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samedi, avril 20, 2024

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L’Agriculture Biologique au Maroc: Situation actuelle et perspectives futures

Les cultures biologiques sont-elles rentables?

Cette question constitue un souci permanent pour les producteurs. Elle a fait l’objet de plusieurs études en Europe et ailleurs, mais pas au Maroc. Cependant, la majorité des analystes s’accordent à affirmer que, dans l’état actuel des choses, les cultures biologiques sont relativement plus rentables que les cultures conventionnelles. Cette rentabilité dépend bien entendu des spéculations, des rendements à l’hectare et des circuits de commercialisation empruntés. Pour certains produits, le marché est, paraît–il, déjà saturé, c’est le cas par exemple de la carotte et des cultures faciles. Pour d’autres, le rendement à l’hectare est déterminant. Quelle que soit la culture, les rendements sont d’une façon générale faibles pendant la phase de reconversion, mais peu après et au fur et à mesure que l’environnement agrobiologique de la parcelle se stabilise, et que le producteur raffine ses interventions agronomiques, les rendements doivent théoriquement s’améliorer. Même si les rendements en bio n’atteignent jamais ceux des cultures conventionnelles, la hausse des prix offerts au niveau du marché peuvent dans beaucoup de cas compenser la baisse des rendements. En plus, sur le plan agronomique il existe actuellement des approches et des techniques bien adaptées au concept du bio et qui permettent de réaliser des rendements très importants.

Les circuits commerciaux

Les circuits de commercialisation dans le marché du bio est une affaire d’une importance capitale. Il est certainement plus difficile de pénétrer le marché du bio que le marché du conventionnel mais, il n’est pas impossible comme le laissent penser certains opérateurs. Dans le monde entier, ce sont des sociétés spécialisées qui contrôlent la commercialisation des produits bio auprès des grandes surfaces, petits magasins, hôtels, restaurants et même auprès de la ménagère. Au Maroc, les producteurs travaillent directement avec ces sociétés sur la base d’un contrat. Cette collaboration se fait selon plusieurs formules en fonction des produits concernés et des moyens du producteur. Elle peut porter uniquement sur le volet commercial comme elle peut s’étendre aux volets technique et réglementaire. A ce titre, certaines sociétés se chargent, en plus de la commercialisation du produit sur le marché européen, des frais de certification et de l’assistance technique. Les fruits et légumes exportés sur le marché européen obéissent à la loi des quotas en vigueur pour les produits conventionnels. Quant aux autres produits, les commandes sont faites directement par des sociétés étrangères auprès des producteurs marocains sur la base des offres faites par ces derniers.

Et le marché national?

A l’instar de ce qui a été accompli dans certains pays en voie de développement, tels que l’Egypte et la Grèce, et parallèlement aux efforts déployés dans la conquête des marchés étrangers, il est devenu impératif pour le Maroc de développer son propre marché national. Ce marché, existe; à mon sens, il est simplement « dormant ». Il ne sera probablement jamais aussi important que celui des exportations mais il pourra absorber, néanmoins, une bonne partie de la production nationale. Avec une bonne politique de développement et une stratégie de marketing appropriée, il est très envisageable de promouvoir les produits bio auprès des couches sociales aisées qui se font des soucis sur la santé des aliments qu’ils mettent dans leur assiette et qui peuvent se permettre de payer 10 à 20 % de plus pour les produits bio. Pour certains produits, même le marocain moyen peut être intéressé par le label bio, car en définitif et, contrairement à plusieurs autres concepts socioculturels, la consommation du bio n’est pas totalement étrangère aux habitudes marocaines. La ménagère marocaine a depuis des années développé le réflexe de se tourner vers le « Beldi » qui n’est rien d’autre qu’une sorte de production bio, qui est peut être mal faite, non certifiée mais qui n’est pas très loin du vrai bio. Il est bien connu dans nos traditions que les produits « beldi » sont préférés aux produits conventionnels non-seulement en raison du goût mais aussi de leur qualité sanitaire. Cet état de fait socioculturel démontre que le marocain moyen est déjà sensibilisé à la qualité sanitaire des aliments et qu’il n’hésitera pas à cultiver davantage cette conscience pour la faire évoluer vers le concept du bio tel qu’il est universellement reconnu et adopté.

En plus, sur le plan agronomique, la production des fruits et légumes Beldi suit des itinéraires similaires à ceux prônés par le concept biologique, par conséquent il ne serait pas ridicule de penser à instaurer un label bio, et donc un marché national, sur la base du concept Beldi moyennant les mécanismes réglementaires actuellement en vigueur. Dans tous les cas, il me semble tout à fait légitime de penser que le marocain du troisième millénaire, tout comme le citoyen européen ou américain, n’hésiterait pas à consommer les produits bio pourvu qu’ils soient disponibles, d’une bonne qualité et à des prix abordables.

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