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jeudi, avril 25, 2024

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Fiche technique: Le pois chiche d’hiver

INstaller le pois chiche d’hiver

Introduction

Le pois chiche d’hiver pourrait avoir une place importante dans les systèmes de culture des zones semi-arides marocaines. Les résultats des travaux expérimentaux, de plus d’une décennie à l’INRA, ont démontré un gain de rendement allant du simple au double, et même au triple dans certains cas, par rapport à la culture traditionnelle de pois chiche de printemps. Ce gain de rendement est dû principalement à une meilleure utilisation des eaux de pluies, généralement perdues par évaporation entre les mois de novembre et mars pour la culture de printemps, à la précocité de la récolte et au potentiel génétique des variétés.

Choix de la variété

Le catalogue officiel contient un certain nombre de variétés dont la plupart sont de création récente. Toutes ces variétés, à l’exception de ILC 195, sont tolérantes aux souches d’anthracnose sur lesquelles elles ont été testées et ont une bonne résistance au froid.

Choix du sol

Le pois chiche s’adapte aux sols assez lourds, pourvu qu’ils soient bien drainés. Comme pour les autres cultures, sa productivité sera plus faible dans les sols peu fertiles. Il tolère des pH allant de 6 à 9.

Préparation du sol

Nous conseillons les outils à dents pour la préparation du sol. Pour la reprise, il faut effectuer un minimum de passages. L’objectif est de laisser un sol souple et légèrement motteux.

Azote

Dans les sols où le pois chiche est habituellement cultivé, le Rhizobium sp est généralement présent en quantité suffisante, et il n’y a pas de besoin d’inoculer. Le pois chiche d’hiver peut donc satisfaire ses besoins en azote jusqu’à 80%, selon l’alimentation hydrique. L’aptitude de la plante à fixer une grande partie de son azote permet d’éviter les apports d’azote. Néanmoins, nous recommandons l’apport supplémentaire de 10 à 20 kg N/ha au semis.

Phosphore

Dans les sols pauvres à moyennement pourvus en phosphore (3.4 à 5.5 ppm P), on recommande un apport de 40 à 60 kg P205/ha. Ceci améliore le rendement, la taille des graines et la nodulation.

Date de semis

En règle générale, il faut semer le plutôt possible pour profiter des pluies précoces et réduire les risques d’un déficit hydrique en fin de cycle. Pour les régions dites du bour favorable (Sais, Zaer), il serait préférable de réaliser un semis de fin d’hiver (mi-janvier). Pour les régions semi-arides (Chaouia, Abda), les semis d’automne sont recommandés (mi-novembre).

Densité de peuplement

La densité de peuplement optimale varie selon la date de semis et les conditions hydriques prévisibles. En général, on recommande un peuplement de 35 à 45 plantes par m2.

Ecartement – Profondeur

Pour les écartements entre les lignes de semis, il ne faut pas dépasser 50 cm. Un tel écartement permet de réaliser les binages dans de bonnes conditions et améliore le rendement. En cas de semis tardif, il est préférable de semer plus dense pour compenser la faiblesse du couvert végétal (réduire les écartement et augmenter légèrement la dose de semis).

Les graines doivent être semées à une profondeur de 4 à 6 cm. La profondeur doit être régulière pour assurer une levée homogène.

Par Dr. R. Dahan, Centre Aridoculture, Settat


Lutter contre les mauvaises herbes sur le pois chiche d’hiver

Une culture très vulnérable à la concurrence des mauvaises herbes

Le semis du pois chiche en hiver coïncide avec la période pluvieuse où les mauvaises herbes sont très abondantes. Durant cette période la croissance du pois chiche est relativement lente du fait que cette culture est très vulnérable à la concurrence des mauvaises herbes. Si la perte de rendement du pois chiche de printemps ne dépasse pas les 30% en l’absence de désherbage, dans le pois chiche d’hiver, les mauvaises herbes peuvent anéantir totalement la culture.

Attention aux espèces à feuilles larges, plus nombreuses et abondantes

Deux catégories de mauvaises herbes peuvent infester le pois chiche. Celles à feuilles larges appartenant à la classe des dicotylédones et celles à feuilles étroites avec des nervures parallèles qui sont les graminées. Les principales espèces graminées qui se trouvent dans la plupart des régions agricoles sont citées dans le tableau. Les espèces à feuilles larges sont plus nombreuses, leur abondance relative varie d’une région à une autre. Dans les plaines de Chaouia et Abda, par exemple, les espèces qui ont été plus fréquemment observées figurent dans le tableau. Leur  caractéristique commune est la tolérance au 2,4 D, l’herbicide le plus utilisé sur les céréales.

Réalisez un binage manuel ou mécanique

Le binage manuel ou mécanique par une bineuse généralement à traction animale est une pratique courante pour le désherbage des légumineuses. Le pois chiche d’hiver nécessite deux binages manuels. Le premier doit être fait 4 à 5 semaines après la levée et le deuxième 60 à 70 jours après la levée.

Dans le cas où l’on prévoit un binage mécanique avec une bineuse, celui-ci doit être obligatoirement précédé par un désherbage manuel étant donné que ce type de binage est fait à un stade avancé de la culture afin d’éviter les dégâts mécaniques de la culture.

On recommande l’utilisation de la bineuse à lame qui coupe les racines des mauvaises herbes sans retourner le sol. Le binage avec cet outil peut se faire à partir de la quatrième semaine.

Désherbage chimique

L’infestation par les mauvaises herbes se présente le plus souvent comme une population variée d’espèces de graminées et dicotylédones. Les herbicides testés sur le pois chiche et disponibles sur le marché sont uniquement des anti-graminées non sélectifs ou à la fois des anti-graminées et anti-dicotylédones.

Herbicides anti-graminées non sélectifs en post-levée

La lutte contre les graminées dans le pois chiche offre la possibilité et l’avantage d’utilisation des herbicides non sélectifs des graminées. Plusieurs matières actives sont disponibles au Maroc tels que: Fervinal (sétoxydime), fluazifob-p-butyl (Flusilade super) et Cycloxydime (Focus ultra). Ces herbicides sont très efficaces contre toutes les espèces de graminées ainsi que les repousses de blé et d’orge. Ils s’utilisent en post-levée et de ce fait permettent de juger de l’importance de l’infestation et par la suite de l’intérêt d’un traitement.

Herbicides anti-graminées et anti-dicotylédones de pré-levée en plus d’un désherbage manuel

Ces herbicides ont la particularité d’éliminer sélectivement certaines espèces graminées et d’autres à larges feuilles. Un herbicide appliqué à un pois chiche infesté par différentes espèces de mauvaises herbes risque de ne pas éliminer la totalité des mauvaises herbes. Celles qui échappent, peuvent causer des pertes en rendement non négligeables. C’est le cas des herbicides suivants: Maloran (chlorbromuron), Gesagard (prometryne), Tribunil (metabenzthiazuron), Bladex (cyanazine). Ces herbicides peuvent être toutefois utilisés sur le pois chiche pour réduire l’infestation par les mauvaises herbes. Cependant, il faut compléter par un désherbage manuel.

Les herbicides qui se sont  montrés efficaces contre une gamme assez large d’espèces de mauvaises herbes sont l’Igrane (terbutryne) à la dose de 4 à 6l/ha et le Gesatope (simazine) à la dose de 1.5 à 2l/ha. Ces deux herbicides s’appliquent juste après le semis et avant la levée du pois chiche et des mauvaises herbes. Ce sont des herbicides de pré-levée. Les rendements obtenus avec ces herbicides sont comparables à ceux des parcelles maintenues propres durant tout le cycle de la culture.

Conditions d’application des herbicides de pré-levée

Une bonne préparation du sol est souhaitable, afin d’avoir une meilleure uniformité d’application.

Ces herbicides sont absorbés par le coléoptile et les racines des mauvaises herbes qui viennent de germer, son action se manifeste après son incorporation au sol par une pluie (5 à 10 mm).

La quantité de bouillie (mélange herbicide plus eau) doit être aux environs de 200 l/ha.

Une bonne calibration du pulvérisateur est indispensable. Une dose élevée peut être phytotoxique et une faible dose n’est pas efficace.

Il faut d’abord remplir le pulvérisateur avec la moitié de la quantité d’eau à utiliser puis ajouter l’herbicide et la quantité d’eau restante.

Ajuster la dose avec les types de sol. Dans le cas d’un sol léger, il faut mettre la dose la plus faible. Alors que dans un sol lourd , il est recommandé de mettre la dose la plus élevée.

Dans la même année, il faut éviter de semer une culture sensible en cas d’échec de la culture.

Par Dr. A. El Brahli, Centre Aridoculture, Settat


 Options de choix pour mécaniser la production du pois chiche

Problématique

Les pratiques culturales courantes de la production des légumineuses alimentaires sont très exigeantes en main d’oeuvre (25 à 30 journées par hectare). Plusieurs études et rapports ont montré que le semis, le contrôle des mauvaises herbes et la récolte constituent les contraintes majeures qui bloquent la production des légumineuses alimentaires en général et du pois chiche en particulier. Un système adéquat de mécanisation devient impératif pour cette production qui ne fait que diminuer durant ces dernières années. Ainsi, l’utilisation des variétés de pois chiche d’hiver et l’intensification des itinéraires techniques pourront palier à ces problèmes et augmenter les rendements de cette culture.

Alternatives

Le développement d’un système performant et complet pour semer, désherber et récolter mécaniquement le pois chiche d’hiver doit faire en sorte que la rentabilité augmente par une diminution des coûts de production. Les techniques de préparation du lit de semences sont relativement simples à maîtriser. Des machines pour le semis, le contrôle des mauvaises herbes et la récolte mécanique ont été développées et ont pu réduire considérablement le temps en main d’oeuvre nécessaire.

Résultats

Le travail du sol requis pour la préparation du lit de semence d’une production de pois chiche complètement mécanisée doit avoir une surface bien nivelée et une structure d’agrégats autour de la graine de même diamètre que ceux des semences. Ce travail peut être réalisé à l’aide d’outils à dents, d’un passage à l’aide d’un sweep ou dans le cas échéant à l’aide d’un double cover-croppage croisé.

Un passage à l’aide d’une herse ou d’un rouleau dans le cas où la surface du lit de semence n’est pas bien nivelée après le semis serait souhaitable pour pulvériser les mottes.

Le semoir mono-grains développé au centre Aridoculture permet de réaliser le semis à l’aide d’une traction animale ou mécanique. En effet, les éléments indépendants qui constituent ce semoir permettent d’atteler un ou deux éléments à des animaux de trait (jouja), ou quatre ou plus éléments à un tracteur. Le système de distribution est constitué de plateaux inclinés interchangeables qui permettent un meilleur raisonnement du peuplement . La roue tasseuse derrière chaque élément permet à la fois l’entraînement du système et le tassement du sol autour de la semence.

Le contrôle des mauvaises herbes peut être réalisé chimiquement en pré-émergence à l’aide du pulvérisateur et mécaniquement à l’aide de bineuses. Ces bineuses doivent permettre de couper les mauvaises herbes avec un minimum de perturbation du sol et sans le retourner. Ainsi, la surface du sol restera bien nivelée et l’évaporation de l’eau sera minime.

La récolte du pois chiche peut être réalisée à l’aide d’une faucheuse andaineuse, ou à l’aide de la moissonneuse batteuse conventionnelle moyennant les réglages suivants nécessaires pour minimiser les cassures des graines:

Baisser la barre de coupe entre 5 à 10 cm; augmenter le jeu entre le batteur et le contre-batteur (5 à 7 cm à l’entrée et 3 à 4 cm à la sortie).

augmenter la ventilation pour assurer un bon nettoyage sans avoir trop de pertes.

Par Drs. O. Gharras et R. Dahan, Centre Aridoculture, Settat

 

Douyet et Rizki: variétés de pois chiche adaptées au semis d’hiver

Pourquoi un semis d’hiver?

Au Maroc le pois chiche est traditionnellement semé au printemps. Ceci expose la culture à un déclin de l’humidité du sol et à une hausse de la température de l’air qui coïncident avec la croissance reproductive de cette culture. La productivité est de ce fait limitée. L’INRA a depuis 1979 entamé des recherches visant à avancer le semis du pois chiche en hiver. L’objectif principal est l’agencement du cycle de la culture avec les régimes hydriques et thermiques optimaux visant une meilleure efficience de l’utilisation de l’eau et par suite un rendement élevé et stable.

Quelle variété semer?

Le choix de la variété est un facteur clé dans la production du pois chiche d’hiver. Ce choix devra prendre en considération les caractéristiques suivantes:

potentiel de rendement
résistance aux maladies, principalement l’anthracnose
résistance au froid
maturité
possibilités de mécanisation

Ces caractéristiques devront permettre d’orienter l’agriculteur dans le choix de la variété qui conviendra le mieux à son exploitation.

A quoi s’attendre d’un semis d’hiver par rapport à un semis de printemps?

Accroissement significatif du rendement (>200%)
Précocité de la récolte (25 à 45 jours)
Mécanisation de la production
Réduction des attaques parasitaires (mineuse, flétrissement fusarien)
Meilleur agencement du cycle de la culture avec les régimes hydriques et thermiques
Meilleure utilisation de l’eau
Extension de la culture vers de nouvelles zones
Fertilité du sol (effet résiduel de l’azote)
Meilleure réponse aux intrants

Quels problèmes posés par le semis d’hiver?

Attaques dues à l’anthracnose
Infestation par les mauvaises herbes
Besoin d’inoculer en cas d’extension vers de nouvelles zones.

Par Drs. R. Dahan et M. El Hadi, Centre Aridoculture, Settat

Activités du projet ConserveTerra

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