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samedi, avril 20, 2024

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Production de semences de luzerne

Techniques de production de semences de luzerne

La réalisation d’un rendement en grain acceptable exige l’adoption d’itinéraires techniques adéquats. Les principales différences de techniques culturales entre une luzernière destinée à la production de graines et une luzernière de production fourragère sont:

  • Un peuplement clairsemé;
  • la gestion de la pollinisation et de l’irrigation;
  • un entretien plus poussé;
  • la technique de récolte.
Densité de peuplement et écartement

La densité de semis et l’écartement vont modifier la structure du peuplement et conditionner les relations entre le rendement et ses composantes. Pour un rendement grainier élevé, les plantes doivent être semées à grand écartement afin d’obtenir des plantes vigoureuses.

L’écartement entre lignes doit être modulé selon les régions et la capacité de rétention en eau des sols. La densité visée en Californie est d’environ 3 à 5 plantes par mètre linéaire et un écartement de 75 à 100 cm entre les lignes.

Au Maroc, l’écartement interligne optimum varie entre 30 et 60 cm, étant donné que les luzernes porte graines sont toujours utilisées en début de saison pour la production de fourrage.

En l’absence de semoirs de précision, la densité visée peut être atteinte à l’aide d’un éclaircissage mécanique. Un peuplement clairsemé réduit la verse ainsi que les maladies cryptogamiques et améliore l’efficacité des traitements chimiques.

Pollinisation

Vu la nature allogame de l’espèce, l’allopollen (pollen provenant de plantes adjacentes) est avantagé et assure la fécondation. Cela résulte de l’attractivité ovulaire qui s’exerce préférentiellement sur l’allopollen lors d’une fécondation croisée. Cette dernière conduit à la production de graines hybrides. En présence de populations suffisantes de pollinisateurs, le taux d’allogamie est supérieur à 85%. Cependant, en cas d’insuffisance en populations de pollinisateurs naturels, l’installation de colonies d’abeilles domestiques peut être envisagé comme alternative.

Ainsi, le rendement est augmenté en fonction du nombre de colonies apportées au niveau de la parcelle. Au Maroc, dans la région aride du Tadla, on a rapporté que le climat sec et aride est favorable à la pollinisation de la culture porte-graines de luzerne par les abeilles domestiques (Apis mellifica intermissa). Sous le climat de la région de Rich, c’est la sous espèce saharienne de l’abeille (Apis mellifica sahariensis) qui est la plus adaptée.

L’installation de sept à huit colonies d’abeilles par hectare, dès l’apparition des premières fleurs au milieu du champ, permet d’accroître considérablement le rendement.

L’activité maximale des abeilles est située dans un rayon de 100 m, à condition de prévoir leur abreuvement à proximité des ruches.

D’autres pollinisateurs peuvent être utilisés, si les conditions de leur élevage sont maîtrisées. Ainsi, les bourdons et les mégachiles sont des pollinisateurs efficaces de la luzerne. Contrairement aux abeilles et aux bourdons, les mégachiles, de la famille des apoïdes, sont des insectes pollinisateurs solitaires. Pour récolter le pollen, ils utilisent une brosse ventrale au lieu des pattes postérieures.

Pré-coupe

La pré-coupe doit être raisonnée en fonction des conditions pédo-climatiques et en fonction de l’alimentation hydrique. Ainsi, il faut chercher un compromis qui garantie une floraison assez longue pour diminuer les risques d’une mauvaise pollinisation et d’une mauvaise nouaison. Une pré-coupe devrait donc éviter que la floraison coïncide avec la période des grandes chaleurs qui peuvent limiter l’activité des insectes pollinisateurs et qui exposent aussi la culture à un stress hydrique sévère. Ainsi, la période de floraison doit se situer durant une période de compétition minimale avec d’autres sources de pollen et durant une période à activité élevée de pollinisateurs.

Les meilleurs rendements sont atteints lorsque la croissance printanière est forte, permettant la pleine floraison en fin mai ou en début juin.

Gestion de l’irrigation

L’irrigation constitue également une pratique culturale importante pour la gestion de la culture porte-graines. Les meilleurs rendements grainiers sont en général obtenus quand les régimes d’irrigation:

  • Conduisent à des déficits hydriques modérés au niveau du sol et de la plante,
  • Évitent des stress hydriques sévères, et
  • Favorisent une croissance continue et lente de mise en place des sites de reproduction.

Il faut compter 380 à 400 mm d’eau disponible avant chaque floraison. En général, on applique l’irrigation voulue avant la floraison en vue de constituer une réserve d’eau dans le sol.

Il est important de fractionner les apports d’eau en des doses modérées. L’irrigation est arrêtée à partir du début de la floraison (photo ci-contre, 70% de plantes à ce stade (voir fichier pdf)). Parfois, un apport d’eau au stade de la formation des gousses est nécessaire, afin d’assurer un bon remplissage des grains.

Les effets de tous ces facteurs susmentionnés sur les composantes du rendement sont illustrés dans la figure ci-dessus (voir fichier pdf).

Entretien de la parcelle de production de semences

Le contrôle chimique des mauvaises herbes est très recommandé dans des luzernières destinées à la production de graines, principalement avec les produits indiqués au tableau 1 (voir fichier pdf). En cas d’infestation par la cuscute, on traite avec 10 kg Dacthal W 75/ha (chlorthal-diméthyl) sur sol humide.

Récolte

La récolte se fait par fauche manuelle, (ou directement à la moissonneuse-batteuse sur les grandes parcelles), lorsque 80 % des gousses sont mûres. Si l’on attend la maturité complète, les pertes en gousses peuvent être importantes.

Après récolte manuelle, le battage est réalisé à l’aide d’une batteuse à poste fixe équipée de tamis appropriés (il faut éviter le battage avec les battants qui endommagent les graines). En irrigué, on peut réaliser deux récoltes de semences, une fois en juin et une fois en septembre. Dans les conditions du Tadla, une dernière coupe en vert effectuée à la mi-mars permet une amélioration du rendement en grains par rapport à des dates plus tardives (mi-avril à mi-mai) et permet de réaliser une deuxième récolte de semences au début de l’automne. A Errachidia, avec les populations traditionnelles de luzerne, il est possible de réaliser deux récoltes de semences par an, la première étant faite en juillet, et la seconde en octobre. Cette approche permet d’atteindre des rendements potentiels de 600 Kg/ha/an.

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