Le Safran: Caractéristiques botaniques et cycle de développement
Caractéristiques botaniques
Le safran appartient à la famille des Iridacées, à l’ordre des Liliacées et à la tribu des Crocées avec le genre Crocus comprenant quelques 70 espèces. II est connu sous différents noms:
Nom scientifique: Crocus sativus L.
Nom commun en français: Safran, Safran cultivé, Safran de Gatinais
Nom commun en anglais: Saffron, True saffron, Saffron crocus
Nom commun en espagnol: Azafrán, Croco, Flor de azafrán, zafrán
Nom commun en arabe: Azzaâfarane, Azzaâfrane Alhorr, Azzaâfrane chaâra
Caractéristiques de la plante
C’est une plante pérenne ayant un bulbe souterrain de 3 à 5 cm de diamètre, aplati et de forme globulaire (Figure 1). Le bulbe du safran, par sa morphologie et sa structure botanique très différentes du bulbe d’oignon, est aussi appelé corme. Le bulbe est généralement symétrique et revêtu d’une ou plusieurs tuniques de couleur et de consistance variables. Les tuniques sont souvent fibreuses et de couleur brune à marron.
Les racines sont de deux types: des racines fasciculées se développant à la base du bulbe mère et des racines épaisses contractiles se développant à la base du nouveau bulbe et permettent à celui-ci d’occuper la place de l’ancien bulbe en fin de cycle.
Les feuilles sont étroites (2 à 5 mm) et d’une longueur de 30 à 40 cm avec une couleur verte claire à verte foncée. Elles sont produites en même temps ou juste après l’apparition de la fleur. Elles sont au nombre de 6 à 10 par bulbe et se dessèchent vers la fin du printemps avec l’entrée en dormance du bulbe.
Les fleurs sont érigées et au nombre de 1 à 8 par bulbe. La fleur comprend 6 pétales de couleur violette et s’étendant au niveau de leur partie terminale. Le pistil est constitué d’un ovaire bulbeux infère à partir duquel un style long et fin se développe. Le style est de couleur jaune-pâle et se divise en 3 stigmates de couleur orange-rouge ayant un aspect brillant à l’ouverture de la fleur. Les stigmates ont 2 à 3 cm de longueur, sont fins à la base et plus larges (2 mm) à l’extrémité. Le nombre de stigmates par fleur est de 3 à 5. Par ailleurs, il y a 3 étamines par fleur avec des anthères bilobées et de couleur jaune.
Cycle de développement
Période végétative
Le safran initie son cycle de développement à partir de ses tissus méristématiques après une période de dormance durant laquelle il n’y a ni division ni différenciation cellulaires. Le bulbe est un organe souterrain couvert de tuniques qui le protègent contre les pertes excessives d’eau et les lésions mécaniques. Le développement des méristèmes donnant naissance aux nouveaux bulbes commence immédiatement après la floraison (en automne). Chaque bulbe nouvellement formé est enveloppé d’une tunique du bulbe qui lui a donné naissance. Il possède un ou deux bourgeons apicaux à partir desquels se fait la production des nouvelles feuilles de l’axe floral et de un ou deux bulbes fils. Dans sa partie inférieure, le bulbe parent produit 4 à 5 bourgeons secondaires placés d’une manière irrégulière sur le bulbe mais selon une forme spirale (Figure 1, voir fichier PDF). Les bourgeons secondaires produisent un axe cauliniaire avec des feuilles en touffe. Les bulbilles dérivées de ces bourgeons sont beaucoup plus petites que les bulbes issus des bourgeons apicaux. Par conséquent, chaque bulbe parent donne un à deux, parfois trois bulbes fils à partir des bourgeons apicaux et plusieurs bulbilles à partir des bourgeons latéraux. Souvent, une à 2 années sont nécessaires pour que ces bulbilles atteignent le calibre critique pour leur floraison.
Entre septembre et février, la croissance des différents organes continue mais très lentement. Durant cette période, les feuilles et les racines se développent entraînant l’accumulation des réserves au niveau du bulbe ce qui est déterminant pour son calibre final ainsi que la qualité et le nombre des fleurs produites.
Cette phase dure 5 à 6 mois et nécessite des températures basses. Des températures trop élevées peuvent la réduire et interrompre son bon déroulement ce qui affecterait négativement le développement du bulbe et par conséquent la floraison et la production.
Période reproductive
Généralement, chez le safran, la transition de la phase végétative à la phase reproductive a lieu au mois de mars, ce qui constitue une période critique durant le développement de la plante. C’est une phase d’activité mitotique accélérée caractérisée par une augmentation des divisions et de différenciations cellulaires. Cette multiplication intense est accompagnée d’une augmentation dans l’activité métabolique du végétal.
Période de repos
En avril, les nouveaux bulbes sont complètement formés et leur dimensions resteront inchangées (pas d’augmentation de poids ou de calibre). Les feuilles se fanent et se dessèchent. Avec l’arrivée de la période des chaleurs fortes, le végétal entre dans une phase de ralentissement progressif jusqu’à un arrêt presque total de l’activité métabolique. C’est la phase de repos végétatif ou dormance.
Floraison
Vers fin août, le bulbe «se réveille» et son activité métabolique augmente. Du bulbe surgit un ou plusieurs talles de diamètre important à la base avec une touffe de feuilles très étroites. Les primordias floraux se transforment en organes floraux et le processus de la floraison se termine par la sortie de la fleur dont l’initiation avait eu lieu lors de la transition de la plante d’un état végétatif à un état floral et dont la progression est sous le contrôle des hormones et des facteurs du milieu.
Les hormones de croissance jouent un rôle primordial dans le développement floral de la plante. Des applications de gibbérellines à différentes périodes durant la croissance de la plante montrent que l’apport de juin (bulbe en dormance) permet une accélération de la croissance des feuilles, augmente les dimensions des feuilles et des racines et améliore le nombre de fleurs produites et par conséquent, le rendement en poids sec des stigmates.
Les facteurs du milieu jouent aussi un rôle important sur l’initiation florale. Le safran est une plante de jour court et nécessite des journées dont la photopériode est inférieure à 11 heures et demi pour fleurir. Si la plante est cultivée dans un milieu où la durée de la photopériode est plus longue durant la période d’initiation florale, la plante restera en permanence dans un état végétatif.
Prof. Ahmed Ait-Oubahou, Prof. Mohamed El-Otmani
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II
Complexe Horticole d’Agadir
La culture du Safran
Le vrai safran est constitué des stigmates de la fleur du bulbe safran (Crocus sativus L). C’est une épice rare d’une grande valeur commerciale. Ce précieux produit est utilisé comme condiment dans la préparation des mets traditionnels et comme colorant des tissus et possède de nombreuses vertus médicinales. La conduite de sa culture diffère d’une région à une autre en fonction des conditions climatiques et édaphiques et des techniques culturales adoptées. Pour une bonne production de la safranière, le suivi de techniques culturales adéquates est primordial.
Exigences climatiques et édaphiques
Le safran est une culture d’altitude. En général, il végète normalement à des altitudes variant entre 650 et 1200 m. C’est une plante rustique, à cause de sa morphologie et sa physiologie, pouvant supporter des conditions climatiques très sévères. Le safran est une plante de jours courts et peut résister à des températures inférieures à -10 voire -15°C ou supérieures à +40°C pour plusieurs jours, pourvu que ces températures ne coïncident pas avec l’une des phases sensibles de la plante.
Le bulbe est un organe fragile craignant l’asphyxie dans les sols très argileux et imperméables et une dessiccation dans des sols très sablonneux. La plupart des études réalisées sur le safran montrent que la culture s’adapte à une large gamme de sols pourvus qu’ils soient profonds et bien drainants. Les sols à teneurs élevées en argile ainsi que les sols très légers ne conviennent pas à la culture. Le safran peut, néanmoins, tolérer des sols à teneurs relativement élevées en calcaire (parfois supérieures à 20%). Le safran est indifférent au pH du sol. Il se porte aussi bien dans des sols acides que dans des sols basiques.
Les besoins en eau de la plante, bien qu’ils soient relativement moyens (600 à 700 mm/an), les apports en eau doivent être bien répartis le long du cycle de la plante. Si dans certaines régions humides les irrigations sont inutiles, pour les régions méditerranéennes sèches et à pluviométrie irrégulière, la culture n’est possible qu’en irrigué.
Choix du site
Le choix du site pour la plantation doit tenir compte des exigences climatiques et édaphiques de la plante (encadré p.3). Plusieurs critères sont utilisés pour l’identification du milieu favorable pour la plantation. La disponibilité en eau, un terrain moyennement profond, drainant et riche en matière organique et une exposition favorable sont des critères importants à prendre en compte dans le choix du terrain.
Travaux du sol et opérations culturales
Le safran est une plante à racines fasciculées d’une longueur moyenne variant entre 3 et 4 cm en fonction des conditions du sol et des techniques culturales adoptées. Du fait que la culture est pérenne et ne se multiplie que par voie végétative (nouveaux bulbes formés sur l’ancien bulbe), cette pérennité est sous l’influence directe de la nature du sol.
Pour une nouvelle plantation, une série d’opérations de préparation du sol pour la mise en place des bulbes sont nécessaires. Toutefois, ces opérations diffèrent d’une région à une autre en fonction du terrain et des conditions climatiques.
L’épierrage et la construction de terrasses sont des opérations obligatoires dans plusieurs régions productrices du safran à cause du relief montagneux et de la non disponibilité de terrains plats.
Un labour croisé et profond de 30 à 40 cm est nécessaire pour faciliter la préparation du terrain pour la nouvelle plantation. Ce travail est généralement réalisé à l’aide d’une charrue tirée ou manuellement à l’aide d’une sape. Un premier labour est nécessaire pour l’enfouissement de la matière organique au moins 1 à 2 mois avant la plantation. Un 2ème labour est réalisé juste avant la plantation et permet l’incorporation des engrais de fond tout en éliminant les plantes adventices. Une fois le sol est meuble, on procède à la confection des planches ou sillons de plantation. Une légère inclinaison est conçue afin de faciliter la circulation et la bonne distribution de l’eau dans la parcelle. Après plantation un à deux binages sont nécessaires pour éliminer les mauvaises herbes qui risquent de concurrencer la fleur et pour faciliter l’émergence de la fleur. Ensuite, d’autres binages sont réalisés chaque fois que cela est nécessaire pour éviter la formation d’une croûte à la surface du sol, éviter la compaction du sol autour du bulbe, réduire les pertes en eau et réduire la compétition avec les mauvaises herbes pour l’eau, les éléments minéraux et la lumière.
Plantation
Obtention du matériel végétal: Au moment du renouvellement des safranières, les bulbes sont récoltés. Avant leur plantation, les tuniques sont éliminées en ne gardant qu’une seule autour du bulbe. Seuls les bulbes ayant un diamètre de 2,5 à 3 cm, et ne montrant aucune anomalie ou blessure sont plantés. Les bulbes plus petits sont gardés en pépinière pour leur croissance.
Epoque de plantation: L’époque de la plantation est fonction des conditions climatiques de la région et de la période d’entrée et de levée de la dormance du bulbe. Au Maroc, la tradition et les chaleurs d’été imposent les plantations en fin août ou début septembre. Néanmoins, certains essais ont montré que la plantation est aussi possible même en juin. Les résultats obtenus se sont révélés encourageants.
Il est conseillé de planter les bulbes immédiatement après leur récolte. Autrement, il faut les conserver dans un endroit frais aéré et relativement humide pour qu’ils gardent leur faculté germinative.
Densité de plantation: La densité de plantation à adopter dépend du mode de conduite. Pour la conduite annuelle, le nombre de bulbes à la plantation est relativement plus important que dans le cas d’une plantation pluriannuelle. En effet, chaque bulbe donne naissance à 3 ou 4 bulbes, et après 3 ans de plantation, plus de 24 bulbes sont obtenus par souche. L’autre facteur qui influence la densité est la disposition des bulbes pour une meilleure occupation du sol. En général, il est recommandé d’utiliser 50 à 70 bulbes par m2 pour une bonne production de fleurs, et de bulbes pour la seconde génération. Ce nombre est fonction de la taille des bulbes et de la conduite de la culture.
Dispositif et mode de plantation. La plantation peut se faire soit par groupage de 3 à 4 bulbes par trou (plantation en poquet) ou par la mise d’un seul bulbe par trou. La profondeur de la mise en terre est de 15 à 20 cm. Pour la plantation en poquet, les trous sont distants de 10 à 15 cm sur la planche ou le sillon. La disposition des bulbes est soit en lignes simples ou jumelées ou en quinconce. La plantation peut se faire aussi sur des sillons larges de 40 à 50 cm comprenant chacun 4 à 5 lignes de plantation espacées de 10 cm. Les sillons sont distants l’un de l’autre de 20 à 25 cm pour faciliter les binages et le passage des ouvriers. Dans ce cas, les bulbes sont placés à une profondeur de 15 cm et à 8 cm l’un de l’autre. Dans d’autres situations, le modèle adopté consiste en la plantation en sillons larges de 25 à 30 cm en lignes jumelées. Les sillons ont une profondeur de 12 à 15 cm et les bulbes sont distants de 8 cm sur la même ligne et de 10 cm entre les lignes adjacentes. La disposition peut être aussi en quinconce. Pour une plantation annuelle à forte densité, la plantation peut être réalisée par trou ou par tranchée le long de la ligne de plantation. Chaque bulbe est placé à une profondeur de 10 à 15 cm et est distant du bulbe voisin de 2 à 3 cm.
Fertilisation
Le plus souvent, la culture du safran occupe le sol pendant plusieurs années. De ce fait, elle nécessite des sols riches en matière organique et en éléments minéraux. La fumure de fond est constituée en grande partie de fumier d’ovins ou de bovins à raison de 20 à 40 T/ha. Le fumier doit être bien décomposé et est incorporé au sol au moins 1 mois avant la plantation, pour faciliter, d’une part, la décomposition de la matière organique et, d’autre part, le développement et l’élimination des plantes adventices. Les engrais minéraux doivent être incorporés au sol à raison de 40 à 60 unités d’azote, 60 à 80 unités de phosphore et 80 à 100 unités de potassium. Ces apports doivent être effectués au moins 20 à 30 jours avant la plantation des bulbes et pour les autres années de production 20 à 30 jours avant la date probable d’apparition des fleurs. Les engrais sont apportés en une seule fois.
Irrigation et besoins en eau
Les besoins en eau de la plante sont estimés à 7.000 m3/ha/an. Au Maroc, comme les pluies sont rares, les irrigations sont indispensables pour une bonne production de safran. Les quantités et la fréquence des apports sont fonction de la nature du sol, du stade de développement et des conditions climatiques de la région. A cause de sa structure botanique, le bulbe emmagasine des teneurs élevées en eau. De ce fait, la fréquence des apports est de 1 à 2 fois par mois. Chaque irrigation apporte 350 à 500 m3 par hectare. Le nombre des irrigations dépend de la nature du sol et des précipitations enregistrées et surtout de leur répartition le long du cycle. La première irrigation est faite juste après la plantation. En général, 8 à 10 irrigations sont suffisantes pour satisfaire les besoins en eau de la culture. Les apports d’eau sont effectués entre septembre et avril. L’irrigation gravitaire est effectuée avec une submersion totale des planches ou des sillons de plantation. Les irrigations sont effectuées tôt le matin ou tard le soir pour éviter l’évaporation de l’eau.
Contrôle des mauvaises herbes
Les plantes adventices qui entrent en compétition avec les bulbes doivent être éliminées. Le désherbage est généralement manuel; cependant l’apport du paraquat (2 à 4 l/ha) comme herbicide de pré-émergence ou de post-émergence peut être envisagé. La meilleure période d’application est juin à août quand le safran est en repos végétatif. Ne pas utiliser en jours excessivement chauds.
Problèmes phytosanitaires et ennemis du safran
Dans des conditions sèches, comme c’est le cas du Maroc, les ennemis naturels de la plante sont peu nombreux. Cependant, les nématodes Ditylenchus dipsaci et les attaques de Rhizoctonia sp. sont à craindre durant les périodes humides et chaudes de l’année. Ces deux parasites peuvent causer des dégâts importants aux bulbes. Ils sont généralement contrôlables par des traitements chimiques avant ou même après la plantation.
Récolte et rendement du safran
Les fleurs apparaissent 4 à 6 semaines de la plantation. L’opération de ramassage des fleurs de safran est très délicate et exige une main d’œuvre importante. La floraison du safran est étalée sur plusieurs semaines avec un pic où plus de 60 % des fleurs émergent en même temps à la dernière semaine d’octobre. L’ensemble de la fleur est récolté. Les bulbes d’une grande taille fleurissent les premiers, alors que les petits bulbes et les plantations tardives fleurissent plus tardivement.
Les fleurs sont récoltées avant leur ouverture, tôt le matin avant l’arrivée des chaleurs du jour, afin d’éviter la fanaison des stigmates qui survient quelques heures de l’ouverture de la fleur une fois celle-ci exposée au rayons solaires. En général, la durée de récolte ne dépasse pas 2 à 3 heures par jour. Les ramasseurs des fleurs passent sur les billons et récoltent les fleurs qui leur sont proches des deux côtés en faisant attention à ne pas endommager les fleurs encore fermées des autres bulbes. La fleur est prise à sa base entre le pouce et l’index de la main et elle est coupée par les ongles. La récolte est ramassée dans des paniers rigides pour éviter l’entassement et la cassure des stigmates. Les paniers sont placés à l’ombre pour empêcher le dessèchement des fleurs. Le safran récolté quand les fleurs sont entièrement ouvertes est considéré de 2ème qualité à cause de la perte de sa qualité organoleptique une fois exposé au soleil.
Après la récolte, les fleurs sont acheminées à la maison ou au hangar pour la séparation des stigmates (le vrai safran) des autres parties de la fleur. Cette opération est réalisée le même jour juste après la récolte. Les précautions prises lors de la récupération des stigmates conditionnent la qualité du produit. Une fois les stigmates sont isolés, ils sont séchés à l’ombre ou sur le feu. Après le séchage, le safran perd 4/5 de son eau. Le poids frais moyen des stigmates de 100 fleurs est légèrement supérieur à 3g et le poids sec est de près de 600 mg.
Le rendement moyen d’un hectare de safran est très aléatoire. Si dans certaines safranières, les rendements ne dépassent pas 2 à 3 kg/ha, dans d’autres où les techniques de production sont bien suivies, ces rendements peuvent facilement atteindre plus de 10 kg/ha.
La durée de stockage du safran est longue si les conditions de conservation sont optimales. La qualité du safran peut être maintenue pour plus de 3 ans. Du au fait que c’est une épice hygroscopique, le produit doit être conservé à l’abri de la lumière et de l’air. L’utilisation des conteneurs en verre colorés ou opaques, fermés hermétiquement et placés dans un endroit sec constitue une bonne méthode de préservation de la qualité du safran.
Rotation culturale
Le safran est une plante pérenne ayant un grand pouvoir d’épuisement de la fertilité du sol. En général, il est recommandé de procéder à un renouvellement de la safranière à partir de la 3ème année de plantation. Dans d’autres situations, le renouvellement n’est effectué qu’après 5 à 7 ans de production. Afin de régénérer la fertilité du sol, d’autres espèces, comme les céréales, les légumes, la vesce, etc. sont cultivées sur la parcelle pour une durée de 3 à 5 ans avant d’y remettre une nouvelle plantation de safran. La durée d’exclusion dépend aussi de la durée de production de safran sur la même parcelle. Il est conseillé que la culture utilisée n’ait pas d’ennemis (maladies) en commun avec la culture du safran.
Prof. Ahmed Ait-Oubahou, Prof. Mohamed El-Otmani
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II
Complexe Horticole d’Agadir
Le Générateur d’Acide Sulfurique (SAG): Une nouvelle technologie pour réhabiliter les sols salins-sodiques
Le générateur d’acide sulfurique est une méthode pratique pour traiter l’eau d’irrigation. Il a été spécialement crée pour améliorer la qualité des eaux et des sols contaminés par le sodium. En effet, l’analyse des résultats expérimentaux de cette étude permet de tirer des conclusions concernant l’effet de ce traitement sur l’évolution des qualités de l’eau et du sol. La salinité a diminué après chaque semaine d’irrigation avec l’eau traitée. Une diminution importante de l’ESP après une seul semaine d’irrigation avec l’eau traitée. En surface, le SARps a continuellement diminué après chaque semaine d’irrigation avec l’eau traitée.
L’irrigation avec une eau traitée légèrement acide n’a pas eu d’effet très significatif sur le pH du sol. L’enrichissement continue de la solution du sol par les ions Ca++ résultant de la solubilisation du calcaire existant dans le sol a amélioré considérablement la perméabilité de sol. La variabilité spatiale de l’humidité sous irrigation goutte à goutte, montre que seulement la partie située sous les goutteurs est réhabilitée. Une autre conclusion qui n’a pas été analysée, mais observée sur le terrain, est l’augmentation des débits après débouchage des goutteurs. Aussi, nous avons observé une élimination des algues qui se développent sur le réseau d’irrigation gravitaire.
Introduction
Les ressources en eau pour l’agriculture en zones arides et semi-arides sont limitées, surtout si on les compare aux besoins des populations locales. Dans ces régions, l’extension et le développement de l’agriculture exigent le développement de l’agriculture irriguée. Cependant, si l’irrigation contribue généralement et de façon rapide à l’augmentation de la production agricole et à l’amélioration de la qualité de vie des populations rurales des pays en voie de développement, son extension est souvent accompagnée de sérieuses menaces sur la préservation de l’environnement et surtout la qualité des sols.
En milieu aride, le passage à l’irrigation présente un risque de salinisation et/ou d’alcalinisation des sols dont les manifestations ont pu être identifiées dans de nombreuses situations irriguées à travers le monde. Ceci a pour principale conséquence la baisse de la fertilité, voir la perte à court et à moyen terme de nombreux sols, mettant en danger le développement de ces régions.
Au Maroc, la plupart des études post-projet réalisées dans les différents périmètres irrigués ont montré que des sols initialement non salés sont devenus salés après irrigation. Actuellement, la superficie des sols salés au Maroc est estimée à 350 000 ha, soit environ 35% de l’ensemble des terres actuellement irriguées.
L’amélioration des propriétés physiques et chimiques d’un sol affecté par des sels solubles et/ou une accumulation sélective de sodium consiste à débarrasser le complexe et la solution du sol des ions alcalinisants. Pour les sols calcaires, ce qui est le cas de la plus part des sols du Maroc, l’acide sulfurique reste le moyen le plus efficace et le plus rapide pour la réhabilitation de ces sols. Cependant, les problèmes liés à la manutention et à la manipulation de cet amendement ont limité sont utilisation au Maroc.
Pour contourner ces difficultés, SweetWater Farming Inc. (Utah, USA) a développé une nouvelle technologie. Il s’agit du traitement de l’eau d’irrigation sur place à l’aide d’un générateur d’acide sulfurique (SAG).
Cette technologie a été testée par l’IAV Hassan II sur différentes cultures (maïs, agrumes, pêcher et tomate) dans les régions du Tadla, Haouz et Souss-Massa en utilisant différents systèmes d’irrigation (gravitaire et goutte à goutte).
L’objectif de ce bulletin est de présenter les résultats du test de cette technologie pour la réhabilitation d’un sol salé-sodique d’une ferme agricole dans la région de Souihla. Les objectifs spécifiques sont:
- Effet de l’acide sulfurique sur la qualité de l’eau,
- Le dessalage et la desodification d’un sol de Souihla par l’acide sulfurique, et
- L’amélioration des propriétés physiques des sols sodiques par le traitement de l’eau d’irrigation.
L’analyse du sol: Un outil incontournable de gestion de la fertilité des sols
Devant l’augmentation continue du coût de production et face à un chute des prix sur le marché, l’agriculteur est amené à rationaliser l’ensemble des facteurs de production. Il est donc devenu nécessaire et obligatoire pour lui d’éviter les dépenses inutiles et d’engager celles lui permettant de réaliser une marge bénéficiaire très satisfaisante ou du moins satisfaisante. L’un des facteur de production qui revêt une forte importance est la fertilisation. Celle-ci permet non seulement d’apporter les éléments nutritifs dont les cultures ont besoin (voir Bulletin n°72), mais constitue un poste budgétaire très important.
La fertilisation n’est pas en fait une recette comme certaines personnes en ont fait croire, mais une suite d’opération réfléchies tenant compte du sol, de la plante et de l’eau d’irrigation, de l’état financier du producteur, ainsi que de l’environnement. Pour l’optimiser, il est devenu nécessaire de suivre constamment l’état nutritionnel de la culture en vue de l’adapter aux besoins de la plante pour prévenir soit des risques de toxicité, soit les risques de carences.
Le plus souvent, la constatation des symptômes de carence ou de toxicité est faite trop tard, autrement dit, lorsque la productivité de la plante est déjà en grande partie compromise.
Alors, pourquoi prendre un tel risque? Pourquoi ne pas faire des économies tant qu’on le peut? Pourquoi ne pas essayer de travailler d’une façon sûre et certaines? Et, comment le faire? Pourquoi ne pas avoir l’assurance de bien faire et par conséquent de bien profiter de la générosité de la terre et de sa culture.
Pour répondre à ces questions et à d’autres, que tout agriculteur est en mesure de se poser; pour maîtriser ce poste budgétaire qu’est la fertilisation, il est l’un des moyens qui constitue un pilier incontournable d’une agriculture raisonnée bien réussie: « l’analyse du sol ».
Ainsi, ce début de campagne agricole est pour nous l’occasion de mettre l’accent et notamment d’attirer l’attention de toute personne, s’intéressant de près ou de loin à l’agriculture sur ce sujet délaissé pour ne pas dire oublié jusqu’ici. C’est donc suivre les grandes étapes d’analyses du sol depuis le terrain jusqu’au laboratoire; bref c’est montrer l’utilité et l’importance de tels actes et de telles opérations pour l’amélioration du rendement tant en qualité qu’en quantité, ainsi que la préservation de l’environnement que nous proposons de développer dans ce bulletin.
Comparaison des efficacités de quelques herbicides contre le jujubier
Le jujubier est une espèce qu’on rencontre dans plusieurs biotopes des régions arides et semi-arides. Il se comporte fréquemment comme adventice dans plusieurs cultures, notamment les céréales d’hiver et de printemps, les légumineuses alimentaires et les vergers.
Les sites infestés présentent des pertes de rendement proche de 100%. Vu son grand pouvoir colonisateur, cette espèce rend avec le temps incultes plusieurs milliers d’hectares. Aussi, quelques pieds de jujubier suffisent pour compromettre la mécanisation des travaux agricoles.
En plus, sa présence dans les champs cultivés constitue un refuge naturel de plusieurs ennemis naturels des cultures, en servant d’hôtes intermédiaires et foyers réservoir.
Afin de trouver une solution à la nuisibilité de cette espèce, des essais de lutte chimique en combinaison avec le travail du sol ont été entrepris dans la Chaouia de 1985 à 1987. Le glyphosate reste l’herbicide généralement recommandé pour le contrôle du jujubier.
L’objectif de cette étude est de trouver une alternative au glyphosate, afin d’élargir la gamme du choix des herbicides.
Utilisation du sulfosate et du glyphosate pour la lutte contre le jujubier
Etant donné l’absence d’un produit homologué contre le jujubier et l’importance des superficies occupées par cette espèce ligneuse et vivace dans plusieurs régions du pays; nous avons entrepris, en collaboration avec certains services extérieurs du Ministère de l’Agriculture (Protection des Végétaux, Recherche Agronomique, Office de Mise en Valeur), un certain nombre d’essais et de démonstrations de lutte contre le jujubier. Les résultats obtenus à partir d’un travail entrepris avec le Service Régional de la Protection des Végétaux de Khémisset (Juillet 1996 à Mai 1998) seront présentés. Cet essai avait pour objectifs de répondre à deux questions:
Jusqu’à quel niveau cette efficacité est fiable dans le temps?
Méthodologie
La région choisie pour l’installation de cette essai est connue pour être très infestée par le jujubier. Il s’agit de la zone entre Khémisset et Oulmès, précisément Jemaâ Aît Houdaren (Aït El Ghazi). Les touffes de jujubier choisies sont aux nombres de 6. Trois ont subi une taille à 10 cm du sol avant traitement. Un passage est ouvert entre les parcelles élémentaires (indispensable) pour permettre la réalisation des traitements. Le terrain choisi est laissé en friche durant la période de suivie.
Deux herbicides systémiques et non sélectifs ont été choisis: Ouragan à base de 480 g/l de Sulfosate et Round’up à base de 360 g/l de Glyphosate. Les deux herbicides ont été appliqués avec un pulvérisateur à dos muni d’une lance télescopique. Le traitement a été réalisé le 21 Août 1996 par temps chaud, ciel clair et vent faible. Ainsi, huit concentrations (doses): 0,5%, 0,75%, 1%, 1,5%, 2%, 2,5%, 3% et 4% à côté d’un témoin non traité, au niveau des touffes taillées et non taillées, ont été testées.
Résultats
Les concentrations de 0,5%, 0,75% et 1% ne présentaient aucun intérêt technique à court terme (3 mois après traitement). Ces doses seront par la suite écartées du raisonnement « efficacité » du moment que le niveau efficacité est de 30% à 0,5% et elle ne dépasse pas 40% à la concentration de 1% des produits.
Les deux produits offrent une efficacité très importante autour de 100% aux concentration de 3% et 4%. De ce fait, ces deux doses seront aussi écartées du moment qu’ils ne présentaient aucun intérêt économique (prix de revient élevé).
En accord avec les techniciens de la Protection des Végétaux de Khémisset, nous avons concentré nos observations sur les concentrations suivantes: 1,5%; 2 % et 2,5 %.
Observations deux semaines après traitement
Flétrissement des feuilles et dessèchement accentué dans les parcelles ayant reçu les fortes doses (4%, 3%, 2,5% et 2%).
Différence significative entre les blocs ayant reçu la même dose (2% et 2,5%) mais conduits différemment (bloc coupé et bloc non coupé).
Différence très significative entre toutes les parcelles traitées et la parcelle non traitée, du point de vue aspect végétatif.
Observations deux mois après traitement
Au niveau des parcelles ayant subi la coupe, on note l’émergence de nouvelles pousses (feuilles), surtout pour les concentrations inférieures à 2%, bien que le dessèchement était total au cours du contrôle précédent.
C’est à ce moment que nous avons noté une légère supériorité du Sulfosate, environ (20%), par rapport au Glyphosate à la même concentration; et ceci pour les touffes coupées et non coupées.
Observation un an après traitement (27.06.97)
Un retard du développement végétatif des parcelles traitées aux faibles doses par rapport aux parcelles témoins.
Aspect vert foncé du feuillage du jujubier au niveau des blocs ayant subi la coupe à 10 cm du sol.
Les blocs traités aux doses de 0,75% et 1% présentent des feuilles fines et de petite taille avec une couleur vert jaunâtre.
Les blocs ayant reçu la dose de 2%, 2,5%, 3% et 4% des deux produits ne manifestent aucun changement par rapport aux résultats obtenus lors des premières observations après réalisation des traitements le 21/08/96.
Les blocs traités à la dose de 1,5% d’Ouragan présentent toujours l’efficacité de 96% obtenue en été 1996. Par contre, les blocs traités à la même dose avec le Glyphosate ne présentent aucun intérêt pratique (sans effet sur le jujubier la deuxième année de l’essai).
Un mois plus tard (fin juillet 97)
L’intérêt de réaliser l’application des produits Ouragan et Round’up après la coupe du jujubier à 10 cm du sol, dans le but de réduire la végétation et la bouillie appliquée, est sans aucun intérêt pratique.
La dose de 2% assure l’efficacité souhaitée (autour de 100%) pour les deux produits une année plus tard.
La dose de 1,5% d’Ouragan maintient l’efficacité déjà signalée (96%) pour la deuxième année consécutive.
Observations réalisées deux ans après traitement
En réponse à un besoin scientifique et de confirmation, l’essai a été maintenu sous observation jusqu’au 21 Mai 1998.
On peut avancer que les doses efficaces ont confirmé leur persistance dans le temps et qu’aucun changement n’est intervenu, d’où l’intérêt de suivre les recommandations pratiques ci-dessous.
Conclusions pratiques
Les produits testés assurent une efficacité totale à la dose de 2% et plus.
L’Ouragan maintient son niveau d’efficacité à la concentration de 1,5%.
L’application de l’un de ces deux produits pour la lutte contre le jujubier nécessite un mouillage normale et suffisant des feuilles et de la touffe (éviter les ruissellement).
L’éradication du jujubier est possible avec les doses efficaces confirmées par cet essai réalisé sur une grande superficie et maintenu sous observation pendant deux ans.
Mohamed MIHI
Département Technique, MARBAR Chimie, Casablanca
La lutte chimique contre le jujubier
Le jujubier (Ziziphus lotus) est un arbuste épineux appartenant à la famille des Rhamnacées et communément appelé au Maroc « Sedra, Zarb, Azouggar, ou Tazouggart ».
Il forme des touffes de quelques mètres de diamètres pouvant atteindre 2 m de haut. Ses feuilles sont courtement pétiolées, glabres, caduques alternées et ovales à marges entières. Chaque feuille porte à sa base deux stipules transformées en épines inégales et vulnérables. Les fleurs sont jaunes, pentamètres et groupées en inflorescence cymeuses. Les fruits sont des drupes à noyaux soudés. L’endocarpe mucilagineux, appelé « Nbag », est sucré et comestible.
Du fait de sa capacité à occuper divers habitas et son grand pouvoir colonisateur, le jujubier est devenu la mauvaise herbe la plus préoccupante des cultures, notamment les céréales, les légumineuses et les vergers, dans les zones aride et semi-aride. On le trouve principalement dans la Chaouia, le Haouz, Zear, Rhamna, le moyen Atlas, la région d’Errachdia, la zone côtière de Safi à Sidi Ifni, la région de Khénifra, la région d’Oujda, le Souss, le Maroc Oriental et le Sahara.
Importance économique
Dans les sites infestés, le jujubier gêne la réalisation des travaux agricoles tels que le labour, le semis, le binage, la récolte et surtout la moisson des céréales, aussi bien manuelle que mécanique. Les pertes de rendements pourront aller dans certains cas jusqu’à 100%. Avec le temps, il rend incultes plusieurs milliers d’hectares. Aussi, les touffes de cette espèce constitue un refuge et foyers réservoirs de plusieurs ennemis naturels, en particulier les rongeurs, les insectes, les araignées, la cuscute et certains oiseaux nuisibles à l’agriculture.
Sur les terres agricoles, les touffes de jujubier sont généralement coupées en été et utilisées pour la confection des enclos autours des habitats, des parcelles cultivées et parcs à bétail et comme sources de bois de chauffage. Les fruits sont commercialisés pour la consommation humaine et pour leurs propriétés médicinales.
Importance environnementale
Dans les terrains accidentés et ou exposés à l’érosion, les touffes de jujubier jouent un rôle très important dans l’équilibre naturel. Elles constituent un endroit d’accumulation du sable et des alluvions d’apport éolien. Avec leur monticule, elles forment un gîte de choix pour les rongeurs (mérione, gerboises, rats et lapins), les hérissons, les reptiles (serpents et vipères) et les arachnides (scorpions et araignées). De leur côté, les animaux apportent directement à la plante la matière organique riche en éléments fertilisants et permettent indirectement une économie d’eau disponible grâce à l’écran protecteur constitué par leur terrier.
Aussi, le jujubier à été utilisé pour longtemps comme ceinture verte protectrice contre les courants d’eau, comme clôture épineuse (morte ou vivante) et pour ombrage près des douars.
Biologie
Le jujubier est une plante nanophanérophyte plus rarement phanérophyte. Sa longévité est assez grande, drageonne abondamment, rejette vigoureusement de souches et peut se multiplier par éclat de ces dernières mais beaucoup moins facilement, avec ornithochorie probable. Ceci donne à l’espèce le statut d’envahissante principale des zones cultivées, surtout en céréales.
Le commerce des fruits contribue largement à la dispersion de cette espèce. En effet, les noyaux des fruits consommés par les chèvres, après qu’ils traversent leurs tubes digestifs, ont un pouvoir germinatif particulièrement élevé. Une étude récente que nous avons menée a montré que cette espèce peut se régénérer à partir des boutures de fragments de branches, de fragments de racines, de souches entières, de petits morceaux des souches et de fruits avec de taux respectifs de régénération de 16, 54, 70, 29 et 31 %. Les bourgeons de cet arbuste apparaissent à partir de février-mars et croissent activement au printemps et en été, formant ainsi des rameaux ligneux. La floraison a lieu en été. Les fruits sont murs trois mois et demie plus tard, suivant les régions. En automne, les pousses se dessèchent et les feuilles chutent.
Moyens d’éradication de l’espèce dans les terres agricoles
Bien que la lutte chimique par l’utilisation du glyphosate reste le moyen le plus efficace pour éradiquer le jujubier dans les terres cultivées, la maîtrise des techniques et des conditions optimales de son application reste le plus grand handicap à surmonter.
En effet, l’efficacité de cet herbicide est influencée par les conditions climatiques, notamment l’humidité relative de l’air et la température, la qualité (dureté) d’eau utilisée comme bouillie, le stade du jujubier et par le matériel de traitement utilisé. Les résultats d’une étude que nous avons récemment réalisée à ce sujet, dans la région de la Chaouia, sont présentés dans ce bulletin.
Conditions de traitement
Le moment d’application du glyphosate affecte son efficacité (Tableau 1, voir fichier pdf). Le meilleur moment de traitement est le matin, quand le climat est stable avec une température relativement élevée et une humidité de l’air suffisante favorisant une bonne absorption de l’herbicide.
Qualité de l’eau de bouille
La qualité de l’eau utilisée comme bouille influence directement l’efficacité du glyphosate (Tableau 2, voir fichier pdf).
Les eaux dures (eau de Sidi El Aydi par exemple), contenant des quantités élevées de calcium, limitent l’absorption du glyphosate par les feuilles. Ceci est du au complexe que peut former le glyphosate avec le calcium et qui pénètre mal dans la plante. Aussi, les sels de calcium tel que le carbonate (calcaire) forment une couche protectrice à la surface des feuilles, ce qui empêche la pénétration du glyphosate.
Effet de l’état végétatif du jujubier sur l’efficacité du glyphosate
L’état végétatif des touffes du jujubier, surtout avant traitement, joue un rôle très important dans la réussite du traitement. Ceci est montré par les résultats présentés dans le tableau 3, voir fichier pdf. Pour obtenir un meilleur contrôle (100 %), il ne faut traiter que des touffes bien développées et non fauchées. Le fauchage avant traitement réduit jusqu’à 40 % l’efficacité de l’herbicide. En revanche, ce fauchage ne diminue que légèrement (5%) cette efficacité lorsqu’il est appliqué au delà d’une période de deux jours après le traitement. Au delà d’une semaine après traitement, cette opération n’a aucun effet.
Effet du stade de traitement sur l’efficacité du glyphosate
Le choix du stade de traitement du jujubier est très important dans la réussite de l’opération d’éradication chimique de l’espèce avec le glyphosate. Les stades les plus sensibles sont fin floraison, début formation des fruits, drupe verte et maturité des fruits (Tableau 4, voir fichier pdf). Selon les régions, ces stades s’étalent du mi-juin à fin août.
Effet du matériel de traitement sur l’efficacité du glyphosate
Le type de matériel de traitement utilisé a une influence remarquable sur les l’efficacité du glyphosate sur le jujubier, surtout à 30 et 60 jour après traitement (JAT) (Tableau 5). Le meilleur traitement, qui montre des symptômes de phytotoxicité très homogènes sur le végétal, est celui du pulvérisateur à dos muni d’une buse à fente. De très bonnes efficacités (98 et 100%, respectivement à 30 et 60 JAT) ont été enregistrées pour ce type de matériel. En seconde lieu vient le pulvérisateur à dos muni d’une buse à miroir avec des efficacités moyenne (73 %) et bonne (95%), respectivement à 30 et 60 JAT. En dernier lieu viennent le pulvérisateur à dos muni de buse à turbulence et l’atomiseur à dos avec des efficacités moyennes (66 et 63 %) et bonnes (85 et 76 %) respectivement à 30 et 60 JAT. A cette période d’évaluation, les résultats confirment les recommandations concernant le matériel de traitement à utiliser pour l’application des herbicides.
Cependant, les résultats obtenus une année après traitement, s’écartent un peu de ce principe étant donné qu’au redémarrage végétatif du jujubier, tous les types de matériel de traitement testés ont donné de très bonnes efficacités (supérieures ou égales à 95 %) avec:
Pulvérisateur à dos muni de buse à fente = pulvérisateur à dos muni de buse à miroir > pulvérisateur muni à buse à turbulence = Atomiseur à dos (Tableau 5, voir fichier pdf).
Conclusion
D’après les résultats présentés, on peut conclure que la réussite de l’éradication chimique totale et complète du jujubier avec le glyphosate (1080 g/hl) est possible mais n’est pas facile et demande de la compétence. En effet, l’efficacité de cet herbicide est influencée par les conditions climatiques, notamment l’humidité relative de l’air et la température, la qualité d’eau (dureté) utilisée comme bouillie, le stade de traitement et légèrement par le matériel du traitement.
Les conditions optimales de son application sont:
Dose de traitement: de 720 g/hl à 1080 g/hl de matière active soit une bouillie 2 à 3 % du produit commercial « Roundup ».
Stade de traitement: fin floraison-début formation des fruits à maturité, correspond à la période de mi-juin à fin août.
Condition de traitement: une humidité relative supérieure à 30 % avec une température élevée (plus de 25°C) sont les conditions idéales.
Le moment du traitement: les heures les plus favorables sont celles du matin, après disparition des rosées, jusqu’à midi.
Etat végétatif du jujubier: il faut traiter des touffes de jujubier bien développées non fauchées et éviter le fauchage au moins une semaine après traitement.
Qualité de l’eau de bouillie: il faut éviter les eaux dures, car le glyphosate est moins efficace lorsqu’il est dissout dans une eau riche en calcaire.
Matériel de traitement: le meilleur matériel de traitement est le pulvérisateur à dos muni de buse à fente. Aussi, les pulvérisateurs portés, munis du même type de buse (à fente), peuvent être utilisés pour les grands chantiers.
Organisation du travail: pour un traitement homogène sur le terrain, il faut s’assurer que l’herbicide atteint toutes les touffes. Pour ce faire, il faut diviser le terrain et les touffes en bande de traitement dans le sens de longueur. Cette division se fait à l’aide de jalons et cordes.
Le greffage de l’arganier un challenge pour la multiplication clonale
L’Arganier est une espèce endémique du Maroc. Sa répartition est limitée à une zone interface entre un courant d’air chaud et sec (venant de l’intérieur) et un autre d’air humide et frais (venant de la mer). Ainsi, il bénéficie d’un microclimat unique avec des nuits à humidité saturée. Les déficits hydriques causés par le manque de pluies, les vents de chergui, provoquent souvent un dessèchement partiel ou total des arbres.
Le recouvrement ou la tolérance au stress hydrique, se fait différemment chez les différents individus, même sous un microclimat identique. L’existence de sujets plus résistants que d’autres suscitent leur préservation. A ce potentiel écologique viennent s’ajouter des intérêts vivriers et paysagers variés: L’arganier présente une grande diversité de formes de feuilles,de troncs et de rameaux, et de fruits. Pour que ces caractères soient exploités (dans un but de protection et de domestication de l’arbre), ils doivent être tout d’abord reproduits par multiplication végétative.
Le greffage, s’adapte à l’arganier beaucoup mieux que le bouturage et le marcottage car, en plus de sa faisabilité pour conserver les performances des greffons (clones sélectionnés), il permet de garder les avantages du semis (racines longues permettant à l’arganier d’épuiser l’eau en profondeur).
Multiplication de l’arganier par bouturage
L’arganier est une plante à usages multiples, qui, au cours de son évolution a pu développer des caractères assez spécifiques qui lui ont permis de s’adapter aux conditions climatiques sévères de son aire de distribution, particulièrement étendue. C’est pour cela qu’il se présente avec des populations ayant des caractéristiques différentes.
En effet, en fonction des conditions édapho-climatiques locales, l’arganier est capable de développer certains attributs génétiques qui lui permettent de se maintenir malgré la sévérité des conditions. Cependant, les populations riveraines usufruitières, le développement rapide de l’agriculture moderne et les extensions urbaines menacent son existence.
La conservation de l’arganier est une priorité qui n’est plus à démontrer pour le maintien de l’équilibre écologique de la région; surtout que c’est la seule formation arborée qui existe en climat aride. Toutefois, cette conservation serait plus efficace par la valorisation de caractères désirables comme la teneur en huile, la valeur fourragère ou la tolérances aux stress abiotiques dont la reproduction ne peut être réalisée que par multiplication végétative dont le bouturage représente la pratique la plus simple.
Le bouturage est une technique qui consiste à prélever une partie de plante (tige, feuille, racine) et de la mettre dans des conditions particulières pour qu’elle produise des racines et reconstituer ensuite un plant avec une conformité génétique avec le pied-mère. Toutefois, l’aptitude à l’enracinement diffère d’une plante à une autre. Certaines plantes s’enracinent facilement alors que d’autres n’arrivent pas à émettre de racines. Le potentiel d’enracinement des boutures dépend tout d’abord du potentiel génétique de l’espèce ou de la variété. En plus des facteurs génétiques innés, le bouturage dépend de l’âge: un jeune plant possède plus d’aptitude à l’enracinement qu’un plant adulte.