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vendredi, mars 29, 2024

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Eléments agro-économiques pour réussir la culture du blé tendre en Bour

Commercialisation

En dehors des problèmes courants des retards d’enlèvement, parfois aussi des retards de règlement, en particulier les années à forte production où les multiplicateurs se disputent le peu d’avances de trésorerie disponibles, la commercialisation de la semence au Maroc ne soulève aucun problème particulier. Achats de la production et prix sont garantis par l’Etat, à la condition près que la semence soit certifiée conforme au cahier des charges officiel: production derrière un précédent cultural faisant partie de la liste autorisée (jachère, légumineuses), espèce et variété certifiées authentiques, humidité du grain < 12 %, poids spécifique ≥ 79 kg/hl, faculté germinative ≥ 85 %, pas de grains de mauvaises herbes coriaces comme l’Emex spinosa et Galium tricornitum.

Il existe cependant des cas particuliers où la ferme a le choix entre la vente de la production comme semence ou comme blé commun. C’est le cas d’une variété conforme au cahier des charges à tout point de vue, sauf en ce qui concerne le poids spécifique (PSP de 76/77 par exemple). Dans ce cas, l’équation suivante permet de décider du choix à faire:

%E x Pe + %S x Ps – Pc ≥ Pcm

Où %E représente le pourcentage d’écart dans la station de conditionnement pour ramener le poids spécifique de 76 à 79, Pe le prix correspondant sur le marché, %S le pourcentage de semence et Ps le prix de la semence, Pc le prix du conditionnement et Pcm le prix du commun.

Avec l’hypothèse d’une semence G4 de PSP = 76, payée à Ps = 400 Dh/ql, un prix du commun Pcm de 260, un prix des écarts Pe = 200 Dh/ql, un prix du conditionnement Pc de 13 Dh/ql, on démontre que même avec un taux d’écart (% E) de 50 %, la semence est encore plus rentable que le commun. Ce résultat montre aussi à quel point la multiplication de semence est plus rentable que la production de blé commun.

Les écarts de conditionnement des semences, qu’ils soient de première ou de deuxième catégorie sont très demandés sur le marché par les fermes d’élevage des oiseaux. De même que la paille reste très demandée par les grands élevages du nord du pays qu’elle soit aussi de premier bottelage (usage comme fibre dans la ration) ou de râtelage (emploi comme litière). Le problème de liquidation de la paille ne se pose guère qu’en année pléthorique où le complément non enlevé par les grands groupes structurés doit être commercialisé au détail, ce qui exige toute une organisation pour assurer ces ventes.

C’est la commercialisation du blé commun qui pose souvent problème, faute de cadre professionnel pour faire face aux divers négociants organisés en lobby. Et la difficulté est à son maximum les années de pléthore, en particulier pendant les périodes où les frontières restent encore ouvertes à l’importation.

Rentabilité

A Louata, le prix de revient moyen du blé tendre commun dans le Bour la bonne année climatique comme 2012/2013, se situe autour de 7.285 Dh/ha (env. 700 US $), qui se répartissent entre la préparation du sol (157 Dh), le semis (970 Dh), les engrais (1.921 Dh), le désherbage (329 Dh), les fongicides (460 Dh), la récolte (433 Dh), le bottelage (380 Dh), le transport et le conditionnement (445 Dh), l’amortissement du matériel (52 Dh) les frais divers, y compris les frais généraux (2.135 Dh). Ces prix ne sont pas spécifiques à la ferme. Ils sont très voisins de ceux obtenus dans d’autres unités gérées par le groupe Providence verte, notamment dans la zone des Zaër et Chaouia.

Le prix de revient est plus faible en année sèche (- 35 %), où la stratégie du domaine est souvent de limiter la dépense en réduisant encore davantage la dose d’engrais et en supprimant l’anti-graminées et le fongicide. Il est plus élevé (+30 %) pour les parcelles produisant du blé de semence qui exige des opérations supplémentaires comme l’épuration ou une stratégie de traitements à deux passages. Et le plus grand coût/ha est celui noté en irrigué les années sèches (15.500 Dh/ha) du fait des consommations plus élevées d’engrais, de désherbants, de fongicides et surtout du coût énergétique de l’irrigation.

Au Maroc, la semence de blé tendre, et des céréales en général, est classée comme produit stratégique par l’Etat qui en garantit l’achat et le prix. Le quintal de blé tendre agréé comme semence est payé à 397 Dh (env. 40 $) pour la multiplication de la génération G4, 382 Dh pour la génération R1 et 367 Dh pour la R2, tandis que le blé commun destiné à l’écrasement est payé à des prix variant entre 230 et 260 Dh/ql, selon l’offre de l’année et la qualité du grain. Pour la paille, le prix de vente moyen est de 7-8 Dh/botte en année à offre pléthorique et 14-15 Dh/botte les années difficiles.

Compte tenu des prix de revient ci-dessus, les résultats obtenus suggèrent donc que le seuil de rentabilité est d’environ 30 qx/ha pour le blé commun, 25 qx/ha pour la semence en Bour, et 40 qx/ha pour la semence produite en irrigué.

En Bour, rentabilité et productivité sont fortement corrélées. Analysée sur le long terme, la marge bénéficiaire du blé non irrigué est de 3.200 Dh/ha toutes campagnes confondues, elle plus intéressante pour le blé de semence (4.100 Dh/ha) que pour le blé commun (1.950 Dh/ha).

A Louata, ce n’est d’ailleurs que lorsqu’on est passé ces dernières années au système biennal alliant blé/Jachère et blé/légumineuses avec l’essentiel de la production comme multiplication de semence, que le blé a commencé à devenir un peu plus rentable (4.950 Dh/ha contre 2.300 Dh/ha avec un système triennal type blé/blé/ Jachère). Ces chiffrent sur la marge n’incluent pas la valeur locative de la terre. Pour calculer la marge réelle, encore faut-il en déduire 1.000 à 1.500 Dh/ha de loyer.

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