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jeudi, avril 18, 2024

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Comment les producteurs de tomate ont défié le TYLC: Etat des lieux et perspectives d’amélioration

Variétés tolérantes

Plusieurs variétés de tomate sont disponibles (rondes, en grappe, cocktail et cerise) dans la région; elles permettent à l’agriculteur un choix assez large pour exporter une tomate de qualité qui répond aux exigences des marchés destinataires. Les variétés les mieux appréciées furent la Gabriela (47%) et la Daniela (33%); elles assurent un tonnage et un calibre meilleurs, mais elles sont malheureusement très sensibles au TYLCV. Pour cela, plusieurs producteurs optent parfois pour le choix de nouvelles variétés tolérantes comme moyen de lutte à tenter contre le TYLCV.

Durant la période de notre enquête, 6% de la superficie de tomate était plantée par la variété Tillila, suivie par la Cornelia. Les autres variétés, notamment Anastasia, Avigail, Bushra et Thomas étaient d’une importance secondaire. En général, il semble que les variétés tolérantes ne satisfont pas tous les producteurs: En plein champ, certains se seraient réjouis de leur production destinée principalement au marché local; elle leur permet au moins de se rattraper au lieu de perdre toute la culture. D’autres, dans leur majorité des serristes, ne sont pas encore convaincus de cette tolérance, ni de la fermeté, ni du tonnage qui ne répondent pas à leurs attentes. C’est pourquoi, des essais continuent d’être entrepris par différents organismes distributeurs de semences, pour sélectionner de nouvelles variétés tolérantes répondant aux normes suivantes: un bon calibre, une fermeté acceptable, une homogénéité des fruits, un nombre de fruits suffisants par bouquet, plants vigoureux et une résistance aux maladies.

Moyens chimiques

Les principaux problèmes phytosanitaires contre lesquels les agriculteurs traitent sont par ordre décroissant: les aleurodes, le mildiou, le Botrytis, l’Oïdium et les acariens. En qualité de vecteur du TYLCV, B.tabaci constitue la première cible contre laquelle 12 à 13% des traitements sont destinés entre juillet et novembre à raison de 2 traitements par semaine. Cette période coïncide dans la majorité des exploitations avec la transplantation et le développement des jeunes feuilles si sensibles aux attaques des mouches blanches.

A partir des premières récoltes du mois d’octobre, la fréquence des traitements contre les aleurodes commence à diminuer pour ne représenter que 4% des interventions effectuées en décembre (en moyenne 1 traitement par semaine). A cette période automnale, il est probable que le climat réduise les populations du vecteur en faveur de quelques maladies cryptogamiques comme le Botrytis, le mildiou et l’oïdium, contre lesquels les traitements fongicides sont accentués. Juste après la levée du froid, les aleurodes reprennent leur activité et commencent à constituer un danger contre lequel le producteur reste mobilisé jusqu’à la fin du cycle de la culture.

Sur la totalité des pesticides utilisés dans la région, les insecticides représentent 54,7% suivis par les fongicides (38,8%), alors que les acaricides, les nématicides et les herbicides ne représentent que 6,5%. Le tableau 1 (voir fichier PDF) présente la liste des principales matières actives insecticides, classées par ordre décroissant selon l’importance de leur utilisation dans la région (TU). Il en ressort que le méthomyl (Salvador et Lannate) et l’endosulfan furent en 2001 les plus utilisés, suivis par la déltamethrine (Décis) et le thiamethoxam (Actara). Ces produits sont relativement moins chers et assez efficaces contre les aleurodes, s’ils sont bien appliqués.

En effet, la majorité des producteurs de la tomate d’export prennent toutes les précautions nécessaires pour traiter selon les normes recommandées par le fabricant et le pays destinataire. Ils respectent les doses indiquées sur les emballages, bien que certains aient souvent tendance à sous doser, surtout les spécialités à base d’endosulfan et de méthomyl par crainte des problèmes qui peuvent résulter des surdosages. De même, ils choisissent les spécialités autorisées contre les aleurodes, qui leur permettent d’alterner leurs interventions avec des matières actives appartenant à différents groupes chimiques.

A titre d’exemple le méthomyl (Carbamate), l’endosulfan (Organochloré) et l’imidaclopride (Chloronicotinyles) sont souvent utilisés en alternance par les producteurs. Ce dernier produit n’est utilisé que durant la période qui précède la première récolte d’octobre pour éviter tout risque de son accumulation dans le fruit. Dans ce sens, toute production destinée à l’export subit une analyse préalable effectuée par l’EACCE (Etablissement Autonome de Coordination et de Contrôle des Exportations) qui vérifie sa conformité aux normes exigées par le destinataire et éviter le risque de refoulement.

Donc, une attention particulière est donnée généralement aux matières actives à faible LMR (Limite maximale résiduelle) comme le méthidathion et l’abamectin à LMR de 0,02 mg/kg, la cyperméthrine, le pyrimiphos méthyl et l’endosulfan à LMR de 0,05 mg/kg. Contre les insectes pollinisateurs, aucun effet de toxicité n’a été rencontré pendant notre enquête sur les bourdons.

Au départ, un seul insecticide, le méthomyl était autorisé contre les aleurodes en maraîchage, mais depuis l’apparition du TYLCV, les producteurs se sont trouvés démunis de moyens chimiques pour compléter et raisonner leur stratégie de lutte. Pour cela, ils ont demandé au ministère de tutelle, d’étendre l’homologation à d’autres matières actives ayant démontré leur efficacité contre les aleurodes à travers le monde, notamment dans les pays de l’Union Européenne.

Actuellement, une dizaine de produits sont homologués sur tomate: l’Azadirachtine, Buprofézine Cinammalde-hyde, Dyoctilsulfo-succinate de Sodium, Imidac-lopride, Novaluron, Paecilomyces fumoroseus (produit biologique), Pymétrozine, Pyridabène, Thiaclopride et Thiamethoxam. A la lumière de cette décision, la plupart des agriculteurs enquêtés traitent avec au moins deux produits, en plus du Méthomyl et/ou de l’endosulfan. Par exemple, le thiamethoxam est utilisé par 63% d’entre eux, l’Imidacloprid par 58%, la Pymétrozine par 36%, la Pyridabène par 31%, le Novaluron par 29% et la Cinnamaldehyde par 5%.

Au cours de leur itinéraire technique, les agriculteurs rencontrent souvent des problèmes qui se traduisent par des maladresses de la gestion phytosanitaire:

  • Certains produits sont utilisés contre les aleurodes bien qu’ils soient recommandés pour d’autres ravageurs: La cyromazine d’usage normal contre les mineuses, la déltaméthrine conseillée contre les noctuelles, la lambda-cyhalothrine, autorisée contre les pucerons et le Dichlovos homologué uniquement sur cultures ornementales;
  • Généralement la majorité des producteurs traitent 1 à 3 fois avec la même matière active, mais quelques uns dépassent cette moyenne et atteignent par exemple jusqu’à 30 traitements au methomyl, 26 à l’endosulfan, 10 au pyridabène, 9 à la cypermetrine, 8 au thiamethoxam et 7 au métamidophos (hautement toxique)…
  • Les cas de surdosage des spécialités sont courants dans certaines exploitations démunies de moyens techniques et d’encadrement. La dose utilisée peut parfois y atteindre jusqu’à 8 fois la dose recommandée: Le novaluron est employé entre 1 et 8 fois sa dose, le methidathion à 3 fois, le pyriproxyfène entre 1 à 4 fois, la cypermethrine et le thiamethoxam entre 1 et 5 fois leurs doses respectives.
  • Parmi les autres difficultés rencontrées en lutte chimique, les mélanges suscitent une attention particulière des producteurs; ils cherchent toujours à avoir une compatibilité adéquate entre les pesticides utilisés (agronomique, biologique, physique). Pour cela, ils font eux mêmes des tests préalables de mélanges de petites quantités des spécialités pour vérifier quelques paramètres comme l’effet phytotoxique sur la tomate; le volume de la bouillie à utiliser par hectare; le matériel de traitement, notamment les filtres et les buses des pulvérisateurs; la finesse et la répartition des gouttelettes pulvérisées; l’état des particules (agglomération ou non), la viscosité du mélange (formation de gel ou de grumeaux)…Généralement, les mélanges sont constitués de deux produits, le plus souvent un insecticide et un fongicide, mais parfois ils comptent entre 3 et 5 produits.
  • Contre les aleurodes, certains producteurs ne mélangeaient que deux insecticides; les plus courants sont l’endosulfan (OrganoChloré) et le méthomyl (Carbamate) dont les modes d’action sont différents. L’effet synergique des deux produits mélangés permettrait une action conjuguée se traduisant par une efficacité meilleure que celle qui résulterait de l’addition de leurs efficacités individuelles. En tout cas, tous les mélanges utilisés regroupent les deux modes d’action, systémique et de contact.

Activités du projet ConserveTerra

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