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Fertigation de la tomate hors sol dans la région de Douiet (Maroc)

La culture en hors sol est l’une des technologies modernes utilisées aujourd’hui en horticulture pour valoriser les terrains à problèmes, où une meilleure productivité est impossible autrement qu’avec un substrat de culture artificiel.

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C’est l’unique solution lorsque le sol naturel souffre de contraintes incorrigibles (terrain rocailleux, hydromorphes, salés,…), alors que tous les autres facteurs (climat, disponibilité et qualité de l’eau, proximité et prix du marché,…) sont favorables.

C’est aussi la solution efficace pour d’anciens périmètres de monoculture surexploités, dont les installations sont encore en bon état pour continuer à produire, tandis que le sol est dans un état de fatigue (nématodes, fusariose vasculaire,…), où la restauration de sa productivité n’est plus possible avec des interventions agronomiques courantes, telle la désinfection.

Dans de nombreux cas, la reconversion plein sol/hors sol peut également s’avérer intéressante, si par rapport à la culture en plein sol, les éléments disponibles montrent que des gains substantiels de productivité, et surtout de rentabilité, en sont attendus.

D’une manière générale, pour tirer un meilleur parti de cette technologie, les principaux facteurs importants mis en jeu sont le substrat, le potentiel variétal, la conduite sous abri (chauffé ou non) et la fertigation.

Le but de ce bulletin est de faire le point sur la fertigation au Domaine Agricole de Douiet, après 18 ans d’expérience sur le sujet.

Contexte général de production

Le projet de tomate hors sol, objet du présent bulletin, a été réalisé en 1987/88 dans la zone de Douiet, sise à environ 10 km à l’Ouest de la ville de Fès, sur la route de Sidi Kacem. Il compte une superficie d’environ 20 ha de tomate indéterminée (Prisca au départ, Daniela par la suite; densité = 18.500 plants/ha; cycle total de 9 mois; 22 à 24 bouquets/cycle) cultivée en conteneurs, sur pouzzolane locale extraite des carrières de Timahdite. Les premiers semis ont généralement lieu fin juillet/début août en vue d’une production pour l’exportation à partir de fin automne.

Le climat de la zone est de type continental, caractérisé par un hiver froid et pluvieux (Tmin < 0°C; P > 500 mm/an) et un été sec et très chaud (P » 0 mm; Tmax. > 40 °C).

Du fait du froid hivernal, la tomate de primeur dans cette zone est produite sous abris plastiques (en partie de type Delta-9 et en partie multichapelles), chauffés en utilisant l’eau du forage géothermique de Aïn Allah (débit q = 320 l/s; T° = 45 °C; pression P = 28 bars). Compte tenu des minima à respecter en hiver, pour éviter les dégâts sur la tomate, l’étude géothermique a été réalisée avec comme objectif, lors des calculs du nombre de boucles de chauffage/unité de serre, d’avoir un DT de + 10°C, c’est à dire + 6°C à l’intérieur de la serre, lorsque le thermomètre enregistre – 4°C à l’extérieur.

Le compostage des déchets de cultures sous serre et du fumier

Qu’est ce que le compostage ?

Le compostage est un processus de conversion biochimique, par biodégradation aérobique, des matières organiques carbonées et azotées en un produit appelé compost qui est hygiénique, de composition stable et riche en substances humiques.

Quelles sont les matières compostables ?

Toutes les matières organiques sont compostables. Pour le secteur des primeurs par exemple, les principaux déchets à composter sont: les feuilles, tiges et fruits de la tomate, du haricot vert, de la courgette et de toutes les cultures maraîchères, fumier, feuilles et tronc de bananier, déchets verts organiques de pépinières etc.

Il est recommandé de disposer d’une base de données des caractéristiques de matières compostables au niveau de chaque région agricole. Ceci exige l’analyse des déchets de cultures et des fruits les plus dominants ainsi que les autres matières organiques disponibles à proximité des exploitations. Ceci facilitera, comme nous allons le voir, le calcul d’optimisation des mélanges de matières à composter.

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Le compostage: voie d’élimination et de valorisation des matières organiques

Grâce au processus de biodégradation, le compostage permet d’éliminer près de 50 % de la masse des matières organiques initialement mise en compostage. Les pertes sont sous forme de gaz carbonique (CO2) et d’eau.

Quels sont les rôles du compost

Le compost joue plusieurs rôles:

 un rôle alimentaire qui réside dans la fourniture progressive des éléments nutritifs aux plantes cultivées,

 améliore l’activité biologique du sol,

 renforce l’efficacité des engrais minéraux apportés,

 améliore les propriétés physiques des sols (rétention en eau, rétention des cations des sols sableux, structure et stabilité structurale, circulation de l’air),

 Suppression de pathogènes par son effet de biofumigation.

Pour ce dernier point, Les résultats de recherche ont montré que le compost permet d’atteindre des résultats comparables à ceux obtenus par le bromure de Méthyl. Certains auteurs recommandent de coupler la solarisation aux amendements organiques. Ces travaux ont également montré que les amendements organiques permettent une suppression de la plupart d’agents pathogènes: nématodes, Fusarium, Cylindrocarpon, Rhizoctonia, Pythium, Verticillium dahliae, Streptomyces, etc…

Le mode d’action mis en jeu dans ce type de biofumigation consiste en la production de gaz par le bais de la décomposition des produits d’amendements organiques. Ces gaz détruisent de manière relativement sélective les pathogènes mais ne détruisent pas la totalité de la microflore du sol. Il semble que ce traitement est d’autant plus efficace que la teneur en azote des produits d’amendement organique est élevée. C’est le cas par exemple du compost à base de fumier.

Un autre mécanisme consiste en le développement des saprophytes après application du compost. Ces saprophytes inhibent par compétition les agents pathogènes. Cette compétitivité, élevée pour les micro-organismes bénéfiques, se manifeste vis à vis des nutriments.

La race prolifique ovine D’man: Productivité et voies de valorisation en dehors de l’oasis

Au Maroc, le cheptel ovin est principalement constitué de races locales rustiques allaitantes non-prolifiques et avec une faible productivité. La race D’man, atout de l’élevage marocain, est connue par sa forte prolificité, sa précocité sexuelle et son aptitude au déssaisonnement. Elle est aussi connue par son faible développement musculaire et une ossature fine. L’absence de cornes chez le mâle et la variabilité de la coloration de la tête et de la robe (noire, brune, blanche ou la combinaison de ces trois couleurs) différencient également la race D’man des autres races locales marocaines.

Dans les oasis du Sud-Est Marocain, la race D’man est exploitée en race pure dans des élevages de taille très réduite (3 à 8 brebis en moyenne), où elle est maintenue en stabulation permanente avec une alimentation à base de luzerne et de déchets de dattes, caractérisant ainsi l’élevage oasien. Cependant, son exploitation chez les éleveurs des autres régions du Maroc, que ce soit en race pure ou dans des schémas de croisements structurés en vue d’augmenter la productivité des troupeaux, est rare et souvent limitée aux stations expérimentales.

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L’importance économique de la prolificité dans l’augmentation de la productivité des troupeaux des races locales est bien connue. Les études récentres (1996-2002) menées à la station El Koudia de l’INRA, située dans la zone bour atlantique à 30 Km au Sud de Rabat, ont tenté de contribuer à la valorisation de la race D’man en race pure et en croisement avec d’autres races, à la fois en tant que race de mâle ou de femelle et avec différentes proportions de gènes D’man dans le croisement. Les animaux ont été conduits dans des troupeaux de grande taille (200 brebis) et dans des conditions d’élevage qui intègrent le pâturage de chaumes et jachères toute l’année. Les principales conclusions relatives à l’utilisation de la race D’man sont relatées dans ce bulletin.

Dans la zone bour atlantique, la race pure D’man a réalisé une prolificité élevée

La prolificité à la mise bas, caractère d’intérêt, réalisée par la race D’man (D) dans la zone bour atlantique est élevée (2,2 ± 0,2 agneaux). Elle varie de 2,0 chez la brebis primipare à 2,6 agneaux chez la brebis âgées de 42 à 54 mois (Figure 1, voir fichier PDF). L’analyse de cette prolificité montre que 79 % des mises bas sont multiples: 50,9% de doubles, 25,4% de triples et 2,7% de quadruples et quantiles.

Cependant, la productivité numérique et pondérale à 3 mois par brebis mise en lutte est respectivement de 1,3 agneaux et 17,9 kg; et varie de 13,4 à 24,8 kg pour la productivité pondérale (Figure 2, voir fichier PDF). Ces performances restent cependant inférieures aux potentialités de la race D’man et montrent qu’il y a un important manque à gagner, notamment dans le cas des conditions d’élevage améliorées et maîtrisées de l’agneau et de sa mère.

La diffusion de la race D’man, à partir des oasis, par la voie mâle est recommandée pour son utilisation en croisement

L’intérêt de la diffusion de la D’man en dehors de l’oasis réside dans son utilisation en croisement avec une race non-prolifique pour améliorer la productivité numérique. Dans le cas du croisement avec la race locale Timahdite (T), nous avons procédé à la comparaison des deux croisements réciproques: D’man x Timahdite (voie mâle) et Timahdite x D’man (voie femelle) pour déterminer le meilleur mode de diffusion de la race D’man en dehors de l’oasis. Les résultats ont montré que malgré la différence significative de prolificité à la mise bas entre les deux croisements (1,2 contre 2,2 agneaux), la différence pour la productivité au sevrage est faible (21,8 contre 20,9 kg).

Dans le croisement utilisant la brebis D’man comme support, la viabilité des agneaux a été moindre (85% contre 68%) et le poids à la naissance faible (3,3 kg contre 2,7 kg) indiquant que la meilleure voie de diffusion des gènes de la race D’man en dehors de l’oasis serait la voie mâle. Ceci est d’autant plus soutenu que la population de la race D’man dans la zone des oasis est trop peu importante pour pouvoir approvisionner à la fois les élevages de sélection au niveau et les élevages de croisement au niveau des autres régions.

L’utilisation de la femelle demi-sang D’man dans le croisement permet une meilleure productivité

L’utilisation de la race D’man dans un système d’élevage exploitant le pâturage nous interpelle sur le niveau d’intégration des gènes de prolificité dans le croisement. Il est clair que la prolificité à la mise bas s’améliore avec l’augmentation de la proportion des gènes D’man dans le croisement, aussi bien dans le croisement avec la race Timahdite (Figure 3, voir fichier PDF) que dans le croisement terminal avec la race Ile de France (IF) (Figure 4, voir fichier PDF).

Néanmoins, la productivité numérique au sevrage ne suit pas la même tendance et montre, au contraire, un déclin significatif dès que la proportion des gènes D’man dépasse 50% dans le cas du croisement entre les races D’man et Timahdite. Dans le cas du croisement entre les races D’man et Timahdite (Figure 5, voir fichier PDF), la productivité pondérale est significativement affectée quand la proportion de la D’man est de 75 ou 100 %, alors que dans le cas du croisement impliquant une 3ème race “Ile de France”, les différences pour les contributions dans le génotype de 50, 75 ou 100 % ne sont pas significatives (Figure 6, voir fichier PDF). Ceci semble être dû à un effet favorable des gènes de la race “Ile de France” sur le poids à la naissance et la croissance des agneaux qui sont plus vigoureux et donc plus viables.

Il apparaît ainsi que la femelle demi-sang D’man présente une productivité comparable voire supérieure à celle des brebis avec des proportions de gènes D’man supérieures. Ainsi, toute augmentation de la prolificité par des proportions de gènes D’man dépassant 50% a peu d’intérêt dans les conditions d’élevage où les brebis croisées sont conduites sur pâturage

Prévenir la carence en fer au Maroc

Le fer, un oligo-élément, constitue L’atome central de l’hémoglobine du sang et joue le rôle de transporteur de l’oxygène dans l’organisme. C’est également un constituant de la myoglobine du muscle et d’autres enzymes. Par conséquent, c’est un micro-nutriment essentiel pour l’Homme. Le fer peut être stocké sous forme de ferritine et hémosidérine, principalement au niveau du foie, de la rate, des reins et de la moelle osseuse. Une petite quantité de fer est associée à la transferrine, qui assure son transport dans le sang.

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La carence en fer se manifeste en trois étapes: la première étape se traduit par une diminution des stocks en fer (ferrite plasmatique < 12µg/l). Pendant la deuxième étape, le taux de saturation de la transferrine est réduit à moins de 16 pc, mais les niveaux de la protoporphyrine érythrocytaire sont élevés. L’étape finale de la carence en fer c’est l’anémie qui se traduit par une réduction de l’hémoglobine (<130 g/l pour les individus masculins de 14 ans et plus, < 120 g/l pour les féminins du même âge).

La carence en fer, au premier rang des déficits nutritionnels mondiaux, justifie par sa gravité et sa fréquence, une politique préventive dont les moyens à envisager sont toujours en discussion.

On compte près de 1,6 milliard de personnes anémiques dans le monde. Pour plus de la moitié, ce sont des cas d’anémie liés à une carence en fer, qui peuvent être prévenues et traitées. L’anémie peut toucher toutes les tranches d’âge et de sexe, bien que les enfants et les femmes constituent les groupes les plus vulnérables. Chez les nourrissons, l’anémie peut entraîner des retards de développement intellectuel et si elle n’est pas traitée, elle peut freiner leurs capacités à apprendre. Une carence en fer chez les femmes en âge de procréer, augmente les risques liés aux complications de la grossesse et entraîne des taux plus élevés de mortalité des naissances prématurées et de faibles poids à la naissance. Chez les adultes, la carence en fer entraîne une moindre capacité au travail, surtout chez les ouvriers, ce qui les rend moins productifs et plus exposés à une insécurité économique.

Situation de la carence en fer au Maroc

L’anémie par carence en fer est fréquente chez les enfants vivant dans les conditions socio-économiques défavorables et touche sévèrement les femmes enceintes et les femmes en âge de reproduction. Sa prévalence chez les adultes de sexe masculin est relativement plus faible. les résultats d’une enquête menée au niveau national par le Ministère de la Santé Publique en 1996 ont montré que l’anémie ferriprive touche 45% des femmes enceinte, 31% des femmes en âge de reproduction, 35% des enfants âgées de 6 mois à 5 ans et seulement 10% des hommes. Ces résultats sont basés sur le dosage de l’hémoglobine et de la ferritine sérique dont la valeur inférieure à 12 µg/l est considérée anormale.

On peut constater que la carence en fer est due non seulement à une insuffisance d’apport en fer alimentaire mais aussi à sa faible biodisponibilité. En effet, les apports en fer au niveau national sont d’environ 13 mg/personne/jour, ce qui correspond à des taux de couverture des besoins inférieurs à 90%. Une étude détaillée a été menée à Chefchaouen, une province du nord du Maroc. Cette étude a touché 28 foyers répartis dans 4 villages choisis au hasard. Les résultats de cette étude ont montré que l’apport en fer est de 15 à 17 mg/p/j et que plus de 80 % de cet apport provient des aliments d’origine végétale. La biodisponibilité du fer a été estimé à 6% dans les 4 villages. Cette faible biodisponibilité du fer a été attribuée à la faible consommation d’aliments d’origine animale (source du fer héminique) et à la forte consommation des céréales et du thé au moment des repas. Ces céréales et le thé sont riches en phytates et polyphenols, substances inhibitrices de la l’absorption du fer.

Les apports en fer, déterminés dans 4 régions du Maroc à partir du profil de consommation ont été entre 14,5 et 22,5 mg/p/j et que plus de 80% de ces apports proviennent des aliments d’origine végétale, notamment les céréales dont la contribution dépasse 68%.

Le fer dans les aliments

Le fer alimentaire existe sous deux formes majeures: Le fer héminique, présent dans les aliments d’origine animale avec un taux d’absorption de 11 à 22% et le fer non hémique, généralement présent dans les aliments d’origine végétale, avec un taux d’absorption d’environ 1 à 7%.

Le tableau 1 contient une liste des aliments et leur teneur en fer, selon différentes sources (voir fichier pdf).

Eléments d’aide pour la réussite d’un projet d’agrumes

A l’instar d’autres secteurs d’activité, l’investissement dans l’agriculture est une opération à risques. De ce fait, il suppose des éléments de réponse préalables au moins à deux interrogations, élémentaires certes mais déterminantes, avant tout acte de mise en oeuvre:

 L’interrogation sur la viabilité du projet, pour que le capital investi ne soit pas perdu;
 L’interrogation sur la rentabilité du projet, c’est à dire le bénéfice attendu du capital engagé.

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Un projet agricole “zéro risque” n’existe pas, quel que soit le secteur sur lequel le choix aura porté et quelles que soient les précautions prises. Dans ce bulletin consacré aux agrumes, le but est surtout d’éclairer la catégorie des nouveaux venus (notamment ceux ayant décidé d’investir dans le cadre du partenariat avec l’Etat pour la remise en valeur des terres de la SODEA et de la SOGETA), en mettant à leur disposition les données les plus récentes du secteur dont nous disposons dans le contexte marocain.

Risques liés à l’investissement dans les agrumes

Au Maroc, les grands risques liés à chaque activité agricole ont été identifiés bien avant que le problème de la mondialisation ne soit posé. Et cette dernière ne fait qu’en amplifier la gravité pour les secteurs déjà reconnus vulnérables.

Handicapé à la fois par l’aléa climatique et l’exiguïté de la propriété, la céréaliculture est incontestablement le secteur le plus menacé d’être déstabilisé avec l’ouverture des frontières, du fait qu’il ne présente les avantages comparatifs ni des systèmes extensifs type USA, ni des systèmes intensifs type Europe occidentale.

Si l’investisseur cherche à jouer sciemment le risque, avec autant de chances de ‘gagner gros’ que de ‘tout perdre’ en cas d’année difficile, on dit couramment qu’il faut lui conseiller la tomate sous serre.

La menace n’est guère moindre en ce qui concerne les secteurs des rosacées fruitières, voire même pour les niches considérées autrefois comme l’eldorado de l’investisseur, telles que le bananier ou la fleur coupée.

C’est à l’évidence en matière d’orange de bouche, que le Maroc craint moins d’être concurrencé sur son propre territoire par l’importation. D’autre part, sur le marché international, le Maroc n’est pas un nouveau au grand jeu de l’agrumiculture. Il est présent depuis longtemps sur d’importants marchés, comme l’Union Européenne, où il a accumulé beaucoup d’expérience spécifique, ce qui lui a permis d’y mener un modus vivendi commercial, même avec ses concurrents les plus redoutables, en dépit d’énormes avantages dont ces derniers ont bénéficié depuis leur adhésion à l’Europe, en tant que membres à part entière. Par conséquent, il n’y a pas de raison que le Maroc soit évincé de ces marchés, pourvu qu’il continue à cultiver la détermination afin d’y rester, comme les autres en cultivent.

Choix du marché et stratégie commerciale

Face à des géants comme le Brésil et la Floride, la marge de manœuvre du Maroc en matière d’exportation du jus d’agrumes semble limitée.

Sur le plan intérieur, des possibilités d’implantation de quelques usines existent sans doute, ne serait-ce que pour relayer l’activité de celles qui ont disparu et, le cas échéant, répondre à d’éventuelles nouvelles demandes dans l’avenir. Le rôle de l’industrie du jus d’orange au Maroc, le plus reconnu, reste cependant le délestage des excédents de production afin de maintenir les prix de l’orange à des niveaux acceptables, en cas d’années à forte charge.

Dans le contexte actuel, le marché local de l’orange fraîche reste également peu rémunérateur, compte tenu du pouvoir d’achat du consommateur marocain. Le tableau 1 (voir fichier PDF) donne les prix de vente comparés marché local-export de quelques variétés durant les cinq dernières années.

Vendues dans des tonnages limités à des moments où il n’y a pas encore d’oranges (septembre/octobre), seules les clémentines très précoces comme la Carte noire et la Marisol, laissent des prix intéressants sur le marché local. Encore faut-il que ces variétés soient produites dans des terroirs où elles donnent de la bonne qualité (Gharb, Rabat).

Eu égard aux volumes des ventes et des prix réalisés les trois dernières années, on est également tenté d’inscrire définitivement la Navel comme orange plutôt pour le marché local que pour l’export dans l’avenir.

Pour toutes les autres variétés (Clémentines de saison, Salustiana, Washington Sanguine, Maroc Late,…), l’export continue d’afficher des prix largement supérieurs à ceux obtenus sur place.

Pour une stratégie délibérément orientée vers le marché local, le Gharb et la région de Rabat- Larache présentent l’avantage de la proximité des grands centres de consommation (Casablanca, Fès, Meknès, villes du nord). En revanche, pour le Souss, Haouz, Tadla, l’expérience montre que la consommation d’agrumes sur place reste très limitée. Un grand investissement pour le marché local dans ces dernières régions suppose des frais de transport, en apparence faibles (7-8 ct/kg/100 km), mais de l’ordre du bénéfice que laisse une Salustiana ou une Maroc Late en année difficile.

D’une manière générale, au Maroc, l’investissement dans les agrumes est fait avec l’intention d’exporter. En attendant l’émergence d’autres formes d’organisation du commerce des fruits et légumes, traditionnellement ce sont les “Groupes d’Exportation” qui font l’interface entre le producteur et le client à l’étranger. Vis à vis de ces structures, un petit investisseur n’est pas en mesure d’influencer (et encore moins de décider) de la stratégie d’exportation. Son rôle se limite à opérer un bon choix parmi les Groupes existants.

Le choix doit reposer sur les performances du Groupe. Avec un jeune verger censé produire de la qualité, il faut adhérer à un Groupe déjà bien positionné sur les grands marchés rémunérateurs et détenant sur ces derniers des portes-feuilles clients les plus convoités et valorisant mieux la qualité, tels que les colis familiaux, la grande distribution ou certains contrats spéciaux. Le Groupe d’exportation performant de demain sera celui qui réalisera 80 % d’export sur la grande distribution et 20 % en consignation, et non l’inverse, comme c’est le cas aujourd’hui.

Le tableau 2 (voir fichier PDF) montre a quel point les prix peuvent être différents selon le marché et la catégorie du client.

Eléments sur le conditionnement

En matière de conditionnement des agrumes, d’importants efforts de mise à niveau attendent le Maroc afin de rattraper ses insuffisances structurelles. Quoi que le sujet soit plus complexe qu’on le présente ici, voici les difficultés majeures dont le nouveau venu doit être conscient.

Vis à vis des marchés exigeants, le problème de l’emballage reste entier (type, volume, design). Le Maroc est l’un des rares pays qui expédient encore sur l’Union Européenne la caisse standard à 15 kg en bois blanc, sachant que sur ce marché, le système de vente a évolué vers le filet, le Girsac,…

L’opération n’étant pas envisageable à partir de l’intérieur du Maroc, pour des impératifs de coût de transport. L’une des solutions aujourd’hui en esquisse, est le calibrage dans les stations existantes puis expédition dans le Pallox en vue d’un conditionnement personnalisé, près des lieux de vente. Du fait de sa proximité, le nouveau port de Tanger en particulier, est proposé comme éventuelle future plateforme de groupage et de conditionnement à destination de l’Europe, par container ou par camion.

La réussite du conditionnement c’est aussi une affaire d’optimisation des synergies producteur/station et producteur/producteur.

La plus vieille requête du producteur est d’entériner définitivement l’idée que la cueillette doit être raisonnée par rapport à la maturité du fruit, sa qualité, et non par rapport aux programmes de conditionnement. Garder le fruit sur arbre et attendre son tour pour cueillir conduit souvent à la chute d’une partie de la récolte sur laquelle le producteur n’est jamais dédommagé. D’où un besoin urgent pour les stations encore en retard, d’accroître leur capacité en froid pour le stockage.

Sur l’aspect équité, le système mis en place est loin de faire l’objet de l’unanimité. Pour le moment, rappelons-le, seuls le taux d’écart de triage et le calibre sont pris en compte, pour différencier la qualité, le reste étant globalisé dans un cadre dit de solidarité. Que la marchandise d’un client ait été bien vendue ou non, le prix perçu sera le prix moyen pondéré de l’année (solidarité sur le marché). Aucun label ou différentiel de prix n’est attribué à une marchandise en provenance d’une contrée meilleure (saveur, coloration) ou pouvant être certifiée zéro pesticide. Les clients restent en outre solidaires sur les avaries (quelle qu’en soit la cause ou l’origine), sur les prix des écarts,….

Les cultures alternatives: l’épeautre

L’EPEAUTRE: une culture menacée dans la zone nord du Maroc


Introduction

Il existe plus d’une quinzaine d’espèces de céréales proches parentes du blé commun (Triticum aestivum). Le groupe des blés vêtus sont communément appelés épeautres, terme englobant trois espèces, le petit épeautre ou engrain diploïde (T. monococcum), l’épeautre de Tartarie ou amidonnier tétraploïde (T. dicoccum) et le grand épeautre hexaploïde (T. spelta).

Depuis des milliers d’années, l’histoire du petit épeautre est étroitement liée à celle des civilisations méditerranéennes. Véritable ancêtre des céréales modernes, les premières traces de sa culture datent de 9000 ans avant JC.

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Consommé en abondance jusqu’à l’époque romaine, puis abandonné au profit des blés froments pour des raisons de rendement, le petit épeautre ou Engrain fut redécouvert il y a quelques d’années.

L’engrain est un blé bien adapté aux sols chauds et secs, pauvres, pierreux et sableux des zones montagneuses. C’est une espèce à saison végétative longue. Ce fait, ainsi que ses faibles rendements, constituent les principaux freins à sa culture. Les rendements escomptés sont très variables, allant de 6 à 36 qx/ha. La proportion de balle (enveloppe de la graine) dans le grain est de 27% en moyenne. La paille produite est appréciée pour sa bonne qualité et utilisée dans la confection de paniers et de chapeaux en Italie et de matelas, de toits et de bâts de mulets (Berdâa) au Maroc.

Le petit épeautre (ou engrain) a été largement cultivé dans les régions montagneuses du Rif Marocain. Sa culture a régressé très rapidement à cause de la difficulté d’extraction du grain et de l’extension des tôles de toiture en zinc. Dans le cadre d’un projet PROTARS, une collecte et une caractérisation des populations locales ainsi qu’une étude ethnobotanique sont en cours pour contribuer à la sauvegarde de cette ancienne culture en voie de disparition.

Le petit épeautre est une plante rustique qui ne nécessite ni engrais, ni pesticide, ni désherbant et a besoin de très peu d’eau. Il n’a été soumis à aucun travail de sélection, ses rendements se situent entre 10 à 15 quintaux de produit fini par ha. Son grain vêtu impose un travail de transformation: décorticage, blanchiment.

Valeur nutritive de l’épeautre

Le petit épeautre est riche et équilibré en éléments minéraux: 4 fois plus de magnésium que le riz brun, 5 fois plus de phosphore que le soja. Cent grammes de petit épeautre apportent l’équivalent en calcium de 2 verres de lait. Sa teneur en protéines apporte les huit acides aminés essentiels dans le régime alimentaire quotidien d’un adulte. Il contient la lysine, souvent absente dans les céréales. De récentes recherches lui reconnaîtraient des vertus anti-diabétiques.

L’épeautre renferme tous les sels minéraux: sodium, calcium, potassium, magnésium, silicium, phosphore, soufre et fer. C’est l’aliment « anti-stress » par excellence, grâce à sa teneur en magnésium. Il est plus riche en vitamines B1 et B2 que le blé.

L’épeautre contient aussi plus de protéines, de graisses, de fibres brutes que le blé. Il contient également des glucides particuliers (mucopolysaccharides) qui jouent un rôle important dans la coagulation du sang et stimulent le système immunitaire. Il tonifie la rate et le pancréas. Les estomacs sensibles au blé tolèrent généralement bien l’épeautre. L’épeautre semble aussi très intéressant pour le bon fonctionnement de l’intestin grêle. Il favoriserait également le sommeil. Le petit épeautre se distingue aussi par sa très faible teneur en gluten.

Le grain s’utilise comme le grain de riz lorsqu’il est décortiqué. La soupe d’épeautre est traditionnelle dans certaines régions montagneuses du pourtour méditerranéen. La farine d’épeautre permet de produire un pain de saveur douce, plus fine que le blé. Les recettes réalisées à la farine d’épeautre offrent souvent une délicate saveur de noix. Dans les régions rifaines au Maroc, certaines familles consomment encore l’épeautre sous forme de soupe, pâtes (M’hamsa), crêpes (Baghrir) et pain en mélange avec la farine de blé. L’épeautre est également utilisé en région méditerranéenne comme substitut de café. Il serait indispensable à notre système nerveux et cardio-vasculaire en raison de sa grande richesse en sels minéraux.

La diététique contemporaine reconnaît à l’épeautre de comporter plus de cellulose et de sels minéraux (magnésium, phosphore, calcium) et moins d’amidon et de gluten que les autres céréales.

Culture de l’épeautre

La culture des différentes espèces d’épeautre a survécu dans certains endroits de la planète en dépit de l’apparition de variétés de blés à haut rendement, résistantes à la verse ou à certaines maladies. Cela s’explique par le fait qu’il s’agit d’espèces parfois mieux adaptées ou encore parce que des fermiers ont eu le souci de préserver ces cultures traditionnelles.

Aujourd’hui, il existe toutefois d’autres raisons pour reconsidérer la culture d’épeautre. L’épeautre est en effet moins allergène que le blé commun. Ainsi, les personnes allergiques au blé ordinaire peuvent habituellement les tolérer. D’autre part, les différentes espèces d’épeautre sont sources de gènes de résistance à certaines maladies des blés. Dans d’autres cas, les épeautres offrent aussi l’avantage d’être mieux adaptés aux conditions de sols et de climat d’une région et ont donc des valeurs plus sures que des variétés de blés créées pour croître dans des conditions optimales. La culture d’épeautre supporte également les variations d’humidité et de température. L’epautre tolère les gelées lorsqu’il est semé avant l’hiver. La conservation du grain est plus facile que celle des autres céréales.

En agriculture biologique, les épeautres sont intéressants parce qu’ils se contentent de peu de fertilisation. La présence de la balle qui recouvre le grain permet aussi aux épeautres de mieux résister aux champignons lors de la germination en sols humides.

La culture de l’épeautre présente des opérations communes à toutes les céréales.

Le semis se fait souvent à la volée, suivi d’un passage à la herse ou à l’araire pour couvrir les grains. La moisson est effectuée à l’aide d’une faucille qui scie les tiges. Si la fragilité du rachis de l’épeautre favorise une coupe haute, tout près de l’épi, une seconde coupe, au ras du sol, est nécessaire pour récupérer la paille.

Le foulage est effectué par les animaux (chevaux, juments, mulets, et parfois bœufs) qui piétinent les épis étalés sur l’aire pour en faire sortir les grains. Le battage peut être effectué en complément du foulage, pour égrener les derniers épis. Il est plus lent et demande plus de main d’œuvre que le foulage. Ensuite, Le vannage permet de trier les impuretés et débris de paille.

La spécificité de l’épeautre et des autres céréales « vêtues » peut entraîner d’autres pratiques, destinées à parfaire l’émondage des grains: comme le grillage (ou torréfaction) pour aider à expulser les grains de leurs enveloppes, avant de les piler ou de les moudre, ou le meulage dans des moulins à rouleaux verticaux ou coniques mus par un animal, pour débarrasser le grain de sa balle sans le briser.

La diminution de la culture de l’épeautre semble bien avoir tenu, pour une part importante, à des raisons techniques: la nécessité du mondage. L’apparition d’une nouvelle demande écologique et diététique l’a remis à l’ordre du jour et a fait renaître la culture de l’épeautre en Europe, ce qui n’est pas encore le cas au Maroc.


Prof. O. BENLHABIB
Département d’Agronomie et d’Amélioration des Plantes IAV Hassan II – Rabat

Les cultures alternatives: l’Amarante

L’AMARANTE: une culture potentielle pour le Maroc

Introduction

Le nom Amarante vient du grec amarantos qui signifie « qui ne flétrit pas ». C’est l’une des rares fleurs à avoir donné son nom à une couleur. D’origine tropicale, cette plante porte des inflorescences de couleur rouge-pourpre, ressemblant à de longues queues, d’où le nom de « queue de renard » qui lui est souvent donnée (Amaranthus caudatus). Elle peut également porter des fleurs verdâtres (Amaranthus graezizans) ou vert pâle, presque blanches (Amaranthus albus). Il en existe une soixantaines d’espèces, parmi lesquelles l’amarante queue-de-renard, A. hybridus et A. tricolor.

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L’amarante est originaire d’Amérique Centrale et du Sud. La plus ancienne variété aurait été découverte dans la région de Veracruz (Mexique), et elle serait connue depuis plus de 4000 ans.

L’Amarante jouit d’un regain de popularité en Amérique du Nord. Elle est vendue dans les magasins d’aliments diététiques, surtout quant elle est cultivée en biologique.

La graine d’amarante est riche en protéines (surtout en lysine), lipides et en fécule. Elle était cultivée par les civilisations Mayas, Aztèques et Incas pour ses propriétés nutritives. Les graines sont aussi utilisées dans la fabrication de cosmétiques, et de colorants.

L’amarante est expérimentée dans le cadre du projet BAFI/BYU-IAV Hassan II depuis l’automne 2001 à l’ITA de Ben Khlil, Khénifra. Un matériel diversifié constitué de 14 variétés a été testé localement. La semence multipliée a été distribuée au niveau de trois douars de la commune rurale de L’hri. Cette espèce alternative offre un grand potentiel d’adaptation.

Valeur nutritionnelle de l’amarante

L’amarante est utilisée comme une céréale. Sa saveur est légèrement épicée. La farine d’amarante rend les pâtisseries plus humides et plus sucrées. L’amarante complète bien les céréales et les légumineuses, elle contient deux fois plus de fer et quatre fois plus de calcium que le blé dur.

La feuille jeune d’amarante se consomme en légumes verts, comme les épinards. Les graines sont consommées grillées et éclatées comme du maïs soufflé, ou cuites à l’eau salée.

La farine d’amarante ne lève pas toute seule et est ajoutée à six ou huit parts de farine de blé ou de maïs pour obtenir une farine riche et nourrissante au goût de noisette.

L’amarante est exempte de gluten, elle est riche en vitamines A et B, en acide folique, en vitamine C et en minéraux tels que calcium, fer, cuivre, magnésium et phosphore. Elle est riche en protéines et contient toute la gamme des acides aminés essentiels.

Culture de l’amarante

L’amarante est une plante annuelle. Elle se caractérise par une durée de floraison allant d’août à novembre et par la beauté de ses fleurs. Les fleurs, très petites, forment parfois de longs plumets très serrés, groupés en panaches retombants. Les bractées, de couleur amarante entourant la fleur, gardent leurs fraîcheurs une fois coupées. Les tiges sont dressées ou couchées, à rameaux ascendants, glabres, de hauteur dépassant 1 mètre. Les feuilles sont alternes, à longs pétioles, glabres, à limbe clair et à bords ovales ou lancéolées.

La culture d’amarante convient particulièrement aux pays pauvres car elle est résistante à la sécheresse et facile à cultiver à la main. Le rendement peut atteindre 30 quintaux/ha. Un demi kilo de graines suffit pour ensemencer 1 ha.

L’amarante pousse bien sous la plupart des climats. Elle est particulièrement recommandée pour les régions sèches, les zones de mousson et les hautes terres tropicales. L’une des raisons qui font que l’amarante pousse bien sur des sols pauvres et infertiles est qu’elle possède des racines profondes qui lui permettent de bien explorer les différents horizons. L’amarante a aussi très peu de problèmes avec les insectes et les maladies.

L’amarante préfère être cultivé sur un terrain plat. Le lit de semence doit être bien ameubli pour bien réussir la levée. Pour un bon rendement, le sol doit aussi être maintenu humide pendant le stade jeune plantule.

Au semis, les graines peuvent être mélangées au sable et déposées le long de sillons très peu profonds. Les graines semées sont ensuite recouvertes d’une épaisseur d’un centimètre de terre. La lutte contre fourmis et termites est souvent nécessaire pendant la période de semailles (printemps – été). Au stade 5-6 feuilles, un éclaircissage de 10 à 15 centimètres entre pied permet de réduire les effets de compétition. Quand la culture est en cours d’établissement, un sarclage soigneux est recommandé. A un stade avancé, les plantes d’amarante dominent et empêchent les mauvaises herbes de pousser.

L’amarante peut atteindre jusqu’à 1 à 2 mètres de hauteur, parfois plus. Elle préfère les journées ensoleillées et chaudes où elle produit davantage de graines. L’amarante cesse de croître lorsque la température descend en dessous de 8 °C. Seule Amaranthus caudatus tolère des températures plus froides.

L’amarante est récoltée 4 à 5 mois après son installation, un peu plus tard en régions froides. L’amarante est prête pour la récolte lorsque ses graines commencent à tomber par terre.
A la récolte, les extrémités de la plante sont coupées et déposées sur une bâche pour sécher au soleil ou dans un endroit sec. Après quelques jours, les inflorescences sont secouées pour séparer les graines de la tige. Ensuite, un léger battage et le fanage permet de séparer les graines des enveloppes.

Prof. O. BENLHABIB
Département d’Agronomie et d’Amélioration des Plantes IAV Hassan II – Rabat

Les cultures alternatives: le Quinoa

LE QUINOA: une culture introduite des Andes

Introduction

Communément appelé « Riz des Incas », le quinoa produit des graine que l’on récolte après maturation de la fleur d’une plante voisine de l’épinard. La plante est originaire des hauts plateaux des Andes d’Amérique Latine. Les régions où elle est le plus cultivée sont à des altitudes de 3000 à 4000 mètres en Bolivie et au Pérou. Malgré des conditions climatiques très rudes, le quinoa y pousse très bien. Sous ces environnements, deux récoltes par an sont possibles, si la pluie est fréquente. L’utilisation de la culture du quinoa remonterait à plus de 5000 ans avant J.C. Le quinoa était la ressource alimentaire principale des Incas jusqu’à l’invasion de leur territoire au XVIème siècle par les espagnols. Ce n’est qu’au XXème siècle que la culture du quinoa a progressivement redémarré. Actuellement, le quinoa est cultivé en Europe et aux États Unis.

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Le quinoa a été introduit au Maroc dans la région de khénifra en automne 1999 avec le début du projet BAFI/BYU-IAV Hassan II. Un essai de multiplication et d’évaluation de 14 variétés a été entrepris dans le cadre de l’activité adaptation de cultures alternatives et installé à l’Institut Technique Agricole de Ben Khlil. En parallèle, la culture de quelques parcelles chez des agriculteurs de la localité d’Agoudim a été initiée. Après cinq années d’expérimentations et de multiplication du quinoa, un matériel variétal adéquat a été développé et la production locale a augmenté. Aussi, la nécessité d’instaurer d’une part une consommation locale et d’ouvrir d’autre part un marché national est devenue pressante. C’est ainsi qu’un atelier de promotion de l’utilisation et de la consommation locale du quinoa a été organisé en septembre 2004 au profit de la femme rurale de la région.

Le quinoa est une culture à haute valeur nutritionnelle

Les graines du quinoa ressemblent à de petits disques aplatis d’environ 2 mm de diamètre et de couleur légèrement jaune. De saveur agréable et légèrement parfumée, le quinoa est aussi très nutritif. Il est très riche en minéraux, oligo-éléments, vitamines, acides gras insaturés et surtout en acides aminés. Le quinoa contient plus de protéines que n’importe quelle autre céréale, soit en moyenne 16,2%, comparé aux 7,5% du riz ou 14% du blé. A l’image du lait, ses protéines sont complètes avec un équilibre d’acides aminés proche de l’idéal, et riches en lysine, méthionine et cystine. C’est une des rares graines à contenir les 8 acides aminés essentiels. Elles constituent aussi une bonne source de magnésium, de zinc, de cuivre, de potassium et de manganèse. Le quinoa contient aussi de l’acide folique qui permet de lutter contre l’anémie (fer). Les personnes carencées par une alimentation inadaptée ou dénaturée retrouvent la forme après quelques semaines de sa consommation.

En outre, le quinoa est particulièrement facile à digérer et ne contient pas de gluten. Sa consommation est recommandée pour complémenter l’alimentation en acides aminés essentiels, renforcer l’organisme et combattre la fatigue.

Le quinoa offre également un apport inégalé en hydrates de carbone à index glycémique bas, idéal pour augmenter ou refaire ses réserves en glycogène.

La culture de Quinoa

Le quinoa est une culture annuelle que les producteurs sèment entre le mois de septembre et novembre et récoltent de mai à juillet.

La plante pousse jusqu’à une hauteur moyenne de 1 à 1,5 m. Les couleurs de la plante sont très variées, du rose au rouge, en passant par le jaune et le noir. La plante nécessite de 90 à 120 jours de culture avant d’arriver à maturité. Les grains de quinoa sont généralement beiges ou roses mais certaines variétés produisent des grains noirs, oranges ou blancs. La plante a besoin de journées courtes et de températures fraîches pour pousser, d’où sa culture principalement en altitude. Des températures supérieures à 30 degrés rendent la plante stérile, alors qu’elle résiste bien au gel léger (pas moins de -5ºC). De même, la plante résiste bien à la sécheresse ou à des précipitations faibles (< 400 mm par an).

Le quinoa est semé, comme toutes les cultures d’automne, entre le mois d’octobre et de novembre. Il nécessite un lit de semis bien ameubli et une profondeur inférieure à 5 cm, vue la taille réduite des grains. La culture une fois établie peut tolérer le manque d’eau. C’est une culture assez rustique, mais un apport en engrais de fond et de couverture améliore le rendement. La culture du quinoa a beaucoup de similarités avec la culture de sésame, particulièrement au semis, à la récolte et dans le battage et le nettoyage des grains. Ainsi, toutes les opérations sont manuelles et demandent ainsi beaucoup de main d’œuvre.

Fiche technique de culture du Quinoa

Le quinoa est une culture d’automne à cycle court qui entre à maturité après 90 à 125 jours. Les variétés précoces sont généralement recommandées pour les hautes altitudes où la période favorable à la croissance est courte.

Les grains de taille proche à celle du millet (1,75 à 2 mm) sont produits sur des panicules et sont de forme aplatie sur deux cotés et arrondie autour. Leur couleur varie en fonction de la teneur en saponine du péricarpe (2 à 6%). L’embryon occupe 60% du volume de l’endocarpe ce qui donne à la graine une richesse en protéine supérieure à celle de toutes les céréales.

Exigences climatiques

La culture de quinoa nécessite une photopériode courte et une température basse pour une bonne croissance. Le quinoa est cultivé sur des sols marginaux peu fertiles, tolère le déficit hydrique, le gel (-1 à 0°C) et s’adapte bien aux hautes altitudes de 2000 à 3000 mètres. Le Quinoa est par contre très sensible aux fortes températures au stade floraison; celles supérieures à 35°C causent la dormance et la stérilité du pollen. Avant son introduction sur de grandes superficies dans une région, le Quinoa doit être essayé.

Type de sol

Le quinoa pousse bien sur des sols limono-sableux à sablo-limoneux. En Amérique du Sud, le quinoa est cultivé sur des sols peu ou trop drainés, de faible fertilité, très acides (pH 4,8) ou alcalins (pH 8,5).

Semis

Le quinoa pousse mieux sous des températures basses de 7 à 10 °C. La germination a lieu 24 heures après le semis et les jeunes plantules émergent 3 à 5 jours plus tard. Le quinoa ne germe souvent pas quand la température est élevée. Une semaine de vernalisation à 4°C dans un réfrigérateur améliore significativement le taux de levée.

Pratiques culturales

La préparation du lit de semis est essentielle. Le quinoa exige un lit meuble bien nivelé et drainé pour éviter l’asphyxie des jeunes plantules.

Date de semis

Sous un climat similaire à celui du Maroc, le quinoa doit être semé en Octobre-Novembre comme les céréales d’automne pour profiter de la saison des pluies, des jours courts et de la fraîcheur des températures et aussi pour éviter les grandes chaleurs au stade floraison. En haute altitude, un semis de février convient mieux.

Mode et dose de semis

La profondeur de semis doit être située entre 1 à 2,5 cm selon le type de sol et son humidité. La taille des grains les rend sensibles à la dessiccation en surface et au risque d’asphyxie en profondeur. L’écartement entre lignes peut varier avec un minimum de 35 cm. Le peuplement d’environ 320000 pieds/ha est optimal sous des conditions favorables de culture. La dose de semis correspondante se situe entre 0,55 à 0.85 kg/ha. La dose de semis doit être doublée sous des conditions de levée contraignantes. Les meilleurs peuplements sont obtenus sur un sol humide au semis plutôt qu’irrigué après.

L’augmentation de la densité du peuplement augmente légèrement la précocité et donne un meilleur rendement ainsi que des plants moins ramifiés.

Fertilisation

Le quinoa répond positivement à un apport modéré d’azote. Au Colorado, le rendement maximal est obtenu avec 1,7 à 2 qx d’azote à l’hectare. Un apport excessif d’azote retarde la maturation et diminue le rendement au profit de la croissance végétative.

Besoins en eau

La culture de quinoa tolère le stress hydrique et s’adapte bien aux régions où la pluviométrie annuelle avec irrigation se situe entre 250 – 400 mm sur des sols limono-sableux ou sablo-limoneux. En deçà, la hauteur et le rendement des plantes diminuent. Une irrigation excessive augmente par contre la taille des plantes et améliore le rendement avec le risque de verse.

Contrôle des mauvaises herbes

Le contrôle des mauvaises herbes n’est pas sans difficulté puisque le quinoa pousse très lentement pendant les deux premières semaines et que la majorité des espèces adventices sont des dicotylédones. Les herbicides de pré-emergence sont les plus préconisés. Le semis tardif favorise la compétition entre espèces. Le semis précoce est par contre un moyen plus efficace pour lutter contre plusieurs espèces puisque la culture de quinoa est déjà bien établie à leur émergence.

Maladies

Les maladies et ravageurs peuvent apparaître rapidement après introduction du quinoa dans une région car celle-ci a des agents pathogènes en commun avec la betterave et les épinards. Plusieurs virus sont transmis par les pucerons. Les maladies comme la sclérotiniose (Sclerotium rolfsii), le mildiou (Peronospora farinosa), le phoma (Phoma exigua), les taches foliaires (Ascochyta hyalospora), la pourriture grise (Botrytis cinerea) et une bactériose (Pseudomonas sp.) causent de sérieux dégâts dans les pays d’origine d’Amérique du Sud, en Amérique du Nord et en Grande Bretagne.

Insectes et ravageurs

Plusieurs insectes et ravageurs peuvent attaquer la culture de quinoa du stade germination jusqu’à la récolte et le stockage des grains comme les altises et les chenilles. La meilleure méthode de lutte contre les pucerons est d’irriguer quand la forme aillée apparaît sur les galles des pétioles des feuilles. Les dégâts causés par les oiseaux sont aussi à craindre, mais les variétés riches en saponine sont moins exposées.

Récolte

Les panicules du quinoa sont similaires à ceux du sorgho. La récolte commence quant les grains se détachent facilement par simple pression entre les mains. Les machines de battage possèdent des filtres à petites mailles à cause de la taille des grains et leur poids léger. En l’absence de machines, le battage est réalisé aisément après séchage des panicules. Le vannage et la séparation gravitaire sont nécessaires pour éliminer les débris.

Le niveau de rendement en station expérimentale dans la région de Khénifra est de 34 qx/ha.

Avant d’utiliser le quinoa dans la consommation humaine ou animale, les grains sont soit lavés ou polis pour éliminer la saponine du péricarpe. Le polissage est fait à l’aide de machines de polissage du riz ou de blé.

Prof. O. BENLHABIB
Département d’Agronomie et d’Amélioration des Plantes IAV Hassan II – Rabat

L’abricotier Une diversité génétique à exploiter pour relancer la culture

L’abricotier cultivé (Prunus armeniaca) fut introduit dans le bassin méditerranéen à partir de l’Iran ou de l’Arménie d’où son nom. On a déterminé quatre sous groupes géographiques dont celui de l’Afrique du Nord. Le croisement entre les variétés de ce groupe, qui furent probablement introduites en Espagne à partir de l’Afrique du nord, et celles issues du groupe européen a probablement été à l’origine de la variété Canino.

Les principales zones de culture (80%) se localisent maintenant dans le bassin méditerranéen.

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Au Maroc, la culture est pratiquée au moins depuis la conquête arabe. Actuellement, la superficie est estimée à 12 500 ha avec une production moyenne de l’ordre de 98 000 T. On distingue entre deux secteurs de culture. Celui semi-intensif, dont la majeure partie est localisée dans la région du Haouz (plus de 7000 ha). Cette concentration est due, en partie, à la disparition des vergers dans les régions de Meknès-Fès à cause du capnode et au développement d’une infrastructure de transformation à Marrakech.

On assiste de plus en plus au développement de la culture dans le haut plateau de la Moulouya (entre Midelt et Missour) dont les caractéristiques climatiques permettent un décalage de la maturité de la variété Canino de deux semaines par rapport à la région de Marrakech, ce qui permet aux industriels d’élargir la période de valorisation des unités de transformation. C’est effectivement cette variété, Canino qui assure la grosse part de la production nationale (80%).

Des plantations de moindre importance et à base de cette même variété sont également présentes dans toutes les régions du Maroc (plateau de Meknès, Doukkala, Béni Mellal, Oriental… ). Le reste de la production est assuré par la variété Del Patriarca dont le fruit est consommé uniquement en frais.

Le secteur traditionnel est située dans les oasis du sud allant de Tafilalet à Ouarzazate. L’ancienneté de la culture dans ce secteur, le mode de multiplication (semis) et les différentes origines des semis ont fait que cette population dispose d’une diversité génétique importante sans jouer un rôle économique notoire au niveau national.

La sécurité de l’opérateur dans l’application des pesticides

Le monde agricole marocain a connu depuis l’indépendance une progression non négligeable, particulièrement par une très large adoption de facteurs de production agricole modernes. Cependant, ceci n’est pas sans problèmes puisque ces facteurs de production, quand ils sont mal utilisés, peuvent porter préjudice aussi bien à l’environnement qu’à la santé de l’homme.

Ainsi, si actuellement les aspects relatifs à l’environnement préoccupent de plus en plus le public, ceux relatifs à la sécurité des agriculteurs sont rarement pris en considération.

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En effet, les pesticides utilisés dans la protection des cultures sont rarement très sélectifs, et par conséquent, ils sont dans une certaine mesure toxiques aussi bien pour l’homme que pour les autres organismes. Ainsi, l’opérateur, définit dans cet bulletin comme étant toute personne chargée du transport, du stockage ou de l’application des pesticides, est constamment exposé à des risques d’intoxication dont les conséquences peuvent être parfois dramatiques.

En Amérique du nord, en Europe et dans certains autres pays industrialisés, l’opinion publique est de plus en plus exigeante pour une agriculture respectueuse de l’environnement et moins dangereuse pour l’homme. Dans ce contexte, plusieurs lois ont été promulguées et de nouveaux concepts ont été développés dans lesquels la sécurité de l’opérateur constitue un point important. Ceci a conduit au développement de nouvelles formulations de pesticides et de nouveaux appareils de traitement protégeant l’opérateur de tout risque de contamination.

Dans beaucoup de pays en voie de développement, peu d’intérêt est donné jusqu’à présent à la protection de l’opérateur et beaucoup d’efforts restent encore à déployer. Néanmoins, sous l’influence étrangère et dans le cadre de certains réseaux tels que Eurep GAP, des exploitations agricoles exportatrices vers les pays Européens ont été amenées à prendre la sécurité de l’opérateur dans leur stratégie de production agricole.

Par ailleurs, des organisations internationales telles que la FAO, l’OMS œuvrent pour une harmonisation des réglementations et assistent les pays en voie de développement à instaurer des directives adéquates pour une meilleure utilisation des pesticides. Les directives sur les normes relatives au matériel agricole d’application de pesticides, publiées par la FAO en 2002, constituent une référence. Il est très difficile d’imaginer actuellement le zéro risque pour l’opérateur lors de l’utilisation de pesticides. Cependant, il est toujours possible de minimiser ce risque lorsqu’on dispose des éléments suivants:

un matériel d’application répondant aux normes de sécurité et en bon état;
un équipement de protection efficace;
de produits phytosanitaires faciles à employer;
un système d’information adéquat;
des précautions à prendre au niveau de la manipulation des produits.

Le présent bulletin, vise à présenter les différents facteurs susceptibles d’influencer la contamination de l’opérateur par les produits phytosanitaires. Il n’a pas la prétention d’être exhaustif mais il aborde l’essentiel qui doit être pris en considération lors d’un chantier de traitement phytosanitaire.

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