Perspectives futures
En comparaison avec des pays comme la Grèce, la Tunisie et le Chili qui n’ont pas le même potentiel agricole que le Maroc et qui ont fait des progrès considérables en AB, on constate que les productions biologiques dans notre pays sont encore très faibles. Aujourd’hui l’essentiel de nos productions proviennent des végétations spontanées non-cultivées, les surfaces cultivées sont encore limitées et la gamme des produits peu diversifiée. Les potentialités agricoles de plusieurs régions marocaines ne sont pas encore bien exploitées.
Les régions côtières et celles du sud sont bien connues par leur climat favorable à la production de fruits et légumes en hors-saison. Ce créneau est encore très porteur dans le marché du bio en Europe et ailleurs. Une grande partie de la demande européenne est satisfaite par des pays de l’Amérique latine qui sont défavorisés par leur éloignement. Les exportations marocaines en légumes primeurs ne représentent actuellement que 0,02% du tonnage exporté annuellement. Quant aux produits fruitiers, le Maroc est bien placé pour fournir des produits comme l’huile d’olive, les câpres, les dattes et les fruits secs qui sont traditionnellement produits dans des zones agro-écologiques facilement convertibles au bio. Le marché des fruits exotiques est également intéressant. La demande du marché européen en ces produits n’est satisfaite qu’en partie par des productions de l’Amérique latine et de certains pays africains qui sont loin de l’Europe. Pour certains produits comme la banane, qui est sérieusement menacée par l’ouverture des frontières en l’an 2010, voir même avant, le marché du bio peut constituer une soupape intéressante car la demande européenne en banane certifiée bio n’est pas encore satisfaite. La production des pêches et des raisins précoces est un autre créneau qui est prometteur.
Les autres régions du Maroc, où le climat n’est pas aussi clément que dans les régions côtières, disposent elle aussi d’un atout agro-écologique considérable. Dans ces régions, très souvent les systèmes de productions sont encore traditionnels, ce qui est de nature à faciliter leur reconversion en système de production biologique. A ce titre, l’exemple des petites exploitations traditionnelles chinoises, spécialisés dans la production du thé, est révélateur. Des études menées par la FAO ont montré que la conversion de ces petites exploitations au Bio a donné d’excellents résultats sur le plan socio-économique.
Quant aux plantes médicinales et sous-produits de la forêt, il existe plusieurs opportunités qui n’ont pas encore été exploitées.
Dr. Lahcen KENNY et Dr. Abdelhak HANAFI
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II
Complexe Horticole d’Agadir