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Plantes aromatiques et médicinales: atouts du secteur et exigences pour une valorisation durable (2005)

Plantes aromatiques et médicinales

B. BENJILALI et S. ZRIRA,  Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc

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L’Homme a connu et utilisé les ressources naturelles en plantes aromatiques et médicinales (PAM) depuis la haute antiquité. Toutes les grandes civilisations anciennes (chinoise, égyptienne, babylonienne, grecque, romaine, etc.) ont eu recours aux PAM pour leurs propriétés médicinales, parfumantes et/ou aromatisantes des aliments sans parler des utilisations rituelles. La distillation des PAM aurait été connue depuis 5000 ans par les populations de la vallée de l’Indus (Pakistan d’aujourd’hui). Cette technique, mise au point et développée par Ibn Sina à la fin du dixième siècle, a été ensuite transférée en Europe par les croisés et via l’Andalousie.

Depuis le dix-septième siècle, ce secteur n’a cessé de se développer, de se diversifier et d’améliorer ses technologies, en Europe d’abord, et dans le monde entier, ensuite.

Malgré cette histoire, longue et riche, le présent ouvrage nous montre que le secteur des PAM suscite encore une grande activité de recherche-développement à travers le monde. Ce secteur intéresse aussi bien les pays développés que les pays en voie de développement. Les premiers espèrent l’utiliser pour la conversion d’espaces à productions agricoles excédentaires sur le marché et/ou pour la mise en valeur de régions peu propices aux grandes productions classiques. Les pays en voie de développement y trouvent un moyen non seulement de diversifier leurs productions agricoles nationales, mais aussi de valoriser au mieux les espaces fragiles à potentialités économiques limitées et d’offrir à certaines populations des zones marginales (régions semi-arides, montagneuses, …) des sources de revenus particulièrement intéressantes. Le secteur des PAM ne cesse de se diversifier par ses productions agricoles, mais aussi par les technologies qu’il met en œuvre, par les produits élaborés ainsi que par les marchés de destination. Par ailleurs, son marché en croissance continue est en profonde restructuration, la qualité étant de plus en plus une exigence.

De par sa situation géographique, le Maroc constitue un cadre naturel tout à fait original offrant une gamme complète de bioclimats méditerranéens favorisant une flore riche et variée avec un endémisme très marqué. Sur les 5000 espèces et sous espèces végétales répertoriées en Afrique du Nord, 4200 existent au Maroc contre 2100 en Égypte, 1800 en Libye, 2200 en Tunisie, 3500 en Algérie et 1100 en Mauritanie. Sur les 4200 espèces et sous-espèces du Maroc, 900 sont endémiques du pays soit 21 %. Le Maroc occupe ainsi la première place parmi les pays du Sud de la Méditerranée pour sa richesse en plantes endémiques. Les PAM au Maroc n’échappent pas à cette règle. Les espèces et sous-espèces potentiellement aromatiques et/ou médicinales sont estimées à plusieurs centaines (500 environ) dont un grand nombre est endémique.

Depuis des siècles, le Maroc utilise les PAM pour leurs propriétés médicinales, parfumantes et aromatiques. Bien que vulgarisée dans le monde arabo-musulman à partir de la fin du dixième siècle, la technologie de distillation a été particulièrement conservée au Maroc. Pour la préparation, entre autres, des essences et eaux de rose et de bigaradier, les appareils de distillation familiaux sont bien connus.

Au Maroc, l’industrialisation du secteur des PAM a commencé durant les années 20 du siècle dernier sous l’impulsion de pionniers français. À partir de l’indépendance, le secteur a commencé à être investi par des nationaux. Il existe aujourd’hui des dizaines d’entreprises intervenant dans le domaine. Le chiffre d’affaires global du secteur à l’export (316 millions de Dh/an en moyenne à la fin des années 90) est en progression continue. Cependant, les potentialités réelles du secteur sont loin d’être entièrement connues, encore moins valorisées.

Une activité de recherche-développement sur la ressource naturelle en plantes aromatiques et médicinales, dans les établissements universitaires marocains, s’est accélérée depuis les années 70.

Dans cet ouvrage, les professeurs Bachir BENJILALI et Saâdia ZRIRA nous font état d’une partie des résultats accumulés à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II sur le sujet. Les auteurs ont cherché à appréhender plusieurs questions de grande importance: potentialités du secteur des PAM, possibilités réelles de valorisation, impacts économiques et socio-économiques, exigences scientifiques, techniques et économiques, maîtrise des technologies et procédés utilisés.

En plus de ses données scientifiques et techniques, cet ouvrage, bien réalisé par Actes Éditions, présente aussi un intérêt pratique. À ce propos, les auteurs en faisant référence à l’expérience marocaine dans le domaine des PAM n’hésitent pas à mettre en relief des encadrés pour faciliter la tâche à tous ceux et celles qui veulent se lancer dans ce créneau. Ce travail constitue le meilleur moyen pour valoriser les ressources naturelles du secteur et de créer de la richesse au profit des populations généralement marginalisées.

Résultat d’une synthèse cohérente entre les connaissances scientifiques et techniques de base, d’une part, et d’une analyse des aspects économiques, socio-économiques, technologiques et des préoccupations de gestion durable des ressources naturelles, d’autre part, ce livre, le premier de son genre au Maroc, est une preuve, si besoin est, des potentialités nationales en matière de recherche scientifique pour le développement économique.

Ce livre sera très utile non seulement aux développeurs, mais également à tout intervenant dans le secteur aussi bien au Maroc qu’ailleurs. Les jeunes chercheurs y trouveront, sans aucun doute, les éléments de base d’une stratégie et/ou programme de recherche dans le domaine des PAM.

Mohand LAENSER

Ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et des Pêches Maritimes

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