Malgré que l’épandage mécanique d’engrais ait été introduit au Maroc depuis fort longtemps, les conditions de sa réussite, dans le contexte propre du pays, n’ont jamais fait l’objet d’études spécifiques.
Sur le terrain, la situation donne l’impression que toute la problématique de l’épandage est réduite à sa seule facette mécanique de la maîtrise des réglages du distributeur. Même pour l’utilisateur bien averti, dès lors que les prescriptions de la notice d’emploi, telle qu’elle a été élaborée par le constructeur, sont scrupuleusement respectées (attelage, prise de force, largeur, débit, …), l’épandage est considéré comme étant bien fait et il n’y a pas à s’en soucier.
Or, le Maroc n’est pas fabricant d’épandeurs mais importe du matériel dont l’étalonnage a été fait ailleurs, avec des engrais qui n’ont pas forcément les mêmes caractéristiques que ceux fabriqués sur place. D’autre part, un bon réglage n’est pas la seule condition de réussite de l’épandage. Encore faut-il maîtriser toutes les étapes qui le précèdent (choix de l’engrais, façon de le stocker, de le transporter, de le mélanger, …), pour qu’elles ne soient pas des sources primaires d’hétérogénéité, susceptibles d’affecter la qualité de l’opération.
L’homogénéité de l’épandage est très dépendante de la qualité de l’engrais utilisé. Une granulométrie et une densité serrées, une bonne coulabilité du produit dans la trémie et dans le mécanisme de dosage, sont autant de propriétés physiques d’une bonne homogénéité d’épandage. Une granulométrie trop étalée, une densité irrégulière, la présence d’un taux de poussière ou d’agglomérats de reprise en masse élevé, sont par contre des facteurs défavorables à un épandage uniforme.
Aux Domaines Agricoles, il a été décidé en 2003 de reprendre cette question des épandages à la base, en vue d’établir les règles agronomiques de travail pour la société. Le but de ce bulletin est de faire profiter l’utilisateur des premiers éléments complets obtenus dans le cadre de ces essais de normalisation interne.
D’après les statistiques du ministère de l’agriculture, la culture d’amandier s’étend sur une superficie d’environ 134.000 ha, ce qui représente 70% des rosacées fruitières et 1,5% de la SAU. La production d’amandes non décortiqués se situe à 50.000 t, soit un rendement moyen de 0,37 t/ha. Les vergers ont une taille réduite, puisque 82% ont moins de 5 hectares.
Ce secteur joue un rôle socio-économique important et participe à la création d’environ quatre millions de journées de travail et génère une valeur commerciale de plusieurs milliard de dirhams.
Deux types de plantations cohabitent au niveau de ce secteur:
Les plantations traditionnelles: représentent plus de 50% et se localisent essentiellement en zones de relief (Azilal, Al Hoceima, Amezmiz,…). Elles présentent une importance incontestable dans la mise en valeur de ces écosystèmes fragiles de montagne et participent aussi à la fixation des sols et à l’embellissement des paysages (Photo p. 1, Voir fichier pdf);
Les plantations semi-intensives et modernes: comprennent les vergers réguliers avec des variétés commerciales (Photo page 2 (Voir fichier pdf): verger moderne d’amandier). Elles sont localisées au niveau des régions de Meknes, Fez, Marrakech, Essaouira, Beni Mellal.
Durant les vingt dernières années, ce secteur a connu une évolution très rapide avec un accroissement annuel de 2000 hectares. Ce développement est réalisé grâce aux efforts conjugués de l’état (incitation à la plantation par la distribution de 2,5 millions de plants, sélection de variétés performantes, encadrement…) et de la profession. Les sécheresses récurrentes, le manque d’eau d’irrigation et le réchauffement atmosphérique (réduction des disponibilités en froid) ont été aussi à l’origine de cette évolution.
L’amandier, filière importante dans notre agriculture, nécessite une mise à niveau et une reconversion des plantations traditionnelles pour améliorer les rendements.
Caractéristiques des plantations traditionnelles et possibilités de leur amélioration
Issus de semis, les arbres de ces plantations sont très hétérogènes sur la plan vigueur, époque de floraison et peu productifs en raison de plusieurs facteurs, entre autres, la mauvaise pollinisation et le manque d’entretien. Les qualités pomologiques des fruits sont généralement de faible valeur commerciales (fruits petits et jumelés) et la production est très alternante. Les effets des gelées et de la sécheresse entravent leur développement et l’amélioration de leurs niveaux de rendement requiert un programme d’actions basé essentiellement sur une reconversion variétale et une conduite appropriée.
Les interventions à envisager dans ce contexte peuvent cibler quelques agriculteurs au niveau de chaque zone, pour servir de plate-forme de démonstration et de transfert de technologie. Elles consistent principalement en:
Un sur-greffage des arbres (jeunes et adultes) par un matériel végétal authentique et performant pour reconvertir les plantations improductives. Dans ce cas, le prélèvement de greffons peut se faire sur des variétés comme Marcona, Fournat, Ferragnès et Ferraduel ou tout simplement sur des arbres locaux (connus par les agriculteurs) pour leur productivité et la qualité de leurs fruits;
Un travail du sol sous la frondaison des arbres avec la confection d’impluvium pour collecter l’eau de pluie et faciliter son infiltration et son stockage dans le sol;
Une taille de formation et de fructification à pratiquer au niveau des vergers jeunes pour assurer le maintien d’une production optimale et régulière. Elle peut être combinée avec une réduction des densités des plantations pour favoriser l’aération et la réduction de la compétition pour l’eau;
Une diffusion de nouvelles variétés d’amandier, pour pallier à une contrainte locale (gelée,…);
Une formation d’une équipe de jeunes tailleurs (fils d’agriculteurs) pour opérer dans la zone et contribuer à redresser les vergers existants.
Si le matériel végétal de ces plantations présente un intérêt très limité pour une exploitation commerciale, il offre en revanche une importante diversité génétique. Cette dernière apparaît notamment au niveau caractéristiques des fruits (qualités organoleptiques et caractères pomologiques), époque de maturité, besoins en froid et tolérance à la sécheresse et dont l’exploitation peut se faire dans le cadre d’un programme d’amélioration génétique. Les pressions de sélection, naturelle et celle de l’homme, ont favorisé la survie d’individus tolérants à la sécheresse, productifs et de qualité pomologique intéressante. Un travail de prospection et de collecte des meilleurs individus, pouvant servir de porte-greffes ou de géniteurs pour des caractères d’intérêt, revêt une grande importance pour le pays.
Acquis de l’INRA en matière de recherche développement
Les premiers travaux de prospection effectués en 1971 dans les zones de culture traditionnelle (Rif, oasis) ont permis de collecter 53 clones sur la base de la tardiveté de floraison, de la qualité des fruits et leur résistance à certaines maladies. Leur évaluation dans les conditions du sud marocain a permis de sélectionner 8 clones (Amekchoud 3, Toundout 3j, BI2L, Hart3J, Hart16J, Toundout 8J, BI2R et BII25R). Ces clones ont été diffusés dans leur berceau pour la culture (Errachidia).
D’autres individus d’amandier amer et d’hybrides naturels amandier x pêcher, pouvant servir de porte-greffe, ont été collectés et mis en collection à l’INRA. Ils sont en cours d’évaluation pour la résistance à la sécheresse et la tolérance au capnode.
Les introductions variétales issues de programmes de recherche avancés d’autres pays (France, Espagne, USA, Syrie, Italie) ont débuté aussi en 1970 pour atteindre actuellement plus de 250 variétés. Cette richesse situe le Maroc parmi les pays les plus représentatifs en diversité génétique des collections d’amandier.
L’évaluation de ce matériel végétal a permis de mettre à la disposition des arboriculteurs des variétés performantes et qui constituent actuellement la base des plantations commerciales.
Groupe des variétés à floraison précoce
Ce groupe a Desmayo comme variété principale (à coque dure) qui s’associe avec le clone AT8 pour la pollinisation. Ce dernier a été sélectionné par l’INRA en raison de la forte sensibilité de la variété Abiod (utilisée précédemment comme pollinisateur) à la moniliose. La floraison a lieu pendant le mois de janvier et ce groupe présente l’avantage de valoriser les zones à faible pluviométrie et à hiver sans risque de gelée.
Groupe des variétés à floraison semi-précoce
Ce groupe comprend essentiellement Marcona comme variété de fond et Fournat de Breznaud en tant que pollinisateur et dont la floraison se situe durant la 2ème décade de février. Il reste le plus répandu au niveau national en raison de la mise à fruit rapide et de la bonne fertilité de Marcona. Son fruit est d’excellente qualité pomologique avec une coque dure (rendement au concassage de 30%) lui permettant d’être stocké et commercialisé facilement. Cette association reste soumise au risque de gelée printanière certaines années. En effet, le seuil des températures critiques se situe à – 3°C au stade bouton blanc, à – 1,5 °C en pleine floraison et à -0,5°C au stade jeune fruit.
Groupe des variétés à floraison tardive
Ce groupe, constitué de Ferragnes et Ferraduel, a pris plus d’importance dans les zones gélives. Sa floraison se situe en fin Février début Mars (selon les années). La pollinisation de leur dernier flux de floraison peut être obtenue en leur associant une variété autofertile comme Tuono ou autres.
Variétés autofertiles
Ce groupe, constitué des variétés Lauranne et Mandaline, vient d’être recommandé par l’INRA pour sa floraison tardive et présentant l’avantage d’être autofertile. Ces variétés s’affranchissent donc des contraintes à la pollinisation qui limitent fréquemment les rendements en vergers traditionnels.
Ces génotypes fructifient essentiellement sur les bouquets de mai et doivent être recommandés en secteur intensif avec de préférence des irrigations d’appoint. Ils ont une durée de floraison de 12 jours environ et une charge en bouquet de mai de 40/mètre linéaire. Leur rendement au concassage est de 29 à 32% avec un poids moyen de 1 g pour l’amandon qui est simple (pas de double).
Le rendement moyen obtenu en conditions expérimentales à Meknès est de 1,5 T/ha et peut atteindre 2 à 2,5 T en bonnes conditions de culture. Ces variétés peuvent facilement être associées avec Ferragnès et Ferraduel pour un complément de pollininisation.
Etant donné que le secteur est en pleine extension, un choix judicieux et diversifié des variétés doit être effectué en tenant compte des risques de gelée, des hauteurs pluviométriques annuelles de chaque zone et des soins à prodiguer au futur verger. Pour un verger moderne, il est souhaitable de préconiser au moins deux groupes de variétés pour minimiser les risques de gelée qui reste la principale contrainte de cette espèce.
Amélioration des conditions de pollinisation
Les variétés de fond des trois premiers groupes et les plants d’amandier, issus de semis en peuplement naturel, sont auto-incompatibles. Leur association avec des pollinisateurs spécifiques qui ont des périodes de floraison concordantes est nécessaire pour la pollinisation. Celle-ci consiste en un transfert et dépôt du pollen sur le stigmate réceptif.
La durée de réceptivité du stigmate pour le pollen (durée effective de pollinisation) est de l’ordre de 2 à 6 jours et correspond donc à la période durant laquelle la fleur doit être obligatoirement pollinisée pour donner un fruit. La fécondation des ovules reste donc une phase critique dans le processus de reproduction et de fructification de cette espèce et dont la floraison est abondante.
Une pollinisation adéquate du maximum de fleurs, un à deux jours après ouverture florale, donne une bonne nouaison. L’optimisation de la pollinisation peut être obtenue d’abord par un dispositif de plantation adéquat avec une répartition dans le verger de une ligne de la variété pollinisatrice avec deux lignes de la variété de fond jusqu’à une ligne alternante si les deux variétés ont le même intérêt commercial. Etant donné que l’abeille reste le principal vecteur de pollinisation, une meilleure nouaison peut aussi être obtenue en plançant dans le verger 4 ruchers d’abeilles par hectare dès que les premières fleurs s’ouvrent et en évitant les traitements phytosanitaires durant cette période. Leur distribution doit être bien répartie avec une orientation de l’ouverture vers le côté du levé de soleil.
Les abeilles sont actives lorsque les températures se situent entre 16 et 26°C et sont capables de visiter 10 à 15 fleurs par minute. Dans ces conditions, un taux de nouaison moyen de 20 à 30% peut être obtenu et le rendement qui en résulte est par conséquent meilleur si les autres facteurs de production sont maîtrisés.
La durée de floraison dépend des températures qui sévissent avant et durant la période de celle ci et peut s’étaler sur deux semaines environ avec plusieurs flux. Les fleurs n’ont pas la même aptitude à la nouaison et les premières sont plus effectives. Des déséquilibres hydriques et alimentaires pendant la période d’induction florale induisent des anomalies florales (stérilités, avortement ovulaire) et contribuent à la réduction des rendements et à leur alternance.
Les conditions climatiques, caractérisées généralement par d’importantes variations inter-annuelles dans les disponibilités en froid et en chaleur, ont aussi un impact considérable sur les périodes de floraison des variétés inter-pollinsatrices. Des décalages de floraison assez importants peuvent être observés (cas de 2004) et une partie des fleurs ne peut pas être fécondée. L’adoption de variétés autofertiles peut pallier à ce décalage et présente l’avantage de s’affranchir aussi des contraintes liées aux basses températures qui ralentissent la croissance des tubes polliniques.
Importance des plants certifiés
L’utilisation de plants certifiés est un autre aspect à prendre en considération dans l’établissement des nouvelles plantations. Les conditions de qualité, à savoir l’authenticité variétale et l’état sanitaire, sont garantis. Les risques de baisses considérables de rendement et même de réduction de vigueur et de dégénérescences des arbres liés aux agents infectieux (virus, viroïdes et mycoplasme) existent dans l’adoption d’un plant de type commun. Le règlement technique de la DPVCTRF en cours, sensibilise les pépinièristes et les arboriculteurs sur l’intérêt de la production et de l’utilisation de plants certifiés. C’est l’opération de départ qui donne les chances à un plant pour extérioriser ses performances et augmenter les rendements.
Perspectives
Le besoin sans cesse pressant de cultiver l’amandier même en zone à haut risque de gelée nécessite de sélectionner encore plus pour la tardiveté de floraison. L’évaluation de nouvelles variétés très tardives à la floraison (après Ferragnès et Ferraduel) est en cours de réalisation dans le Domaine Expérimental de l’INRA à Aïn Taoujdate. Un programme d’hybridation, combinant la tardiveté de floraison et l’auto-compatibilité est entrepris depuis quelques années. Des résultats encourageants sont obtenus et seront mis à la disposition de la profession dès leur confirmation.
L’amélioration pour la tolérance aux attaques larvaires du capnode noir constitue aussi un axe de recherche important dans le programme de recherche de l’INRA et en collaboration avec l’ENA. Le semis de Marcona, qui donne des plants homogènes en pépinière, de l’amandier amer et l’hybride amandier x pêcher GF677, restent sensibles à ce ravageur qui causent des dégâts importants au niveau des racines surtout lorsque la culture est en situation de stress intense. La lutte chimique est onéreuse et ne préserve pas l’environnement. La sélection d’un porte-greffe tolérant à ces attaques et qui supporte mieux la sécheresse est donc important pour cette culture.
REFERENCES
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LAGHEZALI, M., A.MAMOUNI (2001) Sélection des clones et de types apparentés à la variété d’amandier « Marcona ». IIème colloque GREMPA.
Ahmed OUKABLI et Ali MAMOUNI
INRA, Unité de Recherche Amélioration des Plantes et Conservation des Ressources Phyto-génétiques, Centre Régional de Meknès, BP 578
La bâche à plat est une technique de protection physique de la culture. C’est un moyen de semi-forçage simple, efficace et économique. La bâche, constituée par un film plastique perforé ou par des matériaux non-tissés, couvre directement le sol et les plantes.
Ces matériaux souples, légers, perméables à l’air et à l’eau, et transparent aux rayonnements thermiques protègent les plantes dans leur environnement. La bâche à plat couvre plus de 40.000 ha en Europe, 6.000 ha aux USA et 4.000 ha au Japon.
Les plantes qui se développent sous la bâche, la soulèvent au fur et à mesure de leur croissance. Il se crée ainsi une enceinte, sorte de mini-serre, dont le micro-climat favorise la croissance et le développement des plantes améliorant ainsi la précocité et la productivité.
Les bâches à plat sont essentiellement utilisées à la fin de l’hiver pour favoriser le départ des cultures de printemps en contribuant à une levé rapide et homogène des semis d’une part, et en accélérant la reprise des cultures précoces d’autres part.
En plus de la protection contre les aléas climatiques qu’elle assure, la bâche à plat protège les plantes contre les dégâts directs des oiseaux et des insectes et les dégâts indirect des insectes transmettant des virus.
La bâche à plat (film plastique perforé ou voile non tissé) est appelée en anglais floating row cover (perforated film, or direct cover, or non woven, and/or spunbonded), en espagnol cubierta Plana (ou Fime Perforado, ou Velo non tejido) en italien Copertone Piane (Foglia Pertorata, ou Foglio non tessudo).
Caractéristiques des bâches à plat
Les bâches utilisées actuellement appartiennent à deux familles de plastique:
Les films, obtenus par extrusion-soufflage, sont ensuite perforés. Les perforations peuvent prendre la forme de trous ou d’entailles.
Les agrotextiles, ou non tissés, obtenus à partir de filaments répartis de manière isotrope pour constituer une nappe ou voile; la cohésion de la nappe est obtenue par calandrage à chaud.
Films plastiques perforés
Films à trous
Les films perforés avec une densité entre 500 et 1000 trous par m², sont formés d’un film homogène de polyéthylène (PE), de 30 à 50 microns d’épaisseur. Parmi les qualités des films, citons la grande résistance mécanique, l’effet thermique et la transmission lumineuse. La porosité à l’air définie par un pourcentage d’ouverture, évite les excès d’humidité et minimise les inversions de température sous polyéthylène.
Les points faibles des films à trous concernent la pénétration de l’eau (faible et préférentielle) ainsi que le poids relativement élevé (45 g/m2 pour le film de 50 microns d’épaisseur) ce qui peut entraîner des blessures de certaines plantes par vent violent.
La largeur des films varie entre 1,80 à 14m. Les largeurs de 10 à 12m sont les plus couramment utilisées car ils présentent des avantages certains par rapport aux petites largeurs: économie de main d’œuvre et réduction substantielle des effets de bordure.
Films à entailles
Contrairement aux trous qui sont ouverts, en permanence, les entailles fonctionnent à la manière de valves. Elles s’ouvrent progressivement au fur et à mesure de la croissance des plantes et de l’élévation de températures. les Films Xiro comportaient au départ 88.000 entailles minuscules par m2.
Les essais réalisés à travers l’Europe, en 1974, ayant montré que la porosité était insuffisante et que notamment l’eau ne pénétrait que difficilement; ont permis d’évoluer vers des entailles larges de 10 mm et de les disposer en quinconce à 4 mm d’intervalle, pour obtenir une densité de 30.000 entailles par m2.
Agrotextiles
Les agrotextiles sont très légers, minces et souples. Ils présentent généralement une bonne homogénéité et une forte porosité, qui n’est pas localisé comme c’est le cas chez les films perforés, mais mieux répartie à l’échelle de liaisons inter-fibre. Ils transmettent à taux élevé le rayonnement solaire et notamment le rayonnement photosynthétiquement actif. Ils bloquent efficacement l’infrarouge long, d’où un certain effet de serre, d’autant meilleur qu’il y a présence de condensation sur la paroi.
La porosité à l’air est de l’ordre de 10% ce qui laisse plus de souplesse à l’utilisateur pour le débâchage. Ces agrotextiles sont fabriqués à partir de polypropylène, de polyamide et de polyester (Tableau 1) (Voir fichier pdf).
Mise en oeuvre des bâches
Le terrain étant préparé, la culture implantée, le désherbage chimique réalisé, le paillage mis en place, on procède à la pose de la bâche. Après quelques semaines de protection, celle-ci est enlevée.
Choix des bâches
Les choix d’une bâche dépend d’un certain nombre de facteurs, à savoir le contexte climatique de la saison, la physiologie de l’espèce cultivée et les caractéristiques des bâches. Les films à trous et les agrotextiles sont complémentaires, le double bâchage en est l’illustration.
Toutes les espèces et variétés ne supportent pas de façon égale cette technique. La réponse variétale est très importante à considérer. Une variété peut par exemple se développer parfaitement sous un type de bâche et pas du tout sous un autre.
Les résultats d’un essai, réalisé au Sud-Est de la France sur la culture du melon, confirment l’intérêt du film thermique perforé 800 trous, qui, outre ses qualités agronomiques, permet une économie de main d’œuvre non négligeable car il ne nécessite aucune intervention manuelle d’aération, de la plantation à l’enlèvement du film.
Précautions avant la pose des bâches
Avant la pose des bâches, le sol doit être humide mais correctement ressuyé. Une irrigation peut être envisagé pour pallier un manque d’eau dans le sol.
Le microclimat sous bâche étant favorable au développement des mauvaises herbes, on devra assurer un bon désherbage chimique, d’autant plus qu’aucune intervention ne sera possible avant la dépose des bâches. L’utilisation du paillage plastique noir est souhaitable.
Il faut assurer la protection sanitaire des semences et plants. Les plants élevés en abris chauffés doivent être durcis par un abaissement progressif des températures afin d’éviter tout choc végétatif lors de la mise en pleine terre.
Pose des bâches
Pour mettre en place les bâches, il faut choisir une journée calme: absence de vent, et/ou de pluie. Dans les zones ventées, il est souhaitable d’utiliser des brises-vents et/ou de poser les bâches dans les sens du vent dominant.
La tension du film est fonction de la durée d’utilisation. Pour les couvertures à court terme la bâche est tendue. On réduit ses mouvements, ce qui évite les blessures sur jeunes plantules. Au contraire, pour une utilisation à long terme il faut que les bâches ondulent pour laisser de la place à la végétation au fur et à mesure de son développement.
Le nombre de personnes nécessaires pour mettre en place la bâche, varie suivant la largeur du film utilisé; deux personnes suffisent pour une bâche de faible largeur (3m), 4 à 5 peuvent être nécessaires pour une bâche de grandes largeur (6 à 10m). Elle sera fixée à une extrémité en la maintenant dans une tranchée recouverte de terre, puis la dérouler en portant la bobine sur un axe et l’étaler. Ensuite, fixer les côtés latéraux en les recouvrant de terre, sans exercer de tension pour permettre le développement de la plante. Il existe des dérouleuses qui assurent la pose et la dépose des films pour différentes largeurs.
Protection phytosanitaire
A tous les stades culturaux, il est préférable d’agir préventivement, car une fois la bâche posée, la lutte curative est aléatoire ou impraticable. Par sécurité, des pulvérisations peuvent être cependant pratiquées par dessus les bâches. Il ne semble pas utile d’enlever temporairement la bâche pour pratiquer ces traitements.
Débâchage
La réussite d’une culture bâchée dépend de la date d’enlèvement de la bâche considérée comme une phase critique durant le développement de la culture. Pour une couverture permanente de la culture, la dépose s’effectue au moment de la récolte sans précautions particulières. Pour une couverture temporaire de la culture, la dépose se réalise à des stades végétatifs différents selon les espèces et en tenant compte des conditions climatiques. Pour éviter tout choc végétatif, il faut réaliser la dépose de la bâche en fin de journée de préférence, par temps doux et calme.
Réemploi
La réutilisation des films perforés peut s’envisager sur deux ou trois cultures. En sol lourd, la récupération du film peut s’avérer difficile si le buttage latéral a été trop important. Le réemploi des voiles et grilles est difficile, voire impossible, quand ils ont passé plus de trois mois sur une culture. Les fibres qui les constituent sont dégradées par des rayonnements solaires importants. En cas de réutilisation des bâches, il est indispensable de les embobiner et les stocker à l’abri du soleil et au sec, par exemple sous hangar.
Limites d’emplois des bâches
Comme toute technique, celle de la bâche présente des limites à son utilisation. Les aléas climatiques imprévisibles peuvent anéantir les “effets bâches”. Si les résultats sont généralement positifs, ils peuvent être, dans des situations extrêmes, nuls voir négatifs. Parmi les exemples de situations négatives, on peut citer: les inondations en plein champ, la tempête, les gelées exceptionnelles et les températures trop clémentes.
Performances climatiques
Les principaux facteurs de variation sont la lumière, la température, l’alimentation en eau et le renouvellement de l’air. Pour améliorer la récolte, la précocité et le rendement, le producteur cherche à optimiser ces facteurs. Les bâches plastiques constituent certainement le moyen le plus simple et le moins coûteux de cette démarche.
La lumière
Une bâche neuve transmet la lumière avec une atténuation de 10 à 20% suivant les matériaux: 10% pour le polyéthylène, 10 à 15% pour le polypropylène et 15 à 20% pour le polyester. En cours de culture, cette atténuation peut atteindre 20 à 25% par suite de projection de terre, de dépôts de poussière et 35% lors d’un double bâchage. La lumière peut donc être un facteur limitant en jours courts, dans ce cas l’emploi d’une bâche neuve est certainement recommandée.
La figure 1 (Voir fichier pdf) montre que par journée claire, la transmission lumineuse sous bâche est seulement de 23 à 32 % pendant 1 à 2 h après le lever du soleil. Ce pourcentage augmente pour atteindre entre 14h et 15h une valeur maximale de l’ordre de 90%. Cette évolution s’explique par la présence sur le film, de gouttelettes qui persistent encore pendant une durée d’environ 4 à 5 heures après le lever du soleil.
Les températures
La bâche, par son effet “serre”, assure des gains de températures variables suivant les situations climatiques, les techniques de production et les bâches utilisées.
Par temps froid, le gain de température du sol et de l’air permet la continuité de la croissance des plantes malgré les températures extérieures basses. En Bulgarie, on a pu obtenir sous bâche une protection des fraisiers contre le gel (température de -4°C) pendant 5 jours. Sous l’effet du gel, les parcelles de pomme de terre abritées par la bâche en PE trouée n’ont subi que quelques brunissements sur la pointe des feuilles, tandis que la pomme de terre non couverte a été complètement détruite par la gelée.
Différents travaux ont déjà montré que cette technique procure un microclimat favorable aux cultures en favorisant notamment une meilleure croissance et une grande précocité de production.
La figure 2 (Voir fichier pdf) montre que les températures du sol à 10 cm de profondeur sous bâche sont supérieures de plus de 2°C à celles du témoin. Ceci s’explique par le bilan d’énergie du système bâche-air-sol-culture: l’énergie solaire captée est emmagasinée le jour et perdue, mais dans une moindre mesure, durant la nuit. Ce phénomène est accentué par le fait qu’il y a moins de convection, donc moins de pertes sous bâche qu’à l’extérieur. Ce phénomène peut s’expliquer par un bilan net positif dû essentiellement à l’effet de serre, confinement engendré par la couverture.
Les gains de température observés dans le sol peuvent être améliorés en augmentant la largeur de la surface couverte par la bâche. Par ailleurs, il faut aussi veiller au bon contrôle des mauvaises herbes sous bâche et utiliser un film opaque aux rayonnements infrarouges longs.
Lors des journées calmes et ensoleillées, les températures enregistrées sous bâche dans la région de Rabat ont été supérieures à celles du témoin non couvert (Figure 3) (Voir fichier pdf). Des résultats similaires ont été obtenus dans la région d’Agadir. Ce phénomène a déjà été rapporté dans de nombreuses études précédentes.
Par temps chaud, la perméabilité des bâches assure un certain renouvellement de l’air, de sorte que les hautes températures sont écrêtées. Contrairement aux autres techniques de forçage, la bâche ne nécessite pas d’intervention pour l’aération. Cependant, des échauffements sont à craindre par journée très ensoleillée. Sous le films PE perforés, 500 trous/m2 ne représentant que 4% d’aération.
Humidité de l’air
L’analyse des données obtenues permet de constater une élévation essentiellement nocturne de l’hygrométrie sous bâche. Les valeurs enregistrées ont été supérieures au témoin entre midi et 16 heures (Figure 4) (Voir fichier pdf). Une condensation de vapeur d’eau est observée sur la paroi interne du film tôt le matin car celle-ci est froide par rapport à l’air emprisonné sous la bâche. Cette eau s’évapore ou se restitue au sol sous forme de gouttelettes au cours de la journée. On a observé que ces gouttelettes disparaissaient progressivement entre 14h et 15h et pouvaient même persister pendant plusieurs jours lors des épisodes couvertes ou de journées pluvieuses.
L’eau
Elément du microclimat sous bâche, l’eau intervient à l’état de vapeur et de liquide. Le sol évapore de l’eau qui se condense sous le plastique. Cette eau est restituée au sol sous forme de gouttelettes, ce qui limite le dessèchement de surface. L’eau condensée renforce également l’effet serre procuré par les bâches, permet une économie d’eau (recyclage) et la création d’un microclimat favorable aux plantes, mais défavorable aux insectes (altises-pucerons).
Renouvellement de l’air
Le renouvellement d’air est permanent, l’air étant souvent en mouvement. Par temps calme, l’air circule par différence de densité (l’air chaud monte). Les perforations des films de PE ou la perméabilité de non tissés permettent un bon renouvellement de l’air. Ceci est intéressant non seulement pour éviter les taux excessifs d’hygrométrie mais aussi pour éviter l’abaissement du taux de CO2. Par vent faible, la bâche gonfle et ondule comme les vagues marines. Par vent violent, la bâche reflète les turbulences de l’air, elle est alternativement plaquée au sol et aspirée par l’air; il se produit un mouvement de battement qui est préjudiciable aux plantes.
Performances mécaniques
Effet de brise-vents
Les bâches protègent les cultures et le sol du vent et limitent de ce fait l’évaporation. Ce maintien de l’hygrométrie sous la bâche facilite la levée des semis ou la reprise des plantations.
La couverture avec les bâches à plat procure un effet brise-vent, protégeant les jeunes plants contre les vents violents pendant la plus grande partie de leur développement.
Maintien de la structure du sol
Par pluies battantes, ou grêle, la bâche joue le rôle d’un bouclier sur lequel l’énergie des gouttes vient se briser; ce qui évite au sol fragile une destruction de sa structure.
Réduction des agressions dues aux ravageurs
La bâche assure une protection efficace vis à vis des insectes (puceron, mouches, …), des oiseaux et du gibier. Elle permet de promouvoir une lutte intégrée en limitant les traitements pesticides.
Un voile de polypropylène de 10 g/m2 couvrant la laitue du semis jusqu’à 3 semaines après plantation, protège efficacement les plants du virus (Jaunisse virale de la laitue ou Jaunisse occidentale de la betterave) transmis par Myzus persicae. Dans le cas de melon et courgette, il a été rapporté que les bâches peuvent présenter une barrière physique contre les pucerons vecteurs de maladies virales.
Par ailleurs, sur une culture de courgette dans la région d’Agadir, on a noté que la bâche à plat (la bâche en PE 500 trous/m2 et la bâche Reemay) permet l’exclusion des pucerons durant toute la période de couverture. Ainsi, l’apparition des virus WMV-M et CMV est retardée d’un mois sur les plants couverts par rapport aux plants non protégés.
Performances liées à la culture
Le microclimat créé par la bâche concourt à optimiser les conditions de la photosynthèse, d’où une croissance des plantes accélérée, homogène, plus productive et de meilleure qualité.
Levée
Les conditions réalisées sous les bâches, température et humidité plus élevées, améliorent généralement la germination des grains, ainsi sur un semis d’endive, la levée est de 10% supplémentaire par rapport au témoin. La bâche permet d’augmenter le nombre de plantes viables, il importe donc de diminuer la quantité de graines semées.
Quatorze jours après le semis direct du melon (25 janvier) sous bâche à plat (PE perforé avec 800 trous/m²) dans la région d’Agadir, le taux de levée a été de 80% alors qu’il n’a été que de 47 % dans la culture non bâchée. 50% des levées ont eu lieu 10 jours après le semis chez les plantes couvertes et 15 jours après chez les plantes non couvertes.
Le taux de levée des graines de pastèques semées directement au sol, le 10 janvier, dans la région d’Agadir, a atteint 50% dix huit jours après semis sous bâche à plat en PE perforé (800 trous/m²). Par contre, le taux de levée de 50% a été atteint 21 jours après semis chez les plantules de pastèques non couvertes.
Croissance et développement
Dans un essai des bâches à plat (Film en PE perforé, film entailles multiples et voile en polyester) sur une culture de melon, nous avons noté que la croissance du feuillage des plants couverts par les bâches est plus rapide que celle des plants non couverts et que l’apparition des fleurs hermaphrodites est plus avancée sous les bâches par rapport au témoin.
Dans la région d’Agadir, on a trouvé que le nombre de feuilles d’une culture de courgette est amélioré par la bâche à plat. Par rapport au témoin, le nombre de feuille de courgette a augmenté de 100% sous le traitement couvert par la bâche à plat agrotextile et polyéthylène perforé (500 trous au m²). Sur la même culture, les fleurs sont apparues précocement sous la bâche agrotextile et PE troué. Les avances de floraison ont été de 16 jours par rapport au témoin.
Sept semaines après plantation de melon dans la région d’Agadir, le nombre de feuilles de melon sous bâche PE troué (800 trous/m²) a été 150 fois supérieur à celui de plantes non couvertes. Les fleurs hermaphrodites du melon sous bâche sont apparues 17 jours plutôt que celles des plantes non couvertes.
Deux mois après plantation de la pastèque dans la région d’Agadir, le nombre de feuilles sous bâche à plat (PE troué) a été 30% supérieur à celui des plantes de pastèque non couvertes. L’apparition de la première fleur femelle chez les pastèques plantées le 18/02, a eu lieu 5 jours plutôt chez sous bâche comparé au plein champs non couvert.
Productivité et précocité
La précocité obtenue, grâce aux bâches, se situe dans une fourchette d’une à trois semaines selon les espèces et les conditions climatiques par rapport à un témoin non couvert. La productivité et le rendement commercial précoce se trouvent améliorés par un meilleur peuplement (régulier et homogène) et par une croissance optimisée par rapport à une culture non protégée. En France, l’utilisation de la bâche à plat avance la récolte des laitues de 8 à 10 jours, celle des radis de 15 jours et celle des pommes de terre de 15 à 21 jours.
Il a été rapporté que les bâches à plat (film à entailles multiples et voile en polyester) associées à un paillage plastique noir du sol, ont permis une augmentation du rendement total d’une culture de melon (variété Goldstar) d’environ 33% par rapport au témoin (paillage plastique noir sans bâche) et que l’utilisation de la bâche avance la récolte d’une semaine.
L’utilisation des bâches à plat (film en PE perforé, film à entailles multiples, voile en polyester) sur une culture de melon permettent une réduction de la période s’étalant entre la plantation et la première récolte allant de 5 à 28 jours par rapport au témoin.
Chez la courgette plantée, dans la région d’Agadir, le 27/11, la bâche agrotextile a permis d’avancer la récolte de 10 jours et le film PE 500 trous/m² de 5 jours par rapport au témoin non couvert. Le rendement précoce exportable de la courgette (50% du rendement total exportable) a été obtenu le 10/02, le 14/02 et le 26/02, respectivement sous bâche agrotextile, sous film PE 500 trous et en plein champs non couvert, soit une précocité de production exportable sous bâche par rapport au plein champ de 12 à 16 jours.
L’Agrotextile et film PE 500 trous ont permis une augmentation, par rapport au plein champs non couvert, du rendement de courgettes commercialisables à l’hectare de 64 et 58% respectivement.
Par rapport à une culture de melon transplantée, dans la région d’Agadir, en plein champs non couvert le 7/02, celle transplantée sous bâche PE 800 trous/m² a commencé à produire 15 jours plus tôt, soit le 23/04. La production commercialisable obtenue avant le 15/05 (date des arrêts des exportations) a été de 2 kg/plant chez le melon sous bâche PE 800 et de 0,5 kg/plant chez le melon non couvert.
Homogénéité et qualité
La bonne levée des semis sous bâche permet d’obtenir un peuplement régulier qui se traduit souvent par un regroupement de la maturité et par des calibres homogènes.
Sur le plan hygiénique, en diminuant les traitements pesticides, on diminue les risques d’avoir des teneurs non souhaitables en résidus.
Résultats économiques
Le prix de revient d’un kg de courgette d’exportation est de 1,38 dh chez le traitement bâche Agrotextile, 1,38 dh dans le cas de la bâche PE 500 et de 1,66 dh chez le témoin de plein champs non couvert. La marge bénéficiaire par rapport au témoin a été de 59% pour la bâche PE500 et de 91% pour la bâche Agrotextile.
Nous avons obtenu une amélioration de la marge bénéficiaire de la culture de courgette sous bâche de l’ordre de 260% sous bâche PE 500 et de 326% sous agrotextile. Cette importante augmentation de cette marge est due aux dégâts causés sur les fruits de la courgette témoin, par la forte attaque des virus.
L’augmentation des charges dues à l’achat de la bâche, sa durée de fonctionnement, les frais de sa pose et dépose représentent par rapport au témoin non couvert 30% pour le PE 500 trous et de 33% pour l’agrotextile.
Comparé au plein champs, les charges additionnées par l’utilisation d’une bâche à plat (PE 800) sur une culture de melon transplantée dans la région d’Agadir ont été de 17%. Par contre, la marge bénéficiaire d’une culture de melon induite par la bâche à plat a augmenté de 113% par rapport au témoin non couvert.
Conclusion
Au Maroc, la bâche à plat a permis d’obtenir une précocité de production des cultures de courgette, melon et pastèque par rapport au témoin non couvert. La production précoce de ces cultures sous bâche a été possible grâce à l’effet serre généré par la bâche.
La bâche permet l’obtention d’un effet serre à moindre coût comparé à celui obtenu sous abri-serre. En effet, le coût d’installation de la bâche à plat en PE 800 trous est de 0,50 dh/m² comparé au coût d’installation d’un abri-serre qui est de 25-30 dh/m². Le coût annuel de la protection par la bâche PE 800 est de 0,50 dh/m² alors que celui d’une protection par l’abri-serre est de 5 dh/m².
La bâche a aussi joué le rôle de barrière aux pucerons qui transmettent les virus de courgette, ce qui a permis une protection de ces plants de courgettes contre les virus.
Prof. Hassan EL ATTIR
Département d’Horticulture
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II
A l’échelle mondiale, les pertes en production agricole causées par les parasites et les ravageurs des cultures s’évaluent à 40%. La quantité de pesticides appliquée chaque année est estimée à 2,5 millions de tonnes. La part de cette quantité qui entre en contact avec les organismes indésirables est très faible. La plupart des chercheurs l’évaluent à moins de 1%.
L’efficience d’application des pesticides est très faible et reste tributaire des techniques adoptées pour la diffusion de la bouillie sur la cible, plus précisément de l’état et des performances du matériel de pulvérisation utilisé. D’énormes progrès technologiques réalisés sur le matériel de pulvérisation agricole ont abouti à des niveaux d’efficience d’application des pesticides très élevés dans les pays développés. Cependant, cette efficience reste faible dans les pays en voie de développement pour des raisons techniques et économiques d’adoption et/ou d’adaptation de la nouvelle technologie.
Selon une étude réalisée par la FAO en 1998 sur 17 pays, le petit matériel de pulvérisation est largement utilisé par les agriculteurs et les problèmes rencontrés sont dus à un mauvais état des équipements, à des pratiques irrationnelles et à un manque de mesures de sécurité. L’étude a aussi constaté le grand potentiel du risque environnemental causé par l’utilisation des pesticides en présence de ces problèmes.
Par ailleurs, les méthodes d’application des pesticides pratiquées sur le terrain dans plusieurs pays en voie de développement ne reflètent pas l’avancement technologique des équipements de pulvérisation. Dans certains cas, le changement des buses du pulvérisateurs à dos pourrait à lui seul réduire de 70% les pesticides effectivement utilisés par les agriculteurs.
Au Maroc, le parc du matériel de pulvérisation est dominé à plus de 90% par le petit matériel à dos. Son utilisation rencontre d’énormes problèmes techniques de diffusion homogène de la bouillie et de valorisation des produits pesticides et de l’eau. L’utilisation des pulvérisateurs tractés est aussi sujette à des problèmes de choix, de réglage et de maintenance en relation avec la faible technicité de l’agriculteur.
A titre indicatif, les pertes en rendement des céréales dues aux mauvaises herbes s’estiment à un minimum de 25% et peuvent atteindre 100%. Les traitements herbicides sont en général réalisés à l’aide de pulvérisateurs à dos avec des efficacités qui sont dans la plupart des cas insuffisantes. Ceci est du à la déficience des techniques d’application des herbicides (choix des buses, volume d’eau, répartition de la bouillie, etc…) à tel point que le traitement d’un hectare de blé avec un pulvérisateur à dos nécessite parfois une journée de travail.
Ce diagnostic pousse à réfléchir pour la conception, au niveau de la recherche agronomique, d’autres matériels de traitement pesticide plus efficients et économiques en énergie humaine, en eau et en temps. Dans ce sens, un prototype de pulvérisateur agricole à moteur thermique a été développé au niveau du Laboratoire de Machinisme Agricole du Centre Régional de la Recherche Agronomique de Settat.
Au Maroc, une certaine expérience en matière d’échantillonnage de sol existe, mais peu de littérature pour en formaliser la procédure complète a été publiée.
Le but de ce bulletin est de présenter une synthèse sur le sujet, alliant éléments agronomiques, statistiques et de recherches disponibles dans le contexte marocain, afin d’aider le praticien à mieux raisonner l’échantillonnage, depuis le moment où il a été décidé de procéder au prélèvement, jusqu’à la remise de l’échantillon au laboratoire pour analyse.
Nécessité de la prise en compte du système de culture et du type de sol
L’espace de terrain, concerné par le projet d’échantillonnage, est composé de plusieurs parcelles, de différents types de sol et de différents systèmes de culture (grandes cultures, cultures maraîchères, agrumes, vigne,… etc.).
Du point de vue agronomique, les recommandations d’engrais ne peuvent confondre entre eux des types de sol différents ou des systèmes de culture différents. Il s’en suit alors que le nombre potentiel de sous espaces à prendre en considération pour réaliser l’échantillonnage du sol est donné par le tableau cartésien type de sol x système de culture.
L’expérience montre que la subdivision de l’espace est plus importante pour l’arboriculture, où le raisonnement du choix de l’unité d’échantillonnage peut être poussé, au sein d’un même système de culture global, jusqu’à la variété ou le porte greffe, que pour la grande culture où la rotation de plusieurs espèces est souvent traitée comme un tout.
D’une manière générale, dans un terroir agricole de superficie réduite, il est peu probable que tous les types de système de culture soient présents, en même temps, dans tous les types de sol. De même, au moment de l’échantillonnage, certains espaces peuvent être non concernés par l’objectif poursuivi. Si bien qu’en définitive, dans la pratique, le nombre réel d’espaces devant faire l’objet de la prospection, peut être largement inférieur au nombre théorique.
La grenade (Punica granatum L.) est un fruit comestible très anciennement connu dans le monde. Considéré comme symbole de beauté et de fertilité, le grenadier a été cultivé dans l’ancienne Egypte et a été propagé, par la suite, par les Grecs et par d’autres civilisations du pourtour de la méditerranée. Dans ce milieu, le matériel végétal local, sélectionné et maintenu par multiplication végétative, constitue un pôle important de gènes primaire de grenadier.
Dans plusieurs pays, des collections ont été établies pour préserver le matériel génétique. La plus grande collection de grenadier dans le monde a été installée en 1934 au Turkmenistan par l’IPRGI avec 1.117 accessions. Les cultivars les plus connus commercialement sont Roja en Espagne, Hicaznar en Turquie, Jolore Seedless en Inde et Manfalouty en Egypte.
Au Maroc, la culture du grenadier s’étend sur une superficie de 3.827 ha qui donne une production estimée à 45.900 T, soit un rendement moyen de 12 T/ha. Le grenadier est cultivé dans toutes les régions avec une certaine concentration dans la plaine du Tadla (24 %), du Haouz (20 %); de Settat (6,6 %); de Taounate (5,8 %); de Nador (5,3 %); de Chefchaouen (4,5 %); d’Azizal (3,3 %) et dans certaines oasis du sud. Elle est conduite en plantation régulière, seule ou associée à d’autres arbres fruitiers, mais aussi en plantations isolées à proximité des centres urbains.
La fête des grenades, qui commence à se tenir à Ouled Abdellah (Beni Moussa, région de Béni Mellal), témoigne de l’importance de cette espèce dans la mise en valeur de certaines régions du Maroc avec un choix judicieux des cultures. Cette espèce prend de plus en plus de l’importance et sa culture est passée du caractère traditionnel, avec des plantations dans des jardins familiaux et/ou en plantations éparses, pour se développer en vergers commerciaux, assurant une diversification fruitière à l’échelle nationale. Elle constitue une source principale de revenus pour de nombreux agriculteurs.
Utilisations du grenadier
Les grenades sont consommées de préférence fraîches ou en jus de grenadine rafraîchissant après transformation. La teneur en jus se situe autour de 35 à 50 ml/100 g de graines. C’est un fruit riche en vitamine C et en éléments minéraux (P, Ca, Mg, K). La richesse des graines en lipides varie selon les cultivars et la teneur en huile se situe généralement entre 6 et 122g par kg de matière sèche. Cette teneur reste insuffisante pour une exploitation industrielle. Les acides gras les plus dominants sont l’acide linoléique (43 à 88%) et l’acide oléique mono-insaturé (4 à 20%).
Les grenades sont classées en deux grand groupes: (i) les grenades à pépins doux qui servent pour la consommation en frais et sont de qualité meilleure si ce dernier est tendre et (ii) les grenades acides dont le pépin est souvent dur et qui sert généralement pour la transformation.
Le grenadier, avec des génotypes particuliers, sert aussi comme plante d’ornement pour la belle couleur de sa fleur.
Certaines parties de la plante sont aussi utilisées pour la tannerie du cuir, la teinture de la laine et de la soie. Sa pulpe sert d’ingrédient dans les préparations traditionnelles pour soigner des brûlures de l’estomac.
Durant ces dernières décennies, les zones de productions maraîchères marocaines ont souffert du manque d’eau, dû principalement à la sécheresse et à la sur-exploitation de la nappe phréatique. Cette rareté de l’eau rend presque impossible l’irrigation du maraîchage en sols sablonneux par le système gravitaire, d’où l’intérêt porté sur l’utilisation de l’irrigation localisée (appelée aussi le “goutte à goutte”).
Au Maroc, l’irrigation goutte à goutte des cultures maraîchères a occupé en 2002, une superficie de l’ordre de 20.000 ha dont 17.500 ha en maraîchage d’exportation et 2.500 ha en cultures maraîchères industrielles. Le développement de l’irrigation localisée des cultures maraîchères d’exportation et industrielles a induit une extension de ce type d’irrigation au maraîchage de saison et à la culture du maïs fourrager destiné à l’ensilage.
L’irrigation localisée est caractérisée par un apport d’eau localisé, fréquent et continu utilisant des débits réduits à de faibles pressions. Seule la fraction du sol exploitée par les racines est continuellement humectée. Le réseau d’irrigation (figure 1) (voir fichier pdf) est composé d’une station de tête (figure 2) (voir fichier pdf) qui comprend les systèmes de filtration et d’injection ainsi que des accessoires relatifs à la régulation de pression et à la protection du système, et d’un réseau de distribution. Celui-ci est composé de conduites d’amenée et de secteurs d’irrigation. Chaque secteur est contrôlé par une vanne et comprend des gaines ou des rampes portant des distributeurs. Les rampes sont branchées sur un porte rampe (ou antenne).
Le goutte à goutte permet une économie de l’eau (50 à 70 % par rapport au gravitaire et 30% par rapport à l’aspersion) et une utilisation de la fertigation. Il contribue à une augmentation des rendements, de l’ordre de 20 à 40%, et à l’amélioration de la qualité des productions maraîchères. Ce système de ferti-irrigation localisée assure une meilleure efficience de l’utilisation de l’eau et des engrais entraînant ainsi une réduction des pertes de solutions nutritives par lessivage et par conséquent une diminution de la pollution des nappes phréatiques par les engrais.
Par rapport aux autres systèmes d’irrigation, le goutte à goutte permet une baisse des dépenses en énergie utilisée dans le pompage, une réduction du coût de la main d’œuvre impliquée dans les opérations de l’irrigation et de la fertilisation, et une baisse des quantités d’eau et d’engrais utilisées.
Cet apport d’eau continu et localisé en bande, obtenue par le goutte à goutte en maraîchage, permet une réduction de l’évaporation, une diminution de la percolation de l’eau, une atténuation des effets du vent de chergui (vent chaud et sec) sur la culture, une meilleure conservation de la structure du sol, un accès facile aux parcelles pour la réalisation des différentes opérations culturales, et une réduction des mauvaises herbes. Ce système permet aussi d’exploiter des champs à topographie et configuration irrégulières, des sols lourds qui se fissurent en été, et des sol légers filtrant à forte percolation. La fréquence élevée des arrosages permet une dilution des sels présents dans la solution du sol sous le distributeur et un maintien des sels à la périphérie du bulbe humecté.
Pour une utilisation efficiente de l’irrigation goutte à goutte, on doit maîtriser la technique de conduite d’un réseau d’irrigation bien conçu et correctement installé. Ce mode de conduite doit tenir compte du risque potentiel posé à ce système, à savoir le problème de colmatage ou de bouchage des distributeurs. En effet, le colmatage entraîne une mauvaise répartition de l’eau dans le sol ce qui affecte la croissance et le développement des plantes. D’après des études réalisées au Maroc, plus de 80% des exploitations micro-irriguées souffrent de ce problème.
En vue de lutter préventivement contre ce problème, nous vous proposons dans le présent bulletin des techniques pratiques de conduite et de pilotage de l’irrigation goutte à goutte. Pour bien illustrer ces techniques, on prendra comme exemple la conduite des irrigations dans une exploitation de tomate industrielle située sur un sol limoneux dans le Gharb.
Le pistachier cultivé fut introduit au Maroc par l’INRA depuis les années 50. Des vergers de démonstration ont été mis en place dans différentes régions pour développer sa culture. Sa superficie actuelle s’étend sur 120 ha environ, répartis sur différents étages climatiques. Conscient de l’intérêt potentiel pour le développement de nombreuses régions, le Ministère de l’Agriculture a prévu, durant la fin des années quatre vingt, l’extension de cette culture à environ 2000 ha. Cet objectif n’a pu être atteint en raison de plusieurs contraintes liées à la nature de l’espèce et à la méconnaissance des techniques de sa conduite.
Le constat effectué sur le terrain a permis d’identifier les problèmes ayant entravé le développement de la culture du pistachier.
La transplantation s’est effectuée à racines nues et le plant du pistachier est fréquemment livré à lui-même après cette opération. Des taux de mortalité élevés (>50% dans plusieurs cas) ont été obtenus. Le taux le plus élevé est enregistré dans les vergers ayant subi un retard dans la transplantation. Le manque d’irrigation après la mise en place a amplifié ce problème. Cette espèce doit être multipliée sur place (semis et greffage dans le verger) pour éviter ces échecs, sinon la multiplication en sachet devient indispensable.
Disparition du cultivar
L’émergence des rejets issus du porte-greffe, qui se caractérisent par un développement très rapide, dominent le cultivar et le font disparaître. Les plants ainsi formés sont des pieds issus de porte-greffes sans intérêt pour la production. L’élimination systématiquement des rejets contribue à favoriser la croissance du cultivar.
Mise à fruit tardive
La croissance des plants est lente et les arbres n’entrent en production qu’après 6 à 8 ans. Cette longue période juvénile n’a pas encouragé les agriculteurs à adopter cette espèce.
Faiblesse des rendements
Les rendements obtenus dans les premiers vergers adultes privés sont faibles pendant les 10 premières années. Ils ne garantissent pas une rentabilité élevée permettant de susciter un désir pour l’extension du verger du pistachier. Les rendements ne deviennent importants qu’à l’âge adulte (10 à 15 ans). En raison du faible entretien (fertilisation, irrigation,…), les rendements chutent très rapidement avec l’âge; soient quelques années de fructification.
Pollinisation
Les taux de production de fruits vides sont élevés et sont le résultat d’une mauvaise pollinisation liée soit à l’absence d’arbres mâles issus de pollinisateurs spécifiques soit à un dispositif inadéquat de répartition des pollinisateurs.
Par ses particularités biologiques, cette espèce est particulièrement recommandée pour la mise en valeur des zones marginales ou menacées par l’érosion et celles où la culture des autres espèces fruitières est rendue impossible en raison de l’aridité climatique. Elle peut procurer une rentabilité assez correcte si elle est inféodée aux terrains à vocation fruitière. Le pistachier a aussi l’avantage d’être résistant à la sécheresse, au calcaire et à la salinité (4 à 6 g de NaCl /litre d’eau).
Les travaux de recherches menés à l’INRA ont permis d’aboutir à des résultats encourageant pouvant relancer la culture de cette espèce. Les variétés femelles performantes et leurs pollinisateurs spécifiques, leurs besoins en froid, les techniques de multiplication et de conduite de la culture ne constituent pas aujourd’hui des contraintes comme auparavant.
Dormance et besoin en froid
Parmi les 11 espèces que compte le pistachier, une seule (Pistacia vera) donne des fruits comestibles. C’est un arbre à feuillage caduque qui nécessite une dormance profonde pour sa fructification. La caractérisation de sa dormance, effectuée par le test de bouture de nœud, a montré que celle- ci s’estompe rapidement en fin février pour s’annuler en mars. Les capacités de débourrement deviennent importantes à partir du mi-février pour les génotypes les moins exigeants et en début de mois de mars pour les autres. L’acquisition des faibles capacités de croissance dès le mois de septembre semble être favorisé par le stress hydrique du sol et l’inertie de débourrement se renforce avec l’arrivée des premières heures de froid automnal.
Les doses de froid reçues, en condition naturelles, se situent autour de 500 heures de températures inférieures à 7.2 °C (HF) pour les variétés femelles et 450 heures pour les génotypes mâles appartenant à l’espèce Pistacia vera. Pour le mâle Atlantica qui appartient à l’espèce P. Atlantica, 200 HF ont été suffisantes pour lever la dormance de ses bourgeons floraux. Ce dernier semble avoir des exigences moindres par rapport à l’espèce P. vera, ce qui est à l’origine du décalage de floraison en verger entre les mâles et les femelles.
Sélection variétale
L’étude du comportement d’une collection de 30 variétés de pistachier, sous les conditions climatiques d’Aïn Taoujdate, a montré que les variétés Achouri et Mateur sont les plus intéressantes pour la culture. Les caractéristiques morphologiques de leurs fruits sont très proches, notamment au niveau du calibre du noix. Les taux de déhiscence des fruits et la production de fruits vides varient d’une année à l’autre.
Pollinisation du pistachier
Le pistachier est une espèce dioïque. La non concordance des périodes de floraison entre les arbres mâles et les arbres femelles pose un problème à sa pollinisation. Le phénomène de protandrie est plus ou moins accentué selon les cultivars et les années. La pollinisation artificielle est une technique recommandée pour améliorer la qualité des rendements. Elle nécessite la récolte, le stockage et le saupoudrage du pollen sur des fleurs réceptives.
L’époque de la réceptivité florale présente une variabilité importante sur le même arbre. De ce fait un nombre élevé de passages s’impose pour polliniser le maximum de fleurs. La fragilité du pollen (durée de vie de quelques jours seulement après l’anthèse) réduit les chances de fécondation et donc le succès de cette opération. Le moyen le plus efficace pour résoudre ce problème de pollinisation est l’utilisation de pollinisateurs fertiles et spécifiques aux variétés femelles en culture.
Les travaux de sélection ont permis de retenir 2 génotypes mâles ‘male 9’ et ‘male 45’ sur la base de leur concordance de floraison avec les variétés Achouri et Mateur. Leur floraison est homogène et évolue d’une manière similaire à celle de ces variétés.
Rendement et qualité de la production
Le rendement moyen obtenu sur une période 20 années, en conditions pluviales à Aïn Taoujdate (400 mm de pluie/an), est de 6.5 kg de fruits sec/arbre. Ces rendements sont caractérisés par une alternance de production très marquée due à la chute des bourgeons floraux en année de forte production. La chute débute lorsque la croissance végétative est arrêtée, soit 2 mois après la date moyenne de floraison (15 juin). Le maximum de chute est enregistré 100 à 130 jours après la date moyenne de floraison. La chute est intense lorsque la croissance en diamètre du fruit est arrêtée.
En condition d’irrigation, les rendements attendus peuvent être plus importants avec un taux de déhiscence plus élevé.
La pistache est un fruit sec dont l’endocarpe dur peut être déhiscent ou non. Le caractère de déhiscence est spécifique à l’espèce Pistacia vera (la seule espèce cultivée) et dépend de plusieurs facteurs dont la variété, l’année, le porte-greffe, la nature du pollen et les conditions de culture. Ces facteurs semblent agir en corrélation et l’évaluation de la part de chacun n’est pas aisée.
La production de fruits vides, commune à toutes les espèces et cultivars du pistachier, nuit à la qualité de la production. Elle est le résultat de la parthénocarpie et de l’avortement des embryons. C’est un caractère variétal et une défaillance au niveau de la pollinisation augmente les taux de fruits vides.
Le prunier a connu un développement rapide durant ces dernières années pour passer de 2.100 ha en 1980 en irrigué à 7000 ha environ en 2004, soit un accroissement moyen annuel de 200 ha.
La production nationale en fruits frais varie d’une année à l’autre et oscille entre 39.000 et 58.000 tonnes (MADRPM).
L’extension de la culture a dépassé les zones de Chaouen-Ouazzane, Kénitra-Rabat, Khémisset et Haouz pour s’étendre dans le plateau de Saïss, la région d’Ifrane-Imouzer et Midelt. Ce développement a concerné la culture semi-intensive conduite en irrigué.
Les types de pruniers locaux (Ch’himi, Zouitni, Meknassi,…), anciennement conduits en culture pluviale ont vu leur culture régresser au profit des nouvelles variétés très demandées sur le marché local.
Il est important de rappeler que les travaux de recherches menés sur cette espèce ont débuté en 1938 à la station Expérimentale de l’INRA d’Aïn Taoujdate par des expérimentations de 6 porte-greffes et les performances de quelques variétés de table (Santa Rosa, Giant, Golden Japan et Agen).
D’autres expérimentations ont été conduites en 1963 sur des variétés à double fin (Stanley, Burton, French Improved, Impériale Epineuse, Prune d’Ente 707) pour élargir la gamme variétale.
La variété Stanley a donné de très bons résultats et a servit de variété de base pour le séchage. Des essais de fumure potassique ont été conduits en 1968 sur cette variété. D’autres expérimentations ont été conduites sur le bouturage, la taille et l’éclaircissage de cette espèce qui est devenue importante dans la diversification fruitière. D’autres essais d’adaptation ont été conduits par des agriculteurs privés.
Les agrumes sont généralement classés parmi les espèces végétales pérennes moyennement sensibles au froid. Ceci est dû à leur incapacité à survivre sous des températures froides que supportent les espèces ligneuses des zones de latitudes élevées, qui peuvent atteindre des valeurs voisines de -40 °C. Cependant, l’existence des agrumes dans certains pays (USA, Turquie etc.) qui subissent régulièrement des vagues de froid très néfastes aux cultures, montre que ce groupe de fruitiers arrive à survivre des situations de gel.
En général, les agrumes sont vulnérables aux dégâts de froid à des températures inférieures à -2 °C. Cependant, à travers le monde, les agrumes les plus économiquement valeureux sont cultivés dans des zones à risques de gelée élevés (Japon, USA (Californie, Floride…), Turquie, etc..) où les températures peuvent atteindre -5 à -10 °C).
En Floride, des gelées sévères (< -7 °C) ont lieu en moyenne au moins une fois tous les 10 ans. Ces gelées apparaissent durant la période de décembre à février. En 1962, des températures de -7 °C, avec une durée prolongée et des minima de -11 °C, ont causé la destruction de plus de 50 millions d’arbres. Par ailleurs, la Floride avait perdu sa place de leader mondial de producteur d’agrumes au profit du Brésil à cause des pertes subies suite aux gelées sévères de 1981, 1982 et 1983 qui ont détruit environ 100 000 ha d’agrumes.
Les pays du sud de la méditerranée sont relativement à l’abri de ces conditions. Cependant, dans les plaines intérieures du Maroc, des vagues de froid gélives pour les agrumes ont été enregistrées à plusieurs reprises durant le siècle dernier mais leurs effets ont été le plus souvent très limités, mais très variables entre régions, entre vergers et même entre arbres d’une même parcelle (Fig. 1)(voir fichier PDF).
Causes de gelées et effets sur la plante
La gelée pourrait apparaître en journée calme avec un ciel clair et une atmosphère sèche. Dans ces conditions, il y a des pertes considérables d’énergie par le couvert végétal et par le sol qui se refroidissent. La gelée pourrait aussi être causée par des pertes d’énergie par convection quand il y a déplacement de l’air des régions plus froides vers des zones moins froides. Le vent froid peut intensifier ces pertes de chaleur et les dégâts causés peuvent être plus grands.
Les tissus végétaux sont constitués d’eau dans des proportions allant jusqu’à 80-90%. L’eau pure gèle à 0 °C mais peut rester en surfusion (sans formation de glace) entre 0 et -5 °C. Dans la cellule végétale, la présence de matières dissoutes diminue la température de congélation. Les tissus des organes exposés sont endommagés ou tués s’il y’a formation de glace.