Conclusions
Les résultats obtenus montrent que le croisement à double étage constitue a priori une solution intéressante à court terme pour exploiter la diversité génétique du cheptel national. Son développement permet aussi d’assurer une complémentarité entre les régions du Maroc. Mais ce schéma de croisement, permettant d’améliorer la productivité des troupeaux, est cependant, recommandé quand le contrôle et la maîtrise des accouplements sont possibles. En effet, l’intérêt économique du croisement à double étage dépend fortement des contraintes et des difficultés liées à la gestion et le renouvellement des races impliquées à l’échelle de la ferme, car ce plan de croisement oblige l’éleveur à renouveler son troupeau à partir des brebis locales non prolifiques et à entretenir au minimum deux types génétiques de brebis (F1, race locale) en plus de l’achat des reproducteurs de races D’man et améliorés. Ce sont ces difficultés qui expliquent en partie pourquoi, au Maroc, la production de la femelle croisée F1 reste aujourd’hui limitée aux stations expérimentales des institutions de recherche et d’enseignement et le croisement à double étage n’a pas été développé.
Cependant, nous pensons que la structure actuelle du secteur ovin au Maroc, organisée dans le cadre de l’ANOC en groupements d’éleveurs de sélection dans les zones berceaux de races et dans des groupements de croisement industriel dans les zones favorables, constitue un cadre très favorable pour développer le système de production à double étage. Cela n’est pas possible sans une meilleure adhésion des éleveurs au développement de ce croisement. Cette adhésion sera d’autant importante si en plus la prolificité élevée des brebis F1, cette femelle manifeste les aptitudes de précocité sexuelle et le désaisonnement, connues chez la race maternelle D’man. Et si l’effort de vulgarisation engagé par les pouvoirs publics et les performances enregistrées chez les éleveurs sont importants.
En revanche comme alternative à moyen terme au croisement à double étage, et en attendant la mise en œuvre à grande échelle de ce schéma de croisement intéressant, il y a la possibilité de créer une lignée composée de 50% de gènes D’man et 50% de gènes Timahdite. Cette lignée synthétique avec une prolificité voisine de 2 agneaux, possédant une bonne aptitude maternelle et bien adaptée aux conditions de pâturage, permettrait d’assurer l’auto-renouvellement de la brebis prolifique et répondre aux préoccupations pratiques et souhaits des éleveurs désireux de simplifier la conduite de leurs troupeaux comme dans l’élevage de race pure.
Dr. Moussa EL FADILI
Institut National de la Recherche Agronomique, Rabat