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jeudi, avril 25, 2024

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Techniques de production de l’arachide: Résultats d’enquêtes au Loukkos

Irrigation de l’arachide

Toutes les parcelles d’arachide visitées sont irriguées par aspersion. L’eau est douce, mais elle est disponible à tour de rôle (en général une fois par semaine ou une fois toutes les deux semaines) à partir du réseau d’irrigation du périmètre de Loukkos. Les dépenses pour l’irrigation ont été estimées en moyenne à 2.300 Dh/ha + 700 Dh pour les ouvriers soit un total de 3.000 Dh/ha (soit 13,3% du coût de production).

Récolte

Selon l’enquête, la récolte a lieu à partir de septembre. En moyenne, les frais pour la récolte sont estimés à 3.000 Dh/ha (soit 13,3% du coût de production): arrachage et collecte manuelle (1.270 Dh/ha), battage avec la batteuse (1.300 Dh/ha), bottelage (100 bottes x 2,50 Dh = 250 Dh/ha) et les frais de main d’œuvre pour le triage et le nettoyage des gousses (180 Dh/ha).

Coût de production

Les dépenses globales pour réaliser toutes les opérations ont été en moyenne de 22.500 Dh/ha. Elles n’ont pas pris en considération le loyer du terrain sachant que tous les producteurs ont cultivé leurs propres parcelles. Les frais pour la main d’œuvre ont été inclus dans toutes les opérations culturales, mais en réalité c’est la main d’œuvre familiale (hommes, femmes, garçons et filles) qui participe, dans la plupart des cas, à toutes les opérations culturales.

Rendement en gousses

Les rendements bruts estimés par les producteurs ont varié de 3,0 à 4,2 tonnes/ha, avec une moyenne de 3,5 tonnes/ha. La production a été étroitement liée aux techniques culturales employées au niveau de chaque parcelle. Le prix de vente a varié cette année entre 8 et 11 Dh/kg de gousses.

Les revenus de la vente de la production (gousses + paille) ont été estimés à 28.860 Dh/ha (si le prix de vente est 8 Dh/kg), 32.280 Dh/ha (si 9 Dh/kg), 35.700 Dh/ha (si 10 Dh/kg) et 39.120 Dh/ha (si 11 Dh/kg).

Rendement paille

Les conditions favorables de 2010-11 ont permis d’avoir en moyenne 100 bottes de paille/ha. Le bottelage avec les ramasseuses-presses a coûté 2,50 Dh/botte, alors que la vente de paille a généré 1.500 Dh/ha (100 bottes/ha x 15 Dh/botte).

Marges bénéficiaires

Les bénéfices nets ont varié selon le prix de vente: 5.360 Dh/ha (avec un prix de vente de 8 Dh/kg de gousses), 9.780 Dh/ha (avec 9 Dh/kg), 13.200 Dh/ha (avec 10 Dh/kg) et 16.620 Dh/ha (avec 11 Dh/kg).

Conclusions

L’abondance et la diversité des adventices constituent des contraintes majeures à la production agricole dans le périmètre irrigué du Loukkos, particulièrement en culture d’arachide. En effet, cette enquête auprès de 25 agriculteurs a permis de faire un diagnostic sur les adventices et les formes de gestion de la culture d’arachide par les agriculteurs de Larache.

Parmi les résultats saillants de cette étude est que la flore adventice associée à l’arachide est composée de 25 espèces. Les souchets (Cyperus rotundus et Cyperus esculentus) ont été les espèces les plus abondantes et les plus envahissantes. Cinq rubriques ont consommé 78% du coût de production: semences (21%), binage (16%), engrais (15%), irrigation 13%) et récolte (13%).

Le cinquième du coût de production est destiné au désherbage (binage 16% et herbicide 4%). Des recherches sur les moyens de lutte contre les adventices basées sur la combinaison des herbicides et du binage mécanique avec des bineuses à tracteur pourraient faciliter le désherbage et contribuer à la réduction de son coût.

Recommandations

La durabilité de la culture d’arachide dans le périmètre irrigué du Loukkos est sujette à satisfaire les besoins d’une gestion intégrée et d’un meilleur encadrement des producteurs d’arachide. En effet, parmi les recommandations de cette étude:

1) Organisation des producteurs: Pour faciliter l’encadrement et le transfert de technologies, l’organisation des producteurs d’arachide en coopératives est fondamentale.

2) Homologation des pesticides: les pesticides actuellement utilisés par les agriculteurs ne sont pas homologués pour la culture d’arachide. Des efforts doivent être faits par les sociétés phytosanitaires et par l’ONSSA pour homologuer des pesticides pour cette culture.

3) Fertilisation: les agriculteurs apportent différents engrais (et parfois en grandes quantités) après la levée de l’arachide. Ils ne connaissent pas les besoins de l’arachide en éléments fertilisants, n’apportent pas d’engrais au semis, et ne font aucune distinction entre les engrais de fond et les engrais de couverture. Des journées de formation des agriculteurs sur la fertilisation de l’arachide sont nécessaires. En plus, pour assurer une gestion environnementale des sols sablonneux du Loukkos, la recherche agronomique doit produire un référentiel technique de fertilisation pour les cultures phares de la région Tanger-Tétouan dont l’arachide.

4) Application des pesticides: les agriculteurs emploient différents pesticides, mais n’utilisent pas les accessoires nécessaires pour protéger les applicateurs. Dans un esprit de santé, d’efficacité et de respect de l’environnement, des journées de sensibilisation sur les pesticides et leurs dangers sont hautement nécessaires.

5) Désherbage: les agriculteurs utilisent les herbicides, les binages et la collecte des adventices. Des efforts physiques considérables sont fournis par les ouvriers, hommes et femmes, et il serait judicieux d’introduire les bineuses à tracteur en vue d’éviter ou de réduire les binages à la sape et à traction animale. L’abondance des adventices, particulièrement les souchets (Cyperus rotundus et Cyperus esculentus), doit amener les équipes de recherche à l’amélioration des techniques de désherbage de l’arachide.

6) Stockage de la production: les agriculteurs n’arrivent pas à stocker la production comme il faut, et beaucoup sont obligés de la vendre juste après la récolte. Il est donc nécessaire d’étudier les possibilités de stockage des gousses.

Abbès Tanji (1), Mohamed Benicha (2) et Rachid Mrabet (2)
(1) Spécialiste du désherbage, abbestanji@gmail.com
(2) Institut National de la Recherche Agronomique, Tanger, Maroc

Activités du projet ConserveTerra

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