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vendredi, avril 19, 2024

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Valorisation de l’eau en agriculture et ses applications à l’élevage bovin laitier

Échelles d’analyse de la valorisation de l’eau

Si à l’échelle d’une exploitation agricole, la valorisation de l’eau implique d’améliorer la production agricole par m3 d’eau, la question se complique davantage à l’échelle d’un bassin versant ou d’un périmètre irrigué. Ainsi, améliorer l’efficience de l’eau dans un réseau d’irrigation par le revêtement en béton des canaux peut aboutir à une simple redistribution de l’eau à l’échelle d’un bassin versant puisque l’eau qui réalimentait auparavant la nappe et qui était ensuite réutilisée par pompage par d’autres agriculteurs, est dorénavant utilisée dans son intégralité dans le périmètre irrigué.

Il apparaît aussi que d’un simple concept biotechnique, dont l’appréhension peut aller d’un objet aussi élémentaire qu’une plante seule à un objet plus complexe qui est la parcelle ou l’exploitation agricole, la valorisation de l’eau a évolué en intégrant les aspects économiques. Ceci a aussi induit l’adoption d’échelle d’étude encore plus vaste, imposant la considération de la compétition entre filières agro-alimentaires pour les usages de l’eau, dont leurs fournisseurs sont demandeurs. Plus en aval, cela pose la question des avantages qu’ont les agriculteurs à mobiliser l’eau pour tel ou tel produit, sur la base de marges économiques dégagées par ces produits, leur stabilité, les perspectives de leur augmentation en récupérant des manques à gagner, …

La question de la valorisation de l’eau se complique davantage lorsqu’elle est transposée aux filières d’élevage, qui transforment en produits animaux, avec différentes efficiences biotechniques, des produits intermédiaires divers (fourrages et aliments concentrés sous forme de grains et de sous-produits), ayant eux-mêmes nécessité des quantités d’eau variables. Cette chaîne de fonctions de production nécessite des analyses de diverses disciplines telles que l’hydraulique, l’agronomie, la zootechnie et l’économie.

Finalement, avec les pressions pour le maintien d’une agriculture durable sans compromettre les ressources naturelles qu’elle mobilise (dont l’eau et les sols principalement), les indicateurs environnementaux se sont invités aux débats sur la valorisation de l’eau en agriculture. Certes, pour l’instant, ces développements récents nécessitent des systèmes de production soucieux de la préservation de leurs ressources, et qui ont adopté des mécanismes de contrôle des niveaux de contamination de leurs eaux et sols du fait des activités agricoles.

Ces mécanismes permettent ensuite aux gestionnaires des zones irriguées, moyennant de larges concertations avec l’ensemble des intéressés par la question (agriculteurs, pouvoirs publics, associations de défense de l’environnement, …), de déterminer des indicateurs de valorisation de l’eau par les différentes productions qui tiennent compte de l’impact de chacune des spéculations sur les ressources naturelles. Cela évite de ne plus avoir que des indicateurs purement économiques pour juger de la compétitivité des filières en présence, mais aussi de prendre en considération leurs effets sur l’environnement physique. De facto, le concept de valorisation de l’eau s’en trouve promu à plus qu’un rôle économique.

Il est donc difficile d’appliquer le concept de la valorisation de l’eau à une analyse comparative entre différents secteurs d’usage de l’eau, différentes filières agro-alimentaires et différentes régions. Cependant, le concept reste intéressant pour explorer le potentiel d’amélioration de la valorisation de l’eau par une filière donnée ou en appui à des acteurs qui souhaitent s’engager dans cette voie.

Ce bulletin vise à éclairer le débat sur la problématique de la valorisation l’eau par l’agriculture au Maroc, en revenant sur une étude de cas, à savoir l’usage de l’eau par la filière laitière en périmètre irrigué.

Activités du projet ConserveTerra

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