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jeudi, avril 25, 2024

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Intensification de la céréaliculture en irrigué dans les Doukkala

Effet du désherbage chimique

Le cortège floristique rencontré était dominé par les dicotylédones (81 % des espèces) dont les annuelles représentent 94%. Néanmoins, les graminées les plus nuisibles à l’échelle nationale (ray-grass, folle avoine et Phalaris) étaient présentes.

La matière sèche du blé était significativement réduite par la concurrence des mauvaises herbes au niveau du site « Hamri », alors que cette réduction n’était significative qu’au seuil de probabilité de 8% au site « Tirs ». Au « Faïd », les mauvaises herbes n’étaient pas à même d’entraver l’accumulation de matière sèche par le blé, et réduisent le rendement grain (Figure 3, voir fichier PDF).

Par ailleurs, le traitement herbicide, à fortiori précoce, a réduit sensiblement la matière sèche des espèces adventices. Cet effet était significatif aux seuils de probabilité de 7, 2 et 4% respectivement pour les sites « Faïd », « Hamri » et « Tirs ».

Les prélèvements d’azote par les mauvaises herbes, qui constituent des pertes à court terme, étaient très appréciables, notamment au niveau des témoins non désherbés, où des valeurs supérieures à 100 KgN/ha ont été enregistrées.

Les pertes de rendement liées à la présence des mauvaises herbes se situaient en moyenne (sols confondus) aux environs de 24 % par rapport au désherbage précoce et de 13 % par rapport au désherbage tardif. Ces pertes n’étaient significatives qu’au niveau du site « Tirs » ayant connu la plus forte infestation. A ce sujet, il faudrait envisager la faisabilité, sur le plan économique, de deux traitements herbicides notamment en cas de précédent non sarclé ou de parcelles très infestées.

Lorsque le degré d’infestation nécessite une intervention beaucoup plus précoce (stade 3 feuilles par exemple), d’autres molécules doivent être utilisées. A ce niveau, l’agriculteur dispose d’une gamme de spécialités de plus en plus variées, capables de répondre à la majorité des problèmes de désherbage. Il lui reste la décision de traiter ou non. Les principaux facteurs à prendre en compte sont fonction du degré d’infestation de la parcelle, de la succession des cultures, des variétés utilisées, du type du sol, et de la flore adventice dominante.

Effet des régulateurs de croissance

L’emploi du régulateur de croissance n’a eu aucun effet significatif ni au niveau de l’accumulation de la matière sèche ni sur le rendement grain ou ses composantes.

Les surfaces versées à la récolte étaient faibles (cas du site « Hamri ») à nulles (cas des sites « Faïd » et « Tirs »). Sur « Faïd », le stress hydrique subi par la culture aurait retardé la croissance du blé et donc l’occurrence d’une verse attendue vu l’importance des peuplements épis réalisées. Sur « Hamri » comme au « Tirs », les faibles peuplements épis n’auraient pas nécessité l’emploi de ce produit. En effet, la verse, qui dépend du peuplement épis, ne deviendrait inquiétante qu’à partir d’une densité d’épis au m2 de 450.

De façon générale, l’emploi du régulateur de croissance n’était pas justifié et ce pour deux raisons que nous estimons essentielles: d’une part, la faiblesse des peuplements épis réalisés et d’autre part, le raisonnement de la dose d’azote apportée; cet élément n’aurait pas été en excès. signalons également la résistance variétale comme cause probable.

Enfin, il est évident qu’au niveau du semis clair l’emploi du régulateur de croissance est économiquement déconseillé, à fortiori dans les conditions marocaines où le tallage épis est limité.

Par contre, au niveau du semis dense, le risque de verse serait plus important. Etant donné que le régulateur de croissance doit être appliqué au plus tard au « stade B », la prédiction du peuplement épis s’avère nécessaire pour juger de l’opportunité économique d’un traitement anti-verse. Pour ce faire, et partant de la corrélation entre la matière sèche au « stade B » et le peuplement épis établie par plusieurs auteurs, nous avons opté pour une prédiction du seuil de matière sèche accumulée au « stade B » au delà duquel un traitement s’imposerait. Ce seuil correspond à un peuplement de 450 épis/m2. A ce propos, seules les valeurs correspondant aux traitements ayant réalisé les plus hauts rendements ont été retenus. La forme de l’équation proposée s’écrit:

Peuplement épi = 87,2 x X(0,44)

avec X: la matière sèche au « stade B’ (qx/ha).
Ainsi, la valeur critique de la matière sèche du blé au « stade B » au delà de laquelle le peuplement-épis dépasserait le seuil de 450 épis/m2 est d’environ 35 qx/ha.

Effet du traitement fongicide

De manière analogue au régulateur de croissance, l’emploi du fongicide n’a eu aucun effet ni sur la production de matière sèche ni sur le rendement grain ou ses composantes.

A Sidi Bennour (sites « Faïd » et « Hamri »), les humidités relatives de l’air relativement faibles n’auraient pas favorisé le développement de maladies cryptogamiques. Par contre, à Zemamra, les conditions hygrométriques étaient beaucoup plus propices pour un éventuel développement fongique notamment pendant la montaison. A cet égard, signalons qu’une attaque de la septoriose, s’était déclarée au niveau du site « Tirs » pendant la deuxième décade de Février.

Un produit fongicide à base de carbendazine et d’hexaconazole (Planète) a été aussitôt appliqué de manière systématique par l’agriculteur. Le traitement en végétation a été de ce fait généralisé au niveau des deux autres sites et à toutes les parcelles et seul l’emploi du fongicide sur épis a été retenu en tant que facteur discriminatoire.

Par ailleurs, certaines attaques de la rouille brune ont été relevées pendant la dernière phase du cycle cultural (« anthèse-maturité »), notamment à Zemamra. Néanmoins, leur caractère sporadique ainsi que les faibles humidités relatives de l’air pendant cette phase aurait atténué leur sévérité et par la suite le remplissage du grain a été épargné.

Aussi, d’autres études sont-elles nécessaires pour juger de l’opportunité économique d’un traitement fongicide, à fortiori pendant la phase végétative (humidités relatives de l’air plus élevées qu’en fin de cycle surtout à Zemamra).

Il est généralement accepté que les applications de fongicides ne devraient pas être faites à titre « préventif », mais plutôt quand les conditions liées à l’environnement et à la culture indiquent l’éventualité d’une attaque cryptogamique et d’une rentabilité économique subséquente à la réduction de la gravité de la maladie par le traitement.

En effet, L’incidence des maladies dépend en grande partie des conditions météorologiques. En outre, la connaissance des conditions dans lesquelles une maladie peut atteindre des proportions épidémiques est d’un intérêt primordial. A ce propos, les risques de maladies peuvent être estimés par différents modèles, intégrant les caractéristiques du climat, des systèmes de culture, des observations de symptômes et du nombre de grains par m2 prévu.

En l’absence de tels modèles, un suivi de près de la culture, surtout pendant la montaison (fortes humidités relatives de l’air), s’imposerait pour le déclenchement d’un traitement fongicide dès l’apparition des premiers symptômes d’une maladie « économiquement dangereuse ». Cette action curative est d’autant plus justifiée si l’on sait que les maladies les plus rencontrées dans les Doukkala (septoriose et rouille brune) ne sont pas très épidémiques.

Aspect économique

Au niveau du semis clair, les charges sont dominées par celles relatives à l’engrais de fond et au coût de l’eau d’irrigation (Tableau 4, voir fichier PDF). Pour ce qui est du semis dense, l’utilisation des engrais alourdit énormément les charges. La part relative à l’utilisation des produits phytosanitaires reste intermédiaire. Par ailleurs, l’analyse des marges brutes relatives aux différents itinéraires techniques montre que:

• L’itinéraire VI (dose optimale + 40U) a permis de dégager les marges brutes les plus importantes.

• Les marges brutes sont plus élevées pour un semis dense que pour un semis clair.

• Les marges brutes les plus faibles correspondent aux itinéraires V (sans désherbage) et VIII (sans apport d’azote).

• Au niveau du semis dense, les marges brutes dégagées étaient plus élevées au niveau du site « Hamri » comparativement au site « Faïd ». Le site « Tirs » est resté intermédiaire. Par contre, au niveau du semis clair, aucune tendance n’a pu être relevée.

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