Accueil A la une Conduite technique et inventaire des variétés marocaines locales de figuier

Conduite technique et inventaire des variétés marocaines locales de figuier

Production des figuiers et qualité des fruits dans les exploitations étudiées

Le calendrier de récolte des figues dans les sites concernés montre deux périodes distinctes, la première s’étale du 20 mai à fin juin pour les figues-fleurs, et la seconde du 10 juillet à fin août pour les figues d’automne. Les premières récoltes précoces concernent la variété Mtioui dans le site d’Ouled Frej, à partir du 20 mai, suivie dix jours après par les récoltes des autres variétés dans les différents sites, sauf pour la variété Ghouddane, relativement tardive, dont les récoltes ne commencent que vers le 10 juin dans les sites de plantation, soit vingt jours après les variétés les plus précoces comme Mtioui. Les récoltes des figues d’automne, montrent une certaine précocité des variétés bifères, notamment les variétés Mtioui à Ouled Frej et Hajjar à Zoumi, Messari et Fassi à Beni Ahmed. Par contre, pour les variétés tardives dont les récoltes s’étalent jusqu’à mi-septembre on trouve Lassoune à Beni Ahmed et Nabout à Bouhouda. Le décalage entre les productions des figues fleurs et celles des figues d’automne est de l’ordre de trois à six semaines, respectivement dans le site d’Ouled Frej et les autres sites.

Concernant les niveaux de production, ils sont cités à titre indicatif pour distinguer les variétés sachant cependant que plusieurs facteurs interfèrent, en particulier l’âge, la densité et le mode de conduite des plantations.

Les productions les plus élevées des figues d’été (≥ 40 kg/arbre) ont été enregistrées pour les variétés Hommran et Khadri Lakhal (site de Zoumi), Assal, Lamdar Labied et Messari (Site de Beni Ahmed), et lamtel (Site de Bouhouda). Les productions les plus élevées des figues d’automne (≥ 40 kg/arbre) ont été enregistrées pour les variétés Hamouri, Kahouli, et Mtioui (Site d’Ouled Frej), Ghouddane et El masfah/Koté (Site de Zoumi), Messari et Lassoune (Site de Beni Ahmed), et Harcha (Site de Bouhouda).

 Certaines variétés se distinguent par leurs faibles niveaux de production comme la variété Ounq Lhmam (Site de Zoumi) qui a totalisé 25 kg/arbre soit 10 et 15 kg/arbre respectivement pour les figues d’été et celles d’automne; la variété Hamri rkiwake (Site de Beni Ahmed) ayant totalisé 18 kg/arbre soit 5 et 13 kg/arbre respectivement pour les figues d’été et celles d’automne. Pour les variétés unifères, la variété Gwizi (Site de Zoumi) a enregistré la faible production avec 12 kg/arbre.

Le poids moyen des figues d’été des 28 variétés est de 68,8 g/fruit avec un écart type de 19,5 g. Les variétés Lamdar Lak’hal (119,7 g), Lamtal (100,7 g) et Lamdar labyed (98,6 g) ont enregistré les poids les plus élevés alors que les variétés Hamri (43,8 g) et Hamri Rkiwake (35,7 g) comme son nom l’indique localement, ont enregistré les poids les plus faibles.

Le poids moyen des figues d’automne des 43 variétés est de 45,1 g avec un écart type de 16,3 g, les variétés Mtioui (99,6 g), Lamdar Lak’hal (79,2 g) et Layssone (77,4 g) se distinguent par un poids élevé des fruits tandis que les variétés Noukal (28,2 g) et Harcha (17,8 g) ont enregistré une production des fruits de petite taille (Figure 4).

Le taux de sucres moyen des figues fleurs des 28 variétés est de 17,0 °Brix avec un écart type de 1,99 °Brix. Les figues fleurs les plus sucrées sont celles des variétés Messari (20,2 °Brix), Ounq Hmam (20,1 °Brix), Fassi (19,7 °Brix) de Bouhouda, les moins sucrées correspondent aux variétés Hamouri (14,5 °Brix), Mtioui (13,7 °Brix) et Ghouddane (12,6 °Brix) d’Ouled frej (Figure 5).

Pour les figues d’automne, le taux de sucres moyen des 43 variétés est de 20,3 °Brix avec un écart type de 2,32 °Brix. Les fruits les plus sucrés correspondent aux variétés Harcha à Bouhouda (25,7 °Brix) et Harache à Beni Ahmed (24,9 °Brix). Les moins sucrés correspondent à Noukal (16,17 °Brix) et Mtioui (15,94 °Brix).

Les autres mesures se rapportant aux fruits (diamètre et longueur du fruit), et aux feuilles (surface foliaire, longueur de la nervure principale, et longueur du pétiole) ne sont pas rapportées mais elles ont été prises en considération lors de l’analyse descriptive.

En se basant sur les résultats d’enquêtes réalisées auprès des agriculteurs des quatre sites de production, nous avons identifié selon la destination du produit, une gamme de variétés potentielles que l’on peut recommander pour les programmes futurs de développement du figuier (Tableau 3).

Tableau 3: Variétés recommandées selon les objectifs des projets de figuiers

Figues fleurs Figues d’automne
Produit frais Produit frais Produit sec
Groupe 1   Messari1 , Fassi2 , Ghouddane
Groupe 2 Ghani

Lamdar

 

Lassoune

Hamri

Aouad

Masfah3

Nabout

Koté

 

1Synonymes: Homran/ Lamtel/Mtioui, 2Synonyme: Khadri Lak’hal

3Synonyme: Koté Lazrak

Classification ascendante hiérarchique (CHA)

Cette classification a permis de classer regrouper les variétés en 3 groupes (classes) distincts (Figure 6 et Tableau 5):

  • Le premier groupe (d=18152,5) regroupe toutes les variétés bifères (28 variétés).
  • Le deuxième groupe (d=19484,5) regroupe 4 variétés unifères caractérisées par des valeurs élevées concernant les paramètres des feuilles. Elle contient les variétés: Koté Lazrak, Smantina, Khoubzi et Nokal.
  • Le troisième groupe (d=19484,8) regroupe 11 variétés unifères, caractérisée par une surface foliaire, une longueur de la nervure principale de la feuille et une longueur du pétiole plus importantes que le deuxième groupe.

A des niveaux de similarité (Coefficient de corrélation de Pearson) plus élevée et en intégrant les paramètres qualitatifs surtout la couleur de l’épiderme, on peut tirer les résultats suivants:

  • Des rapprochements sont enregistrés entre les trois cultivars suivants: Lassoune, Aouad et 7’O Rkod, cependant selon les déclarations des agriculteurs, ces variétés sont différentes en terme de période de récolte (Lassoune est plus tardive que les autres), et de qualité du produit (Lassoune est plus appréciée qu’Aouad pour le marché frais et le séchage).
  • On note des rapprochements entre Nabout (Bouhouda) et Har (Zoumi).
  • Il y a des rapprochements entre Koté (Beni Ahmed), Koté Hamdi (Zoumi) et Harcha (Bouhouda), Koté Hamdi est originaire de la zone de Beni Ahmed comme son nom l’indique donc Koté et Koté Hamdi représentent la même variété.
  • Il existe des ressemblances entre Khoubzi (Bouhouda) et Koté Lazrak (Zoumi), entre Hamri et Hamri Rkiwake de Beni Ahmed, pour ces deux dernières le calibre et le °Brix sont les seules différences remarquables.
  • Il y’a de fortes similarités entre Assal (Beni Ahmed) et Massaour (Zoumi), d’après nos observations et des discussions avec quelques agriculteurs, il est fort probable qu’elles représentent la même variété.
  • Des rapprochements sont enregistrés entre Khadri lak’hal (Zoumi), Fassi (Bouhouda), Fassi (Beni Ahmed). D’ailleurs, quelques agriculteurs confirment que ces trois désignations représentent le même cultivar.
  • Il y a une dissimilarité entre Fassi/Kahli (Zoumi) d’une part et Fassi (Bouhouda) et Fassi (Beni Ahmed) d’autre part en plus des différences en termes des caractéristiques qualitatives (couleur d’épiderme, ostiole…). Donc, l’hypothèse d’une homonymie entre Fassi (Zoumi) et Fassi (Beni Ahmed et Bouhouda) pourrait être proposée.
  • Même-si le dendrogramme n’a pas montré des rapprochements entre Lamdar (Beni Ahmed), Lamdar Labyed (Zoumi) et Sebti (Bouhouda), on peut suggérer, selon nos observations, qu’il s’agirait de la même variété, donc ce sont des synonymes. Ceci s’applique pour les variétés suivantes:

  – Lamtel (Bouhouda), Messari (Beni Ahmed), Homran (Zoumi) et Mtioui (Ouled frej);

  – Ghouddane, Ghouddane Hor et Kahouli;

  – Ariel (Bouhouda) et Lamdar lak’hal (Zoumi);

  – Khadri ou Horiche (Zoumi) et Harache (Beni Ahmed).

Analyse en Composantes Principales (ACP)

Cette analyse a été effectuée sur la base de l’ensemble des paramètres pomologiques quantitatifs de la première et la deuxième récolte des figues (figues fleurs et figues d’automne) et les paramètres quantitatifs des feuilles.

Les valeurs propres obtenues par l’ACP indiquent que les deux premières composantes expliquent 63,0 % de la variabilité totale, la première composante F1 explique 40,1 % et la deuxième composante F2 explique 22,9 % (Tableau 6).

Tableau 6: Valeurs propres et variabilité des composantes

F1 F2 F3 F4
Valeur propre 4,4 2,5 2,0 0,9
Variabilité (%) 40,1 22,9 18,5 8,2
% Cumulé 40,1 63,0 81,4 89,7

 

Les variables poids, diamètre, longueur, et °Brix du fruit d’été, longueur du fruit d’automne et surface foliaire sont corrélées positivement à la composante F1 (Tableau 7). La deuxième composante F2 est corrélée positivement au poids et diamètre du fruit d’automne, et la longueur du pétiole tandis qu’elle est corrélée négativement au °Brix du fruit d’été.

La composante F1 a distingué les variétés Mtioui, Hamouri, Lamdar lak’hal, Ghouddane, Lamdar labyad et Ghouddane 3 (Beni Ahmed), qui sont des variétés bifères, ayant un poids, un diamètre, une longueur et un °Brix des figues fleurs plus élevés, par rapport aux variétés unifères Gwizi, Koté Hamdi, Lhar, Banquetta, Koté, Harcha, Ghouddane(Bouhouda) et Nabout.

La composante F2 a permis la distinction des variétés Mtioui, 7’o Rkod, Koté Lazrak, Layssone, Khoubzi, Smantina, Laaouade et Noukal, qui sont caractérisées par un poids et un diamètre du fruit d’automne et une longueur du pétiole de la feuille plus élevés que les variétés Khadri ou Horiche et Harache.

Tableau 7: Corrélations entre les variables et les facteurs

  F1 F2
Poids du fruit d’été 0,895 -0,360
Diamètre du fruit d’été 0,901 -0,411
Longueur du fruit d’été 0,897 -0,393
°Brix du fruit d’été 0,820 -0,514
Poids du fruit d’automne 0,435 0,652
Diamètre du fruit d’automne 0,376 0,628
Longueur du fruit d’automne 0,562 0,453
°Brix du fruit d’automne -0,286 -0,351
Surface foliaire 0,537 0,385
Longueur de la nervure principale 0,411 0,450
Longueur du pétiole 0,368 0,547

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