Au Maroc, environ 25.000 ha d’arachide sont cultivés sur la côte atlantique entre Kénitra et Larache. La culture est conduite en irrigué sur des sols sableux. Le semis a lieu en Avril-Mai et la récolte en Septembre-Octobre. Les rendements varient en général entre 2 et 3 tonnes/ha. Toutefois, ces faibles niveaux de rendement sont dus à la faible technicité des exploitants.
Dans une précédente étude, il a été a constaté que l’arachide est conduite en intensif avec une grande quantité d’engrais minéraux et un apport d’eau régulier jusqu’à sa maturité. Il existe deux sous espèces d’arachide: hypogaea et fastigiata.
Les semis sont réalisés soit avec la sous espèce hypogaea, variété Jumbo, type Virginia, à très grosses gousses et graines, à port rampant et à cycle long (120 à 140 jours et 2 graines par gousse), soit avec la sous espèce fastigiata, variété KP 29, type Valencia, à port érigé et à cycle court (90 à 110 jours et ayant 3-4 graines par gousse).
Les variétés de type Virginia présentent l’avantage d’être plus productives que celles du type Valencia, avec une meilleure réponse à l’intensification, comme en témoignent les résultats obtenus dans des essais chez les producteurs au sud de Larache (2,5 à 6,4 tonnes/ha de gousses et 2 à 6 tonnes/ha de résidus végétaux).
Dans le cadre des recherches menées par le Centre Régional de l’INRA de Tanger sur les cultures phares du plan agricole régional de la région Tanger-Tétouan, une enquête a été menée chez 25 producteurs d’arachide à Laouamra près de Larache au périmètre irrigué du Loukkos. L’objectif est d’étudier l’abondance des adventices associées à la culture d’arachide ainsi que de présenter l’état des lieux en termes de techniques de production.
Matériel et méthodes
Cette étude a eu lieu au périmètre irrigué du Loukkos, caractérisé par un climat sub-humide. Les semis d’arachide commencent dès que les pluies s’arrêtent vers fin Avril début Mai, et la récolte a lieu dès septembre. La culture est irriguée par aspersion.
Un total de 25 relevés floristiques a été effectué au stade début floraison d’arachide, ce qui correspond à la formation des gousses souterraines et à la floraison ou fructification de la plupart des adventices. Toutes les parcelles prospectées sont situées sur sol sableux dit «R’mel». Ce type de sol est apte à plusieurs cultures, en particulier à l’arachide, la pomme de terre et la canne à sucre. L’eau est douce, mais disponible à tour de rôle à travers le réseau du périmètre irrigué du Loukkos.
Chacun des 25 champs échantillonnés a fait l’objet d’un relevé floristique sur une aire d’environ 50 m sur 50 m (soit 2.500 m²). Les adventices ont été identifiées et recensées dans 10 placettes de 25 cm x 25 cm sur les lignes et 10 placettes entre les lignes d’arachide en suivant la diagonale. Aussi bien pour les lignes d’arachide qu’entre les lignes, un indice d’abondance de chaque adventice a été calculé en utilisant la formule suivante:
Indice d’abondance de chaque espèce adventice = fréquence relative de chaque espèce adventice dans les 25 champs + fréquence relative de chaque espèce dans les 250 placettes + densité relative de chaque espèce dans les 25 champs.
Fréquence relative dans 25 champs = fréquence absolue dans 25 champs x 100/somme des fréquences absolues.
Fréquence relative dans 250 placettes = fréquence absolue dans 250 placettes x 100/somme des fréquences absolues.
Densité relative dans 250 placettes = densité absolue dans 250 placettes x 100/somme des densités absolues.
L’identification des espèces a été faite en utilisant plusieurs flores, particulièrement celle de Valdès et al. (2002). Des informations sur la conduite de la culture et le coût des opérations culturales ont été également collectées.
Pour chaque champ d’arachide prospecté, une fiche d’enquête a été remplie. Cette fiche a concerné les différents intrants et techniques employés, ainsi que leurs coûts.
Au cours des quatre dernières décennies, les effectifs de caprins à l’échelle mondiale ne cessent d’augmenter d’une manière stable et confirmée. Selon les statistiques de la FAO, les effectifs de caprins dans le monde ont augmenté de 144% entre 1970 et 2010, soit un taux d’accroissement annuel de 3,5%. Au Maroc et durant la même période, les effectifs caprins ont régressé de 33%, soit un taux annuel négatif de 0,8%.
En 2010, le Maroc compte 5,6 millions de têtes caprines élevées principalement dans les petites exploitations des zones montagneuses enclavées à climat et relief difficiles. Quant à la répartition géographique de ce cheptel, le Haut-Atlas vient en tête avec 40% des effectifs, suivi par le Nord du pays avec 25%, le Moyen-Atlas avec 20% et l’Anti-Atlas avec 5%. Selon les statistiques disponibles (RGA 1996), le Maroc compte 301 900 éleveurs de caprins. La contribution des caprins à la production nationale annuelle en viande rouge est estimée à 23 000 tonnes en moyenne.
A l’exception du Nord du pays où la chèvre laitière est importante, le caprin à viande occupe la place de choix dans les milieux montagnards atlasiques. Ainsi, il représente la principale activité économique, la source majeure de protéines animales et de revenus pour la population. Aussi, cet élevage constitue, dans la plupart des situations, l’unique option capable de valoriser les conditions difficiles des parcours à relief accidenté et végétation coriace typique des montagnes marocaines.
Le présent bulletin résume l’étude du caprin local à viande comme levier de développement communautaire, réalisée dans la commune rurale Aït Bazza (Province de Boulemane) au cours de la période 2007-2010. Les composantes majeures de recherche menées ont concerné la caractérisation des élevages, la commercialisation, le suivi des performances, l’étude des carcasses, l’analyse des acides gras et l’analyse microbiologique et des tests de dégustation des échantillons de viande de chevreau de la zone d’étude. Parallèlement à ces activités de recherche, un certain nombre de formations, de voyages d’études, de visites et d’échanges a été aussi réalisé.
Compte tenu de la diversité des acquis et des connaissances générées lors de cette expérience, deux bulletins sont prévus. Le premier bulletin traitera essentiellement des aspects socio-économiques portant sur le système d’élevages caprins, la commercialisation et le potentiel gustatif de la viande du chevreau de la zone d’étude. Le second bulletin sera centré sur les aspects techniques, notamment le suivi des performances, l’étude des carcasses, l’analyse des acides gras et l’analyse bactériologique des viandes de chevreau.
Ainsi, le principal objectif de ce bulletin est de a) présenter l’approche globale adoptée, b) caractériser le système d’élevage caprin à viande, ses opportunités de commercialisation et son potentiel gustatif, et c) brosser les perspectives futures de la viande caprine à travers l’examen des opportunités inexploitées pouvant contribuer à la valorisation du secteur.
Approche globale adoptée
Au Maroc, les travaux de recherche réalisés sur l’élevage caprin sont soit exclusivement d’ordre technique avec peu ou pas de considération des aspects socio-économiques, environnementaux, institutionnels et organisationnels, parmi d’autres, soit d’ordre socio-économique avec peu ou pas d’attention aux déterminants techniques fondamentaux de l’élevage caprin.
Les exigences requises par les différentes disciplines scientifiques sont certainement nécessaires mais ne doivent nullement être inutilement adoptées au détriment des approches multidisciplinaires permettant de mieux circonscrire, mieux analyser et mieux comprendre un secteur donné. L’approche multidisciplinaire est parfois la seule à éclairer les secteurs complexes, multidimensionnels et peu connus tels que c’est le cas du caprin à viande.
Comparé aux élevages bovin et ovin, l’élevage caprin s’avère le moins étudié, le moins connu et le moins soutenu dans les politiques publiques du pays. Paradoxalement, l’élevage caprin est essentiellement pratiqué dans les environnements montagnards difficiles et les communautés défavorisées ayant grand besoin d’être étudiés et développés pour surmonter leur cloisonnement et leur précarité et asseoir leur intégration. C’est dans ces milieux où les fonctions économiques, sociales et culturelles de l’élevage caprin sont les plus cruciales. La commune rurale d’Aït Bazza a été choisie pour explorer les bases solides éventuelles pour faire du caprin une force motrice permettant la création d’une dynamique de développement communautaire à l’instar du modèle de chevreau de l’arganier et son acheminement vers la labellisation en tant que produit de terroir.
Pour faire profiter un grand nombre d’acteurs du secteur caprin des acquis et des résultats des recherches sur «le caprin produit de terroir levier de développement communautaire» réalisées dans la commune rurale d’Aït Bazza (province de Boulemane), le présent bulletin s’intéresse à la diversité génétique du caprin, la caractérisation des carcasses abattues à Imouzzer Marmoucha ainsi qu’à la qualification de la viande de caprin à travers l’analyse des acides gras et l’analyse bactériologique.
L’objectif étant de partager les leçons apprises de cette expérience et les perspectives de leur application dans les zones ayant le même profil que la commune d’Aït Bazza.
Etude de la diversité
Pour l’exploration de la diversité, deux chèvres de chaque phénotype ont été identifiées par élevage. Ainsi, 10 à 12 chèvres par élevage faisant un total de 150 chèvres ont été suivies. Le poids, la hauteur au garrot, la couleur de la robe, la longueur des oreilles ont été enregistrées.
Performances
Pour l’essai sur l’évaluation des performances de production et de reproduction, 18 caprins de la population Barcha de Moulay Bouâazza ont été attribués à deux éleveurs de la commune d’Aït Bazza. Ce troupeau a été composé de 15 chèvres âgées de 3 à 4 ans et ayant un poids moyen de 27 kg et 3 boucs âgés de 4 à 6 ans et ayant un poids moyen de 43 kg. Dans chaque élevage, un groupe additionnel de 10 chèvres a été choisi parmi les animaux propres à l’éleveur. A chaque passage, une pesée des animaux a été réalisée et des informations sur la date de chevrettage, la taille de portée à la naissance, le sexe des chevreaux, la mortalité, les déplacements entre les parcours, les traitements, l’apparition de maladie, les avortements, les ventes et les achats ont été collectées.
Carcasses
La caractérisation des carcasses des différentes catégories de caprins (chèvres, boucs, chevreaux, chevrettes) lors de l’abattage a été réalisée sur trois années au niveau de la tuerie d’Imouzzer Marmoucha. Seules les données collectées (n = 192) en 2007-2008 sont présentées dans ce bulletin. Le poids avant l’abattage et l’âge ont été estimés. Généralement, les carcasses des chevreaux et des chevrettes restent entières (la tête, ensemble poumons-foie-cœur, deux pattes, les reins, les testicules et les cornes) et ce n’est qu’à la boucherie que les différentes parties sont séparées. Toutefois, les carcasses d’animaux adultes (chèvres ou boucs) sont présentées vides et sans têtes mais sans ou avec l’ensemble foie-cœur-poumons. Le mot carcasse est donc ainsi compris dans cette étude. Pour un échantillon réduit d’animaux, le poids de l’ensemble foie-cœur-poumons, des pattes, de la tête, du gras omental et du gras de rognon ont été relevés et un complément de données (provenance des animaux vifs, prix d’achat de l’animal vif, …) a été collecté auprès des bouchers. Le rendement en carcasse, l’indice de compacité et l’indice de muscle ont été calculés.
Profils d’acides gras
Pour la détermination des profils d’acides gras des viandes et des dépôts adipeux, un total de 118 échantillons a été prélevé chez différentes catégories de caprins abattus. Les endroits de prélèvements ont concerné le tissu adipeux péri rénal, le tissu adipeux caudal, le tissu adipeux omental et le muscle long dorsal (Longissimus dorsi). Ces échantillons ont subi une extraction en présence d’un anti-oxydant suivi d’une méthylation en présence du standard C21:0 (Acide Heneicosanoique). Ils étaient par la suite soumis à un chromatographe à phase gazeuse couplé à un spectromètre de masse. La correspondance des pics a été recherchée sur la base de données NIST MS Search. Un exemple de profile obtenu suite à l’analyse d’un échantillon est présenté sur la figure 1.
Qualité bactériologique
L’analyse bactériologique de 30 échantillons de viande crue prélevés au niveau du cou et du flanc de caprins abattus a été réalisé à l’Institut Pasteur pour la recherche des bactéries pathogènes. Les échantillons ont été recueillis tous les trimestres entre avril 2008 et mars 2009. Deux périodes d’échantillonnage ont été prises en compte: une saison chaude (d’avril à Septembre) et une saison froide (Novembre à Mars). Environ 200 g de viande caprine est aseptiquement recueillie. Tous les échantillons ont été envoyés au laboratoire dans des sacs stériles à 4°C en moins de 12 h. Après homogénéisation, une portion (25 g) de chaque échantillon est analysée. La numération a concerné la flore aérobie mésophile totale (FMAT), les coliformes fécaux (CF), les E. coli, les S. aureus, et les anaérobies sulfito-réducteurs.
En plus des énumérations ci-dessus, 25 g d’échantillons ont été analysés pour rechercher les Salmonella spp, après enrichissement dans 225 ml d’eau peptonée tamponnée incubé à 37°C pendant 24 h. Pour la confirmation, des colonies de Salmonella présomptif sont prélevées de chaque boite et soumises individuellement au tester Kligler (Double Sugar Agar Fer). Les colonies typiques (glucose +, lactose, à gaz, H2S +) sont ensuite reprises et confirmées en utilisant les galeries API 20E, kit commercial (Biomérieux, Marcy l’Etoile, France).
On présente quelques indicateurs de performances de l’Atelier d’élevage des génisses de l’étable de la société Mazaria, sise au nord ouest du Maroc. Sur les 3065 génisses nées à la date de réalisation de la présente étude, le bilan réalisé, montre une perte d’effectif par mortalité de 4.86 %, un taux de réformes de 2.12 % (free martin, croissance insuffisante, …), des poids d’environ 40 kg à la naissance, 94 kg au sevrage de 92 jours, 434 kg à 15,4 mois et 568 kg au postpartum.
Avec une insémination précoce à 15.4 mois, le taux de réussite de la première insémination est de 54% (28% pour la deuxième), l’âge moyen au premier vêlage est 25.5 mois, et la production laitière correspondante à 305 j en seconde lactation est d’environ 9000 kg. Dans les conditions d’élevage de Mazaria et dans les limites de l’échantillon étudié, le prix de revient d’une génisse s’élève 15221 Dh.
Abstract
We present some performance indicators on the heifers rearing of the stable of Mazaria society, located at the north west of Morocco. Of the 3050 heifers born at the date of the completion of this study, the results obtained, show a loss of actual number by 4.86 % due to mortality, a reform rate of 2.12 % (free martin, poor growth, …), a weights of approximately 94 kg at 92 days weaning, 434 kg at 15.4 months. The rate of success of first insemination was 54% (28% for the second insemination), the average age at first calving was 25.5 months, and milk production corresponding to 305 d at the second lactation was approximately 9000 kg. Under conditions of Mazaria and of the limitations of the sample studied, the cost of a heifer is 15221 Dh.
Introduction
Au Maroc, le contexte économique dans lequel évolue l’élevage laitier moderne, n’est pas fondamentalement différent de celui des autres pays à vocation laitière. Il en est de même des causes communes pour lesquelles le secteur de la production laitière est resté peu rentable. Alors que le coût de l’alimentation, qui représente environ 65 % du prix de revient du lait (ensilage, tourteaux, luzerne, CMV …), a beaucoup augmenté ces dernières années, le prix du lait lui, est resté pratiquement inchangé depuis 20 ans, malgré une offre quantitative en permanence faible par rapport à la demande exprimée du marché. Le lait ne fait pas officiellement partie de la liste des produits de première nécessité soutenus par la caisse de compensation, mais implicitement c’est l’Etat qui en fixe le prix et non les mécanismes classiques de la loi de l’offre et de la demande.
A l’instar des autres pays, au Maroc, le lait rémunéré en tant que matière première, est donc une activité sinon déficitaire, du moins à la limite du seuil de rentabilité, du fait des fortes charges incompressibles qu’exige sa production et du faible prix payé à l’éleveur. Et puisque l’Atelier du lait n’est pas très rentable, il va sans dire que c’est dans les autres ateliers annexes, en particulier l’élevage des génisses (éventuellement l’engraissement des veaux), que l’éleveur doit rechercher des compléments de marges pour assurer la durabilité du système.
En élevage laitier, les génisses sont en partie produites pour remplacer les vaches destinées à la réforme (vaches en fin de carrière, vaches à problèmes, faibles productrices), mais également pour être vendues comme génisses gestantes à des tiers en cas de surplus. Dans les deux cas, il faut une bonne génisse en mesure de répondre au besoin de l’éleveur et produite de façon économique, si l’on veut tirer de bonnes marges de cet atelier (haute productivité, longévité, faible coût de revient).
Le but de ce bulletin, est de présenter l’expérience de la société Mazaria au Maroc, en matière d’élevage des génisses de race Holstein.
Présentation du projet
L’étable appartient à la société Mazaria. Elle a été créée en 2007 à la ferme de Bargha, près de Larache, au Nord Ouest du Maroc, dans le cadre du Partenariat Etat-Privé signé entre les deux parties, en vue de remettre en valeur les fermes étatiques de l’Ex SODEA et de l’Ex SOGETA. A la date de réalisation de l’étude (Mai 2011), le nombre de têtes de race Holstein présentes dans l’étable est de 4.139 dont 2.450 vaches laitières et 1.689 génisses.
L’élevage est conduit en stabulation libre sur une superficie globale d’environ 54 ha, comprenant une aire pour les niches, 4 bâtiments en charpente métallique pour vaches et génisses, une grande salle de traite parallèle (TPA 2X40), une maternité, un centre d’alimentation, un centre d’entretien du matériel, des aires de stockage pour l’ensilage, la paille,….
Il est géré par une équipe composée d’un ingénieur, 5 techniciens, 2 inséminateurs, un agent de bureau, et environ 80 ouvriers qualifiés. Il est également encadré par 2 vétérinaires dont l’un est chargé de la biosécurité et de la reproduction, et l’autre du suivi sanitaire. De cet effectif, un technicien et 10 ouvriers sont affectés en permanence à l’Atelier des génisses alors que le reste du personnel qualifié (ingénieur, vétérinaires, inséminateurs,..), y travaille à temps partiel en fonction du besoin.
Depuis sa création, l’étable a enregistré un effectif total de naissances femelles de 3.065. Et à la date de réalisation de la présente étude, l’effectif présent sur place (hors mortalité et réforme), est de 2.623, qui se répartissent par catégories d’âge en: 535 de 0 à 3 mois, 204 de 4 à 6 mois, 122 de 7 à 9 mois, 343 de 10 à 13 mois, 485 > 14 mois, 778 en première lactation et 156 en seconde lactation. L’importance de ces effectifs reflète la répartition des vêlages aux différentes époques de l’année (vêlages pour le moment plus groupés en hiver).
Conditions de logement
En élevage bovin, logement pour la vache laitière et logement pour la génisse ont beaucoup d’exigences communes. Le bâtiment doit respecter les normes d’aération, être protégé contre les courants d’air, les fortes chaleurs et les hivers rigoureux. Il doit aussi disposer d’un nombre suffisant d’abreuvoirs, de places à l’auge, et d’une aire de couchage et d’exercice confortables. Le bâtiment doit aussi être aux normes de sécurité, doté des moyens de contention et facile à gérer.
D’une manière plus générale, pour les génisses en élevage intensif, le but est le bien être de l’animal, afin de diminuer les risques de morbidité, de mortalité néonatale, et d’assurer dès le départ une meilleure croissance de la génisse en vue d’une insémination et d’un vêlage précoces.
A Mazaria, de la naissance au sevrage, qui a généralement lieu vers 80 j, les veaux sont logés dans des niches individuelles installées en plein air. La conception et la mise en place de ces niches tient compte de la protection contre les courants d’air (installation de brise-vent synthétique), contre la pluie (extension de toiture de la niche pour protéger les seaux), et les fortes chaleurs d’été (ouvrant arrière amovible pour l’aération en été).
Les dimensions de la niche (125 x 100 x 112 cm), offrent au veau la possibilité de se mouvoir à l’aise et de se coucher de tout son long, même après trois mois d’âge. Le veau bénéficie aussi d’un espace annexe lui permettant d’exprimer son comportement social, de s’ébattre, et d’avoir un contact visuel avec ses voisins, mais sans contact physique pour éviter les risques de transmission des maladies.
De 3 à 6 mois, les vêles sont transférées dans des paddocks de transition en charpente métallique basse ayant une longueur totale de 210 m, une hauteur de 2,10 m, dotés d’abreuvoirs, d’un couloir d’alimentation commun de 1 m de large avec câble comme barre au garrot, d’un couloir raclé de 2 m et d’une aire de couchage et d’exercice de 9,5 m (les 3 couloirs sur 210 m). Les paddocks sont divisés en boxes collectifs de 10 à 40 individus, fonction de l’âge.
A partir de 6 mois, les génisses sont ensuite élevées dans des paddocks en charpente haute ouverte, répondant largement aux normes d’aération, de place à l’auge (0.70 m/tête), d’abreuvement, de couchage et d’exercice (24 m2/tête). Une grande aire d’exercice en particulier permet une meilleure expression des chaleurs et améliore les résultats de l’insémination sur chaleur naturelle.
C’est surtout durant la période néonatale 0-3 mois, qu’il faut une gestion prudente du logement pour éviter les infections d’origine environnementale. La niche doit être constamment propre. Il faut nettoyer et changer la litière une fois par semaine et, après chaque sevrage, procéder au lavage et à la désinfection des niches concernées.
Alimentation
Vêlage-Sevrage
A Mazaria, la phase colostrale dure 4 jours, avec une première buvée immédiatement à la naissance, suivie ensuite par des repas quotidiens matin et soir, en utilisant soit le lait de transition de la mère, soit le stock de colostrum congelé de la nurserie ou le mélange des deux à la fois. Au total, le veau doit ingérer au moins 10-12 litres avant de passer au lait en poudre, qui intervient à partir du 6ème jour après vêlage.
Du fait du nombre important de veaux, l’usage de distributeurs automatiques de lait (DAL) n’est pas adapté. Le lait en poudre est distribué 2 fois par jour au tracteur dans des seaux. La niche dispose de deux seaux dont l’un pour l’eau et le lait et le second pour le granulé. Le lactoremplaceur utilisé est de type standard contenant 21,6 % de protéines, 16,5 % de matières grasses brutes, 8,4% de minéraux, 0,2 % de cellulose, en plus des vitamines (A, E, D3) et des oligo-éléments. La buvée totale en L/veau/j est de 4 L la première semaine, 5 L la 2ème, 6 L la 3ème, 7 L la 4ème, 8 L de la 5ème à la 10ème semaine. Pour un sevrage autour de 80 j, un veau consomme en général environ 40-50 kg de lait en poudre, auxquels il faut ajouter 380 kg de lait frais.
A Mazaria, le granulé est utilisé à partir du 7ème jour, à des quantités progressives, fonction de l’évolution de l’appétit du veau. La consommation totale de ce produit au sevrage est en moyenne de 140 kg/veau.
Sevrage-12 mois, 12 mois- insémination, et insémination-vêlage
Du sevrage à la puberté, puis de ce stade à l’insémination, les éléments de raisonnement de la ration sont la recherche d’un GMQ élevé (> 800-900 gr/j), afin d’avoir un poids suffisant en vue d’une insémination précoce à 14-15 mois mais sans gras (note corporelle 2,75-3,5) et un poids maximum au vêlage, mais sans grand risque de dystocie. L’alimentation est de type ad libitum sous forme de ration totale mélangée, distribuée une à deux fois par jour, avec correction à postériori de l’ingestion réelle du lot, par pesée quotidienne du refus, qui ne doit pas dépasser 5 %.
Du fait du grand effectif géré et dans un souci d’efficacité du travail, la ration de base utilisée est celle des fraiches vêlées, avec correction par rajout en particulier de 2 kg /tête/j de composé concentré pour jeune bovin et 30 gr de carbonate de calcium entre 3 et 4 mois, 1,75/tête/j de concentré de 2ème âge et 60 gr de carbonate de calcium entre 5 et 12 mois.
Les produits utilisés pour satisfaire le besoin en UF, PDI, Ca, P,…de la ration sont la paille de blé, l’ensilage de maïs, le foin de luzerne, la pulpe sèche de betterave, le tourteau de soja, … en plus du complément minéral vitaminé. Le tableau 1 présente la composition exacte de la ration de base et les quantités correspondantes distribuées par catégorie d’âge: 2,6 kg/j pour les vêles en transition de 3-4 mois, 7,6 kg/j pour 5-6 mois, 10 kg pour 7-8 mois et 13,5 kg pour 8-10 mois.
A Mazaria, il est également impératif de valoriser les 4 tonnes/j de refus des vaches laitières hautes productrices. Et les génisses entre 10 et 15 mois (ou 15 mois- vêlage) sont justement la catégorie d’âge indiquée pour une telle valorisation. D’où une ration, au-delà de 10 mois, constituée de refus des vaches laitières avec enrichissement progressif modéré en énergie en fonction des besoins des stades de gestation.
Entretien et Protection sanitaire
En élevage laitier, les diarrhées sont la première cause des mortalités néonatales. Ces affections peuvent être d’origine alimentaire ou infectieuse. Au niveau de l’étable, la prévention des diarrhées blanches d’origine alimentaire exige le respect des températures de dilution de la poudre de lait (50-55°C) et éventuellement de distribution (38-40°C), la concentration indiquée par le fabricant (120-130 gr/L), et le délai de brassage afin d’obtenir une préparation homogène (5-10 mn).
Il faut aussi utiliser de l’eau potable pour le mélange, des ustensiles de service propres (cuve de mélange et de distribution, seaux, biberons) et distribuer le lait au moyen d’une cuve isotherme en cas de grands effectifs, afin de maintenir la même température de la buvée du premier jusqu’au dernier veau servi du lot.
A côté des diarrhées alimentaires, ce sont les diarrhées d’origine infectieuse qui sont les plus redoutables chez le veau durant les premières semaines. Elles sont imputées à de nombreux agents aussi bien bactériens que viraux, pouvant agir de façon isolée ou en association. Mais dans la majorité des cas, c’est la bactérie du genre E. coli qui est souvent incriminée, entrainant une diarrhée profuse souvent fatale par déshydratation et perte rapide de poids (perte de 3 kg/24h et mort du sujet en 48 h en l’absence du traitement).
Même s’il est insuffisant pour trancher, le degré de fluidité important des fèces est l’élément premier pour faire la distinction entre la diarrhée infectieuse et alimentaire. Le diagnostic doit être complété par des indications supplémentaires sur la température corporelle, le contrôle de la motricité, la présence du sang dans les fèces …
Tout ce qui fragilise le veau depuis l’état de fœtus augmente les risques de maladies néonatales. Le déficit alimentaire chez la mère durant la gestation (en énergie, en protéines, minéraux, oligo-éléments, vitamines), les difficultés de vêlage, les mauvaises conditions de logement,…sont autant de facteurs aggravants ces risques.
Chez la vache, il n’y a pas de passage d’anticorps du sang de la mère vers celui du fœtus, à travers le placenta. A sa naissance, un veau ne dispose d’aucune défense immunitaire. Et il n’a que le colostrum (immunité passive) pour se protéger provisoirement contre les agressions extérieures, le temps qu’il acquiert sa propre autodéfense (immunité active). Le veau doit ingérer au moins 4 L de colostrum dans les deux heures qui suivent et 8-10 L en 24 h. Il faut un colostrum de qualité; avec un litre de colostrum à 100 gr d’immunoglobulines, on obtient un résultat meilleur qu’avec 2 litres à 50 gr.
D’autre part, plus la buvée intervient tôt, plus l’efficacité est meilleure du fait de l’évolution du comportement de la muqueuse intestinale après vêlage (2/3 des anticorps du colostrum se retrouvent dans le sang du veau pour une administration 6 h après vêlage et seulement 7 % lorsque le veau a déjà 36 h).
D’une manière générale, à Mazaria, le dispositif de prévention sanitaire contre les maladies néonatales consiste en (1) la recherche d’un accouplement raisonné pour éviter le vêlage dystocique, (2) une alimentation équilibrée de la vache afin d’avoir un fœtus d’un poids suffisant et en bonne santé à la naissance et (3) un vêlage dans des conditions d’extrême propreté. Immédiatement après vêlage, (4) il faut dégager les voies respiratoires du veau, (5) désinfecter le cordon ombilical à la Bétadine et administrer au veau les premières buvées de colostrum au moyen d’une sonde ou d’un biberon en plastique. Et une fois transféré dans la niche, (6) le veau doit être bien entretenu et évoluer dans un environnement propre. Après sevrage, (7) la petite vêle est ensuite écornée et soumise à une surveillance vétérinaire permanente.
En matière de prévention médicale vis-à-vis des agents infectieux, le tableau des vaccinations retenu par le vétérinaire comprend la vaccination contre la brucellose, le BVD, l’IBR, les entérotoxémies et les salmonelles.
Globalement, sur l’ensemble des génisses élevées, la perte d’effectif de la naissance au vêlage par mortalité (hors morts nés), a été de 149 individus, soit 4,86 % du total. Tandis que la baisse d’effectif pour cause de réforme (free martin, infertilité, luxation, maladies diverses…) a été de 59 individus, soit 2,12 %.
Croissance
A Mazaria, on est en présence d’un système intensif avec recherche d’un bon gabarit au stade primipare précoce. La figure 1 et le tableau 2 présentent les résultats de la croissance pondérale des animaux aux différents âges de référence considérés, qui sont la naissance (N), le sevrage (S), l’insémination (In) et le vêlage (V). Bien sûr, la race Holstein n’est pas une race à viande donnant de grands poids à la naissance comme le Charolais, la limousine,…
Les pesées réalisées sur un échantillon de 479 naissances montrent une répartition très disparate du poids autour de la moyenne arithmétique de 40 kg, reflétant en partie le résultat spécifique de l’accouplement choisi, les conditions de gestation dans lesquelles a évolué la génisse (hiver, été) et les conditions sanitaires et alimentaires. Globalement, environ 2,5 % des veaux sont nés chétifs avec des poids inférieurs à 30 kg, 41 % entre 30 et 40 kg, 53,5 % entre 40 et 50 kg et 13 % avec un poids quelque peu élevé, supérieur à 50 kg.
A Mazaria, on ne dispose que de 600 niches pour abriter les veaux à la naissance, aussi bien mâles que femelles. En période de pic de vêlage, avec 20 à 30 naissances par jour, le manque de places oblige de sevrer parfois tôt les mâles, c’est-à-dire vers 60-65 jours. Mais d’une manière générale, en période allégée, le sevrage intervient vers 80 jours, voire au-delà de 100 jours. En moyenne, le poids des femelles sevrées à 92 jours est d’environ 94 kg ce qui correspond à des gains moyens quotidiens (GMQ) de 586 gr.
Du sevrage à l’âge de 6 mois, le GMQ est d’un peu plus de 700 gr, passe par son maximum entre cet âge et l’insémination (982 gr), diminue ensuite durant la gestation jusqu’au vêlage. Avec la remarque que ces derniers résultats ont été obtenus par le mètre-ruban et non par pèse bétail comme à la naissance et au sevrage.
Reproduction
A Mazaria, la gestion des génisses est organisée autour de l’idée d’une mise à la reproduction précoce à 14-15 mois en vue d’un vêlage à 24-25 mois. Les génisses sont inséminées surtout sur chaleur naturelle (observation matin et soir), mais en partie aussi sur programmes de synchronisation faisant intervenir des injections usuelles d’hormones selon des protocoles de type:
J0(GnRH) — J8(PGF) — J10(GnRH) — +16h du J11(IA)
D’autre part, inséminées plus de trois fois sans résultat, les génisses à problèmes, sont alors soumises à la saillie naturelle comme dernier recours. Cette technique, rappelons-le, présente l’inconvénient de comporter d’importants risques sanitaires.
L’insémination est réalisée sur la base des deux critères usuels de hauteur au garrot (H> 130 cm) et du poids (P >380 kg), le plus souvent apprécié en comité de tri plutôt par l’état corporel ou le ruban (note d’env. 2,75-3,25). En dépit de l’effectif élevé, l’inséminateur procède également de façon systématique au contrôle du mucus et du follicule avant d’inséminer. Le contrôle de gestation est ensuite réalisé par écographie à 28 j et confirmée par palpation à 60 j.
Outre les autres critères de productivité, correction de défauts de conformation, …, la facilité de vêlage et la prévention des vêlages dystociques, restent l’un des soucis majeurs des programmes d’accouplement raisonné de l’entreprise. D’une manière générale, les taureaux les plus utilisés sont Royal, Spirit, Air raid … Le tableaux 3 présente les résultats de la reproduction obtenus sur un lot de génisses gestantes au moment de réaliser la présente étude. Globalement, sur les 752 génisses concernées, 741 ont été confirmées gestantes, l’âge moyen de l’insémination est de 15,4 mois, celui de l’insémination fécondante (IAF) est de 16 mois, l’indice coïtal technique (ICT) est de 1,74 et l’indice coïtal économique (ICE) est de 1,80. Le taux de réussite est de 54 % pour la première IA, 28% pour la seconde IA, 9 % pour la 3ème, et 7 % pour la 4ème et plus.
La synchronisation au GPG semble donner des résultats légèrement supérieurs en 1ère IA (56 %) à l’insémination sur chaleur naturelle (53 %). Le résultat est également meilleur pour la semence conventionnelle (1ère IA de 63 %) que pour la semence sexée (43 %) quoi qu’encore au stade de l’essai pour cette dernière. En ce qui concerne la saillie naturelle, sur 19 génisses présentées aux taureaux, 6 ont été confirmées gestantes, soit un taux de réussite de 43 %, et le reste a été proposé pour la réforme.
Production laitière
Même au sein d’une même race, la production laitière est fonction de la performance propre de chaque génisse, du rang et du stade de lactation, de l’environnement, de la qualité de la conduite (alimentation, santé, ..). Les tableaux 4 et 5 résument les résultats de la production laitière des 934 génisses nées sur place et déjà en production à Mazaria, dont 778 sont en première lactation et 156 en seconde lactation.
Globalement, la production laitière standard à 305 j, est de 7.874 kg pour les primipares et 9.003 kg en seconde lactation, ce qui correspond à des moyennes journalières respectives de 25,8 et 29,5 kg/j. L’accroissement (ici 14,4 %) noté entre la première et la seconde lactation est très proche des 15 % signalés dans la littérature en Europe.
Les pics de lactation moyens notés sont de 33 kg/j en première lactation et 34 en seconde lactation. Ils ont été généralement atteints autour de 50-60ème j après vêlage, que ce soit pour les primipares ou les bipares. A l’intérieur de l’échantillon concerné, une forte variabilité existe autour de la moyenne, avec en particulier des cas à problèmes de faible performance (Pic < 25 kg, production < 5.000 kg), ou de forte production (Pic >50 kg, production > 11.000 kg).
D’autre part, dans les limites de l’échantillon étudié, la production des génisses nées localement est largement supérieure à celles de leurs mères importées des USA (514 kg) et de l’Europe (321 kg).
Pour le besoin de l’étude, dont le but est ici d’opérer des comparaisons, l’ensemble des chiffres ci-dessus a été tiré des enregistrements de l’automate de la salle de traite qui surestime la production effective collectée dans les tanks de 5-6 %. Il faut donc en tenir compte dans la pratique, même ci-ceci n’altère en rien les conclusions ci-dessus.
Coût de la génisse
Ce prix de revient, il faut bien le préciser, est un prix de toute première approximation, en raison surtout de la difficulté de trouver une clé de répartition objective et surtout précise, des multiples charges communes entre l’atelier du lait et celui des génisses. La facture d’électricité, l’amortissement du matériel commun d’alimentation, du raclage de la partie commune des bâtiments, une partie de la rémunération du personnel spécialisé en sont des exemples.
Pour réaliser les calculs, il a fallu aussi indexer la valeur de cession de la génisse à la naissance sur celle du veau mâle de même âge puisqu’au Maroc, on ne dispose pas de référentiel sur les transactions des vêles de race. Dans le contexte de l’Atelier de Mazaria, caractérisé par de l’intensif et zéro pâturage, une génisse Holstein de qualité gestante lui coûte 15.221 Dh. Les charges se répartissent entre la valeur de cession (5.000 Dh), la dépense de l’alimentation en ensilage de maïs (2.628 Dh), en poudre de lait, granulés divers, luzerne, minéraux (2.930 Dh), le logement (1.024 Dh), la santé et la reproduction (870 Dh), le personnel (716 Dh), le matériel (93 Dh), et les charges diverses (1.960 Dh). En supposant un intervalle vêlage-vêlage de 13,5 mois, un prix de vente de 25.000 Dh et une subvention de 4000 Dh (bientôt 5000 Dh), on a en principe une assez bonne idée de ce que peut laisser un atelier moderne d’élevage de génisses bien conduit dans le contexte du Maroc.
Discussion et conclusions
Le lait est l’une des filières importantes retenues par le Plan Maroc Vert pour la relance de l’agriculture. Les objectifs fixés nous paraissent très ambitieux et placent la barre très haute pour la profession en termes de production de lait (2,16 milliards de Litres en 2010 et 4,98 à l’horizon 2020). Pour les atteindre, un véritable dispositif accélérateur de progrès s’impose, compte tenu des délais impartis. Outre les problèmes de fonds, de foncier, d’infrastructure routière, des ressources humaines, des ressources en eau, … pour parvenir à ces objectifs, il faut aussi disposer du cheptel nécessaire pour l’éleveur prêt à investir dans le lait.
La Holstein est connue mondialement comme une excellente race laitière. Présente au Maroc depuis plusieurs décennies, c’est aussi une race sur laquelle l’éleveur marocain dispose déjà d’une expérience suffisante dans les différentes régions du pays (Souss, Tadla, Haouz, Gharb, Saïs). Mais ayant fermé ses frontières à l’importation pendant plusieurs années, le Maroc produit aujourd’hui peu de génisses locales de race Holstein. Et la plupart des nouveaux projets, y compris celui étudié ici, ont été peuplés par l’importation soit de l’Europe, soit des USA.
Les résultats obtenus à Mazaria, comme dans d’autres projets de même taille que nous gérons dans la zone nord (Bassita I, Bassita II ), témoignent surtout de la capacité du Maroc à mettre en place de grands élevages, d’une part pour accroitre le volume en lait, mais aussi pour produire localement des génisses de qualité à mettre à la disposition de l’éleveur.
La génisse élevée au Maroc n’a rien à envier à celle élevée ailleurs. En plus d’être déjà «acclimatée» puisque née sur place, elle est sinon meilleure, du moins aussi performante que celle pouvant être importée de l’étranger. Elevée dans de bonnes conditions, elle présente des performances remarquables de croissance et peut être inséminée à 15 mois en vue d’un vêlage précoce à 24 mois, avec des taux de réussite comparables à ceux réalisés dans les pays habitués aux grands élevages de Holstein. Avec plus de 9.000 Kg de lait produit en seconde lactation, les génisses élevées sur place ont montré une supériorité nette par rapport à leurs mères d’origine américaine et européenne.
D’autre part, il ne faut pas perdre de vue qu’à l’importation, le Maroc non seulement paie en devise, mais achète une génisse de second choix, provenant de lots ayant déjà fait l’objet de sélection de l’éleveur européen pour ses propres besoins.
Manifestement, le développement de la filière laitière au Maroc n’est pas seulement un problème d’investissement à l’amont, pour produire du lait ou des génisses, mais aussi de marge pour rentabiliser l’investissement en élevage et en faire une activité durable.
Les raisons pour lesquelles le lait est aujourd’hui peu rentable sont en partie des raisons objectives liées aux charges non compressibles de production certes (alimentation, personnel, produits vétérinaires,…). Mais la marge sur le lait est également laminée par le dysfonctionnement des mécanismes de marché pour fixer le prix, et le partage des marges réalisées entre l’éleveur et le transformateur, ce dernier étant le plus souvent accusé de profiter plus de la filière.
En attendant la mise en place de nouvelles formes de partenariat au Maroc, entre l’éleveur et l’industriel, l’intégration de l’étable à la table, où toute la marge est récupérée par l’éleveur, semble pour le moment la voix la plus indiquée pour soutenir le producteur laitier. C’est en tout cas le modèle testé avec succès depuis 25 ans dans la zone sud, pourtant plus problématique que le reste du pays à plus d’un égard: espace paysan à dominante petit élevage, insuffisance des ressources en eau, excentricité par rapport aux grands marchés du nord, …Reste maintenant à confirmer si ce modèle est extrapolable au reste du pays comme certains bureaux d’étude le proposent.
Aït Houssa A., Loultiti My A., By K., Baligh A., Chadli M., Abousir H.
Etable MAZARIA, Larache, Maroc
On propose le sorgho comme brise-vent starter pour protéger les jeunes plantations d’agrumes dans les zones ventées, le temps que le brise-vent pérenne à base d’essences forestières atteigne une hauteur suffisante.
Les résultats obtenus sur un verger de 500 ha de mandarinier Afourer (Nadorcott), planté dans la zone de Larache (nord ouest du Maroc), caractérisée par ses vents forts (grand vent à violente tempête sur l’échelle de Beaufort), montrent que l’efficacité du sorgho est meilleure lorsque la variété utilisée est de type conventionnel non sensible à la verse (1), semée fin juin afin d’avoir un feuillage encore vert à l’arrivée du vent hivernal (2). D’après la présente expérience, il faut prévoir deux lignes jumelées par ligne de plantation (3) avec un écartement entre lignes de 50 cm (4), un espacement entre graines de 3.5 cm (5), et éloignées d’au moins 1.5 mètre (6) de la ligne de plantation pour éviter les phénomènes de concurrence avec les jeunes plants d’agrumes. Le sorgho doit être irrigué et fertilisé à part, et bien entretenu contre les mauvaises herbes et les maladies afin d’avoir une croissance dépassant largement celle du jeune plant à protéger (7). Le sorgho doit être renouvelé chaque année, de préférence au moyen d’un nouveau semis (8).
Introduction
D’habitude ce sont les essences forestières (Eucalyptus, Cyprès, Filao,..) qui sont utilisées comme brise-vent des vergers d’agrumes et des plantations arboricoles d’une manière générale. Mais du fait de la croissance relativement lente de ces essences, il leur faut au moins 2 à 4 ans, avant d’être des haies de hauteur suffisante pouvant protéger les agrumes. Il en résulte un décalage inévitable de quelques années entre le moment où il a été décidé de planter et la mise en place effective de la plantation.
Il y a trente ans, ce décalage était perçu comme un passage obligé, beaucoup moins problématique qu’il ne l’est aujourd’hui, que ce soit sur le plan financier ou commercial. Le verger d’agrumes était en effet, moins exigeant en montant d’investissement et le plus souvent en grande partie ou en totalité autofinancé. Il était en outre crée avec l’objectif d’être rentabilisé sur une durée très longue de 50 ans et plus, peu influencée par les 2 à 4 années de retard causé par la préparation du brise-vent.
Aujourd’hui, le raisonnement est différent. L’investissement sur un verger moderne est très lourd et souvent financé avec des emprunts, remboursables à des échéanciers que le producteur est tenu de respecter. D’autre part, en cas de nouveau clone très rémunérateur, il est évident qu’il y a intérêt à arriver sur le marché parmi les premiers pour profiter des meilleurs prix et non avec retard, c’est-à-dire en un moment où l’offre commence à l’emporter sur la demande.
Le cas d’école au Maroc a été celui de l’Ortanique. Lancé en 1988, cet hybride avait laissé un prix extraordinaire d’environ 11 Dh/kg net producteur pour un volume export de moins de 6000 T, contre 8 Dh en 1991 pour un volume de 14.000 T, et seulement 2Dh/kg huit ans plus tard, lorsque le volume exporté a dépassé 50.000 T. D’où l’intérêt de démarrer à chaque fois, brise-vent et verger à la fois, afin de gagner du temps et d’arriver sur le marché parmi les premiers.
Du fait de son prix exorbitant, le recours au filet synthétique comme brise-vent étant exclu dans le cas des agrumes. Le but du présent article est de présenter une expérience vraie grandeur nature où ce problème de brise-vent a été résolu avec une méthode agronomique bon marché utilisant du sorgho conventionnel conduit selon un protocole de culture approprié pour protéger les jeunes plantations.
Les préparations traditionnelles d’olives de table de la province d’Ouezzane possèdent une typicité, une renommée dans tout le nord Marocain, un ancrage historique dans la région, et un capital de savoir faire original dans leur élaboration. Ces préparations peuvent être considérées comme de vrais PDT. Leur typicité incombe aux variétés d’olives utilisées, aux conditions du milieu (sol, climat), au processus d’élaboration et aux caractéristiques des produits finis.
Pour valoriser ces préparations traditionnelles, la labellisation à travers un SDOQ est un moyen efficace et à la portée des producteurs. Toutefois, des efforts importants restent à accomplir avant d’entamer les démarches de labellisation. Il s’agit notamment d’unifier la conduite culturale des oliveraies de la région, de construire des locaux de production qui satisfont aux exigence de la nouvelle réglementation matérialisée par la loi 28-07 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires et de respecter les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication. Selon les dispositions de cette loi, toute unité de production agroalimentaire doit obtenir l’autorisation préalable des services de l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA), avant de poursuivre l’exercice légal de ses activités.
Introduction
La labellisation à travers les Signes Distinctifs d’Origine et de Qualité (SDOQ), conformément à la loi 25-06 et ses textes d’application, permet de mieux valoriser les produits traditionnels, de préserver les savoir faire locaux, et d’améliorer les revenus des producteurs d’une région. Elle permet également de faire reconnaître la typicité des préparations traditionnelles par le marché, et de les protéger contre les fraudes et l’usurpation d’appellation.
La labellisation est considérée comme un élément central dans la stratégie du Plan Maroc Vert (PMV), et plus particulièrement au niveau de son Pilier II, qui concerne l’accompagnement solidaire de la petite agriculture, à travers l’amélioration des revenus des agriculteurs les plus précaires, la lutte contre la pauvreté, et la sauvegarde des ressources naturelles pour une agriculture durable.
La typicité des produits de terroir (PDT) est un élément fondamental dans le processus de labellisation, et en constitue la première étape. Les étapes suivantes comprennent:
la construction d’une démarche collective en vue d’identifier l’intérêt des producteurs et autres organismes de support dans le démarrage et la consolidation du SDOQ; ainsi que l’organisation des sessions de sensibilisation au profit des opérateurs concernés;
l’identification du signe (appellation d’origine ou indication géographique);
l’organisation des acteurs de la filière sous forme d’association, de coopérative, de groupement d’intérêt économique (GIE),..
l’élaboration du projet de cahier des charges pour l’appellation d’origine ou l’indication géographique, conformément à la loi 25.06.
Par typicité, on entend les caractéristiques spécifiques d’un produit lorsqu’elles sont tributaires d’un savoir faire et résultent de conditions de productions localisées. Pour les olives de table, ces caractéristiques peuvent concerner la conduite culturale de l’oliveraie, la variété d’olive, les techniques de transformation, les ingrédients particuliers ou les caractéristiques des produits finis. La typicité du produit, provenant d’un terroir donné, permet ainsi de le distinguer des produits similaires, mais provenant de terroirs différents.
La typicité est à confirmer éventuellement par des analyses de laboratoire sur des échantillons représentatifs du produit. La qualité distinctive du produit, résultant de la conjugaison de la variété d’une part, des conditions du milieu (sol, climat) et de facteurs humains (savoir faire local), d’autre part; peut être reliée à des caractéristiques chimiques (pH, teneur en sel, ..), physiques (texture, apparence, calibre,..) ou organoleptiques (odeur, goût, flaveur,..). La typicité, quand elle a trait au mode d’élaboration du produit, n’a pas besoin d’être démontrée par des analyses de laboratoire.
Le présent bulletin relate une étude réalisée dans la Province d’Ouezzane, sur les sites de Masmouda et Beni kolla (Coopérative « Al Mansoura »). Elle a été menée par une équipe de chercheurs de l’IAV Hassan II/Rabat et de l’ENA de Meknès. Des enquêtes sur place ont permis de connaître le savoir faire local, en matière d’élaboration des préparations traditionnelles d’olives de table. Plusieurs échantillons d’olives fraiches et de préparations traditionnelles d’olives de table ont été analysés en vue de les caractériser et d’étudier leur typicité. Des ateliers de formation et de sensibilisations sur des thèmes variés ont permis une nette amélioration de la qualité des produits et un regroupement des producteurs de Masmouda en coopérative.
Dans ce travail, la typicité a été démontrée à travers:
Une analyse des pratiques de production, de transformation, de conditionnement et de commercialisation des préparations traditionnelles d’olives de table;
Des analyses physico-chimiques et microbiologiques sur des échantillons d’olives fraiches et de produits finis;
Une identification des indicateurs du lien au terroir, c’est à dire, les éléments justifiant le lien entre la qualité et les caractéristiques spécifiques des préparations traditionnelles d’olives de table avec le terroir.
Le présent bulletin présente un diagnostic détaillé de l’état actuel de la filière de Niora au niveau de la Région Tadla-Azilal, et ce depuis l’installation de la culture jusqu’à la transformation de la production dans un but essentiel de répertorier l’ensemble des défaillances techniques entravant l’ouverture de la filière sur son environnement socio-économique et de proposer des recommandations d’améliorations de la conduite technique de cette culture.
Dans la perspective de valoriser la production agricole régionale, de relancer l’activité agro-industrielle du Paprika dans la région et d’attirer les investisseurs internationaux, un plan d’action a été proposé.
Les piments sont originaires d’Amérique Centrale et du Sud. Ils sont introduits en Europe à travers l’Espagne au XVème siècle. En très peu de temps, cette culture se répandit pratiquement dans le monde entier. Le bassin Méditerranéen fut vite une terre fertile pour sa propagation.
Le genre Capsicum comprend un groupe très diversifié allant des piments doux à très forts. Le genre Capsicum comprend cinq espèces principales: Capsicum annuum, Capsicum frutescens, Capsicum chinense, Capsicum baccatum et Capsicum pubescens. Le genre Capsicum comprend plus de 200 variétés. Les fruits varient énormément en taille, en forme, en saveur et en chaleur sensorielle.
Le paprika est un condiment largement consommé dans le monde. L’offre mondiale est estimée à environ 60.000 tonnes par an, avec 1.400 tonnes supplémentaires de l’oléorésine de paprika. Paprika est utilisé à des fins industrielles, avec plusieurs applications comme un colorant naturel dans l’industrie alimentaire principalement à corriger, voire à renforcer la couleur des denrées alimentaires ou pour fournir un certain assaisonnement. Il est également utilisé dans les industries pharmaceutiques et cosmétiques.
Le Maroc est l’un des principaux pays africains producteurs du piment rouge nommé localement «Niora». La production est principalement localisée dans la région de Tadla-Azilal, en particulier les périmètres de Beni Amir et Beni Moussa comptant plus de 80% de la production nationale, avec plus de 15.886 tonnes produites sur plus de 682 ha. Les variétés cultivées prédominantes sont le type Bola et Lukus. L’introduction du Niora au Maroc remonte aux années 1925 dans la région de l’Est, mais sa culture dans la région de Tadla-Azilal a eu lieu au début des années 1980.
En dépit de l’importance économique de cette culture dans le développement de la région de Tadla-Azilal, elle reste très peu étudiée par les chercheurs marocains. Le seul travail de recherche effectué sur la culture remonte à 1987. Ce dernier a étudié les itinéraires techniques pratiqués par les agriculteurs pour la production de la Niora.
L’intérêt croissant pour l’amélioration de la filière Niora dans la région de Tadla est justifié par son importance économique à travers la génération de revenus et la création d’emplois aussi bien au niveau de la production qu’au niveau de la transformation.
Par ailleurs, la bonne conduite de la culture est un facteur important pour améliorer les rendements et la qualité du paprika d’une part, et augmenter la compétitivité de cette filière sur le marché national et international d’autre part.
L’objectif de ce travail est de dresser l’état des lieux de la conduite culturale «itinéraire technique» de cette culture moyennant des enquêtes auprès des agriculteurs d’une part et de proposer des voies d’amélioration de la productivité et de la compétitivité de cette filière d’autre part.
L’éclatement des fruits de la clémentine ‘Marisol’ est un sérieux problème rencontré dans la région du Gharb. Il touche 15 à 40 % des fruits et cause une perte de 3 à 7 T/ha. Pour remédier à ce phénomène, nous avons testé des applications foliaires de calcium.
Une expérimentation a été conduite dans un verger d’agrumes chez un agrumiculteur privé. Deux sources de calcium, sous forme d’engrais minéraux solubles, en deux et trois applications foliaires sont testées sur le clémentinier ‘Marisol’: nitrate de calcium Ca(NO3)2 à 2 et 4 % et chlorure de calcium CaCl2 à 0,2 et 0,3 % dans l’objectif de déterminer la dose, le nombre d’applications foliaires et la source de calcium les plus efficaces dans la diminution du taux d’éclatement des fruits.
Les mesures ont concerné la teneur en calcium dans les feuilles traitées et non traitées, la teneur en calcium dans l’écorce des fruits éclatés et normaux et le nombre des fruits éclatés. Les applications foliaires à base de calcium, notamment celles de Ca(NO3)2 à 2% en 3 applications au stade 10 mm de diamètre du fruit ont permis la réduction de la sévérité de l’éclatement du clémentinier ‘Marisol’ de 60% par rapport au témoin non traité. CaCl2 à 0,2 %, en 2 et 3 applications, a également réduit l’éclatement des fruits mais à 0,3 % il a causé des brûlures des feuilles. La fertilisation foliaire calcique a augmenté le rendement de 14%, soit 3,3 T/ha.
Introduction
D’après les prospections menées dans des vergers de clémentinier ‘Marisol’ de la région du Gharb, le phénomène d’éclatement des fruits est important avec 15 à 40% de fruits touchés et une perte de production de 3 à 7 T/ha.
Après une étude bibliographique approfondie qui a conclu que la fertilisation foliaire calcique pourrait apporter une solution à ce problème; nous avons mené un essai de fertilisation foliaire à base de calcium dans un verger de clémentinier ‘Marisol’ dans la région du Gharb (Belksiri).
La paroi cellulaire du fruit d’agrume est composée de cellulose, de glycans, de polysaccharides pectiques, de protéines, de lignine, de cires et d’eau. La manière dont chacun de ces composés est lié à d’autres contribue à la force et à la rigidité de la paroi cellulaire. Par exemple, les celluloses sont liées entre elles par les liaisons hydrogène relativement faibles. Cependant, il y a tellement de ces liens que cet ensemble crée une structure forte. Les polysaccharides pectiques sont différents, ils sont joints par le calcium. L’ensemble de ce complexe de polysaccharides forme un gel.
La liaison correcte des polysaccharides pectiques par le calcium est essentielle, parce que ce composant de la paroi cellulaire détermine le degré de porosité de la cellule.
Les végétaux qui ont suffisamment de calcium possèdent des parois cellulaires rigides et résistent alors aux maladies et aux problèmes de qualité qui peuvent affecter la valeur marchande des récoltes. Chez les agrumes, les défauts du fruit incluent l’éclatement de la peau du fruit. Cet éclatement, connu comme désordre physiologique, s’appelle Creasing ou albedo breakdown; il se produit pendant la phase du grossissement du fruit.
Pendant que le fruit se développe, la division et l’élongation cellulaire de l’albedo devient plus accélérée que celle du flavedo, de ce fait, la peau externe du fruit (écorce) développe des ondulations et des plis qui conduisent à un éclatement brusque de celle-ci. Il a été suggéré que la rupture de cette paroi est liée à un déficit du calcium. Cependant, beaucoup de facteurs sont associés à ce phénomène, y compris la nutrition minérale, les pratiques en matière d’irrigation, le climat et le nombre de fruits sur l’arbre.
Il a été rapporté qu’une nutrition adéquate en calcium est bénéfique pour un développement normal du fruit, ceci à plusieurs niveaux: une bonne nouaison, une résistance élevée aux maladies et une formation des racines en masse. L’un des effets majeurs du calcium réside dans son rôle signifiant dans la structure de la paroi cellulaire sous forme de calcium-pectate.
A cet égard, les applications foliaires à base de calcium (Ca) jouent un rôle remarquable en termes de production et de qualité des fruits d’agrumes. Le ratio K/Ca est aussi un bon indicateur à prendre en considération pour palier au problème d’éclatement du fruit et que la fertilisation foliaire calcique peut constituer le meilleur remède à ce problème.
Le chlorure de calcium (CaCl2) est facilement absorbé par la cuticule. Le calcium sous forme de Ca(NO3)2 pénètre moins facilement dans la cuticule.
L’étude concernant la flore adventice associée à la canne à sucre a montré la présence d’une flore adventice riche et diversifiée, capable de concurrencer la culture et réduire les rendements et la qualité.
Les essais de désherbage ont conclu à des solutions que les producteurs peuvent utiliser en pré-levée, en post-levée généralisé ou en post-levée localisé entre les rangs de la canne. Néanmoins, la gestion des adventices nécessite l’emploi de la lutte intégrée basée sur la combinaison du désherbage chimique et des opérations de binage.
Pour réussir le désherbage de la canne à sucre, il est nécessaire de:
• Sensibiliser les agriculteurs à n’employer les herbicides de pré-levée que lorsque le sol est suffisamment humide, bien travaillé, sans débris végétaux.
• Sensibiliser les producteurs à utiliser les mélanges d’herbicides pour d’une part bien contrôler les adventices et d’autre part éviter l’apparition de la résistance des adventices aux herbicides.
• Faire le binage mécanique ou manuel, en cas de besoin, après l’emploi des traitements herbicides.
Introduction
Au Gharb et au Loukkos, les jeunes plantations de canne à sucre sont très envahies par les adventices. Celles-ci consomment l’eau et les éléments nutritifs du sol, réduisant ainsi le tallage et affectant le développement, la hauteur et le diamètre des tiges. La concurrence des adventices entraine des pertes de rendement et de qualité de la canne, surtout en cas d’une forte infestation. D’ailleurs, les pertes peuvent être considérables quand les adventices ne sont pas contrôlées dans les premiers mois après la plantation et la levée de la canne vierge. Un bon désherbage améliore donc les rendements, la qualité et la rentabilité de cette culture. Mais, il doit être mené avec précision.
L’objectif de ce bulletin est de présenter les résultats des recherches concernant les prospections floristiques et les essais de désherbage dans les parcelles de canne à sucre.
Adventices associées à la canne à sucre
Diversité systématique
Le nombre total d’espèces adventices identifiées pendant les campagnes agricoles 2010-11 et 2011-12 dans 35 parcelles de canne au Gharb et 35 parcelles de canne à sucre au Loukkos a été 138 espèces: 97 espèces au Gharb (66 dicotylédones annuelles, 12 monocotylédones annuelles, 15 dicotylédones vivaces et 4 monocotylédones vivaces) et 110 espèces au Loukkos (81 dicotylédones annuelles, 10 monocotylédones annuelles, 14 dicotylédones vivaces et 5 monocotylédones vivaces).
Au Gharb, le nombre d’espèces adventices par parcelle a varié entre 1 et 25. Au Loukkos, il a varié entre 1 et 23. En général, de faibles densités d’adventices et un faible nombre d’espèces ont été constatés immédiatement après les différentes opérations de binage (binages mécaniques entre les lignes de canne et binages manuels avec la houe sur les lignes).
Les dix espèces les plus abondantes dans les plantations de canne au Gharb sont: le chiendent pied de poule (Cynodon dactylon), l’ivraie raide (Lolium rigidum), l’aster écailleux (Symphyotrichum squamatum), le liseron des champs (Convolvulus arvensis), la salicaire (Lythrum junceum), la patience-violon (Rumex pulcher), le laiteron maraîcher (Sonchus oleraceus), la menthe pouliot (Mentha pulegium), la chicorée (Cichorium intybus) et la renoncule (Ranunculus trilobus).
Les dix espèces les plus abondantes dans les plantations de canne au Loukkos sont: le pâturin annuel (Poa annua), la renoncule (Ranunculus trilobus), la salicaire (Lythrum junceum), l’ivraie raide (Lolium rigidum), le laiteron maraîcher (Sonchus oleraceus), le mouron des oiseaux (Stellaria media), le liseron des champs (Convolvulus arvensis), l’aster écailleux (Symphyotrichum squamatum), la vergerette du Canada (Erigeron canadensis) et le chiendent pied de poule (Cynodon dactylon).
Densité des adventices
Au Gharb, la densité des plantes adventices a varié entre 1 et 350 plantes/m² avec une moyenne de 90 plantes/m². Au Loukkos, la densité a varié entre 1 et 60 plantes/m² avec une moyenne de 29 plantes/m². La variabilité des infestations d’un champ à un autre est fonction de différents facteurs dont le stock de semences d’adventices dans le sol, l’efficacité du désherbage de la canne et des cultures précédentes, le type de sol, la date de plantation, la dose et la fréquence des irrigations, la fertilisation, etc…
Le fraisier (Fragaria vulgaris) est une plante vivace originaire de l’Amérique et appartenant à la famille des Rosacées. Il a été introduit au Maroc depuis 1930 dans le cadre d’essais menés en vue de diversifier la production nationale. Son extension n’a commencé que depuis 1980, essentiellement dans les périmètres irrigués du Loukkos et du Gharb. Plusieurs facteurs ont favorisé son développement: sols adaptés, eau abondante et de bonne qualité, main d’œuvre qualifiée, incitation aux investissements, délocalisation de la production étrangère, maitrise des techniques de production, de conditionnement, de conservation, de transformation et d’exportation vers le marché Européen. Les superficies sont actuellement aux alentours de 3.300 ha, dont 80% sont localisées au Loukkos. La production nationale dépasse les 130 mille tonnes/an.
La culture du fraisier joue un rôle socio-économique très important dans le périmètre du Loukkos . Elle permet la réalisation d’un chiffre d’affaire annuel de l’ordre de 1 milliard de Dh, dont 90% en devise, et absorbe environ 65% de la main d’œuvre agricole de la région en assurant 3 millions de journées de travail (environ 25.000 emplois) par campagne en plus des ingénieurs et techniciens au niveau des unités de production et de conditionnement.
La culture est bien conduite sous abri en irrigué avec le système goutte-à-goutte sur des sols sableux. La plantation a lieu en août-septembre pour les plants en motte et en octobre pour les plants à racines nues. La récolte débute en novembre et continue jusqu’à juillet.
Grâce à la haute technicité des fraisiculteurs, les rendements varient en général entre 40 et 60 tonnes/ha. Les fraises fraîches sont exportées vers l’Union Européenne durant la période allant de mi-novembre à fin mars, et les fraises surgelées sont exportées d’avril à juin. Le quart de la production est consommé par le marché local.
Dans le cadre des recherches menées par le Centre Régional de la Recherche Agronomique de Tanger sur les cultures phares du Plan Agricole Régional, une enquête a été menée auprès de 20 producteurs de fraise dans le périmètre irrigué du Loukkos. L’objectif est d’étudier l’abondance des adventices associées à la culture du fraisier et de présenter l’état des lieux en termes de techniques de production.
L’enquête culturale
Un total de 20 relevés floristiques a été effectué à deux périodes: en janvier et en juin 2013. Cette deuxième date a coïncidé avec la floraison ou fructification de la plupart des adventices. Toutes les parcelles prospectées sont situées sur sol sableux dit «R’mel». Ce type de sol est apte à plusieurs cultures, en particulier au fraisier, à l’arachide et à la pomme de terre. Un indice d’abondance de chaque adventice a été calculé en utilisant les densités et les fréquences. L’identification des espèces a été faite en utilisant plusieurs flores. Des informations sur la conduite de la culture et le coût des opérations culturales ont été également collectées.
Le climat de la zone d’étude a été caractérisé par des précipitations abondantes en 2012-13 (856 mm) et des températures mensuelles variant entre 6 et 29°C.
Techniques de production
Superficies
Chez les 20 fraisiculteurs enquêtés, les superficies de fraiseraies visitées ont varié entre 3,5 et 200 ha; la moyenne étant 29 ha. Trois types d’exploitations ont été concernés: les grandes superficies (>20 ha) représentant 35%, les exploitations moyennes (entre 5 et 20 ha) représentant 50% et les petites superficies (<5 ha) représentant 15%. La culture est entièrement installée sous abri avec 22% des superficies sous grandes serres et 78% sous tunnels nantais. Malgré leur coût élevé, les grandes serres permettent de travailler à l’aise et de faire la récolte même en cas de pluie.
Certification
Sur les 20 producteurs, 15 sont certifiés (Global Gap), soit 75% traduisant l’application de la traçabilité et les bonnes pratiques agricoles, notamment phytosanitaires. Les grands producteurs sont certifiés à 100% alors que les petits ne le sont qu’à 40%.
Précédents culturaux
Le fraisier est cultivé essentiellement après fraisier. Selon les enquêtes, le fraisier est le précèdent cultural dominant (80%).
Fumier
En général, un apport de 40 à 60 T/ha de fumier est effectué avant les labours. Il s’agit du fumier de bovins et/ou de volailles. Les dépenses pour l’achat du fumier ont été estimées à 7.000 Dh/ha et l’épandage manuel a nécessité 200 à 240 Dh/ha comme salaire pour 4 ouvriers (50 à 60 Dh/jour).
Travail du sol
Toutes les parcelles de fraisier prospectées ont été labourées a) une à deux fois avec la charrue à 3 disques, b) une à deux fois avec le cultivateur, et c) deux ou trois fois avec le pulvériseur à disques (cover crop). Le billonnage mécanique est suivi de l’installation des goutteurs et du paillage avec le plastique noir pour couvrir les billons avant la fumigation et le repiquage des plants de fraisier.
Les dépenses moyennes engagées dans la préparation du lit de semences ont été estimées à 2.000 Dh/ha. Les dépenses pour l’achat du plastique noir pour le paillage (420 kg/ha) ont été de 7.900 Dh/ha. Les dépenses pour la mise en place du paillage ont été de 250 Dh/ha.
Les coûts des différentes opérations des travaux du sol ont été comme suit: labour profond (environ 30 cm de profondeur) = 400 Dh/ha; labour au cover crop (environ 10 cm de profondeur) = 250 Dh/ha; labour au cultivateur (environ 10 cm de profondeur) = 250 Dh/ha; billonnage + paillage plastique et gaine = 1200 Dh/ha.
Fumigation
Les nématodes nuisibles au fraisier sont les nématodes à galles (Meloidogyne). Leurs dégâts sont très importants. Pour cette raison, un traitement nématicide est nécessaire. La fumigation avec les nématicides a été employée par 17 producteurs sur 20, soit 85%. Les trois autres producteurs (15%) ont jugé inutile de traiter leur sol car leur terre reçoit le fraisier pour la première fois.
Le métam sodium est le nématicide le plus utilisé (94%). Les doses d’utilisation ont varié de 750 à 1.000 L/ha au prix de 10 Dh/kg, soit 7.500 à 10.000 Dh/ha, alors que 6% des agriculteurs ont utilisé le dichloropropène + chloropicrine à raison de 240 L/ha, avec un prix de 75 Dh/litre, soit 18.000 Dh/ha. Les frais de main d’œuvre ont été estimés à 200 Dh/ha. Le traitement se fait par injection dans le système d’irrigation 3 semaines avant la transplantation du fraisier.
Variétés et peuplement
Plusieurs variétés ont été plantées en 2012-13: Camarosa, Festival, Fortuna, Lusa, Magdalena, Sabrina, San Andreas, Splendor, Venicia, Ventana, etc…, avec une dominance de Camarosa et de Festival, suivies de Splendor et de Fortuna. Les plants sont importés de l’Espagne au prix de 1,1 à 1,3 Dh/plant pour les plants à racines nues et de 2,4 à 2,5 Dh/plant pour les plants en mottes.
En général, le peuplement du fraisier est de 63.000 à 69.000 plants/ha en lignes jumelées avec une distance entre les plants de 20 à 25 cm, des billons de 50 à 60 cm et un espacement entre les billons de 1 à 1,2 m. Les dépenses pour l’achat des plants ont varié entre 60.500 et 78.000 Dh/ha pour les plants à racine nue avec une moyenne de 66.000 Dh, et de 126.000 à 150.000 Dh/ha pour les plants en motte avec une moyenne de 138.000 Dh/ha.
En général, les agriculteurs avertis optent pour une combinaison de variétés pour couvrir l’ensemble du cycle et mieux répondre aux exigences du marché européen (précocité, fruits frais ou surgelés).
A noter que les superficies du fraisier en plants à racines nues ont représenté en moyenne 75% et celles du fraisier en motte ont représenté 25%. Celles-ci sont généralement plantées dans les grandes serres. D’ailleurs, leur prix réduit leur accessibilité et leur généralisation.
La plantation du fraisier est manuelle et s’étale a) de début septembre à fin septembre pour les plants frais en mottes qui entrent en production début novembre, d’où leur adaptation plutôt à la production de fraise fraîche, et b) début octobre vers mi-novembre pour les plants frais à racines nues qui entrent en production début janvier, d’où leur adaptation plutôt à la production de fraise surgelée.
En réalité, la date exacte de plantation dépend de la date de livraison des plants par les fournisseurs Espagnols. Plus de 100 millions de plants sont importés annuellement.
La plantation nécessite en moyenne de 15 à 20 ouvriers. Les salaires ont varié de 55 à 60 Dh/jour + 10 Dh de transport par personne. Les dépenses de plantation ont varié de 900 à 1.400 Dh/ha, avec une moyenne de 1.200 Dh/ha.
A rappeler que des irrigations sont apportées durant les jours qui suivent la plantation en vue de maintenir le sol humide, assurer un bon enracinement des plants et éviter le dessèchement du sol.
Irrigation
Toutes les parcelles de fraisier visitées pendant cette prospection ont utilisé le système goutte à goutte. Le matériel utilisé est la gaine souple qui donne un débit de 1 L/heure. La gestion de l’irrigation est basée sur l’expérience des producteurs. La consommation en eau est estimée à 6.000-8.000 m3/ha/an. L’eau est douce et disponible dans les puits ou à partir du réseau de l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Loukkos ou stockée dans les bassins.
Les dépenses pour l’irrigation ont été estimées comme suit:
Bassin de 30 m x 30 m: 30.000 Dh
Deux moteurs x 7.000: 14.000 Dh
Canalisation: 10.000 Dh/ha
Gaine: 4.200 Dh/ha
Butane: 24.000 Dh/ha/an
Deux ouvriers pour chaque irrigation: 300 irrigations/an x 120 Dh/jour = 36.000 Dh/an. Comme ces ouvriers réalisent d’autres activités dans l’exploitation (épandage des engrais, travaux du sol, traitements phytosanitaires, etc…), l’estimation de ce travail réel consacré à l’irrigation ou à la fertigation est d’environ 1/5 de leurs temps, d’où les frais de la main d’œuvre sont estimés à environ 5.500 Dh/ha.
Engrais et fertigation
80% des producteurs apportent des engrais de fond avant la plantation du fraisier. Deux principaux fertilisants sont utilisés: l’engrais composé NPK contenant 2% du magnésium et 25% de soufre (12-8-16 + 2) ou le DAP engrais binaire composé (18-46-00). Les doses utilisées ont été en moyenne de 5 qx/ha: 5 qx de l’engrais composé NPK ou 5 qx de DAP.
Pendant tout le cycle du fraisier, la fertigation est faite à raison de 3 à 4 fois par semaine. En 2012-13, quinze engrais de fertigation ont été utilisés depuis la plantation jusqu’à la fin du cycle: enracineurs biostimulants, MAP, acides aminés, acide humique, acide nitrique, acide phosphorique, ion phosphite, nitrate de calcium, nitrate de potassium, sulfate de magnésium, fer, etc… Les dépenses pour l’achat de ces différents engrais ont été en moyenne de 37.330 Dh/ha/an représentant 11 à 13% du coût de production.
Certains producteurs font les analyses de sol, de l’eau et des feuilles, et suivent les recommandations des laboratoires. D’autres ont un programme ou calendrier pré-établi des quantités d’engrais à apporter pour chaque stade de la culture sans avoir recours aux analyses de sol. D’autres reçoivent un programme de fertigation établi par la station de conditionnement à laquelle ils livrent leur production sans analyses de sol.
Dans l’ensemble, l’apport des engrais se fait par fertigation. L’azote est apporté en grande quantité lors des premiers stades et durant la période de production pour favoriser le développement du feuillage. L’azote est un constituant des protéines et un facteur clé de la croissance et du développement du végétal. Le potassium est apporté durant tout le cycle pour favoriser le développement du système racinaire et le grossissement des fruits. Il a un rôle dans la photosynthèse, la formation des protéines, le transfert des glucides vers les fruits et racines et dans le transport des nitrates.
Les apports en phosphore sont importants pendant les premiers stades et durant la période de production pour favoriser la floraison et la fécondation. Le phosphore est un constituant des protéines et il a un rôle dans les transferts d’énergie au sein de la plante.
Le soufre est un constituant de trois acides aminés (cystine, méthionine et cystéine) et par conséquent il est nécessaire pour la synthèse des protéines.
Le fer est indispensable à la formation de la chlorophylle, à la respiration de la plante et à la synthèse de certaines protéines et enzymes. La carence se manifeste par un jaunissement entre les nervures chez les jeunes feuilles.
Le calcium est impliqué dans la division cellulaire, entre dans la constitution des parois cellulaires et il a un rôle dans la qualité des fruits (fermeté, équilibre sucre/acidité). Le manque de calcium rend les fruits plus vulnérables aux attaques fongiques et limite leur aptitude à la conservation.
Le magnésium est un constituant de la chlorophylle, indispensable à la photosynthèse, améliore la couleur et la brillance des fruits, participe à la formation et à la mise en réserve des sucres, hydrates de carbone et vitamines. La carence cause un brunissement du pourtour puis entre les nervures des vieilles feuilles.
Adventices
En utilisant l’indice d’abondance de chaque espèce adventice, cette étude a permis de ressortir quelques espèces adventices assez abondantes dans les serres du fraisier comme le souchet rond (Cyperus rotundus), le pâturin annuel (Poa annua), la digitaire (Digitaria sanguinalis), la dactyle (Dactyloctenium aegyptium), le mouron des oiseaux (Stellaria media), l’ortie (Urtica urens), le pourpier (Portulaca oleracea), la gnaphale (Gnaphalium antillanum), la senebière didyme (Coronopus didymus) et la vergerette (Erigeron bonariensis).
Désherbage
Désherbage chimique
Le glyphosate et le paraquat sont les deux désherbants non sélectifs qui ont été utilisés une à deux fois par cycle par 13 producteurs (65%). Appliqués sur le feuillage des adventices à des doses de 720 à 1.440 g de glyphosate/ha ou 400 à 600 g de paraquat/ha, ils contrôlent efficacement toutes les plantes adventices annuelles monocotylédones et dicotylédones.
Chez les plantes vivaces, comme le souchet (Cyperus rotundus), seule la partie aérienne est détruite alors que les tubercules restent vivants et ré-infestent les parcelles. Les doses de glyphosate utilisées ne peuvent détruire ni les tubercules du souchet ni les rhizomes ou bulbes des autres vivaces.
D’ailleurs, le glyphosate et le paraquat se dégradent rapidement dans le sol, et par conséquent d’autres adventices annuelles et vivaces poussent et ré-infestent les bandes traitées. D’où la nécessité d’intervenir régulièrement avec des opérations de désherbage chimique et/ou manuel.
Les traitements herbicides avant plantation ont été faits avec les pulvérisateurs à moteur tracté équipés de deux lances, alors que ceux après plantation se font avec pulvérisateurs à dos. Le volume de bouillie a varié de 400 à 800 L/ha. Les traitements avant la plantation du fraisier sont généralisés sur toutes les parcelles, alors que les traitements de post-levée ont été réalisés sur les allées entre les bandes plantées.
Les dépenses pour l’achat des herbicides ont varié entre 180 Dh/ha/traitement (2 L de produit commercial contenant glyphosate) et 750 Dh/ha/traitement (2 fois 2,5 L de produit commercial contenant le paraquat), avec une moyenne de 650 Dh/ha/traitement. Les frais d’application des herbicides sont estimés en moyenne à 600 Dh/ha (300 Dh frais du tracteur et 300 Dh de salaire pour 5 personnes hommes ou femmes).
Sarclage manuel
Chez les 20 producteurs, le nombre de sarclage avec la houe ou la sape entre les billons a varié de 4 à 8 par an. Chaque opération de sarclage avec la houe a nécessité de 7 à 20 personnes/ha. Les salaires ont varié de 55 à 60 Dh/personne/jour et les journées de travail ont été, en général, de 8 heures. Les dépenses ont varié selon les degrés d’infestation par les adventices. Elles ont fluctué de 700 à 1.400 Dh/ha/opération, avec une moyenne de 900 Dh/ha/opération. En général, les dépenses ont varié de 2.240 à 7.800 Dh/ha/an, avec une moyenne de 4.700 Dh/ha/an.
Arrachage manuel
Le nombre d’opérations d’arrachage manuel des adventices entre les plantes du fraisier a varié de 4 à 6 par an. Chaque opération a nécessité de 10 à 25 personnes/ha. Les salaires ont varié de 55 à 60 Dh/jour et les journées de travail ont été en général de 8 heures. Les dépenses ont varié selon les degrés d’infestation par les adventices. Elles ont fluctué de 700 à 1.600 Dh/ha/opération, avec une moyenne de 900 Dh/ha/opération. En général, les dépenses ont varié de 2.800 à 6.000 Dh/ha/an, avec une moyenne de 4.000 Dh/ha/an.
En tout cas, l’arrachage manuel est régulièrement réalisé dans l’ensemble des exploitations pour garder les fraiseraies propres. Il consiste également à éliminer les feuilles basales du fraisier qui touchent le sol et qui peuvent constituer un refuge pour les agents pathogènes.
Lutte contre les agents pathogènes
Plusieurs agents pathogènes du fraisier ont été récemment identifiés: Alternaria alternata, Aspergillus nidulans, Botrytis cinerea, Chaetomium globosum, Colletotrichum acutatum, Fusarium avenaceum, Fusarium oxysporum, Fusarium semitectum, Fusarium solani, Gliocladium roseum, Mucor sp., Rhizoctonia solani, Stachybotrys atra, Stemphylium botryosum, Thielavia terricola, Ulocladium atrum et Verticillium dahliae.
En 2012-13, les principales maladies du fraisier ont été l’oïdium, causé par Sphaerotheca macularis, la pourriture grise, causée par Botrytis cinerea, la maladie des tâches pourpres causée par Ramularia sp. et l’anthracnose causée par Colletotrichum fragariae.
En 2012-13, les fraisiculteurs ont utilisé 18 fongicides. Les produits utilisés sont composés d’une ou de deux matières actives. Toutes les parcelles ont reçu de 7 à 15 traitements/cycle (11 traitements en moyenne) car le fraisier est très sensible aux maladies notamment l’oïdium. Les 3 fongicides les plus utilisés ont été Myclobutanil (90% des producteurs), Triadimenol (75%) et Fenhexamide (50%). Les traitements sont réalisés à l’aide de pulvérisateurs à tracteur équipés d’une à 4 lances et débitant un volume de 1.000 à 1.200 L/ha.
Les dépenses pour l’achat des fongicides ont varié entre 2.700 et 14.200 Dh/ha, avec une moyenne de 10.000 Dh/ha. Le coût des traitements fongicides a été en moyenne de 10.000 Dh/ha/cycle.
Les traitements fongicides répétés ne sont pas faciles à gérer compte tenu des LMR (limites maximales de résidus) et des DAR (délais avant récolte) qui doivent être scrupuleusement respectées, essentiellement pour les fraises exportées.
Lutte contre les acariens
Les acariens (Tetranychus urticae) sont des ravageurs redoutables, car ils piquent les cellules et sucent le contenu, ce qui se traduit par un jaunissement ou un aspect bronzé du feuillage. Les feuilles infestées sont couvertes par des toiles tissées par les acariens adultes.
Chez les 20 producteurs enquêtés, 7 acaricides (10 produits commerciaux) ont été utilisés à raison de 4 à 12 traitements/cycle avec une moyenne de 8 traitements/cycle. Les 3 acaricides les plus utilisés en 2012-13 sont l’abamectine (66%), suivi de clofentézine (16%) et du spiromesifen (9%).
Les traitements ont été réalisés à l’aide de pulvérisateurs à tracteur équipés d’une à 4 lances et débitant un volume variant de 1.000 à 2.000 L/ha.
Les dépenses pour l’achat des acaricides ont varié entre 2.000 et 10.000 Dh/ha, avec une moyenne de 7.000 Dh/ha.
Etant donné le nombre élevé de traitements acaricides, la gestion des traitements sur le fraisier est nécessaire en vue de respecter les LMR et les DAR.
Par ailleurs, les recherches ont montré que la lutte intégrée contre les acariens est possible. Cette lutte intégrée est basée sur a) l‘utilisation des plants indemnes d’acariens, b) le bon suivi de l’irrigation et de la fertilisation pour garantir une bonne vigueur des plantes, c) l’élimination des adventices qui peuvent héberger les acariens, d) le lâcher de deux prédateurs: Ambliseius californicus et Phytoseiulus persimilis, et e) la lutte chimique raisonnée avec des acaricides comme l’abamectine, spiromésifène (OBERON) ou clofentizine (APOLLO) qui sont compatibles avec la lutte biologique.
Lutte contre les insectes ravageurs
Les principaux insectes ravageurs du fraisier sont les thrips (Frankliniella occidentalis), les noctuelles (Spodoptera exigua et Spodoptera littoralis), les pucerons et récemment la drosophylle (Drosophylla suzukii).
Sept insecticides ont été utilisés par les 20 agriculteurs à raison de 6 à 13 traitements/cycle avec une moyenne de 8 traitements/cycle. Les 3 insecticides les plus utilisés en 2012-13 ont été deltaméthrine (95%) l-cyhalothrine (85%) et Chlorpyrifos (50%). Toutes les matières actives employées sont utilisées contre les thrips, les noctuelles et les pucerons avec des doses relativement élevées.
Les traitements ont été réalisés à l’aide de pulvérisateurs à tracteur équipés d’une à 4 lances et débitant un volume de 1.000 à 1.200 L/ha.
Les dépenses pour l’achat des insecticides ont varié entre 1.800 et 6.000 Dh/ha, avec une moyenne de 3.600 Dh/ha.
Vu les exigences de plus en plus strictes du marché européen en matière de résidus de pesticides, la lutte intégrée parait la plus adéquate pour faire face aux ennemis du fraisier. Les LMR (limites maximales de résidus) et les DAR (délais avant récolte) doivent être constamment respectés, essentiellement pour les fraises exportées.
Virus
Des virus peuvent se développer dans les plantes du fraisier marbrure ou moucheture provoquée par le virus SMV (strawberry mottle virus), le bord jaune provoqué par le virus SMYEV (strawberry mild yellow-edge virus), le virus de l’enroulement provoqué par le SVB (strawberry vein banding virus), le virus SCV (strawberry crinkle virus), etc…. Les producteurs font attention pour planter un matériel végétal indemne de virus et surveillent leurs serres pour traiter les vecteurs de virus, notamment les pucerons.
Bactérie
La bactérie gram-négative (Xanthomonas fragariae) cause la tache angulaire chez le fraisier (angular leaf spot). Cette maladie a été longtemps confondue avec d’autres maladies fongiques qui présentent des symptômes similaires. Les symptômes peuvent être observés sur toutes les parties de la plante (rhizomes, stolons, feuilles, pétioles, sépales, pétales, fruits). Les lésions s’étendent, fusionnent et forment des tâches irrégulières brun rougeâtre comportant des zones nécrosées. Les sépales infectés noircissent et le fruit n’est plus vendable.
Protection des applicateurs de pesticides
Différents herbicides, fongicides, insecticides et acaricides sont utilisés pour protéger le fraisier. Les pulvérisateurs à tracteur, à moteur et même à dos sont utilisés par tous les producteurs, mais dans la plupart des cas, les applicateurs font les traitements avec le minimum de protection, mettant ainsi leur santé en danger.
Récolte
La récolte du fraisier a lieu dès le début du mois de novembre (pour les plants en motte) et se poursuit jusqu’à début de juillet. En pleine production, c’est-à-dire au stade optimal de maturité, la récolte se fait chaque 3 jours ou 10 fois/mois. La récolte, le triage, la mise en barquette se font sur la parcelle pour éviter les nombreuses manipulations des fruits. Les récoltes sont généralement immédiatement suivies de traitements phytosanitaires afin de respecter les délais avant récolte (DAR) avant la prochaine récolte. Les DAR devraient être inférieurs ou égaux à 3 jours.
La récolte d’un hectare nécessite en général 10 ouvriers. Les salaires ont été de 70 Dh/jour (60 Dh net/jour + 10 Dh/jour/ personne pour le transport) et les journées de travail ont été en général de 8 heures. Pour environ 70 récoltes/cycle, les dépenses sont estimées en moyenne à 42.000 Dh/an/ha, représentant ainsi environ 14 à 15 % du coût de production.
A noter que les exportations marocaines de fraises fraîches vers l’Union Européenne ont varié ces dernières années entre 20 et 30 mille tonnes (soit 20 à 25% de la production). Celles des fraises surgelées exportées ont varié de 50 à 55 % de la production, alors que 25 à 30% de la production nationale sont consommés localement. Les ventes sur le marché national commencent dès novembre au prix de 30-40 Dh/kg. Ces prix diminuent progressivement avec la forte production et la baisse des exportations. Les fabricants de confiture s’approvisionnent dès que les prix descendent à moins de 5 Dh/kg (période de pleine production).
La pluie entrave la récolte des fraises mais les grandes serres ont l’avantage de permettre la récolte pendant les jours de pluie, assurant la régularité des approvisionnements des marchés national et Européen.
Coût de production
Les dépenses globales pour réaliser toutes les opérations de culture ont été en moyenne de 270.000 Dh/ha pour les nantais, et de 300.000 Dh/ha pour les serres. Le fraisier, comme les autres cultures d’exportation, est une culture qui nécessite un investissement important dans la construction des serres (18 % du coût de production) ou des nantais (10 % du coût de production), achat des plants (26 à 30 %), récolte (14 à 16%), achat de pesticides (fumigants, herbicides, fongicides, acaricides, insecticides) pour la protection phytosanitaire (10 à 12 %), fertigation (11 à 13 %), irrigation goutte à goutte (6 à 7 %), etc.…
Rendement
Les rendements estimés par les producteurs ont varié de 750 à 1.100 g/plante, soit 40 à 60 tonnes/ha, surtout pour le fraisier de la première année, avec environ 900 g/plante ou 50 tonnes/ha. Les rendements sont liés au type de plants (motte ou à racines nues), à la variété, à l’état de santé des plants, à la conduite technique et au climat. Ces niveaux de rendement sont considérés élevés grâce à la haute technicité des producteurs. En 2012-13, le prix de vente des fraises commercialisées au Maroc ou exportées vers l’Union Européenne a été en moyenne de 6 à 7 Dh/kg.
Le fraisier de deuxième année a été observé chez 8 producteurs sur 20 (soit 40%), mais seulement 5% en terme de superficie enquêtée. En fait, le producteur procède, à la fin de la première année de production, à la taille des plants qui développent de jeunes pousses aptes à fructifier à partir de mi-novembre. La qualité des fruits est faible et les rendements sont aux alentours de 500 g/plante, alors que les plants de la première année peuvent produire plus de 1 kg/plante. D’ailleurs, ce mode de reconduite est pratiqué pour réduire le coût de production. Mais, il tend à disparaître au profit des nouvelles plantations.
Les exportations vers les marchés Européens se répartissent en deux périodes: fraises fraîches de novembre à fin mars et fraises surgelées d’avril à juin.
Les revenus de la vente de la production ont varié entre 240.000 et 360.000 Dh/ha avec un prix de vente de 6 Dh/kg et entre 280.000 et 420.000 Dh/ha avec un prix de vente de 7 Dh/kg. Ils étaient en moyenne 300.000 Dh avec un prix de 6 Dh/kg et 350.000 Dh avec un prix de 7 Dh/kg.
Marges bénéficiaires
Les bénéfices nets varient selon la production et le prix de vente. Selon cette enquête conduite en 2012-13, ils ont fluctué entre zéro et 100.000 Dh/ha.
Conclusions
Malgré la mécanisation du fraisier et l’emploi des pesticides, la culture crée beaucoup d’emplois. La récolte manuelle est une opération qui nécessite la main d’œuvre essentiellement féminine. Pour toutes les opérations culturales depuis le semis jusqu’à la fin du cycle, les salaires des ouvriers (femmes, filles, hommes, garçons) ont varié entre 50.000 et 70.000 Dh/ha, soit 17 à 26 %; la moyenne étant 63.000 Dh/ha, soit 21 % dans le cas de la serre et 23 % dans le cas du nantais. A rappeler que le coût de production a été en moyenne 270.000 Dh/ha pour le nantais et 300.000 Dh/ha pour la serre.
La production est de 40 à 60 T/ha dont la majeure partie (70-75%) est destinée à l’export. La récolte se fait dès fin novembre et s’étale jusqu’à début juillet, ce qui permet d’employer une main d’œuvre locale qualifiée et abondante.
En matière d’encadrement, les producteurs suivent les recommandations des fournisseurs d’intrants, des revendeurs de pesticides, des gérants de stations de conditionnement et de congélation, et des exportateurs marocains ou espagnols. Ils sont organisés en coopératives et/ou en associations, ce qui facilite le transfert de technologie, à tel point que les techniques de production employées sont presque similaires mais performantes chez la plupart, sinon la totalité, des fraisiculteurs.
Deux associations ont été récemment formées: Association Marocaine des Conditionneurs et d’Exportateurs de Fraise (AMCEF) et l’Association Marocaine de Petits Fruits Rouges (AMPFR) dont l’objectif est d’organiser, structurer et encadrer cette filière.
Parmi les contraintes signalées par les producteurs de fraises, on peut citer : a) coût de production en augmentation continue dû à la cherté des intrants et autres facteurs de production, b) main d’œuvre devenant exigeante (transport, sécurité sociale, durée de travail parfois inférieure à 8 heures de travail par jour) et chère (atteignant parfois 100 Dh/jour toutes charges comprises), c) marché non garanti car l’exportation est devenue difficile due à la concurrence de certains pays comme l’Espagne, l’Egypte et la Grèce, et l’exigence des pays importateurs, e) marges bénéficiaires en diminution et devenant parfois nulles, f) utilisation parfois excessive de pesticides (fumigants, herbicides, fongicides, insecticides et acaricides) ce qui risque d’avoir des résidus dans les fruits et d’avoir des effets néfastes sur les applicateurs, les sols et les eaux, g) absence de recherches sur les variétés, la fertilisation, l’irrigation, la protection, etc…
Ainsi, il est recommandé aux instituts de recherche INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), IAV (Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II) et ENA (Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès) d’entamer des recherches sur l’amélioration génétique, l’optimisation de l’irrigation, de la fertilisation et de la fertigation, le désherbage, la lutte intégrée contre les agents pathogènes et les ravageurs, etc… en vue de trouver les meilleures techniques de production, de maximiser les rendements, d’améliorer la qualité des fruits, de réduire les coûts de production et d’éviter la contamination de la nappe phréatique par les nitrates et les pesticides.
De même, il est recommandé à l’ONSSA (Office National de la Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires) et à l’ONCA (Office National du Conseil Agricole) de renforcer le système d’encadrement des producteurs à travers la généralisation des bonnes pratiques agricoles pour améliorer les techniques d’application des pesticides, éviter la contamination des fruits par les pesticides, éviter la contamination des eaux souterraines par les nitrates et les résidus de pesticides, procéder à des contrôles et analyses réguliers de résidus dans les fruits, et interdire les pesticides toxiques aux pollinisateurs ou ayant des délais avant récolte (DAR) inadaptés au fraisier.
Abbès Tanji (1), Mohamed Benicha (2) et Mostafa Mamdouh (3)
(1) Consultant en Agronomie,(2) INRA- Tanger, (3) Promagri, Laouamra, Larache