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jeudi, avril 25, 2024

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Contraintes et perspectives de développement pour l’Agriculture Méditerranéenne

L’agriculture Méditerranéenne: Des défis annoncés - des besoins d’efficacité, d’efficience et de durabilité

L’agriculture Méditerranéenne: Des défis annoncés – Des besoins d’efficacité, d’efficience et de durabilité

Le secteur irrigué contribue fortement, notamment dans le Sud et l’Est de la méditerranée à la production et au maintien d’un niveau minimum de sécurité alimentaire dont les conditions actuelles du marché montrent l’importance. Toutefois, la productivité de ce secteur productif reste faible à l’exception des progrès importants réalisés par l’agriculture d’exportation (fruits et légumes au Maroc, huile d’olive et dattes en Tunisie ….) et par certaines productions destinées à l’agro-industrie (lait, cultures sucrières..), l’Egypte avec une agriculture très intensive et totalement irriguée est contrainte par les surfaces agricoles disponibles et développe de nouvelles terres dans le désert. Dans de nombreux pays, les rendements moyens de la plupart des produits de base sont inférieurs de 40 à 50% par rapport aux moyennes mondiales. Les écarts entre les rendements potentiels et actuels sont dans les agricultures traditionnelles de l’ordre de 50 à 60% (Ceña et al., 2005).

Le développement de l’agriculture passe obligatoirement par une meilleure gestion de l’eau dans les zones irriguées, ces dernières contribuant fortement à la production agricole (40 à 50% de la valeur ajoutée agricole au Maroc).. L’aggravation des déficits de la balance commerciale agricole de nombreux pays s’explique par les faibles performances réalisées par l’agriculture sous la contrainte de disponibilités en terre, de ressource en eau, et par une croissance démographique forte.

Durant les dernières décennies, de gros efforts de mobilisation des ressources en eau ont été réalisés par les pouvoirs publics. D’importants investissements ont été affectés à la Grande Hydraulique avec l’aménagement de grands périmètres publics, souvent dans des zones sans tradition d’irrigation, sans oublier les investissements en PMH.

Des politiques dirigistes ont été mises en œuvre dans un contexte de décisions planifiées où la cohérence des mises en production et des allocations d’eau était préalablement définie. Dans une grande majorité des cas les objectifs d’intensification dans les périmètres n’ont été que partiellement atteints. Les capacités nouvelles de mobilisation des ressources sont de plus en plus limitées et à des coûts croissants dans une conjoncture climatique de moins en moins favorable.

Dans de nombreux périmètres, les équipements hydro-agricoles souffrent d’un manque d’efficacité. Les infrastructures actuelles sont souvent vétustes et dégradées; suite au désengagement de l’état, le manque d’entretien devient chronique. Du fait de ces importantes déficiences des équipements, la réhabilitation et la modernisation des périmètres publics sont des questions d’actualité. Différents projets d’extension des périmètres existent, et les décideurs s’interrogent sur l’opportunité de ces investissements (équipement de périmètres, construction de nouveaux barrages) et les choix techniques et institutionnels à effectuer.

Dans ce contexte, l’évolution technologique apporte des possibilités nouvelles pour l’accès individuel à la ressource en eau par des forages, des puits et des pompages d’eau de surface. Un développement souvent anarchique des prélèvements privés est constaté dans tous les pays, même au niveau des périmètres publics, avec dans de nombreux cas l’apparition d’ une concurrence avec la desserte des périmètres publics, des problèmes environnementaux croissants (avec des remontées ou des rabattements de nappe), de salinité, et de pollution par les nitrates et les produits phytosanitaires.

L’ouverture des marchés et les processus de libéralisation entraînent une diminution des capacités de contrôle des prix et de la production par les pouvoirs publics. De même, ces processus de libéralisation ont redonné aux agriculteurs la liberté de définition de leurs assolements. La concurrence oblige par ailleurs ces producteurs à rechercher des spéculations à haute valeur ajoutée souvent exigeantes en eau et fréquemment inadaptées à la rigidité des systèmes collectifs d’allocation de la ressource existante.. Il en résulte une exacerbation des démarches individualistes pour accéder à l’eau avec une course aux pompages privés

L’ensemble de ces constats et en particulier le fait que toutes les projections envisagent une réduction des volumes d’eau attribués à l’agriculture imposent donc d’une part un accroissement de la production du secteur agricole et d’autre part une meilleure utilisation des ressources disponibles. Le premier point relève du concept d’efficacité et le second de l’efficience (Burt,1997). Dans un souci de durabilité, il est important de privilégier la notion d’efficience.

Afin de dégager les voies possibles et les priorités il est nécessaire de disposer d’outils permettant de caractériser la situation actuelle, d’identifier les progrès possibles et de hiérarchiser les actions à mener.

La FAO a définie dans les années 2000, une projection sur 2030 de l’agriculture irriguée en méditerranée, fixant des objectifs de prélèvements et d’efficience.

Tableau 10: Projection de la FAO 1998 -2030 sur les besoins en irrigation au Sud et à l’Est de la méditerranée
FAO 2000 1998 2030
Sous Régions Besoins  en Efficience Prélève-ments Besoins  en Efficience Prélève-ments
eau d’irrigation eau d’irrigation
Km3/an % Km3/an Km3/an % Km3/an
S 39 52 75 53 66 80
E 24 40 61 37 50 73
Total 63 47 136 90 58 153

 

Pertes 1998    2030 
  Km3/an %   Km3/an %
S 36 48 27 34
E 37 61 36 49
Total 73 54 63 41

Source: PNUE/PAM MAP Technical Reports Series, n°158, 2004

D’après ces projections, une amélioration de l’efficience globale de plus de 13 %, l’économie réalisée sur la période serait de 10 Km3/an, les besoins augmentant de plus de 40 % représentant 27 Km3/an, le solde de ressources nouvelles à trouver reste de 17 Km3/an soit un besoins de prélèvements nouveaux de plus de 25% qui semble déjà un énorme défi pour de nombreux pays.

Enfin, outre les besoins de ressources en eau nouvelles, conventionnelles ou non; les besoins d’amélioration des performances des systèmes irrigués, il ne faut pas oublier que la majeur partie des surfaces cultivées sont conduites en sec. Les politiques de conservation des sols, permettant une meilleur valorisation des «Eaux vertes» sont indispensables ainsi que l’amélioration des performances des systèmes de production conduits en sec. Les seules améliorations des performances et des surfaces des systèmes de production en irrigués ne suffiront pas à relever les besoins globaux d’amélioration de la productivité globale de l’agriculture en méditerranée.

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