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Produire du lait et/ou de la viande? Stratégies et performances d’élevages bovins paysans au Maroc

Produire du lait et/ou de la viande? Stratégies et performances d’élevages bovins paysans au Maroc

M.T. Sraïri, IAV Hassan II, Rabat

Au Maroc, l’élevage bovin, dans la diversité de ses systèmes de production (les races et les ressources alimentaires mobilisées ainsi que les orientations lait et/ou viande), est intensément lié aux terroirs cultivés, dont il valorise les fourrages et les sous-produits (son de blé, chaumes, paille, feuilles et collets de betterave, adventices, etc.) en lait et viande. En outre, il assure, dans près des 700 000 exploitations agricoles qui le pratiquent, un rôle économique majeur de capitalisation des récoltes excédentaires, lors des années fastes, par l’augmentation des effectifs. De même, il permet de couvrir les dépenses courantes des ménages ruraux par les revenus quotidiens du lait, et mêmes exceptionnelles (semailles, investissements dans du matériel, etc.) par des ventes d’animaux. L’élevage bovin demeure caractérisé par la dominance d’une multitude d’exploitations agricoles de petite taille (près de 80 % reposent sur moins de 5 ha) et à effectifs limités (souvent moins de 5 animaux). Celles-ci représentent ainsi des acteurs incontournables dans les filières lait et viandes rouges. Par conséquent, l’approvisionnement des consommateurs en ces produits stratégiques demeure surtout tributaire des performances de ces exploitations.

Comprendre les performances des exploitations bovines intime donc de se pencher sur leurs stratégies de production et les pratiques auxquelles elles donnent lieu, notamment dans la majorité d’élevages paysans de petite taille. Dans cet article, les résultats issus d’une série de suivis d’élevages, dans des contextes divers (en zones pluviale et de grande hydraulique) sont rapportés. Les conséquences des stratégies de production mises en œuvre en terme des poids respectifs des ateliers lait et viande sont analysées, au regard des ressources utilisées (eau, fourrages et concentrés) ainsi que des volumes de lait et de viande commercialisés. L’analyse est complétée par l’intégration des termes économiques d’accès aux ressources et de mise en marché des produits. Les tendances identifiées à l’issue de ces suivis d’exploitations permettent de poser les jalons d’une discussion sur l’avenir de l’intervention dans ce genre d’exploitations afin d’améliorer l’usage durable des ressources (l’eau, les aliments, la main-d’œuvre, etc.) et de promouvoir les performances tant volumétriques (lait et viande) qu’économiques de l’élevage bovin.

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Présentation du contrat programme pour le développement de la filière viandes rouges

Présentation du contrat programme pour le développement de la filière viandes rouges

K. Chajaï, FIVIAR, Rabat

Dans le cadre du Plan Maroc Vert, le Gouvernement de SA MAJESTE a passé avec la Fédération Interprofessionnelle des Viandes Rouges (FIVIAR) un contrat programme pour le développement de la filière viandes rouges pour la période 2009-2014 dans le but d’atteindre les objectifs spécifiques concernant l’accroissement de la production de viandes rouges de 386 000 tonnes en 2007 à 450 000 tonnes en 2014 et l’amélioration de la consommation de viandes rouges de 11,7 kg viande /habitant/an en 2007 à 13,4 kg viande /habitant/an à l’horizon 2014.

Dès l’entrée en vigueur du contrat programme, les deux partenaires ont constitué des commissions de travail et ont pris toutes les dispositions et les mesures nécessaires pour la réalisation des actions et activités découlant du plan d’action validé par le PMV. Ainsi, les textes et notes circulaires régissant les aides de l’Etat dans le cadre de FDA pour l’encouragement de l’investissement dans la filière viandes rouges ont été promulgués et diffusés aux membres de la FIVIAR.

Dans l’objectif d’augmenter la production de viandes rouges, un programme de croisement industriel a été entamé conformément au règlement régissant cette opération et lancement de l’opération d’importation de veaux destinés à l’engraissement selon le cahier de charges élaboré.

Dans le but de la mise à niveau des ressources humaines, la formation des acteurs économiques de la filière viandes rouges a été renforcée tant par les associations que par la FIVIAR. Le zoopole d’Ain Jemâa qui constituera un pôle important pour la formation théorique et pratique des professionnels est entamé.

Les nouvelles technologies de production et de manutention des viandes pour la promotion de la qualité font l’objet de diffusion par les brochures et les bulletins, ainsi que par l’organisation du salon des viandes rouges qui regroupera tous les différents partenaires et constituera un lieu privilégié d’échanges d’expériences entre professionnels marocains et étrangers.

En plus de ces efforts consentis, la FIVIAR a dressé avec l’appui de l’IAV Hassan II, un fond documentaire sur les acquis de la recherche en matière de production des viandes qui permettra de mieux orienter les futurs programmes de recherche.

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Analyse rétrospective des programmes d’amélioration génétique des bovins et perspectives d’évolution dans le cadre du Plan Maroc Vert

Analyse rétrospective des programmes d’amélioration génétique des bovins et perspectives d’évolution dans le cadre du Plan Maroc Vert

A. Benlekhal, Direction de Développement des Filières de Production (MAPM)

Les différents plans sectoriels de développement de l’élevage, qui ont été lancés par les pouvoirs publics durant les trente dernières années, ont mis l’accroissement des niveaux de performances du cheptel et le développement des productions animales au cœur des priorités arrêtées. Les voies d’amélioration du cheptel adoptées et les modes d’organisation des programmes d’intervention ont évolué, en général, selon le contexte économique et les choix politiques du pays. Ainsi, dans le cadre de la mise en œuvre du plan laitier au milieu des années 70, l’option d’introduction des races laitières par importation a été préconisée, en plus des autres actions visant l’amélioration génétique du cheptel qui ont été exécutées et supportées par l’Etat, notamment l’insémination artificielle du cheptel, le maillage des zones par un réseau de stations de monte, le contrôle laitier et la sélection généalogique des reproducteurs, en ciblant les zones irriguées. Le début de la décennie 90 a vu l’amorce d’une réorganisation des programmes d’amélioration génétique par l’implication des organisations professionnelles des éleveurs à la réalisation des programmes d’intervention, dont l’insémination artificielle constituait un modèle concret. Cette phase a engendré une véritable prise de conscience des éleveurs et de leurs associations, et a suscité un intérêt réel à l’adhésion et à la contribution aux programmes. Il en résulte une véritable refonte de l’insémination artificielle passant d’une gestion administrative peu performante à une gestion professionnelle basée sur le résultat. Les réalisations dans ce domaine ont été multipliées par 10 dans l’espace de 20 ans (de 28.000 inséminations en 1990 à 330.000 en 2010). En outre, l’impact des actions combinées entreprises (importation des génisses, insémination artificielle et sélection) a été nettement positif sur l’accroissement de la production laitière et de viande; la structure génétique du cheptel a subi une transformation profonde puisque le cheptel amélioré est passé de 5% en moyenne en 1975 à 55% en 2010, dépassant même 85% dans les périmètres irrigués. Cette situation s’est traduite corollairement par une mutation des systèmes d’élevage où le type intensif prend de plus en plus de l’importance.

Les objectifs affichés au développement des filières de productions animales dans le cadre du Plan Maroc Vert appellent à une nouvelle approche d’intervention en matière d’amélioration génétique du cheptel avec cette double priorité: développement des filières viandes rouges et lait. Dans ce contexte, tout l’intérêt sera porté sur l’introduction des races nouvelles spécialisées, adaptées aux différents écosystèmes, qui seront diffusées par le biais de l’insémination artificielle pour l’accroissement de la production des viandes rouges, en plus de l’introduction de la haute génétique pour le développement de la filière lait dans les zones propices. Un nouveau défi se pointe donc à l’horizon pour asseoir une nouvelle organisation des programmes d’amélioration génétique des bovins en tenant compte de l’environnement, des vocations régionales et des innovations en matière de la génétique animale. Ceci passe entre autre par la mise en œuvre d’une réglementation appropriée, identifiant tous les acteurs, précisant leur responsabilité et instituant les soutiens de l’Etat, base de toute intervention future pour un développement durable des filières de productions en question.

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Mise en œuvre du contrat programme au niveau de l’ORMVAD

Mise en œuvre du contrat programme au niveau de l’ORMVAD

Directeur de l’ORMVAD

Le développement des productions animales passe nécessairement par le développement de l’amélioration génétique du cheptel adaptée aux réalités et conditions des exploitations. La technique «Insémination Artificielle», en tant que moyen sûr et le moins coûteux pour la diffusion du progrès génétique de notre cheptel, permet l’augmentation des productivités animales.

Depuis l’année 2000, l’utilisation des semences issues des races à viande, principalement la race Charolaise et le Blanc bleu Belge (BBB), est devenue de plus en plus accrue. Ceci s’explique en partie par la marge relativement importante dégagée par la filière viandes rouges. La part des semences issues des races à viande par rapport au total des réalisations des inséminations artificielles a évolué de façon importante.

Actions réalisées

• Démarrage du programme le 05/01/2011

• Signature de la convention de partenariat entre l’ANPVR, les 13 ALEB et l’ORMVAD le 01/03/2011 à Meknès, ayant pour objectif le développement de la production des viandes rouges dans la zone ORMVAD

• Création de 6 commissions de sélection des veaux croisés

• Organisation de 8 réunions de sensibilisation des éleveurs

• Création de 12 nouveaux circuits d’insémination artificielle des semences de races à viande en 2011 pour atteindre actuellement 35 circuits opérationnels.

Bilan de sélection des veaux croisés au 31/12/2011

• Nombre de veaux croisés présentés à la sélection: 3119 veaux (1642 demandes);
• Nombre de veaux sélectionnés: 1991 veaux;
• Nombre de veaux en cours de sélection: 16
8;
• Nombre de demandes ayant bénéficié des aides de l’Etat: 649 (pour 1214 veaux);
• Montant de la subvention: 4.856.000 DH

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Innovation et action collective: le semis direct des cultures pluviales au Moyen Sebou (Maroc)

Les exploitations familiales des pays du Sud, au foncier cultivable souvent limité, doivent pouvoir entretenir la fertilité de leurs terres si elles veulent améliorer leur productivité. L’agriculture de conservation et le semis direct sans travail du sol constituent des pratiques pouvant répondre à cet enjeu. Mais on constate qu’elles sont très peu adoptées par ce type
d’exploitations. Cet article vise à décrire comment et pourquoi des agriculteurs de la région du Moyen Sebou au Maroc ont pu adopter le semis direct des cultures pluviales. Des entretiens avec les agriculteurs et quelques mesures au champ ont été réalisés. L’analyse du chantier de semis direct montre que l’agriculteur réalise une économie de temps et d’argent pour l’implantation du blé, comparativement au semis après préparation du sol. L’évolution du système de culture en semis direct vers un système d’agriculture de conservation avec couverture du sol est complexe et peu envisageable, du fait des enjeux économiques et sociaux autour de l’usage des résidus de cultures dans les exploitations de polyculture – élevage. Le renforcement de l’action collective apparaît important pour assurer la durabilité de cette expérience (meilleure organisation des chantiers, mise en place d’un suivi – évaluation, collaboration recherche – développement, etc.).

https://www.cahiersagricultures.fr/articles/cagri/pdf/2015/02/cagri2015242p76.pdf

Potentiels de restauration de la qualité des sols sous agriculture de conservation au Maroc

Potentiels de restauration de la qualité des sols sous agriculture de conservation au Maroc

Rachid Mrabet et Rachid Moussadek (2012)

Au Maroc, la céréaliculture est, avec l’élevage, l’irrigation et le travail du sol, une des activités les plus anciennes pratiquées depuis des millénaires. Toutefois, cette filière ainsi que d’autres n’ont pas connu une amélioration notable en productivité due essentiellement à une dégradation des ressources en sols et à la sécheresse. Durant les trois dernières décennies, les travaux de recherche effectués en zones semi-arides marocaines, ont montré la nécessité de recourir à des systèmes agricoles à base de semis direct afin d’améliorer la qualité du sol et stabiliser les rendements à long terme. Cet article concerne une réflexion sur le bilan de la recherche en matière de qualité du sol sous agriculture de conservation au Maroc. En régime de semis direct ou de non travail du sol, la seule cause de variation d’état du sol reste la structuration naturelle sous l’effet des cultures, du type de gestion du sol (présence des résidus de récolte) et de la variation hydro-thermique qui dépend de la fluctuation des conditions climatiques. Les qualités physiques et chimiques des horizons superficiels du sol sont nettement améliorées sous le système de non travail du sol par rapport au labour conventionnel. La séquestration de la matière organique sous semis direct s’est traduite par une nette amélioration de la fertilité chimique du sol (niveaux d’azote, de phosphore et de potassium). Ces changements positifs de la qualité des sols sous semis direct sont traduits par des augmentations de rendements des cultures, même en années de sècheresse.

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Contraintes et perspectives de développement pour l’Agriculture Méditerranéenne

Contraintes et perspectives de développement pour l’Agriculture Méditerranéenne

Le Grusse Ph., Administrateur Scientifique, Enseignant Chercheur
CIHEAM-IAMM 1 / UMR G-EAU, CIHEAM-IAM Montpellier 3191, route de Mende 34093 Montpellier cedex 5 France, legrusse@iamm.fr

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Introduction

L’histoire de l’agriculture méditerranéenne débute il y a plus de 10000 ans dans le sud Est de la région; «la zone du croissant fertile». Le développement de l’agriculture marquant la fin de la dépendance de la chasse et de la cueillette, caractérise dans les sociétés humaines le développement de la civilisation. L’agriculture méditerranéenne s’est construite sur les céréales, principalement le blé et l’orge; et l’olivier. Cette zone d’émergence de l’agriculture est aussi la région d’origine des principales espèces animales domestiquées (la vache, le mouton et le porc). Le blé est aujourd’hui la céréale la plus consommée au monde, les espèces domestiquées ont colonisées la planète et l’olivier se retrouve sur presque tous les continents. L’agriculture s’est ensuite étendue au cours du néolithique sur tout le pourtour Méditerranéen et au delà. Au cours des siècles par l’exploration de contrées lointaines, l’agriculture méditerranéenne s’est enrichie de nombreuses plantes venues principalement d’Asie et des Amériques. La zone Méditerranéenne trouve une spécificité dans ses productions agricoles et leur diversité; grains, huile, agrumes, raisins, olives, légumes…La diète méditerranéenne est aujourd’hui un exemple de mode alimentaire au niveau international.

Au cours des siècles le développement des techniques de production, la sélection des matériels végétaux et animaux, la mobilisation des ressources naturelles notamment l’eau destinée à l’irrigation ont permis des gains de productivité importants notamment dans les dernières décennies.

Cependant l’agriculture méditerranéenne comme l’agriculture mondiale dans son ensemble est confrontée aux tendances lourdes de la croissance démographique, de l’urbanisation et du changement climatique. La crise alimentaire de 2008 qui a particulièrement touchée plusieurs pays de la rive sud de la méditerranée a mis en exergue une dépendance d’approvisionnement sur les marchés internationaux. Les territoires méditerranéens souffrent d’une grande disparité et une grand partie de forts handicaps en terme de potentiel de développement agricole.

Quels sont les contraintes qui pèsent sur cette agriculture Méditerranéenne et quelles perspectives pouvons nous imaginer.

Les ressources naturelles en Méditerranée: des handicaps importants et des situations très contrastées

La région est fortement hétérogène au niveau de son potentiel agricole, du fait de reliefs variés, de variétés climatiques engendrant des ressources inégales en eau et des potentialités des sols très variables.

Un des principaux handicaps de la région est la disponibilité de la ressource en eau, «La région méditerranéenne ne dispose que de 3 % des ressources en eau du monde, alors qu’elle rassemble 7,3 % de l’Humanité. Près de 60 % des habitants de la planète qui sont pauvres en eau, c’est-à-dire qui disposent de moins de 1 000 m³ de ressource annuelle per capita, se concentrent dans les seuls pays méditerranéens du Sud et du Proche-Orient » (PNUE-PAM-Plan bleu, 2004).

Les apports pluviométriques annuels sur le bassin méditerranéen sont estimés aux environ de 1100 milliards de M3 dont les deux tiers sont apportés sur moins de un tiers de la surface.

Tableau 1: Les apports pluviométriques annuels sur le bassin méditerranéen (Milliards de M3)
Milliards M3  %
Rive Nord 765 71
Rive Sud 145 13
Est 171 16

Source: PNUE/PAM MAP Technical Reports Series, n°158, 2004

Ces seules informations font apparaître les fortes disparités existant entre le Nord du bassin méditerranéen et le Sud et l’Est en terme de ressource en eau.

Sur des apports pluviométriques moyens d’environ 1 100 milliards de mètres cube, près de 560 milliards n’engendrent pas d’écoulement – il s’agit de l’eau verte qui équivaut à l’évapotranspiration réelle – et seuls 300 milliards sont utiles pour la végétation naturelle et cultivée; là encore la variabilité intra-régionale est grande avec une répartition du disponible de 210 Milliards de M3 pour le Nord, 50 pour l’Est et 40 au Sud. L’écart entre les besoins des cultures et «l’eau verte» permet d’approcher le besoin d’irrigation, qui varie énormément d’une rive à l’autre.

Ainsi, au nord du bassin, l’eau verte disponible dépasse souvent 500 mm même si, dans certaines régions, elle peut varier entre 200 et 300 mm. Au Maghreb, elle varie de 500 mm à moins de 100 mm, avec une très forte variabilité inter annuelle. Quant à l’est, une majorité du territoire reçoit moins de 100 mm. Sachant que le besoin d’irrigation devient incontournable en dessous de 300 mm et parfois en dessous de 500 mm pour certaines cultures, on mesure l’importance des besoins, d’autant que ce déficit volumétrique s’accompagne d’une grande variabilité intra annuelle et inter annuelle.

Les Eaux bleues sont les précipitations génératrices d’écoulement superficiel ou souterrain et les apports extérieurs avec une moyenne annuelle de 620 Km3, 80 % sont concentrés sur la Nord et la Turquie (496 Km3/an) et 20% (124 Km3/an) se répartissent sur le Sud et le Proche Orient ou le Nil apporte à lui seul plus de 13 % (80,6 Km3/an).

Les ressources exploitables peuvent être réparties en deux grands types:

Des ressources régulières avec pour les eaux de surface 60 Milliards de M3 et 50 Milliards de M3 pour les eaux souterraines . Nous avons ensuite des ressources de surface irrégulières avec 240 Milliards de M3 (dont Nil 50). Le total théoriquement disponible serait d’environ 350 Milliards de M3 mais avec presque 70 % de ces ressources ayant un caractère irrégulier.

Face à cette situation de variabilité spatiale, intra annuelle et inter annuelle de la ressource en eau, les méditerranéens ont depuis plusieurs millénaires cherchés à mobiliser et sécuriser la ressource en eau par des aménagements hydrauliques. «Déjà, au début de notre ère, la civilisation nabatéenne avait brillamment réussi à convoyer l’eau vers des zones agricoles sises dans l’actuel désert de Judée. A la même période, les Romains faisaient également valoir leurs compétences en matière d’adduction d’eau. Plus tard, alors qu’ils avaient unifié les territoires à l’est et au sud de la Méditerranée, les Arabes conçurent des ouvrages de retenue et d’amenée d’eau qui forcent encore l’admiration. La route de l’eau édifiée sous le calife Haroun el Rachid, destinée à désaltérer les pèlerins de Bagdad à La Mecque, en est un exemple patent, de même que le sont les réseaux d’irrigation installés dans la région de Marrakech, sous les dynasties Almohaves et Almoravides (El Faiz, 2005) » (Blanc, Le Grusse, 2007).

Après des siècles sans évolution majeure, la demande en eau a presque doublé dans la seconde moitié du XXème siècle, avec une augmentation de 50 % dans les 25 dernières années caractérisée toujours par un important déséquilibre avec 70 % d’augmentation de la demande pour le Sud et l’Est durant la même période.

La demande totale s »établit autour de 190 Milliards de M3, les volumes utilisés seraient 150 Milliards de M3 et la consommation nette finale de l’ordre de 90 à 100 Milliards. On peut donc constater que les ressources régulières en eau ne peuvent couvrir la demande, le stockage s’avère donc obligatoire pour assurer l’offre sur des fluctuations inter-annuelles.

Cette évolution est la résultante de nombreux facteurs ; une augmentation démographique, un développement du tourisme sur le pourtour méditerranéen, un développement industriel et des usages hydroélectriques. Les besoins en eau se sont aujourd’hui ainsi diversifiés entraînant des conflits d’usages et des arbitrages d’allocation le plus souvent au détriment de l’agriculture.

Tableau 2: Répartition de la demande en eau par secteur
Secteur d’activité Pays riverains (%) Espace méditerranéen des pays riverains (%)
Eau potable tourisme 13 13
Irrigation 62 64
Industrie 11 10
Hydroélectricité 13 11

Source: PNUE/PAM MAP Technical Reports Series, n°158, 2004

Si l’agriculture est souvent la secteur d’ajustement par rapport aux autres secteurs dans l’allocation de la ressource en eau, la rareté de la ressource pose dans de nombreuses situations un problème d’approvisionnement en eau potable pour des populations toujours plus nombreuses, ceci associé à une forte urbanisation essentiellement concentrée sur le littoral. Depuis le milieu du XXème siècle les Etats se sont lancé dans de grands ouvrages de stockage d’eau, pour satisfaire une demande ne pouvant plus s’accommoder des ressources traditionnelles. On recense ainsi plus de 500 grands barrages dans le bassin méditerranéen avec une capacité de stockage théorique de 230 Milliards de M3.

Aujourd’hui dans de nombreuses régions du sud, toutes les possibilités de mobilisation de la ressource ont été atteintes. Des politiques de transfert d’eau voient ainsi le jour pour alimenter les zones les plus déficitaires. Le développement des capacités individuelles de pompage grâce notamment à l’électrification et les pompes immergées permettent aux agriculteurs d’exploiter les nappes de manière intensive. De nombreuses nappes sont sur-exploitées et en danger. Nous ne ferons ici qu’évoquer les pompages dans des nappes fossiles qui ne seront bien évidemment pas durables.

La gestion par l’offre semble arriver à des limites; des solutions comme la réutilisation des eaux usées et les dessalement de l’eau de mer apparaissent comme des solutions alternatives malgré les limites sanitaires et énergétiques, ainsi que les limites quantitatives de ces solutions par rapport aux besoins. La possibilité de mobiliser de nouvelles ressources existe mais à des coûts souvent très élevés. La gestion de la demande, avec l’amélioration de la productivité de l’eau en agriculture est aujourd’hui l’objectif premier des politiques hydrauliques. Sera t il possible de relever les défis de besoins en eau pour les productions agricoles pour les décennies à venir en combinant ces différents leviers ?.

La limitation des surfaces exploitables et la qualité des sols dans le bassin méditerranéen sont également des facteurs de contrainte important pour le développement de la production agricole. Au niveau de la qualité des sols la variabilité est également très grande en méditerranée; les zone arides du sud avec des températures élevées et de faibles précipitations qui rendent difficiles la pédogenèse ont souvent des sols squelettiques impropres à l’agriculture (Mediterra, 2008). Le développement des zones urbaines, souvent au niveau des plaines du littoral vient amputer la région des meilleures terres agricoles.

Le développement de nouvelles surface agricoles reste marginal et nécessite des ressources en eau (Développement de nouvelles terres dans le désert en Egypte).

Tableau 3: Superficies agricoles dans le monde et en méditerranée
2003 Sup Totale Sup agricole %Sup agricole/Sup Totale
1000 ha
Monde 13432420 4973406 37
Méditerranée 871932 255006 29
Médit Nord 265993 140216 53
Union Eur 158215 87128 55
Médit Sud 605939 114790 19

Source: nos calcul à partir de Médagri CIHEAM-IAMM, 2006

Seulement 37 % de la superficie total des terres du monde sont utilisables en terme agricole; en méditerranée la proportion tombe à moins de 30 % et la différence la plus importante se trouve entre la rive Nord largement dotée en potentiel d’exploitation des terres avec plus de 50% des surfaces alors qu’au Sud le potentiel est inférieur à 20%. L’inégalité est très significative.

Tableau 4: Superficies cultivées (Superficies arables et cultures permanentes)
2003 (1000 ha) Sup. agricole  Sup. Arables et CP  %Sup Arables et CP sur Surf. agricole 
       
Monde 4973406 1540572 31
Méditerranée   255006 123863 49
Médit. Nord   140216 89206 64
Union Eur    87128 55127 63
Médit. Sud 114790 34657 30

Source: nos calcul à partir de Médagri CIHEAM-IAMM, 2006

En Méditerranée, 49 % des superficies agricoles sont cultivées, les reste des surfaces est occupée par des zones de pâturage . Dans le monde cette proportion est d’environ 30 % avec encore d’importantes différences entre la rive Nord avec plus de 60% et la rive Sud avec seulement 30%.

Au contraintes climatiques et de ressource en eau du Sud de la méditerranée s’ajoute donc des contraintes de rareté des terres agricoles exploitables.

Une région de déséquilibre démographique

Cette disparité des ressources en eau et en terre s’accompagne également d’un déséquilibre du dynamisme démographique particulièrement évident, qui tend à aggraver encore la disparité Nord Sud entraînant des besoins d’importations de denrées alimentaires de base au sud et à l’est de la Méditerranée.

Tableau 5: Dynamique des populations 1965-2003 et projections 2025
  Population Population Proj Population Tx crois-sance Tx Crois-sance Tx Crois-sance
1000 hab 1965 2003 2025 1965-2003 1965-2025 2003-2025
Monde 3334879 6301463 8294300 89 149 32
Méditerranée 259528 461457 558800 78 115 21
Médit Nord 185230 278418 291400 50 57 5
Union Eur 150476 179665 170800 19 14 -5
Médit Sud 74298 183039 267400 146 260 46

Source: nos calcul à partir de Médagri CIHEAM-IAMM, 2006

La croissance démographique a été de presque 90 % au niveau mondial en moins de 40 ans entre 1965 et 2003, les projections sur 2025 nous amène à une multiplication par 2,5 de cette population sur 60 ans. Globalement sur la région méditerranéenne l’accroissement a été inférieur et les projections sur 2025 vont dans le même sens. Cependant cette différence est du au très fort ralentissement de la démographie sur la rive Nord du bassin méditerranéen, avec une quasi stagnation dans les dernières périodes et des régressions de population pour certains pays pour les projections 2025. A l’inverse on assiste à une explosion démographique sur la rive sud de la méditerranée, avec une multiplication de la population de 2,5 entre 1965 et 2003 et des projections qui nous conduiraient à un facteur de 3,6 entre 1965 et 2025.

Les taux de croissance entre 2003 et 2025 laissent apparaître d’énormes variations avec 32 % au niveau mondial, 21 % pour l’ensemble de la méditerranée, mais seulement 5 % sur la rive nord du bassin et presque 50 % sur la rive sud.

La rive sud du bassin méditerranéen, se trouve donc confrontée à une triple contrainte, climatique, foncière et démographique. Ces contraintes sont à cumuler avec les problèmes émergeants du changement climatique qui viennent amplifier la fragilité de cette zone.

L’agriculture méditerranéenne: une pression accrue sur les ressources en terre et en eau

Le secteur de l’agriculture, est de loin le plus dispendieux en eau – avec 81 % au sud et 69 % à l’est (PNUE-PAM-Plan bleu).

Tableau 6: Allocation de la ressource en eau en Méditerranée par secteur d’activité
% Nord Sud Est
Eau potable & Tourisme 16 8,3 25
Irrigation 49 81,6 69
Industrie 11 9,8 6
Hydroélectricité et refroidissement 24 0,002 0

Source: PNUE/PAM MAP Technical Reports Series, n°158, 2004

Des ressources en eau limitées au Sud et à l’Est de la méditerranée, des besoins de production agricole dans une zone climatique chaude et peu arrosée, conduit à une allocation prépondérante des ressources en eau à l’irrigation, seule réelle possibilité pour intensifier la production agricole dans des territoires où les terres cultivables sont rares.

Tableau 7: Surfaces irriguées et pourcentage des terres cultivées irriguées
1000 ha Terres Irriguées % Irrigué / Cultivées
Monde 277098 18
Méditerranée 24953 20
Médit Nord 16947 19
Union Eur 11233 20
Médit Sud 8006 23

Source: nos calcul à partir de Médagri CIHEAM-IAMM, 2006

Avec 6% de la superficie totale du monde, 7,3 % de la population mondiale, la région méditerranéenne ne dispose que de 5 % des surfaces agricoles du monde, et 3 % des ressources en eau. Pourtant la région méditerranéenne représente 8 % des surfaces cultivées et 9 % des surfaces irriguées mondiales.

La région méditerranéenne irrigue 20 % de ses surfaces agricoles, la différence reste faible entre le Nord et le Sud avec respectivement 19 et 23 % des surfaces. Les besoins de développement au Sud sont importants mais contraints par la ressource en eau.

Tableau 8: Terres irriguées et allocation d’eau à l’agriculture
Pays Terres Irriguées / Terres Cultivées  % des volumes d’eau pour l’agriculture
Syrie 25 95
Maroc 15 90
Libye 22 89
Tunisie 8 82
Grèce 38 81
Egypte 100 78
Jordanie 19 75
Turquie 20 74
Chypre 29 71
Espagne 20 68
Liban 33 67
Algérie 7 65
Israel 45 63
Italie 26 43
Malte 18 25
France 13 10
Albanie 51
Portugal 28
Ex-RY Macédoine 9
Slovénie 1
Serbie Monténégro 1
Croatie 1
Bosnie H 0

Source: nos calcul à partir de Médagri CIHEAM-IAMM, 2006

Paradoxalement la proportion de terres irriguées est importante dans la plupart des pays de la rive Nord du bassin méditerranéen. Les pays de l’est méditerranéens sont à plus de 20 % de surface irriguées (Israël, Syrie, Jordanie, Liban, Turquie). L’Egypte reste un cas particulier avec 100 % de surfaces irriguées et une unique ressource en eau (le Nil), afin de compenser très peu de surfaces agricoles et une population importante. Les pays du Maghreb restent très en dessous de la moyenne de 20 % des surfaces irriguées (Maroc 15%, Tunisie 8 % et Algérie 7%). Pour appréhender les différentes situations, il est important de regarder la part de l’eau affectée à l’agriculture dans les différents pays.

En analysant la part de l’eau allouée dans les principaux pays irriguants du pourtour méditerranéen, nous pouvons constater une non corrélation entre le pourcentage des surfaces irriguées par rapport aux surfaces cultivées et la part de l’eau allouée à l’agriculture.

Nous pouvons classer ces pays en quatre grands types:

  • Des pays avec plus de 20 % des surfaces irriguées qui allouent plus de 70 % de leur ressources en eau à l’agriculture (Syrie, Libye, Grèce, Egypte, Jordanie, Turquie, Chypre);
  • Des pays avec moins de 20 % de surfaces irriguées et qui allouent moins de 70 % de leurs ressources en eau à l’agriculture ( France, Malte, Algérie);
  • Des pays avec plus de 20 % des surfaces irriguées qui allouent moins de 70 % de leur ressources en eau à l’agriculture (Italie, Israël);
  • Des pays avec moins de 20 % de surfaces irriguées et qui allouent plus de 70 % de leurs ressources en eau à l’agriculture ( Maroc, Tunisie).

Nous pouvons à partir de l’évolution du potentiel de surfaces cultivables rapporté à la population évaluer un indicateur du besoin d’amélioration de la productivité du secteur agricole à l’horizon 2025 à surfaces cultivées constantes (2003) afin de maintenir la situation de couverture des besoins alimentaires des populations.

Tableau 9: Potentiel de surface cultivable par habitant et indicateur de besoin d’amélioration de la productivité 2003-2025
Surf/1000 hab

/1965

Surf/1000 hab

/2003

Surf/1000 hab

/2025

Productivité 2003-2025
1000 hab
Monde 462 244 186 32
Méditerranée 477 268 222 21
Médit Nord 482 320 306 5
Union Eur 366 307 323 -5
Médit Sud 466 189 130 46
Espagne 584 456 498 -8
France 401 325 319 2
Grèce 448 349 387 -10
Italie 205 186 205 -9
Portugal 257 230 238 -4
Albanie 374 221 149 48
Bosnie H 265 245 8
Chypre 241 175 156 12
Croatie 358 377 -5
Ex-RY Macédoine 298 235 26
Malte 36 28 28 2
Serbie Monténégro 353 351 1
Slovénie 102 112 -9
Turquie 813 365 286 28
Israel 167 67 55 21
Algérie 689 258 181 43
Libye 1325 387 167 132
Maroc 704 307 231 33
Tunisie 1065 501 371 35
Egypte 108 48 35 35
Liban 146 86 71 20
Jordanie 362 73 33 121
Syrie 1001 305 162 88

Source: nos calcul à partir de Médagri CIHEAM-IAMM, 2006

Au niveau mondial la surface cultivée disponible par habitant à été divisée par 2 entre 1965 et 2003, la méditerranée dans son ensemble a suivi la même tendance avec un impact plus fort au Sud qu’au nord. Les projections 2025 sont caractérisées par un ralentissement global de la tendance au niveau méditerranéen par rapport à la tendance mondiale avec un besoin de gain de productivité de 32 % au niveau mondial et de 21 % au niveau de l’ensemble du pourtour méditerranéen, ce qui est déjà un défi très important en moins de 25 ans.

Cette vision globale cache une très forte distorsion entre la rive Nord et la rive Sud de la méditerranée. Pour la rive Nord avec un très fort ralentissement de la croissance démographique les besoins d’accroissement de la «productivité» seraient de l’ordre de 5 % et même négatifs pour les seuls pays de l’Union européenne. A l’opposé les besoins de développement de la «productivité» de l’agriculture sont proche des 50 % pour la rive sud (46%) ce qui traduit un défi fantastique pour les prochaines décennies.

L’agriculture Méditerranéenne: Des défis annoncés – Des besoins d’efficacité, d’efficience et de durabilité

Le secteur irrigué contribue fortement, notamment dans le Sud et l’Est de la méditerranée à la production et au maintien d’un niveau minimum de sécurité alimentaire dont les conditions actuelles du marché montrent l’importance. Toutefois, la productivité de ce secteur productif reste faible à l’exception des progrès importants réalisés par l’agriculture d’exportation (fruits et légumes au Maroc, huile d’olive et dattes en Tunisie ….) et par certaines productions destinées à l’agro-industrie (lait, cultures sucrières..), l’Egypte avec une agriculture très intensive et totalement irriguée est contrainte par les surfaces agricoles disponibles et développe de nouvelles terres dans le désert. Dans de nombreux pays, les rendements moyens de la plupart des produits de base sont inférieurs de 40 à 50% par rapport aux moyennes mondiales. Les écarts entre les rendements potentiels et actuels sont dans les agricultures traditionnelles de l’ordre de 50 à 60% (Ceña et al., 2005).

Le développement de l’agriculture passe obligatoirement par une meilleure gestion de l’eau dans les zones irriguées, ces dernières contribuant fortement à la production agricole (40 à 50% de la valeur ajoutée agricole au Maroc).. L’aggravation des déficits de la balance commerciale agricole de nombreux pays s’explique par les faibles performances réalisées par l’agriculture sous la contrainte de disponibilités en terre, de ressource en eau, et par une croissance démographique forte.

Durant les dernières décennies, de gros efforts de mobilisation des ressources en eau ont été réalisés par les pouvoirs publics. D’importants investissements ont été affectés à la Grande Hydraulique avec l’aménagement de grands périmètres publics, souvent dans des zones sans tradition d’irrigation, sans oublier les investissements en PMH.

Des politiques dirigistes ont été mises en œuvre dans un contexte de décisions planifiées où la cohérence des mises en production et des allocations d’eau était préalablement définie. Dans une grande majorité des cas les objectifs d’intensification dans les périmètres n’ont été que partiellement atteints. Les capacités nouvelles de mobilisation des ressources sont de plus en plus limitées et à des coûts croissants dans une conjoncture climatique de moins en moins favorable.

Dans de nombreux périmètres, les équipements hydro-agricoles souffrent d’un manque d’efficacité. Les infrastructures actuelles sont souvent vétustes et dégradées; suite au désengagement de l’état, le manque d’entretien devient chronique. Du fait de ces importantes déficiences des équipements, la réhabilitation et la modernisation des périmètres publics sont des questions d’actualité. Différents projets d’extension des périmètres existent, et les décideurs s’interrogent sur l’opportunité de ces investissements (équipement de périmètres, construction de nouveaux barrages) et les choix techniques et institutionnels à effectuer.

Dans ce contexte, l’évolution technologique apporte des possibilités nouvelles pour l’accès individuel à la ressource en eau par des forages, des puits et des pompages d’eau de surface. Un développement souvent anarchique des prélèvements privés est constaté dans tous les pays, même au niveau des périmètres publics, avec dans de nombreux cas l’apparition d’ une concurrence avec la desserte des périmètres publics, des problèmes environnementaux croissants (avec des remontées ou des rabattements de nappe), de salinité, et de pollution par les nitrates et les produits phytosanitaires.

L’ouverture des marchés et les processus de libéralisation entraînent une diminution des capacités de contrôle des prix et de la production par les pouvoirs publics. De même, ces processus de libéralisation ont redonné aux agriculteurs la liberté de définition de leurs assolements. La concurrence oblige par ailleurs ces producteurs à rechercher des spéculations à haute valeur ajoutée souvent exigeantes en eau et fréquemment inadaptées à la rigidité des systèmes collectifs d’allocation de la ressource existante.. Il en résulte une exacerbation des démarches individualistes pour accéder à l’eau avec une course aux pompages privés

L’ensemble de ces constats et en particulier le fait que toutes les projections envisagent une réduction des volumes d’eau attribués à l’agriculture imposent donc d’une part un accroissement de la production du secteur agricole et d’autre part une meilleure utilisation des ressources disponibles. Le premier point relève du concept d’efficacité et le second de l’efficience (Burt,1997). Dans un souci de durabilité, il est important de privilégier la notion d’efficience.

Afin de dégager les voies possibles et les priorités il est nécessaire de disposer d’outils permettant de caractériser la situation actuelle, d’identifier les progrès possibles et de hiérarchiser les actions à mener.

La FAO a définie dans les années 2000, une projection sur 2030 de l’agriculture irriguée en méditerranée, fixant des objectifs de prélèvements et d’efficience.

Tableau 10: Projection de la FAO 1998 -2030 sur les besoins en irrigation au Sud et à l’Est de la méditerranée
FAO 2000 1998 2030
Sous Régions Besoins  en Efficience Prélève-ments Besoins  en Efficience Prélève-ments
eau d’irrigation eau d’irrigation
Km3/an % Km3/an Km3/an % Km3/an
S 39 52 75 53 66 80
E 24 40 61 37 50 73
Total 63 47 136 90 58 153

 

Pertes 1998    2030 
  Km3/an %   Km3/an %
S 36 48 27 34
E 37 61 36 49
Total 73 54 63 41

Source: PNUE/PAM MAP Technical Reports Series, n°158, 2004

D’après ces projections, une amélioration de l’efficience globale de plus de 13 %, l’économie réalisée sur la période serait de 10 Km3/an, les besoins augmentant de plus de 40 % représentant 27 Km3/an, le solde de ressources nouvelles à trouver reste de 17 Km3/an soit un besoins de prélèvements nouveaux de plus de 25% qui semble déjà un énorme défi pour de nombreux pays.

Enfin, outre les besoins de ressources en eau nouvelles, conventionnelles ou non; les besoins d’amélioration des performances des systèmes irrigués, il ne faut pas oublier que la majeur partie des surfaces cultivées sont conduites en sec. Les politiques de conservation des sols, permettant une meilleur valorisation des «Eaux vertes» sont indispensables ainsi que l’amélioration des performances des systèmes de production conduits en sec. Les seules améliorations des performances et des surfaces des systèmes de production en irrigués ne suffiront pas à relever les besoins globaux d’amélioration de la productivité globale de l’agriculture en méditerranée.

Conclusion

Au vu des diverses projections faites sur les périodes 2025 –2030, les besoins d’augmentation des productions agricoles sur la rive sud de la Méditerranée apparaissent comme le premier enjeu sous contraintes de voir augmenter de manière importante les importations de produits alimentaires pour ces pays dans des conditions d’instabilité des marchés internationaux et au risque de déstabilisation des équilibres financiers des états. Les situations sont cependant très contrastées entre les différents pays du pourtour méditerranéen et il est difficile de vouloir mettre en œuvre des orientations stratégiques génériques. Au Nord où depuis plusieurs décennies s’est développé une agriculture intensive, les problèmes environnementaux deviennent prioritaires du fait de pollutions diffuses (Engrais, Pesticides). Les problèmes de ressource en eau bien que moins exacerbés que sur la rive Sud sont réels et sont des aspects à prendre en compte dans le cadre des effets d’un changement climatique perceptible.

Les besoins d’intensification de la production agricole dans de nombreux pays du Sud, entraîneront inévitablement des problèmes de pollution diffuse qui sont déjà largement visible notamment dans les zones irriguées ou les possibilités d’intensification ont contribuées à l’utilisation massive des engrais et des produits phytosanitaires.

Un triple enjeu apparaît pour l’agriculture méditerranéenne, un enjeu d’efficacité avec des besoins d’augmentation de la production, des enjeux d’efficience face à la rareté des ressources naturelles avec en premier lieu la ressource en eau, en enfin un enjeu de durabilité dans la gestion des pollutions diffuses.

Il apparaît difficile d’imaginer que la rive Sud de la Méditerranée puisse seule surmonter l’ensemble des contraintes extrêmes auxquelles elle se trouve confrontée. Toutes les analyses montrent la complémentarité Nord Sud en terme de potentiel de production et de coopération technologique pour relever les défis annoncés.

Bibliographie

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Burt, C.M., A.J, Clemmens, t.s., Strelkoff, K.H. Solomon, L., T. Howell, D. Eisenhauer, R. Bleisner. 1997. Irrigation performance measures. Efficiency and uniformity, J. Irrigation and Drainage Engineering 123(6): 423-442.
Burt, C.M., A.J, Clemmens, Bliesner, R., Merrieam, JL. and Hardy L., 2000 Selection of irrigation method for Agriculture. Committee Report, On-farmIrrigation Committee, water Resources Engr. Div., ASCE, Reston, VI, 126pp.
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PNUE/PAM Athènes/Plan bleu, 2004, L’Eau des méditerranéens: Situation et perspectives. MAP Technical Reports Series, n°158.
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Les agricultures méditerranéennes: analyse par pays, 2008, Options méditerranéennes, Série B : Etudes et recherches numéro B 61.

Le semis direct: potentiel et limites pour une agriculture durable en Afrique du nord

L’objectif de cet article est de discuter les apports du système de semis direct dans la protection de l’environnement et la production agricole pour une fixation d’un développement rural durable en Afrique du Nord. Il présente ce système comme une révolution technique, socio-culturelle et écologique. C’est une révolution technique parce que le semis direct envisage l’élimination des labours et des autres préparations mécaniques des sols et préconise le maintien d’une couverture de résidus en surface. C’est une révolution socio-culturelle basée sur la renonce par les agriculteurs et les producteurs des pratiques anciennes ancrées dans leurs esprits et l’abandon d’outils souvent des signes de fierté. C’est une révolution écologique qui permet de réduire les pertes de sols, de sédiments, d’eau, des éléments nutritifs et des effets de serre.

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