Méthodologie
L’objectif de cette étude a consisté en premier lieu à estimer l’importance du FVI dans l’agriculture en zone de grande hydraulique du Tadla. Puis, il s’agissait de mener une caractérisation des termes du FVI en analysant les contrats mis en jeu. En outre, les logiques de ces contrats et leurs répercussions sur les productions, aussi bien végétale qu’animale, ont été précisées.
La méthodologie adoptée consistait en un ensemble d’enquêtes préliminaires ciblant une centaine d’exploitations agricoles. Le choix de ces exploitations a été réalisé de manière aléatoire, au sein de 12 coopératives de collecte laitière parmi les 96 que compte la région. Les coopératives de l’échantillon de travail ont été distinguées à partir d’une base de données exhaustive tenue par l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Tadla (ORMVAT) qui en rapporte les principales caractéristiques (situation géographique, date de création, nombre d’adhérents, surface fourragère, nombre de vaches, production laitière, …). Les 12 coopératives retenues sont réparties dans les deux sous périmètres des Béni Amir et des Béni Moussa (figure 1) et comptent près de 3 200 éleveurs parmi les 17 000 existant dans la plaine irriguée (environ 19 % de l’effectif total des éleveurs).
Un recensement systématique de tous les agriculteurs adoptant le FVI et adhérant à chacune des 12 coopératives de collecte laitière a été effectué. Cela a permis de renseigner l’importance relative de l’adoption du FVI à l’échelle de la région. Cette étape préliminaire de l’étude a été finalisée par des entretiens avec environ huit agriculteurs ayant confié leur exploitation à un associé, au sein de chaque coopérative. Un nombre final de 98 éleveurs a été ainsi enquêté et ils ont été choisis au hasard de leur rencontre lors de la livraison du lait. L’intérêt des entretiens était focalisé sur les paramètres de structure de l’exploitation (SAU, cheptel, irrigation, etc.) ainsi que sur les termes des contrats régissant la relation entre le propriétaire et le preneur (financement des charges, rémunération par spéculation, logiques du contrat, etc.).
Les données collectées à partir des entretiens avec les agriculteurs ont été saisies sur tableur. Un total de 10 variables déterminantes caractérisant les exploitations et les contrats d’association a été identifié. Cinq variables renseignaient les choix stratégiques de production: la spécialisation en élevage (SEL) illustrée par le ratio (Surface des fourrages et des jachères/surface totale), l’intensification laitière déterminée par la quantité quotidienne de lait livrée par vache (ILA), le nombre d’arbres fruitiers (ARB), le nombre d’Unités Gros Bétail bovines (UGB), et l’origine de l’eau d’irrigation, réseau et/ou puits (ORO). Quant aux 5 variables liées aux termes des contrats elles se présentaient ainsi: nombre de personnes de la famille du preneur associées au travail dans l’exploitation (MEW), participation du preneur à l’alimentation animale (PRA), part du preneur au croît animal (PRC), part du preneur au lait (PRL) et part du preneur aux ventes du foin de luzerne (PVL).
La base de données a ensuite été soumise à des analyses statistiques multidimensionnelles; l’analyse en composantes principales (ACP) et la classification ascendante hiérarchique (CAH). Cette dernière était réalisée sur les valeurs propres résultant de l’ACP. Ces analyses ont pour but de concevoir une typologie des exploitations ayant adopté le FVI dans la plaine irriguée du Tadla.
Une deuxième phase de l’étude a ensuite consisté en une analyse plus ciblée des différentes classes de contrats de FVI distinguées par la CAH. Ainsi, un «cas type» illustratif de chaque classe a été retenu. Les termes du contrat de chaque «cas type» ont été analysés finement, en reconstituant avec le propriétaire et le preneur les résultats économiques de l’exploitation au cours de la campagne agricole. Les logiques concourant à l’établissement de l’association ainsi que les parts respectives du preneur et du propriétaire, en termes de contribution aux charges de production et de prélèvement de la marge finale réalisée, ont aussi été précisées.