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mardi, mars 19, 2024

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L’alimentation de la vache laitière pour une meilleure qualité du lait: comment augmenter le taux butyreux et protéique du lait

Quelques aliments concentrés pour les bovins

Sources énergétiques

Orge grain

La production d’orge au Maroc dépasse celle des autres céréales principales (blé tendre, blé dur et maïs). Cette production peut varier du simple au triple selon l’année climatique.

L’orge grain constitue une ressource alimentaire pendant les périodes d’épuisement des chaumes et de faible production herbagère des parcours, surtout au niveau des zones bours du pays.

Plusieurs études ont relaté l’importance de cette céréale dans l’alimentation animale et sa contribution très importante dans la couverture des besoins énergétiques des animaux. En effet, l’orge grain reste la céréale la plus utilisée dans l’alimentation des bovins.

A l’instar des grains de céréales, l’orge est caractérisée par une teneur élevée en fibres due aux enveloppes entourant les grains. Tout processus susceptible de briser cette enveloppe (broyage, concassage ou aplatissage) peut sans doute améliorer la digestion des différents constituants de cette matière première. Cependant, il peut y avoir diminution exagérée du pH ruminal associé au broyage et au concassage des grains de céréales. Avec l’orge aplatie, il est possible de l’utiliser à raison de 85 % de la ration pour engraissement avec un supplément azoté et minéral.

Quant à sa teneur en MAD, l’orge est caractérisée par une teneur moyenne plus élevée que celle de la pulpe sèche de betterave. Celle-ci est de l’ordre de 80 g MAD/kg MS. La dégradabilité ruminale de l’azote des grains d’orge est de 74 %, valeur assez élevée en comparaison à celle relevée pour le sorgho (40 %) et le maïs (42 %).

La valeur énergétique moyenne est de 1,12 UFV et 1,13 UFL par kg de MS d’orge.

Pulpe sèche de betterave

Elle est actuellement considérée parmi les principaux sous produits de l’industrie sucrière. Sa production a connu une augmentation substantielle durant ces dernières années. En fait elle est passée de 100.000 tonnes au début des années 1980 à environ 160.000 tonnes actuellement.

Cette ressources est utilisée de plus en plus par les éleveurs comme complément énergétique souvent mélangée avec le son de blé pour l’alimentation des troupeaux laitiers et à viande.

La pulpe sèche de betterave est une ressource alimentaire facilement stockable, son utilisation intervient surtout au moment où la production d’herbe est à son plus bas niveau.

Sur le plan chimique, la pulpe sèche de betterave présente une teneur en matières minérales qui varie de 4,8 à 7,6 % de la MS. La pulpe sèche de betterave est bien pourvue en calcium (0,6 à 1,03 % de MS) mais très pauvre en phosphore ( 0,06 à 0,1 % de MS). Les teneurs en cellulose brute, NDF et ADF sont élevées par rapport à celles des aliments dits « concentrés ». Sa teneur en lignine est faible. Les valeurs énergétiques sont de l’ordre de 1,02 UFL et 1,01 UFV par kg de MS.

La supplémentation avec la pulpe sèche de betterave réduit les durées journalières des ruminations et de mastication malgré sa teneur en constituants pariétaux. Cette tendance peut s’expliquer par la digestibilité élevée des constituants pariétaux apportés par la pulpe sèche de betterave, favorisée par une faible teneur en lignine. Cette digestibilité leur confère également une valeur énergétique élevée. De ce fait, elles augmentent la synthèse journalière des protéines microbiennes et donc l’apport d’acides aminés dans l’intestin grêle.

Mélasse

La mélasse est un aliment bon marché, qui grâce à son appétabilité, à ses sucres et à ses sels, favorise la consommation de fourrage de mauvaise de qualité.

La production nationale en mélasse est passée de 100.000 tonnes en 1980 à environ 180.000 tonnes actuellement, et le Maroc continue à exporter des quantités importante de mélasse.

La mélasse est un aliment énergétique, dont la valeur nutritive est due à la digestibilité élevée de ses sucres, qui est de l’ordre de 93%. La valeur énergétique de la mélasse est d’environ 0,94 UFL et 0,96 UFV/kg de MS.

Toutefois, la déficience de la mélasse en azote limite son niveau d’incorporation dans la ration. Les performances de croissance des bovins augmentent jusqu’à un niveau de 20% de mélasse, mais l’optimum économique peut atteindre 40% sous condition d’une complémentation protéique.

Sur le plan chimique, la mélasse est pauvre en phosphore, calcium et sodium, mais riche en potassium. Ce déséquilibre est moins prononcé pour la mélasse de la canne à sucre que pour celle de la betterave.

Les précautions d’emploi de la mélasse découlent en particulier de sa richesse en sucres (environ 65% de la MS) qui impose de prudentes transitions alimentaires et un taux d’incorporation maximum qui ne doit pas dépasser environ 15% de la MS chez la vache laitière (mais peut atteindre 30-35% de la MS chez le taurillon).

Pulpe de caroube

La pulpe de caroube correspond au mésocarpe du fruit du caroubier, obtenu après égrenage des gousses sèches.

La production du caroube est passée de 19.000 tonnes en 1980 à environ 30.000 tonnes actuellement.

Au Maroc, la pulpe de caroube n’a d’emploi que dans l’alimentation animale, mais ceci reste très limité et une grande part de la production est exportée à l’étranger, pouvant parfois dépasser les 80 % de la production nationale.

Concernant la composition chimique de la pulpe de caroube, elle se caractérise par une faible teneur en cendres ( 2,2 à 5,1% MS) et une faible valeur protéique (4,2 à 6% de MS). Par contre, elle est très riche en sucres hydrosolubles (46,6 à 55,2% MS). Les teneurs en cellulose brute sont assez faibles et varient de 7,5 à 11,8% MS. La valeur énergétique varie de 0,6 à 0,99 UF/ kg MS. Par ailleurs, la pulpe de caroube est riche en tanins. Ces derniers ont un effet néfaste sur la digestibilité des fibres et des protéines de la ration.

Le taux d’incorporation de la pulpe de caroube peut aller jusqu’à 30% de la ration. L’incorporation de la pulpe de caroube en substitution à l’orge à raison de 20% de la ration totale engendre une amélioration significative du niveau d’ingestion de la ration et des gains de poids des agneaux. Cependant, cet effet positif ne se maintient pas à des taux d’incorporation plus élevés.

Sources protéiques

Tourteau de tournesol

Les tourteaux sont utilisés dans la fabrication d’aliments composés, ou distribués directement aux ruminants mélangés à d’autres aliments. Les tourteaux se caractérisent par une valeur protéique généralement élevée.

La production totale en tourteaux a connu une augmentation importante de 10.000 tonnes au début des années 1980 à environ 100.000 tonnes actuellement. La totalité de la production est utilisée au niveau national.

Le tourteau de tournesol a une teneur en MAT allant de 36% à 45%. Ces MAT sont essentiellement des protéines facilement dégradables au niveau du rumen (77%). Le tourteau de tournesol compte parmi les concentrés riches en MAT, cependant sa composition en acides aminés a révélé une carence en lysine. Le décorticage améliore sa teneur en MAT qui passe de 34 à 50%.

Du point de vue nature des glucides, le tourteau de tournesol est riche en parois, essentiellement la cellulose. Sa teneur assez élevée en lignine contribue en partie à la faible digestibilité de ses parois. Malgré ceci, on a rapporté une amélioration de la digestibilité apparente de cellulose brute et de NDF d’une ration à base de paille complémentée par le tourteau de tournesol. Par ailleurs, la teneur en cellulose brute diminue avec le décorticage de 25% à 15%. Ce décorticage améliore aussi la valeur nutritive de ce tourteau.

La valeur azotée moyennes varie de 310 à 360 g de MAD par kg de MS, en plus le tourteau de tournesol est assez riche en énergie; les valeurs moyennes par kg de MS rapportées dans les conditions marocaines sont de l’ordre de 0,81 UFL et 0,72 UFV. En revanche, il est à noter que ces valeurs énergétiques et azotées varient selon le mode d’extraction des graines de tournesol.

Le tourteau de tournesol est assez riche en phosphore et calcium en comparaison avec les autres sources protéiques d’origine végétale.

Son de blé

Classé parmi les aliments moyennement riches en azote, le son de blé a une teneur en MAT allant de 13,4 à 17,5%. Cette fraction semble être digestible. Etant donné son origine, cet aliment se trouve bien doté en amidon, générant ainsi des fermentations ruminales similaires à celles des concentrés à base de céréales. Le son de blé est généralement mélangé avec la pulpe sèche de betterave pour l’alimentation des troupeaux laitiers. Il est également utilisé par les unités d’aliments de bétail qui l’incorporent dans les aliments composés.

Les teneurs en matières minérales sont de l’ordre de 5,5%. Toutefois, le son de blé est bien pourvu en constituants pariétaux, mais dans une moindre mesure par rapport à la pulpe sèche de betterave et au tourteau de tournesol.

Concernant les valeurs énergétiques, le son de blé est assez riche en énergie. A l’échelle nationale, on relève des valeurs moyennes de 0,93 UFL et 0,87 UFV par kg de MS.

Prof. Abdelilah ARABA
Département des Productions Animales
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat

Activités du projet ConserveTerra

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