les contraintes climatiques à gérer sont le froid, l’intensité des pluies hivernales, mais aussi et surtout la sécheresse et les Chergui de fin de cycle qui impactent parfois de façon grave la productivité et la qualité du grain des céréales. Egalement, les fortes pluies de fin de cycle dégradent la qualité des grains, alors que les contraintes édaphiques sont en partie liées à la forte pente (risques d’érosion) et à des terrains en partie superficiels réagissant en années sèches par l’épuisement rapide de la réserve en eau et par des productivités limitées, faute de pluie et de stock d’eau suffisants pour accomplir convenablement le cycle.

Dans un grand domaine structuré, le système de culture doit également être équilibré, d’évolution aisée que ce soit sur le plan agronomique (choix évolutif des variétés, des précédents, …), économique (recherche d’une rentabilité optimale) ou commercial (facilité de commercialisation). Il doit en même temps intégrer le souci de la durabilité et de la protection de l’environnement. En Bour, l’expérience montre que le système de culture de type monoculture de céréales n’est ni rentable ni viable à long terme. Avec des successions blé/blé, on n’est pas forcément plus rentable qu’avec des successions blé/jachère. Le deuxième blé accuse souvent une baisse drastique à la fois de productivité et de qualité et expose les cultures suivantes aux risques de ravageurs et de maladies spécifiques qu’on ne trouve pas avec autant de virulence derrière une jachère (cécidomyie, maladies cryptogamiques, infestation par le brome).

En Bour, compte tenu de l’aléa climatique, au Maroc, quels que soient les efforts fournis, il faut rester raisonnable en ce qui concerne l’espérance en productivités réalisables. Il y aura certes d’excellentes campagnes pluvieuses où l’on valorisera au maximum l’investissement agronomique (engrais, herbicides, fongicides), mais aussi des campagnes sèches (ce sont les plus fréquentes), parfois particulièrement décevantes, où la démarche optimale aura plutôt pour but de limiter les dégâts en réduisant au moins les frais culturaux. La campagne 2015/2016 en est un exemple typique.

Historiquement à Louata, divers précédents à la culture du blé tels que le colza, le pois fourrager, le pois potager et l’ail blanc ont été testés à grande échelle entre les années 85 et 95, mais ont par la suite été soit abandonnés soit limités en surfaces, pour des raisons agronomiques, de manque de rentabilité ou les deux à la fois. En Bour, colza et pois chiche commun de printemps, en plus de leurs très faibles marges, sont réputés comme étant de mauvais précédents au blé. Ils laissent derrière eux un profil du sol fortement asséché qui impacte de façon grave le rendement de la culture suivante.

Au terme d’une longue expérience où l’on a essayé divers précédents, c’est la production du blé derrière jachère et derrière légumineuses à graines comme précédents qui constitue aujourd’hui l’ossature du système de culture avec plus de 1.000 à 1.200 ha chaque année.

Sur un plan commercial, dans le système de type céréales/légumineuses, que ce soit pour l’une ou l’autre des cultures, il faut privilégier la production de semences sous contrat avec prix et volume livré garantis et, au sein de la semence, les rangs génétiques les mieux rémunérés tels que les générations G3 et G4. Du fait du faible prix payé au quintal, le blé commun doit être plutôt réservé aux parcelles marginales ou ne pouvant pas porter de production de semences pour les raisons techniques imposées par le cahier des charges (parcelles avec céréale comme précédent cultural).

Activités du projet ConserveTerra

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