Au Maroc, c’est autour du blé, comme denrée de base, que le package stratégique sur la sécurité alimentaire du pays est élaboré, incluant aussi le sucre, les huiles, la viande et le lait. Mais en dépit de son statut de denrée stratégique et des efforts consentis à son développement par les pouvoirs publics, les progrès réalisés sur cette culture depuis plus de 40 ans, restent en deçà des besoins du pays, qui s’élèvent à environ 110 millions de qx/an, contre 60-70 millions produits localement. Comme principales contraintes à cette insuffisance de progrès, il y a les faibles productivités liées à la sécheresse récurrente et la rentabilité très limitée de la filière, ne justifiant pas la reconversion d’autres cultures en blé dans les grands périmètres irrigués.
Au Maroc, la céréaliculture est présente un peu partout mais avec un taux d’occupation des terrains plus important dans les régions d’agriculture pluviale. Dans ces zones, la céréaliculture est une composante incontournable du système de culture en comparaison avec les zones irriguées où d’autres choix sont possibles. Elle est présente dans les zones de montagne, les zones arides, les grands plateaux et plaines intérieures et les plaines côtières.
A l’évidence, la problématique spécifique à chacune des grandes régions céréalières du Maroc n’est pas forcément la même, ne serait-ce qu’en raison de la diversité des systèmes de culture et de production (système vivrier, système extensif type monoculture, polyculture/élevage), de la taille des exploitations (petite unité familiale, grande ferme de production) ou de la finalité de la production (multiplication de semence, production du blé commun pour les minoteries). Mais il n’en demeure pas moins que de nombreuses contraintes soient communes à ces grandes régions, en particulier les effets des sécheresses récurrentes qui frappent constamment l’ensemble du Maroc et qui expliquent en grande partie le statuquo actuel sur le manque de progrès substantiel de la filière, faute de rentabilité suffisante. Les facteurs aggravants additionnels sont le coût de production en perpétuelle augmentation, les faibles prix de vente sur le marché dus entre autres à la faible qualité de la production locale, et la concurrence du blé d’importation, subventionné par les pays d’origine.
La difficulté à survivre à l’aléa climatique est certainement plus importante dans les grandes zones très arides du sud du pays où les effets préjudiciables de la sécheresse sont souvent plus graves que dans la partie nord un peu mieux arrosée. Au sein de chacune de ces zones, la situation est plus difficile pour le petit producteur disposant de peu de moyens que pour le grand producteur structuré et techniquement plus performant. La catégorie la plus vulnérable dans ces zones d’extrême sécheresse est sans doute celle qui n’a aucune autre activité agricole que la céréaliculture, faute de pouvoir faire jouer la diversification.
Dans le présent article, on se limitera aux questions managériales et de rentabilité des grands domaines pour lesquels on dispose de suffisamment d’informations pour enrichir le débat sur la filière céréalière au Maroc. Des quatre ou cinq unités que nous gérons, nous avons choisi ici la ferme de Louata spécialisée de longue date dans la céréaliculture, en particulier le blé tendre.
Particularités du domaine étudié
Le Domaine Louata est situé dans la région de Sefrou, au nord-est du moyen Atlas, à 45 km de la ville de Fès. C’est une grande ferme en partie vallonnée et d’altitude très variable (400 à 772 m), qui s’étale sur environ 3.200 ha, dont 415 ha réservés à l’olivier intensif et à l’arboriculture fruitière (pêcher/nectarinier, prunier, poirier, abricotier, jujubier, grenadier) et 2.300 ha aux grandes cultures. Le climat est de type semi-aride à subhumide avec une pluviométrie moyenne de 480 mm/an, caractérisée par une forte variabilité interannuelle (196 mm en 2004/2005 et 734 en 2009/2010) et entre mois (octobre à fin avril pluvieux et mai à septembre secs). La ferme est en partie irriguée par pivots (254 ha) et par goutte à goutte (395 ha). C’est également une zone gélive avec des minima pouvant descendre à -6°C en hiver. L’unité est gérée par une équipe technique formée de trois ingénieurs et 4 techniciens dont un ingénieur et deux techniciens affectés en permanence à la grande culture, qui emploie également près de 30 à 150 ouvriers, selon le besoin et la période de l’année.
Les fruits rouges sont actuellement parmi les spéculations fruitières les plus rentables et sont très demandés par les marchés, notamment européens et américains. La superficie occupée par les fruits rouges au Maroc est de 4.162 ha concentrée à 85% sur la fraise, le reste est partagé entre la myrtille (10%) et la framboise (5%), qui sont principalement cultivées dans le périmètre du Loukkos.
Le myrtillier (Vaccinium sp.) est l’espèce de petits fruits rouges la plus demandée par le consommateur européen et américain grâce à ses bienfaits sur la santé, sa richesse exceptionnelle en vitamines, sels minéraux, fibres et polyphénols (Oxoflavonoïdes et anthocyanes en particulier) qui lui confèrent des qualités nutritionnelles reconnues (Tableau 1).
En outre, la myrtille possède un pouvoir antioxydant très élevé car elle contient 2234 unités de PARO (Puissance d’Absorption de Radicaux libres Oxygénés) par 100 grammes. Seuls les pruneaux et les raisins secs font mieux.
La myrtille au Maroc
Le Maroc possède un grand avantage concurrentiel dans la production d’une large gamme de baies rouges. La myrtille fait partie de ces cultures qui pourraient apporter une forte valeur ajoutée au produit agricole marocain. Ceci vient du fait que peu de pays présentent de telles opportunités pour cette culture, surtout pour les productions hors saisons qui commencent en novembre et se terminent en mai, soit peu avant l’entrée des productions saisonnières qui proviennent des régions montagneuses froides.
La surface globale de la culture des myrtilles au Maroc s’étale sur une superficie d‘environ 800 ha et génère une production de 11.000 tonnes. La quasi-totalité de cette production est destinée au marché de l’export, générant ainsi une entrée de devise de 53 millions d’euros (FIFEL, 2015).
Le rendement moyen de la myrtille est de 10 tonnes à l’hectare avec un prix moyen de vente de 71 Dh/kg. Malgré que le coût d’installation de la culture soit relativement élevé (environ 800.000 Dh/ha), cette spéculation reste économiquement rentable. En effet, les charges annuelles moyennes s’élèvent à 200.000 Dh/ha et la valeur moyenne de la production est de 710.000 Dh/ha, ce qui génère un bénéfice net d’environ 510.000 Dh/ha.
Biologie et Ecologie de la Myrtille
Le myrtillier appartient au genre Vaccinium et à la famille des Ericacées qui comprend un grand nombre d’espèces différentes. Par rapprochement avec l’espèce endémique Européenne (Vaccinium myrtillus), les différents Vaccinium (Vaccinium corymbosum, Vaccinium ashei, Vaccinium darrowii, Vaccinium angustifolium…) à fruits bleus sont classés sous le terme générique de Myrtille.
L’espèce Vaccinium corymbosum (fruits en corymbe) ou Myrtille arbustive est sélectionnée aux USA depuis un siècle pour en faire la culture. Elle représente déjà à l’état sauvage, le meilleur compromis entre vigueur, productivité et qualité des fruits.
Le Vaccinium corymbosum sauvage est naturellement bien adapté à des climats océaniques ou continentaux modérés. Cependant, pour répondre aux besoins du marché et étendre la saison de production, d’autres Vaccinium ont été introduits dans les programmes de sélection pour permettre la culture sous des climats plus chauds et plus précoces. Nous distinguons quatre grands groupes de Vaccinium cultivés:
Le Northern Highbush: Vaccinium corymbosum (tétraploïde) à fort besoin en froid (env. 1000 heures de froid requise).
Le Southern Highbush: Vaccinium corymbosum avec une proportion de gênes issues d’autres espèces de climat chaud (Vacc. Darrowï, Vacc. Asheï). Les besoins en froid sont compris entre 150 et 500 heures.
Les Rabitteyes: Vaccinium asheï (Héxaploïde) sélectionné principalement pour rallonger la saison de production sur le créneau tardif. Les besoins en froid sont généralement faibles (400-600 h).
Le Bleuet canadien (lowbush blueberry): Vaccinium angustifolium sélectionné essentiellement pour la récolte mécanique et le fruit d’industrie. Les besoins en froids sont élevés.
Les deux classes de myrtilles capables de produire dans des régions à hiver doux comme au Maroc sont les myrtilles Southern Highbush et Rabbiteye. Les variétés du type Southern Highbush sont généralement préférées parce qu’elles sont plus précoces et que leurs fruits sont d’une meilleure qualité. Les variétés de Rabbiteye sont plus vigoureuses, tolérant des niveaux de pH plus élevés et d’autres stress, mais elles donnent généralement une production plus tardive.
Donc, si l’objectif est la production hors saison, le choix doit être orienté vers les variétés du type Southern Highbush. Les variétés dites Rabbiteye pourront aussi jouer un rôle selon le marché ciblé.
La productivité de ces variétés varie considérablement selon la région et la période de l’année durant laquelle elles produisent. Une combinaison appropriée de ces variétés permettra aux producteurs d’associer des caractéristiques horticoles telles que la vigueur, la productivité et la qualité ainsi qu’une production durant les périodes et les fenêtres de marché visées. Il est important d’évaluer les différentes variétés dans chaque région de production potentielle choisie.
La productivité et la période de production sont en grande partie déterminées par une interaction entre 1) la période de dormance de la région, 2) la variété et 3) l’accumulation de chaleur pendant la floraison et la maturation du fruit ainsi que par d’autres pratiques horticoles comme la taille et la gestion de l’eau et du sol.
Techniques de production de la Myrtille
Exigences édaphiques
La myrtille se distingue des autres fruits rouges par un système racinaire fibreux et très superficiel sans racine pivotante dominante qui ne tolèrent ni le mauvais drainage ni le stress hydrique. Elle possède des exigences agronomiques et culturales particulières. Le pH et la salinité du sol sont les facteurs les plus importants influençant la croissance de la myrtille. En effet, la myrtille exige des sols fortement acides, très bien drainés et riches en matière organique.
A titre d’exemple, le pH optimum pour la myrtille est entre 4,5 et 4,8. A un pH de moins de 3,8, il y a carence en potassium (roussissement des marges des feuilles), tandis qu’à des pH supérieurs à 5,5, l’absorption du fer est bloquée provoquant la chlorose.
Cependant, des études ont montré que la production est également possible avec un pH plus élevé (6-6,5) à condition que le sol soit dépourvu de calcaire. Nonobstant, plusieurs problèmes sont rencontrés dans la culture de myrtille lorsque le pH du sol dépasse 5,0. Dans ce cas, il faut acidifier le sol et l’eau puisque l’irrigation avec une eau à pH élevé affecte le pH de la solution du sol.
Dans le cas où les plants commencent à manifester les signes de chlorose, il est possible d’utiliser le chélate de fer pour la pulvérisation des feuilles, ou trempage des racines ou injecter dans le système d’irrigation pour secourir les plants. Ce processus doit être appliqué chaque 2 semaines jusqu’à ce que le pH du sol atteigne la valeur 5,0.
Aussi, la salinité du sol est un facteur néfaste au développement du myrtillier du fait qu’elle restreint sa croissance. Ainsi, pour une bonne croissance, les valeurs de la salinité du sol ne doivent pas dépasser les 800 ppm (0,8 dS/m).
Installation
Préparation du sol
Comme les myrtilles ont un système racinaire superficiel et ne tolèrent pas le mauvais drainage, dans la plupart des cas elles doivent être plantées sur des billons avec un pH du sol optimum compris entre 4,5 et 4,8. La gestion de l’acidité et de la salinité du sol pendant les deux premières années est d’une importance capitale.
Pour cela, une analyse du sol et de l’eau d’irrigation est obligatoire. Elle permettra de connaître la composition en macro et micro-éléments afin calculer l’apport en fertilisants. En plus, l’analyse de l’eau renseigne sur sa qualité et sur l’apport en acide pour ramener le pH et la conductivité aux valeurs désirées. Notons que la meilleure conductivité (CE) de l’eau pour l’irrigation de la myrtille se situe aux alentours de 0,75 dS/m. Une fois la CE dépasse les 1,5 dS/m, les problèmes de croissance vont être observés.
Un traitement préalable du sol par le soufre pour son acidification est nécessaire. Le soufre devrait être intégré de manière uniforme dans le sol. La quantité du soufre introduite doit être en fonction de la texture du sol et de son pH initial. En outre, il est également important d’acidifier l’eau d’irrigation à un pH de 5,0 bien qu’on n’est pas obligé de maintenir le pH de l’eau à la valeur 5,0 (il peut varier de 4,0 à 5,5). Le sol joue le rôle de tampon pour réguler le pH, sans toutefois que le pH global du sol ne dépasse 5,0.
Plantation
La meilleure période de plantation de la myrtille au Maroc est entre octobre et mi-mars. Sur un billon de 1 à 1,2 m de largeur, les plants sont espacés de 75 à 80 cm, l’espacement entre les billons doit être entre 1,8 et 2,5 m. Les myrtilles sont plantées dans des trous de 30 cm de diamètre et de profondeur.
Les racines doivent être écartées les unes des autres et aérées, évitant ainsi qu’elle prennent la forme du pot en leur permettant un bon développement. Après plantation et tassement du sol mélangé avec de la tourbe (2 à 4 litres) sur les racines et sa couverture avec des débris de bois –un paillage en plastique peut également faire l’affaire- une irrigation abondante en eau acide est effectuée pour saturer le sol en eau. Il existe des tourbes acides ayant un pH 5,0 qui peuvent être utilisées, elles sont en mesure d’aider la stabilisation des plantes au moment de la migration du pH du sol à pH 5,0.
Avant leur plantation, les plants adultes doivent être placés sous ombrière et nébulisés avec une solution nutritive à pH=6. Il est en outre recommandé de laisser pousser les jeunes plants sous ombrière pendant 6 mois avant leur plantation tout en les nébulisant avec une solution nutritive acide.
Irrigation
Les besoins de la myrtille en eau d’irrigation sont relativement limités par rapport à certaines espèces fruitières. Ils sont estimés de 15 à 20 m3/ha/jour avec des pics qui peuvent atteindre 80 m3/ha/jour en période estivale. Cependant, la myrtille est particulièrement sensible au stress hydrique pendant la floraison et la nouaison des fruits.
La qualité de l’eau est un facteur critique pour la myrtille. Tout stress hydrique durant la période de floraison ou de fructification entrainera la diminution du rendement. En effet, après fructification et taille des arbres, le stress hydrique limitera la croissance végétative et réduira par conséquence la production de fruits la saison suivante.
Les acides sulfurique et phosphorique sont utilisés pour acidifier l’eau d’irrigation pour ramener son pH à environ 5. Dans certains cas, l’acide nitrique pourrait être utilisé au lieu de l’acide phosphorique.
Les irrigations en goutte à goutte ont lieu 3 fois par semaine en moyenne pendant une heure à un débit de 5l/ml/h. Cette quantité doit être augmentée ou diminuée en fonction des conditions climatiques et de l’évapotranspiration pendant les mois chauds de l’été. Puisque le système racinaire est superficiel et abondant, des irrigations fréquentes et de courte durée sont plus efficaces que des irrigations abondantes et espacées.
Fertilisation
La myrtille possède des exigences agronomiques et culturales particulières. L’azote est peut-être le seul élément requis année après année dans la production de la myrtille. Même si les quantités nécessaires ne sont pas très élevées, l’azote est l’élément clé pour assurer un bon rendement.
Pour une plantation établie, les besoins en azote se situent à environ 40 unités par hectare. Cette dose doit bien entendu être ajustée en fonction de la croissance, des rendements, de la taille, du taux de matière organique et du type de paillis utilisé.
Un niveau adéquat d’azote assure une croissance adéquate et un renouvellement optimum des tiges, une production élevée et un développement des bourgeons floraux pour l’année suivante. En contrepartie, un excès d’engrais azoté favorise une croissance excessive, diminue l’aoûtement, réduit la formation des bourgeons floraux et retarde la maturité des fruits.
Les doses d’azote appliquées en Californie sont entre 100 et 200 Kg N/ha. Cette quantité est appliquée généralement entre février et mi-novembre. Pour les jeunes plantations, une quantité de 100-125 Kg N/ha est suffisante. Une quantité de 175 -225 kg N/ha est appliquée pour des plants âgés de plus de 3 ans.
En pratique, pendant la première année, le seul apport nécessaire en fertilisants, en plus du phosphore apporté par l’acidification de l’eau, est l’azote. Son application est hebdomadaire à raison de 2,5 Kg/ha de sulfate d’ammonium (21%). Cette quantité pourrait être doublée pendant la deuxième année et les années qui suivent.
A partir de la deuxième année, des apports importants en macro et micro éléments sont nécessaires. Les éléments essentiels apportés hebdomadairement en fertigation sont 40 U N/ha/an sous forme d’ammonitrate ou de l’urée (il vaut mieux les alterner), 30 U P2O5/ha/an, 70 U K2O/ha/an sous forme de sulfate de potassium, et 20 U Mg/ha/an sous forme de nitrate de magnésium. Il faut tenir compte de l’apport en phosphore pour l’acidification de l’eau d’irrigation.
À partir du début du cycle végétatif, un apport en microéléments doit être assuré en application radiculaire hebdomadairement, et foliaire une fois chaque 2 semaines jusqu’à fructification. Les quantités en ces éléments sont rapportées dans le tableau 3.
Afin de favoriser le développement radiculaire et le développement général de la culture, et pour augmenter la disponibilité et l’absorption des nutriments, l’utilisation d’un bio stimulant des processus métaboliques de la culture est recommandé. Ses applications sont aussi bien foliaires que radiculaires. Trois applications au début du stade végétatif de la culture sont suffisantes.
Entretien
Afin d’établir un équilibre ionique du sol par l’eau de pluie, les serres doivent être découvertes du plastic (garder seulement l’ombrière) du mois de novembre jusqu’à janvier. Au mois de novembre, un ajout du soufre est souhaitable à raison de 250 à 500 kg /ha en fonction du pH du sol. Après le début de développement de la plante, les gaines d’irrigation doivent être écartées pour irriguer le maximum de racines.
Taille
L’objectif de la taille de la myrtille est de stimuler de nouvelles pousses et de rendre les plants capables de donner de bonnes récoltes et des fruits de calibre satisfaisant.
La première taille doit avoir lieu pendant la première année sur les jeunes plants afin de réduire leur volume et assurer un équilibre de la croissance végétative et celle des racines pour un meilleur enracinement des plants lorsqu’ils entameront une nouvelle croissance végétative.
Ainsi, la partie végétative des plants est réduite d’un quart à un tiers. Il faudra enlever les branches horizontales minces et basses et éliminer toutes les fleurs et les fruits des plants âgés de moins de 2 ans et qui font moins de 1m de hauteur. Cette opération reporte l’énergie dépensée dans la floraison et la formation des fruits sur le développement d’un plant plus grand et plus fort, capable de porter de bonnes quantités de gros fruits.
Avec des variétés comme celles qui portent un grand nombre de fleurs et de fruits, alors que les plants sont encore petits (cas des variétés Misty et Star), il faut procéder à une taille sévère durant les deux premières années afin de bien éliminer les fruits et les fleurs et de favoriser la croissance végétative pour que le plant puisse supporter un grand nombre de fruits.
La taille des plants âgés qui sont déjà en production a de multiples fins:
• Enlever les branches non productives, malades, mortes ou entrain de faner ainsi que les branches trop basses ou mal dressées;
• Eclaircir les branches trop serrées les unes contre les autres au centre du plant;
• Couper à la base toutes les pousses minces qui ne produisent pas de fruits.
Les variétés à port dressé exigent moins de taille de formation des plants tandis que les variétés rampantes demandent une bonne expérience en taille afin de favoriser les pousses verticales.
Avec une longue saison de croissance, on doit effectuer une taille sévère juste après la récolte. Cela permet à la nouvelle croissance végétative de s’étendre sur une plus longue période avant que le bourgeonnement végétatif des tiges ne redevienne un bourgeonnement floral en automne.
La taille d’hiver ou du début du printemps est essentiellement axée sur la répartition de la charge des fruits.
La taille à la fin du printemps ou en été, juste après la récolte, permet à la nouvelle croissance végétative de s’étendre sur une plus longue période avant que le bourgeonnement végétatif des tiges ne redevienne un bourgeonnement floral en automne.
Les fruits se forment sur les courtes branches latérales qui sont sorties plusieurs mois avant la récolte ou au cours de l’année précédente. Les fortes tiges qui poussent vers la fin de l’été peuvent produire des bourgeons de fruits à leur sommet. Ces tiges peuvent être éclaircies ou raccourcies en hiver afin de stimuler leur ramification.
Maladies des Myrtilles
Généralement, les risques de maladie augmentent avec la température et l’humidité. Les maladies les plus répondus sous tunnels sont:
la pourriture des racines (Phytophthora cinnamomi Rands) dont les symptômes comprennent le jaunissement et la décoloration des feuilles, le flétrissement des tiges et des plant, l’absence de nouvelles pousses, la nécrose des racines ainsi que la décoloration de la cime et des racines. Les plants finissent par flétrir et par perdre leurs feuilles. L’apparition de la maladie est généralement causée par un mauvais drainage et une mauvaise aération du sol, associés à un stress des racines.
On peut traiter avec de l’Aliette (foséthyl-AI) ou du Nutri-Phite (phosphites), ou de l’acide phosphoreux afin de contrôler le phytophthora par arrosage ou par injection avec une solution de 1-2% v/v. Ceci doit être conjugué à un bon entretien des plants, un bon drainage avec une construction de billons hauts, une bonne aération du sol et éviter l’irrigation excessive.
La pourriture grise (Botrytis cinerea): les symptômes comprennent la pourriture molle des myrtilles et la déshydratation des fleurs. Apparaît sur les fleurs et les fruits dans les périodes froides, pluvieuses ou humides. On peut traiter avec le Bénomyl ou le Captane (tous les 7 jours à partir du gonflement et jusqu’à la fin des bourgeons). Il faut penser à réduire la quantité si la culture est conduite en tunnel puisque les feuilles, fleurs, et fruits ne sont pas humides.
Les insectes nuisibles aux myrtilles sont généralement rares au moment de l’établissement d’une nouvelle culture, mais des infestions d’insectes peuvent se développer avec le temps.
La récolte
Idéalement, les myrtilles sont récoltées complètement bleu, y compris les cicatrices autour des tiges, qui sont généralement les dernières à changer de couleur. L’amélioration de la qualité des fruits de myrtille peut continuer sur la plante pendant 3 à 10 jours après la coloration bleue. Les fruits continuent à prendre du poids, la teneur en sucre et l’acidité continuent à augmenter jusqu’à 15% et même plus. Toutefois, si les fruits récoltés sont verts ou rouges pour la commercialisation, ils peuvent être stockés dans des chambres froides pour une période de temps. Pendant cette période, la couleur des fruits peut tourner au bleu uniforme, mais leurs teneurs en sucre et en acidité titrable ne seront pas augmentées.
En pratique, il faut laisser les fruits sur les plants 3 à 5 jours après qu’ils ont pris une couleur bleue uniforme. On doit vérifier la couleur des myrtilles autour de la cicatrice de la tige des fruits et éviter ceux qui ont encore une coloration verte ou rouge.
La fréquence de la cueillette dépendra de la période de l’année et de la température dans les champs. Au début de la saison, on peut faire la cueillette 1 ou 2 fois par semaine, et jusqu’à 5 fois et plus par semaine aux périodes de pointe et avec des températures élevées. La cueillette doit avoir lieu très tôt le matin et les fruits doivent être rapidement refroidis à 1-2°C.
Boughaleb FARAHAT LAROUSSI(1), Ahlam HAMIM(1), Nourdin EL MOURABIT(1), Mark GASKELL(2)
(1) INRA – Centre Régional de la Recherche Agronomique de Tanger
(2) University of California Cooperative Extension
On présente la synthèse des résultats de la conduite d’un élevage laitier de race montbéliarde introduit au Domaine Kouacem (Berrechid, Maroc) depuis les années 1975. En dépit des conditions difficiles liées à la région dans laquelle cet élevage évolue (aridité du climat, insuffisance des ressources fourragères, fortes chaleurs de l’été), il a été possible d’atteindre des performances remarquables grâce à une conduite adaptée à ces conditions et à l’effort inlassable sur le progrès génétique.
Le taux de mortalité sur les veaux est d’environ 5,8 % et celui de la réforme est de 20 %. L’intervalle V-V est d’environ 405 j. La lactation standard est de 8 575 kg, avec un lait de qualité classe A+. Sur le plan commercial, l’étable a pu constituer et fidéliser une clientèle propre, que ce soit pour la vente du lait, des veaux, des génisses ou de la vache de réforme. D’un point de vue économique, l’expérience de cette étable qui a duré plus de 40 ans, apporte surtout la preuve que dans ces milieux difficiles, l’élevage de la montbéliarde est possible et peut être rendu rentable de façon durable, à condition d’observer une gestion prudente compatible avec les contraintes de ces milieux (optimisation des dépenses, système fourrager basé sur les ensilages de céréales immatures produites sur place, marge recherchée raisonnable,…).
Introduction
A côté de la race Holstein, la montbéliarde est visiblement la deuxième vache laitière de race pure importée au Maroc. On ignore la date exacte de son introduction, mais elle doit probablement remonter à la période de création des premières unités d’élevage laitier modernes des années quarante. La race est aujourd’hui présente dans de nombreuses régions (nord, centre, sud) et son effectif a beaucoup progressé grâce à l’importation des génisses depuis la réouverture des frontières en 2007. La montbéliarde est surtout prisée pour son caractère mixte viande/lait, mais aussi pour son lait riche en protéines, très demandé par l’industrie du fromage.
Dans le présent bulletin, le but est de présenter les enseignements tirés d’une expérience de 40 ans d’élevage de Montbéliarde au Domaine Kouacem.
Données sur le troupeau
L’élevage concerné est situé à Kouacem (zone de Berrechid), à environ 80 km au sud de Casablanca. Historiquement, il a été constitué de génisses introduites de France en 1975, dans le cadre d’une opération globale de repeuplement des élevages des Domaines Agricoles. L’unité a été gérée par ce Groupe jusqu’en 2013, puis relayé ensuite par la société Providence Verte.
Sans grande évolution significative depuis 40 ans, cet élevage de montbéliarde compte un effectif quasi-stable d’environ 270 vaches laitières, 250 génisses de toutes catégories confondues, 90 veaux de moins de 2 mois (les veaux étant vendus encore jeunes) et une trentaine de vaches et génisses charolaises. L’élevage est géré par une équipe constituée d’un ingénieur zootechnicien, d’un vétérinaire, d’un technicien et de 10 ouvriers.
Conditions de logement
En tant qu’étable d’élevage, Kouacem date des années 1920. Sa vocation initiale était plutôt l’élevage d’ovins de races françaises pures ou en croisement avec des races ovines locales. L’introduction de la montbéliarde en 1975 a été faite dans des bâtiments déjà en partie existants et occupés par d’autres races telles que la limousine, Salers et charolaise. Globalement, les blocs sont en disposition éclatée comprenant des aires et magasins de stockage, des paddocks pour les vaches laitières et les génisses, des niches pour les veaux, une salle de traite en épi 30° 2 x 8 avec tanks à lait et local technique, des boxes de vêlage et une infirmerie.
Pour les vaches et les génisses, il s’agit de 15 paddocks complètement ouverts de structure légère comprenant un couloir d’alimentation couvert, un couloir raclé, une aire de couchage et d’exercice largement dimensionnée (50-60 m2/ tête) et des couloirs de circulation. Les bâtiments sont orientés Est/Ouest et semblent avoir été implantés à l’époque sans trop tenir compte de la rose des vents, ce qui les soumet à l’effet couloir à certaines époques de l’année où la vitesse du vent peut atteindre des valeurs limites.
Actuellement, à ces détails d’orientation près, ces bâtiments bien que vieux, ne soulèvent aucune autre remarque particulière défavorable concernant le confort des animaux, que ce soit à l’auge, au couchage, sur l’aire d’exercice, pour faire l’aller/retour dans la salle de traite ou durant la traite elle-même. Ils respectent parfaitement l’idée générale de confort et de sécurité aussi bien pour les animaux, le personnel et le matériel.
Gestion de l’alimentation
Cultures fourragères
A Kouacem, on est en présence de terres de qualité médiocre (sol caillouteux peu profond de type rendzine), et d’un climat semi-aride (P< 350 mm/an avec régime pluviométrique irrégulier). Sur le plan hydrologique, le sous-sol recèle des petits débits de 2-3 L/s sans intérêt pour l’irrigation. De même que les deux barrages collinaires construits dans les années 80 pour assurer l’appoint fourrager en cas de campagne difficile ont montré par la suite un résultat plutôt aléatoire du fait de l’insuffisance des écoulements au niveau du bassin versant concerné.
Géographiquement, l’étable est aussi très excentrée par rapport aux grands périmètres irrigués d’où elle peut s’approvisionner, ce qui empêche de faire de l’achat du fourrage une pratique courante, à cause du coût élevé du transport. Et l’une des conséquences premières de cette somme de contraintes est l’impossibilité pour l’étable de monter en effectif afin de bénéficier des économies d’échelle ou d’investir dans la transformation pour mieux valoriser le lait produit. Aridité du climat, qualité médiocre des terres et irrigation d’appoint aléatoire, limitent également le choix des cultures fourragères comme elles limitent le potentiel de production en interne du Domaine, en limitant la productivité.
Historiquement, différentes productions fourragères adaptées aux conditions semi-arides de la zone ont été testées parmi lesquelles les mélanges orge-pois, vesce-avoine, sorgho…avec distribution en vert, sous forme de foin ou d’ensilage. Aujourd’hui, pour plusieurs raisons, notamment sa résistance à la sécheresse, c’est surtout l’ensilage d’orge immature produite en Bour et de maïs produit de temps à autre sous pivots lorsque les barrages collinaires ont pu accumuler un peu d’eau, qui servent comme aliment de base du troupeau.
Le stock en ensilage visé est en principe celui de deux ans mais celui réalisé normalement n’est en général que de 17-18 mois. La superficie dédiée à l’ensilage d’orge (et de blé) varie de 260 à 340 ha selon le stock de report de l’année précédente et selon la productivité attendue de l’année en cours. La superficie en maïs irriguée varie de 0 à 80 ha selon que les barrages sont à sec ou qu’ils sont à leur côte maximale.
D’une manière générale, la production moyenne en ensilage d’orge est d’environ 2600 T/an et le rendement moyen correspondant est de 15 T/ha. La production moyenne d’ensilage de maïs est de 2650 T avec des rendements autour de 52 T/ha.
A Kouacem, la disponibilité aussi bien d’ensilage d’orge que de maïs sont à l’image de l’année pluviométrique, elle est élevée en année pluvieuse et faible en année sèche. Et c’est durant les épisodes secs de 3-4 ans successifs comme celui des années 80-85, 90-95 ou encore 2005-2008, que le risque de manquer d’ensilage est à son maximum. Et l’on est parfois acculé à ensiler du blé immature normalement destiné à la production du grain ou d’acheter un complément d’ensilage à l’extérieur en année d’extrême disette.
Ration alimentaire
Différents types de rations ont été testés à la ferme pendant d’assez longues périodes parmi lesquelles la distribution de produits en vert, la distribution du foin et des concentrés, la ration semi-complète alliant ensilage et concentrés préparés sur place. A partir des années 90, l’unité est ensuite passée à la ration totale mélangée à base de céréales immatures et de concentrés achetés aux fabricants d’aliments.
Les bases de rationnement allient les éléments proposés par la méthode française (UF, PDI, Ca, P) et la notion de densité énergétique et protéique de la méthode américaine. Comme dans n’importe quel autre élevage laitier, l’allotement pour l’alimentation, est réalisé en fonction du niveau de production des vaches, afin de mieux contrôler l’apport alimentaire, son coût économique, l’état de chair de l’animal dont on sait qu’il influe beaucoup sur le résultat de la reproduction.
A Kouacem, pour la conduite alimentaire, la distribution de la ration a lieu 2 fois par jour pour le lot en début de lactation et une fois pour le reste des lots. Les vaches sont réparties en 7 lots: fraiches vêlées (1), début de lactation (2), milieu de lactation (3), fin de lactation (4), pré-tarissement (5), tarissement (6) préparation au vêlage (7).
Le tableau 1 donne un exemple de ration pour le lot en début de lactation avec la série d’hypothèses usuelles de poids de la vache de 750 kg, une production laitière attendue du lot d’environ 40 kg, un TB de 40 gr/kg, un TP de 34 gr/kg et des vaches supposées non soumises à aucun stress particulier et ne souffrant d’aucun problème de santé. Le tableau 2 montre la variation des besoins en fonction du niveau du lait produit.
Pour assurer un niveau de production journalière de 40 kg, il faut que la vache dispose à l’auge d’environ 24 kg de matière sèche (soit 50,7 kg de matière brute), composés dans le cas présent, de 5,1 kg d’ensilage d’orge, 6,0 kg d’ensilage de maïs, 1,3 kg de paille de blé, 1,7 kg d’orge grain, 10,6 kg d’aliment composé et 190 gr de CMV. Ce qui correspond à 13,8 UEL, 23,8 UFL, 2527 gr de PDIN, 2448 gr de PDIE, 105 gr de P et 202 gr de Ca, un taux de couverture UEL/MS de 85 % et une densité énergétique UFL/MS de 0,96.
Dans ce bulletin, on ne peut rapporter tous les tableaux de détermination des rations lot par lot. Mais, d’une manière générale, en élevage laitier, en allant du début de lactation vers le tarissement, et à quelques détails techniques près, matière sèche totale ingérée, besoin en énergie et densité énergétique, protéines et minéraux (P, Ca) diminuent, pour laisser la place à une ration plus grossière moins riche en énergie, protéines et minéraux.
Production laitière
Dans le contexte de Kouacem, la durée moyenne de la carrière de la vache est de quatre lactations mais celle-ci peut aller jusqu’à 9 lactations pour un nombre limité de vaches très hautes productrices. Sur les 264 vaches présentes à la rédaction de ce bulletin, ¼ sont des primipares et le reste des multipares, témoignant d’une stratégie de renouvellement équilibrée au sein du troupeau. La production laitière annuelle est d’environ 2 millions de kg (Figure 1).
La lactation standard par vache à 305 j est de 8575 ± 824 kg, environ 30 % des vaches produisent entre 6500 et 8000 kg, 62 % entre 8000 et 9500 kg, 9 % plus de 9500 kg, et la meilleure vache du troupeau 11576 kg (Figure 2).
Comme partout ailleurs, cette moyenne est le résultat de la lactation spécifique de chaque vache et du rang de lactation. A Kouacem, en passant du statut de primipare à la bipare puis multipare en 6ème lactation, le lait produit passe d’environ 7123 kg à 8039 puis 9058 kg. Ramenée à la journée, la production laitière par vache présente, calculée sur l’ensemble de la durée de lactation est de 28,1 ± 7,3 kg.
Le pic moyen de lactation est de 31,7 ± 5,9 kg. Il est atteint vers le 45ème jour après vêlage. Ces pics sont atteints plus précocement et sont plus élevés pour les multipares plus productives que pour les primipares. Globalement, la persistance de lactation est d’environ 96,6 %. Elle est meilleure chez les primipares que les multipares.
C’est en particulier grâce à l’effort dans le domaine de l’amélioration génétique que l’étable a pu réaliser d’importants progrès rapides en production laitière, faisant passer la lactation moyenne du troupeau de moins de 7000 kg en 1990 à plus de 8575 kg en 2014.
La première évaluation génétique du troupeau a été réalisée en 2006 et continue depuis à être effectuée annuellement. L’approche utilisée pour cette évaluation est basée sur la méthodologie BLUP Model Animal. Les lactations de référence sont calculées par la méthode mBP (Modified Best Prediction) agréée par l’ICAR (Comité international pour le contrôle des performances des animaux). Elle a été appliquée à une base de données recueillie entre 1999 et 2013.
Les valeurs des index des vaches évaluées varient entre -412 et + 950 kg. Ces valeurs indiquent un certain écart génétique entre les vaches. Toutefois, cet écart est beaucoup plus situé dans la zone favorable de la courbe de la tendance génétique du troupeau c-à-d au dessus de la moyenne génétique. En effet, près de 85% des vaches présentes ont des index positifs et moins de 15% de vaches ont des index négatifs et parmi ces vaches très peu ont des valeurs négatives loin de la moyenne génétique. Aussi, la plupart des vaches avec des index négatifs sont des vaches très âgées. Ceci confirme la validité de l’approche de sélection et d’accouplement adopté par le Domaine, essentiellement durant les 10 dernières années (Figure 4).
A Kouacem, on dispose d’une salle de traite épi 30° 2 x 8 installée en 1987 et quelque peu vétuste mais encore fonctionnelle. La traite est réalisée deux fois par jour (5h-9h30 pour la traite du matin et 17h-21h pour la traite du soir). On distingue en général 6 lots dont un de fraiches vêlées, deux de début de lactation ou hautes productrices, deux du milieu de lactation et un sixième de fin de lactation. Le protocole de traite utilisé est semblable au standard adopté un peu partout, avec comme objectif principal de traire en ambiance calme, confortable et propre (salle propre, pré-trempage, post-trempage,…).
Kouacem produit un lait classé qualité A+ par l’organisme de collecte et il est payé constamment sur cette base. Le tableau 3 présente la composition de ce lait qui varie très peu avec la période de l’année.
Gestion de la reproduction
En élevage laitier, à côté de l’alimentation et de l’état sanitaire, la gestion de la reproduction est un facteur de durabilité déterminant. C’est de la réussite de la reproduction que dépend, entre autres, la régularité en volume de lait produit et en nombre de génisses nécessaires pour assurer la réforme et le renouvellement du troupeau.
La gestion de la reproduction commence au tarissement, qui intervient le plus souvent deux mois avant la date présumée du vêlage. Elle s’arrête à la date de confirmation définitive de la gestation. D’une manière générale, lot de vaches taries et lot en préparation pour le vêlage sont constitués d’un effectif limité de 45 vaches aisément contrôlable et logé chacun à part. Pour le lot en préparation (en général 15 vaches), le but est le vêlage naturel sans intervention, afin de préserver la matrice contre les risques d’infection et préparer la vache à la reproduction.
Les résultats de l’analyse de la base de données de la période 2008-2013 sont présentés dans le tableau 4. Ils ont montré, sur 1407 vêlages, dont 328 primipares et 1079 multipares, un taux de 81,4 % de vêlage naturel, 12,4 % de vêlage avec intervention, 5,6 % de vêlages dystociques et 0,6 % de vêlages avec césariennes. Le nombre total de mort-nés est de 2,9 %.
Après vêlage, les vaches séjournent 10-15j dans le lot des fraiches vêlées où elles sont soumises au régime alimentaire du milieu de lactation, afin d’éviter les rétentions placentaires, les œdèmes mammaires et les fièvres vitulaires. C’est en même temps une phase d’observation des complications éventuelles de post-partum. Sur les 1407 vêlages traités, on a relevé entre 2 et 3 % de rétention placentaire, 1,2 % de cas de fièvre vitulaire et 0,14 % d’œdèmes mammaires.
A Kouacem, la période d’attente volontaire (PAV) post-partum est fixée à 60 jours. Durant cette période il est prévu deux palpations dont la première à 30 j pour contrôler l’involution utérine, la présence d’endométrites, et vérifier l’activité ovarienne, et la seconde à 50 jours, réalisée sous contrôle échographique, dont le but de s’assurer du bon état général de la matrice, des ovaires, et surtout de la présence éventuelle des kystes ovariens (KO), source de problème pathologique grave pour la reproduction en cas d’absence de traitement.
Les pathologies de reproduction
D’une manière générale, sur la montbéliarde de Kouacem, les KO sont la pathologie la plus fréquente après palpation à 50 J. Le taux observé varie de 6 % à 15 % selon la période de l’année. Il est plus élevé en été que durant les autres périodes de l’année. Les kystes folliculaires (KOF) sont plus fréquents que les kystes lutéales (KOL). De même que les CJP et les OA sont plus rares et ne sont détectés que chez les primipares.
Les 3 protocoles pour traiter les pathologies de reproduction sont les progestagènes, les gonadolibérines et prostaglandines.
Protocole sur les KOF au GPG avec toutes les injections le matin et sans observation des chaleurs: Injection GnRH le jour J0, injection du PGF2α le jour J7, réinjection GnRH le jour J9, insémination artificielle (IA) le jour J10.
Exemples de protocoles pour le traitement des KOL:
Cas simple: Pose de l’implant +injection de l’œstradiol à J0, injection du PGF2α le jour J7, retrait de l’implant +injection du PMSG (gonadotrophine sérique équine) à J9, IA à J9 + 48-72h.
Cas problématique: Pose de l’implant +GPG (ou LPG) afin de rendre les KOL plus réceptifs au PGF2α.
A Kouacem, l’insémination sur chaleur naturelle est la base. La détection des chaleurs est prise en charge par les gardiens de nuit et l’équipe de traite. Les vaches sont inséminées dès les premières chaleurs suivant la PAV. Toute vache qui présente une activité ovarienne normale sans manifester de chaleur est synchronisée après 70j (PAV + ½ cycle), le plus souvent selon le protocole GPG et parfois au moyen d’implant. La première insémination a lieu entre 60 et 80 jours avec une prédominance d’inséminations sur chaleur naturelle, soit 80 % des IA1.
Les protocoles faisant appel aux hormones sont le plus souvent réservés aux vaches en anoestrus. Le taux de réussite de la première IA, calculé sur une longue période se situe entre 53 et 57 % selon les lots, pour un objectif du troupeau fixé à 55 %. L’intervalle vêlage IA1 varie de 74 à 90 jours pour un objectif moyen de 75 jours. L’intervalle vêlage –Insémination fécondante (IVIAF) varie entre 114 et 132 jours, et l’intervalle V-V varie de 400 à 409 jours contre un objectif de 390 jours. L’indice coïtal apparent ou indice de fertilité varie de 1,1 à 1,4 et l’indice coïtal réel entre 1,6 et 2,1.
Le nombre d’IA est de trois en général. Pour les vaches restées vides après 3 IA, celles-ci sont présentées au taureau pour la saillie comme un dernier recours.
Suivi sanitaire
Pour être pépinière agrée, l’étable doit être indemne des maladies réputées légalement contagieuses (MLRC). De même que pour des impératifs économiques, il faut contrôler le niveau de présence des maladies d’élevage. A Kouacem, la politique retenue de longue date est la prévention au moyen de la prophylaxie sanitaire, alliant volet vaccination et dépistage des maladies au laboratoire. Voici le résumé du programme des vaccinations en usage (Tableau 5).
C’est la sérologie massale appliquée aux animaux de plus de 12 mois d’âge qui est utilisée pour dépister la brucellose. Et chaque cas d’avortement soupçonné fait l’objet d’investigations spécifiques pour s’assurer de l’absence de la maladie. La tuberculose fait également l’objet de contrôle annuel pour tout animal âgé de plus de 3 mois au dépistage officiel par intradermo-tuberculination doublée par intradermo-tuberculination comparée en cas d’animaux douteux. Pour des raisons pratiques, dépistage de brucellose et tuberculination sont réalisées en même temps.
Le parage fonctionnel (PF) des onglons est réalisé de façon régulière, le plus souvent en début du tarissement, mais jamais autour du vêlage, afin d’éviter les accidents d’avortement ou d’autres accidents. Les PF sont étalés sur l’année et chaque vache reçoit un à deux parages par an.
Boiteries et secondairement les mammites sont les deux principales maladies d’incidence économique significatives notées à Kouacem. Les boiteries ont en majorité pour cause soit la rupture de la ligne blanche, soit des contusions du sol provoquées par de petits caillots. Ces lésions sont plus fréquentes en hiver qu’en été, du fait de l’état des aires des bâtiments. Parage curatif et usage d’antiseptiques et parfois (ce qui est rare) l’usage d’anti-inflammatoires ou d’antibiotiques sont les moyens de lutte contre les boiteries. D’importants progrès ont été également constatés depuis qu’on a introduit des produits à base d’oligo-éléments chélatés dans la ration des vaches afin de renforcer les onglons.
Pour les autres types de boiteries (dermatite digitée, inter digitée, abcès de sol), en plus du parage curatif, il faut injecter des anti-inflammatoires ou des antibiotiques passant sous forme inactive pour ne pas jeter le lait, sinon il faut respecter le délai d’attente.
A Kouacem, le taux de mammites cliniques est inférieur à 2-3 %/an, contre 5 à 10 % selon les pays et les races bovines, comme norme internationale. Ceci confirme la résistance de la montbéliarde aux infections par les mammites par rapport à des races vulnérables comme la Holstein. Dans certains grands élevages de Holstein du Maroc, il a été rapporté des taux pouvant atteindre 15-20 %/an selon que la période hivernale est sèche ou très pluvieuse.
Le taux de mortalité des vaches (0 à 0,8 %/an) ainsi que leur longévité (Carrière en moyenne de 4 lactations, avec un âge record de 13 ans et demi pour la vache la plus vieille), témoignant du bon comportement de cette race.
Elevage des jeunes et des génisses
A Kouacem, il n’y a aucun avantage particulier à grouper les vêlages, d’autant plus que le lait est payé à un prix fixe toute l’année. Le nombre de places disponibles pour les vaches en tarissement et en préparation est limité, il en est de même pour le nombre de niches pour les jeunes. Avec des naissances régulières toute l’année, le travail est aussi mieux maitrisé par l’équipe chargée de l’élevage. Le nombre de vêlages est d’environ 250-260/an qui se répartissent sur les douze mois de l’année à raison de 10 à 30/mois.
Comme dans tout élevage moderne structuré, il faut rechercher les conditions d’un bon vêlage (surveillance, propreté des boxes, …) et respecter la routine en ce qui concerne l’entretien du veau après vêlage (nettoyage, désinfection du cordon ombilical, pesée, identification, administration de colostrum,…), sans oublier la mère. Les veaux sont ensuite logées dans des niches en polyéthylène où ils séjournent 15 jours pour être ensuite transférés dans des boxes collectifs jusqu’au sevrage pour les femelles, alors que les mâles sont en général vendus dans les 15 jours suivant leur naissance.
La phase colostrale dure 5 jours, elle est ensuite relayée par l’usage du lait en poudre et par la distribution de granulés à volonté et durant les 2-3 dernières semaines avant sevrage, par la paille d’orge et de l’ensilage. Pour un sevrage à 90j, en plus du colostrum, le veau consomme 50 à 54 kg de lait en poudre et 40 à 60 kg de granulés. Pratiquement, le poids moyen du veau à la naissance est de 42 kg et le poids moyen au sevrage est de 105 kg.
Sur le plan sanitaire, le programme de vaccination est à peu de détails près celui déjà développé dans le tableau 5 pour les vaches.
Le taux de mortalité des jeunes varie quelque peu selon les conditions de l’année. Il est en moyenne de 5,8% (9% en 2013/14 et 4,3% en 2014/15). Les principales causes en sont les diarrhées et les bronchites.
Après sevrage, les femelles sont réparties en lots en fonction de leur âge et reçoivent une alimentation appropriée avec comme objectif principal de les préparer dans des conditions idéales pour l’insémination. La ration distribuée doit permettre à la génisse un poids suffisant, mais sans dépôt de gras dans la mamelle, afin de l’inséminer à 15-16 mois au lieu de 17-18 mois. Le GMQ recherché est de 800-900 gr entre la naissance et 6 mois et seulement 700-750 gr entre 6 et 12 mois. Le tableau 6, donne la ration distribuée aux génisses selon la catégorie d’âge.
Dans les faits, les inséminations ont toujours commencé en moyenne à 17 mois, les inséminations fécondantes à 18 mois, l’âge du premier vêlage à 27 mois +18 jours, le % de réussite de la première insémination artificielle est de 77,2 %, l’indice coïtal technique est de 1,42 et l’indice coïtal économique de 1,44.
Gestion des effluents
Les régions arides n’ont rien à voir avec les régions du nord ou d’extrême nord comme le Tangérois où il peut pleuvoir plus de 700 mm par an avec d’importants risques de pollution de la nappe et des eaux de surface si aucune précaution pour protéger l’environnement n’est prise. A Kouacem on produit environ 5000 tonnes d’effluents d’élevage sous forme de fumier pailleux, de fumier frais ou de lisier, ce qui n’est pas négligeable, mais la surface potentielle épandable est de plus de 785ha.
Eu égard aux doses épandues qui sont de 5-10 T/ha, aux faibles pluies de la zone (P<350 mm/an), et aux faibles coefficients d’écoulement, à une nappe phréatique trop profonde, les risques de pollution de l’environnement sont minimes. En prenant les nitrates comme indicateur de pollution, ceux-ci s’établissent à une concentration de 37 ppm (Norme OMS eau potable < 50 ppm) dans les eaux des forages réalisés dans les années 2000 non loin des fumières permanentes de l’étable qui sont là depuis plus de 40 ans.
Stratégie commerciale
Au Maroc, le lait n’est pas le produit- test idéal pour évaluer la performance commerciale des unités d’élevage. Le transformateur paie le produit à la qualité certes, mais dans les conditions actuelles du marché où l’équilibre entre l’offre et la demande et plutôt en faveur de d’offre, bons et moins bons producteurs arrivent à commercialiser aisément leur lait.
Le vrai test de performance est la vente des veaux, des génisses, et des vaches de réforme, en particulier durant les années de disette où, faute de ressources fourragères, beaucoup d’éleveurs cherchent à se débarrasser en partie ou en totalité de leurs troupeaux. Et ce sont justement ces années de disette assez récurrentes dans la zone, à condition que l’épisode ne dure pas trop, qui ont permis à l’unité de Kouacem d’élaborer un modèle commercial adapté à ces conditions difficiles. Ce modèle fait jouer le stock de sécurité en ensilage pour passer le cap, le temps que la pluie soit de retour ou le temps que les prix remontent. Comme il fait jouer le marketing sur la qualité de l’animal mis sur le marché, que ce soit pour le veau, la génisse ou la vache de réforme.
D’une manière générale, quand l’année est extrêmement difficile, Kouacem constate aussi un fléchissement du régime des ventes, mais moins grave que si on devait vendre dans la foulée en même temps que l’ensemble des éleveurs. Par ailleurs, le fait d’être une unité très réputée et quelque peu isolée dans la région (du moins jusqu’à il y a 3-4 ans), fait aussi bénéficier en partie Kouacem d’une certaine rente de position sur le plan commercial. Quoi que l’essentiel de la clientèle de l’unité soit éparpillée un peu partout au Maroc.
Rentabilité et durabilité du système
L’étable de Kouacem, produit en moyenne 2,05 millions de kg de lait de qualité A+/an pour un prix de revient d’environ 3,95 Dh/kg et un prix de vente de 4,35 Dh/kg. Le tableau 7 présente le détail de la structure de ce prix de revient. Comme partout ailleurs, 60 % des charges de production du lait sont représentés par l’alimentation dont 30 % pour l’ensilage, 60 % pour les concentrés, et 10 % pour le CMV et produits divers; le reste se répartit entre l’amortissement du cheptel (14 %), les frais vétérinaires (2,5 %), l’insémination (2,5 %), la traite (2,5 %), les entretiens divers (2 %), les frais généraux et les frais divers (18 %).
A l’instar d’autres grandes étables au Maroc, ce n’est pas dans le lait qu’il faut rechercher rentabilité et durabilité du système, du fait des fortes charges incompressibles de cet atelier et du faible prix payé à l’éleveur. Le prix de revient calculé ci-dessus est d’ailleurs plus faible que le prix réel puisqu’il est calculé non tenu compte de la valeur locative de la terre affectée à la production fourragère et non tenu compte des bâtiments et des divers équipements exploités, pour l’ensemble déjà totalement amortis (salle de traite, cornadis, bac à lait,…).
Au Maroc, le prix du lait a été libéralisé depuis longtemps et devrait être traité selon la loi du marché. Mais dans les faits, c’est l’Etat qui officieusement en fixe le prix, en concertation avec les industriels. Avec des charges de production pratiquement incompressibles, le producteur laitier est en quelque sorte entre le marteau et l’enclume, et sa marge de manœuvre sur ce plan reste très limitée. Amélioration de la productivité, de la qualité, …ont un impact significatif certes et créent la différence entre producteurs, mais autour d’un prix de base commun défavorable.
Si les producteurs de lait continuent de survivre au Maroc, c’est grâce aux ventes des veaux et des génisses. A Kouacem, veaux mâles et génisses sont vendus à des prix quelque peu stables (respectivement 8000± 500 Dh/tête et 28.000 ± 500 Dh/tête) et généralement peu affectés par l’effet de l’année sauf en cas d’extrême sècheresse. Au Maroc, la génisse continue aussi de bénéficier provisoirement d’une subvention substantielle de l’Etat de 5000 Dh.
L’avantage majeur de l’élevage dans le contexte du Maroc, n’est pas dans sa rentabilité qui reste globalement faible par rapport à d’autres secteurs de l’agriculture comme le maraichage, les rosacées fruitières, les agrumes, …mais dans le délai relativement court d’entrée en production, le caractère stable de la trésorerie et du revenu, à condition d’avoir bien réussi le projet au moment de l’investissement et de le gérer dans les règles de l’art. Kouacem par exemple, n’a jamais réalisé de marge particulièrement remarquable, mais pendant des années, l’élevage n’a presque jamais réalisé de bilan négatif.
Discussion et conclusions
C’est sur une sorte de warning à l’attention d’éventuels investisseurs potentiels que nous préférons consacrer cette discussion, non pas pour les dissuader de leurs projets mais pour les aider à s’entourer d’un maximum de sécurité contre les risques émanant entre autres d’une méconnaissance des différentes contraintes des milieux arides dans lesquels ils vont s’installer. Techniquement, l’agrégat d’informations réunies en 40 ans d’expérience à Kouacem, montre que l’élevage moderne de race comme la montbéliarde, est tout à fait possible dans ces milieux, avec même des performances remarquables. Par contre, économiquement, la prudence doit être le maître mot de la ligne de conduite à observer lors de l’élaboration du Business plan pour tout projet laitier dans ces milieux, du fait des risques additionnels qu’ils comportent par rapport aux autres régions plus favorables du pays.
Au Maroc, le marché du lait est encore porteur, mais dans ce secteur il s’agit en général de petites marges qui s’opèrent dans une zone d’équilibre précaire. Et c’est particulièrement vrai en zones difficiles où la ressource fourragère est un facteur limitant. Déjà dans les zones irriguées ou miex arrosées avec moins de contraintes, le risque de basculer dans le déficit sur les projets laitiers est très grand, surtout si les hypothèses de rentabilité sont élaborées avec un certain excès d’optimisme ou si le projet est entaché d’erreurs ou de mauvais choix quelconques au moment de sa mise en place. Un projet d’élevage laitier peut s’enliser dans le déficit pour cause en apparence parfois élémentaire tel un mauvais emplacement de l’étable choisi à la hâte, une conception non adaptée des bâtiments ou encore une sous- estimation des coûts réels de l’investissement.
Un projet d’élevage laitier est du genre capitalistique consommant beaucoup d’argent lorsqu’il s’agit de grands effectifs. Il est en principe réalisé pour s’inscrire dans la durée et non pour une période d’exploitation très courte. Il doit être conçu et mis en place avec la perspective d’un minimum de révisions onéreuses en cours de réalisation ou après l’entrée en production. Il ne sert à rien d’attendre de découvrir la non- rentabilité grave du projet pour ensuite chercher à s’accommoder de la situation. Les expériences pour lesquelles on détient quelques éléments, montrent toute la difficulté qu’il y a à remonter la barre si le projet est déstabilisé financièrement dès le départ, avec des étables pourtant implantées dans les zones favorables du pays.
Dans les zones arides et semi-arides, sans possibilité d’irrigation aucune et avec des terres médiocres, il est évident que le risque d’échec est en encore plus important qu’il ne l’est en zones favorables comme le nord, le Gharb,…où le climat est relativement plus clément, avec de bonnes ressources hydriques pour la production fourragère en interne ou à l’achat.
Qui dit aridité, dit potentiel limité à plus d’un égard, et nécessité d’être prudent entre autres à l’égard des niveaux d’investis-sements. Dans ces zones, il ne faut pas penser bâtiments avec installations ultra-modernes mais plutôt installations économiques faites de matériaux locaux dans la mesure du possible, offrant un minimum de confort pour abriter et soigner les animaux et pour réaliser la traite. Le reste étant apporté par la qualité de la génisse née localement. Autrement dit, pour abaisser les coûts des bâtiments, il faut rechercher une génisse née-Maroc (où ce qui est encore mieux, née-zone aride) et adaptée à l’ambiance rude du pays et non des locaux d’ambiance contrôlée en milieu rude pour une génisse fragile qui vient d’ailleurs.
Des logements faits en charpente métallique haute, avec brumisation, ventilation, … des salles de traite sophistiquées, avec des équipements annexes, comme le décrochage automatique, les portes de tri automatique, le step-metrix pour la prévention des maladies du pied, des systèmes ultra-modernes pour le suivi de l’activité, sont à analyser à fond avant de décider de leur installation, sous peine de compromettre dès le départ, la rentabilité de l’élevage.
L’autre précaution à observer dans ces zones, c’est le choix de la race. A l’évidence, la montbéliarde n’a pas la rusticité de la race locale, qui peut évoluer dans des conditions encore plus rudes de logement, d’alimentation et sanitaires. Néanmoins, c’est la race pure qui donne des performances remarquables à Kouacem, sans pour autant perdre sous l’effet des conditions de cette zone, aucun de ses divers avantages caractéristiques, dans son fief d’origine, notamment celui de race mixte-lait-viande, quoi que ce caractère soit d’abord le fait de la race elle-même.
En dépit des conditions très dures de climat, de logement très vieux, le niveau de lactation standard, obtenu grâce entre autres à l’effort d‘amélioration génétique est de 8575 kg. Il s’approche (et dans certains cas dépasse) celui des grands élevages de Holstein au Maroc. De même que le veau à la naissance, la génisse gestante, la vache de réforme sont également vendus 20-30 % plus chers que la Holstein. Comme en témoignent le GMQ des veaux, les taux de mortalité, le taux de réussite des inséminations, la production laitière, avec un troupeau constitué de génisses nées-zone aride et élevées –zone aride, on ne remarque pas d’interaction négative particulièrement flagrante milieu-comportement de l’élevage.
A priori, si on doit choisir entre d’autres races et la Montbéliarde dans ces zones, les éléments d’incitation dont nous disposons sont plutôt en faveur de cette dernière.
En zones éloignées des grands périmètres irrigués, comme Kouacem, il ne faut pas compter sur l’achat comme pratique courante pour l’approvisionnement en ensilage des élevages, du fait des coûts exorbitants du transport. L’effectif optimal à ne pas dépasser pour assurer la rentabilité et la durabilité du système est celui qu’offre la production en interne. Cet effectif est fonction de la superficie disponible, du type du système fourrager possible et des productivités réalisées.
Dans ces zones sèches, il faut éviter les systèmes de type céréales fourragères en monoculture épuisants à l’égard de l’eau du sol. Les plus pérennes sont les systèmes de type céréales fourragères/jachère, avec report d’un petit stock d’eau sur l’année suivante, garantissant des productivités minimales d’ensilage d’orge, d’avoine et de triticale immatures, autour de 15T/ha. Autrement dit, avec une hypothèse de consommation de 25-30 kg/tête pour les vaches laitières et 12-15 kg pour les génisses, l’effectif optimal pour une ferme de 400 ha cultivés chaque année, à ne pas dépasser, est de l’ordre de 300 têtes, dont la moitié de vaches et la moitié de génisses.
Ce problème d’excentricité et du coût du transport, nous conduit implicitement à évoquer les risques encore plus grands de non rentabilité pour les élevages en hors- sol dans ces zones où tout doit être acheté de l’extérieur et transporté sur de longues distances. Au Maroc, au-delà de 150-200 km, il faut payer l’ensilage le double de son prix habituel, qui est de 500-600 Dh/T en année normale, ce qui est incompatible avec la faible rentabilité de l’élevage laitier déjà laminé par les coûts élevés des concentrés et les autres frais (amortissement, santé, frais généraux).
Tout naturellement, l’aridité ou le coût du transport cessent d’être une contrainte si l’étable, sans être en plein périmètre irrigué, elle en est limitrophe ou si dans la zone aride concernée, la nappe recèle d’importantes réserves d’eau pour l’irrigation d’appoint, comme dans certaines contrées du Tadla, pourtant extrêmement arides où les débits des forages peuvent dépasser 50-60 L/s.
A Kouacem, c’est l’occasion de le dire, on est en présence d’un système quelque peu fermé à l’évolution, qui a trop duré. Pour en sortir, les brainstormings menés en interne suggèrent diverses idées. La plus vieille (remise de nouveau sur la table il y a à peine quelques mois) concerne la mise en place d’une unité de transformation pour produire du fromage. Tandis que la plus récente suggère de transférer les génisses (et éventuellement les veaux pour l’engraissement), dans un nouveau pôle en périmètre irrigué pour ne garder sur place que les vaches laitières (ou l’inverse). Enfin, rien n’exclut aussi une activité fourragère à distance pour le pôle Kouacem où les camions ne repartent pas à vide pendant l’ensilage (fumier à l’aller et ensilage au retour), comme cela a été fait en 2016, ce qui réduirait le coût du transport de moitié.
Paradoxalement, d’après les études de simulation réalisées sur l’unité, ni la transformation, ni l’engraissement ne sont des facteurs d’amélioration de rentabilité, du fait des niveaux d’investissement exigés et faute de taille critique en ce qui concerne l’usinage du lait. L’investissement ne fera qu’augmenter l’entropie d’un système déjà à son optimum et le risque de rupture de l’équilibre financier, associé à ces opérations est très grand. L’étude sur la transformation en particulier conclut à un résultat qui peut faire plonger la ferme dans une situation de perte irréversible, alors qu’historiquement, celle-ci n’a presque jamais enregistré de marges négatives.
De l’expérience présentée ici, le lecteur doit surtout retenir l’esprit de gestion instauré depuis quatre décennies qui a permis à cet élevage de durer et de réaliser des bilans positifs dans une zone aussi difficile. Si cet élevage a pu survivre autant, c’est grâce à ses gérants qui (l’un après l’autre) ont compris tôt l’intérêt d’intégrer l’ensemble des contraintes liées à ce milieu et fait de celles-ci un élément clé de leur acte quotidien de gestion. Le secret de cette durabilité, est donc dans cette culture collective d’être constamment attentif à l’égard de toute dépense inadaptée qu’elle soit d’investissement ou d’élevage.
AIT HOUSSA A. (1), GHODDANE A. (1), TIJANI A. (2), CHAFIK K. (1), AMER M. (1),CHRAIBI H. (1)
(1) Providence Verte, Rabat
(2) Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès
Importance de l’agriculture et de l’élevage pour l’économie nationale
La sécheresse caractéristique structurelle de l’agriculture marocaine
Caractérisation, régionalisation et typologie de la sécheresse
Impact de la sécheresse sur la production agricole, la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles à court, moyen et long terme
Stratégie d’adaptation à long terme: l’Observatoire National de la Sécheresse
Objectif de l’Observatoire de la sécheresse
Mission de l’Observatoire de la sécheresse
Conception d’un observatoire de la sécheresse
Organisation de l’Observatoire de la Sécheresse
Fonctionnement de l’Observatoire
Production de l’Observatoire
Conclusion
Introduction
La sécheresse est une donnée structurelle de l’agriculture marocaine. La connaissance précise des différents types de sécheresse, la caractérisation de la sécheresse en termes de fréquence, de durée, d’intensité et d’impacts au niveau régional et national, l’identification des causes de vulnérabilité des populations face à la sécheresse, et la prise en compte de ces éléments dans la planification économique sont des déterminants essentiels de toute stratégie d’adaptation à la sécheresse. Après avoir rappelé quelques grands traits de l’agriculture marocaine, ce papier passe en revue ces différents aspects et met en évidence le rôle stratégique que doit jouer un observatoire national de la sécheresse en vue du traitement structurel de cet aléa.
Importance de l’agriculture et de l’élevage pour l’économie nationale
Le secteur agricole est une composante essentielle de l’économie nationale de par sa contribution au produit intérieur brut, son impact sur l’emploi en milieu rural et sur les revenus des ménages, et ses effets sur les autres secteurs de l’activité économique. Cependant, l’activité agricole demeure largement tributaire des aléas climatiques plus particulièrement en l’absence des possibilités d’irrigation.
L’agriculture pluviale couvre près de 90 % de la superficie agricole utile et produit l’essentiel des cultures vivrières à base de céréales, de légumineuses alimentaires et de cultures fourragères. Les zones arides et semi-arides à climats fortement fluctuants et imprévisibles fournissent prés de 45 % de la production céréalière et jouent un rôle primordial dans l’équilibre des exploitations agricoles à travers l’intégration de l’agriculture et de l’élevage. En année de sécheresse, l’élevage joue un rôle stratégique dans la valorisation de la production végétale au niveau des exploitations agricoles. L’élevage et les activités annexes, notamment le travail hors exploitation, assurent l’essentiel des revenus des ruraux durant les années difficiles.
L’agriculture irriguée utilise actuellement près de 85% des ressources en eau mobilisées. Avec près de 45 % de la valeur ajoutée agricole, 65 % des exportations et 250 000 emplois permanents, le rôle de ce secteur dans la régulation de la sécheresse n’est plus à démontrer. Néanmoins, l’irrigation demeure le domaine d’utilisation de l’eau où les efforts visant la préservation de cette ressource en quantité et en qualité doivent être soutenus indépendamment du type de sécheresse qui prévaut.
La sécheresse, caractéristique structurelle de l’agriculture marocaine
En années de sécheresse sévère, la production agricole et les secteurs de l’activité économique qui lui sont associés à l’amont et à l’aval, qu’il s’agisse des fournitures de produits et services, des industries de transformation ou des exportations des produits agricoles et agro-industriels, sont généralement sérieusement affectés. A titre d’exemple, la sécheresse de la campagne 1994-95 a entraîné une diminution importante de la production céréalière (17.4 millions de quintaux contre 96 millions en 1993-94); une baisse du niveau de l’emploi en milieu rural (perte de 60 % des journées de travail par rapport à une année normale); et une baisse de la valeur ajoutée agricole de 50 % par rapport à la moyenne des années 1989-1994.
La datation des périodes de sécheresse au Maroc par des techniques de dendrochronologie montre que le pays a souffert de cet événement naturel depuis plusieurs siècles. Sur la période plus récente, les sécheresses des années 80 puis celles de 1991-92, 1992-93, 1994-95, ou même celle de l’année en cours, montrent qu’il existe plusieurs catégories de sécheresse. De ce fait, les conséquences sur la production agricole et l’activité économique dans sa globalité sont très variées. Il convient donc de caractériser les différents types de sécheresse sur une base scientifique, d’en suivre les effets et d’en évaluer les impacts à différents niveaux.
Caractérisation, régionalisation et typologie de la sécheresse
Selon la durée et l’intensité de la sécheresse, les effets sur la production végétale et animale sont plus ou moins graves. Cependant, les deux types de production ne sont pas généralement affectés de la même manière. On peut distinguer la sécheresse saisonnière automnale de début de cycle ou printanière de fin de cycle, la sécheresse annuelle s’étalant sur les deux saisons et la sécheresse pluriannuelle qui se prolonge sur deux ou plusieurs campagnes.
La sécheresse se définit aussi par rapport à la zone agro-écologique concernée et peut avoir des caractères très différents au cours d’une même campagne agricole selon les zones: zones agro-écologiques à sécheresse conjoncturelle, zones agro-écologiques à sécheresse structurelle et zones agro-écologiques à sécheresse permanente. Il est donc essentiel de pouvoir réaliser une régionalisation précise de la sécheresse pour mieux adapter le programme de lutte aux besoins spécifiques de chaque région.
Sur un plan plus opérationnel, on peut distinguer la sécheresse climatique, la sécheresse hydrologique, la sécheresse agronomique et la sécheresse socio-économique. La sécheresse climatique est généralement liée à l’insuffisance et à l’irrégularité des précipitations annuelles par rapport à une année normale. La sécheresse hydrologique est plus en relation avec le dysfonctionnement des acquifères et des ressources en eau souterraines. La sécheresse agronomique résulte d’un déficit hydrique pouvant intervenir à des stades critiques de développement des cultures, et affecter sérieusement les récoltes; la sécheresse agronomique peut être aussi de nature pastorale et avoir des effets désastreux sur la régénération des parcours et la survie du cheptel. Ce type de sécheresse peut également affecter l’état sanitaire des animaux en limitant les possibilités de leur abreuvement.
Impacts de la sécheresse sur la production agricole, la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles à court, moyen et long termes
Dans chaque situation, les effets de la sécheresse sur la production végétale, sur la production animale, et sur l’homme et son milieu peuvent être plus ou moins graves. Ainsi, une sécheresse prolongée de fin de cycle peut anéantir complètement les récoltes. L’impact de la sécheresse sur l’activité de l’élevage peut prendre des dimensions variables dans le temps et l’espace selon l’intensité et la durée de la période sèche et selon le système d’élevage ainsi que son degré de dépendance vis-à-vis des ressources pastorales. Par conséquent, les stratégies d’intervention pour l’adaptation à la sécheresse ou pour l’atténuation de ses effets doivent être différentes selon les régions et les situations spécifiques
Dans les situations les moins graves, l’activité agricole peut résister à la conjoncture de sécheresse, à travers l’élevage et les activités annexes qui jouent souvent un rôle régulateur de la trésorerie des exploitations agricoles. Mais un état de sécheresse prolongé accentue la vulnérabilité des populations rurales, entraîne une détérioration de leur capacité financière à satisfaire les besoins alimentaires et se traduit par une tendance à la décapitalisation du troupeau. La réponse aux besoins d’urgence peut même entraîner la liquidation totale de l’élevage en faveur de l’exode rural vers les centres urbains, avec de graves conséquences économiques et sociales à court, moyen et long termes.
La sécheresse peut donc avoir des effets à court terme au niveau d’une campagne agricole; comme elle peut aussi entraîner des effets à moyen et plus long termes. Au niveau d’une campagne agricole, la sécheresse peut empêcher l’adoption des techniques de culture stables, entraîner des rendements aléatoires, diminuer les effectifs et la productivité de l’élevage et affecter les revenus des agriculteurs. La sécheresse peut aussi entraîner des effets à moyen et long termes parmi lesquels la perturbation profonde du fonctionnement des exploitations agricoles, le déséquilibre des agro-écosystèmes, et la dégradation des ressources naturelles. L’ensemble de ces effets concourent à faire peser un risque structurel sur la production agricole et la sécurité alimentaire, sur la durabilité des ressources naturelles, plus particulièrement les ressources en eau, et sur la préservation de l’environnement.
Dans le domaine de la gestion de l’eau, les actions actuellement menées et visant l’atténuation des effets de la sécheresse s’articulent principalement autour de deux axes: la mobilisation de nouvelles ressources en eau, et l’utilisation rationnelle des ressources en eau disponibles. Les actions visant l’encouragement à l’utilisation des ressources en eau souterraines telles que le creusement de puits et forages et l’utilisation de pompage privé peuvent s’avérer parfaitement justifiées dans les contextes où des potentialités non encore exploitées existent et sont importantes. Il convient toutefois de veiller à la gestion rationnelle des nappes et aquifères afin d’éviter leur exploitation abusive et de maintenir leur utilisation à un niveau économiquement rentable.
Concernant l’utilisation rationnelle des ressources en eau disponibles, les actions entreprises en période de sécheresse pour une économie de l’eau agricole dans les périmètres irrigués sont généralement adéquates; cependant, il s’agit de mesures d’urgence ayant une logique de gestion de la pénurie. De ce fait, ces mesures ont plutôt un caractère conjoncturel et ne s’inscrivent pas dans une stratégie à long terme d’adaptation à la sécheresse.
Stratégie d’adaptation à long terme: L’Observatoire National de la Sécheresse
L’analyse des programmes actuellement mis en oeuvre pour lutter contre la sécheresse montre la nécessité d’avoir un système permanent de collecte d’informations à l’échelle locale, régionale et centrale pour un meilleur suivi du phénomène de la sécheresse, une mesure fiable de ses effets et une évaluation objective de l’impact des actions entreprises dans le cadre de ces différents programmes. En effet, les informations pertinentes concernant les effets directs ou indirect. » de ]a sécheresse à court. moyen et long termes sur la production agricole. et sur l’homme et son environnement restent actuellement très limitées.
La gestion efficace de la sécheresse nécessite par conséquent la création d’un Observatoire national de la sécheresse dont l’un des rôles essentiels serait la collecte d’informations fiables susceptibles de refléter les effets réels de la sécheresse sur l’évolution des ressources en eau, sur l’état des productions végétales et animales, sur l’état sanitaire du cheptel et, globalement, sur l’état des ressources naturelles et des conditions de vie des populations concernées. L’exploitation de ces informations permettrait d’ajuster et d’affiner de façon anticipée les mesures à entreprendre dans chaque programme ou plan de lutte contre la sécheresse, de mieux cibler les régions prioritaires et d’identifier les groupes de populations les plus vulnérables.
La création d’un observatoire de suivi de la sécheresse se justifie aussi par la nécessité pour le pays de jouer un rôle plus actif au niveau régional et international dans la mise en oeuvre des programmes de l’Observatoire du Sahara et du Sahel (notamment le plan national de lutte contre la désertification), et l’application des recommandations du Sommet de Rio en matière de biodiversité et de conservation des ressources naturelles. L’Observatoire de la sécheresse serait également un cadre pluridisciplinaire de concertation et de réflexion concernant la convention internationale sur les changements climatiques, en collaboration avec l’Observatoire National de l’Environnement récemment créé.
Objectif de l’Observatoire de la Sécheresse
L’objectif principal visé par la mise en place d’un observatoire de la sécheresse serait d’apporter à travers une collecte méthodique et continue des données, une aide à la prise de décision en matière des actions à entreprendre en vue de prévenir et / ou d’atténuer les effets de la sécheresse. L’observatoire vise aussi à élaborer l’information requise en temps opportun pour l’évaluation de l’impact des différentes mesures entreprises pour lutter contre la sécheresse.
Les objectifs spécifiques assignés à l’observatoire à court, moyen et long termes sont les suivants:
Elaboration d’un système d’alerte précoce permettant de déclencher un programme d’urgence pour atténuer les effets de la sécheresse à court terme;
Amélioration des outils d’aide à la décision, à moyen et long termes à travers l’intégration des risques de sécheresse dans la planification économique.
Mission de l’Observatoire de la Sécheresse
Pour réaliser ses objectifs, l’observatoire national de la sécheresse est doté des quatre missions suivantes:
Conception d’un système d’information permettant le suivi et la prévision de la sécheresse
Evaluation des impacts de la sécheresse, et des programmes mis en oeuvre pour en atténuer les effets
Participation à l’élaboration des stratégies d’adaptation et/ ou de lutte contre la sécheresse
Valorisation effective des acquis de la recherche sur la sécheresse à l’échelle nationale et internationale
L’observatoire de la sécheresse devrait donc permettre l’amélioration des outilsd’aide à la décision pour une gestion efficace de la sécheresse à court, à moyen et long termes.
Conception d’un Observatoire de la Sécheresse
L’Observatoire doit être un cadre de concertation pour créer un véritable espace d’échanges pluridisciplinaires et de partenariat autour de la sécheresse. C’est une structure souple qui, dans le domaine de la lutte contre la sécheresse, mettra ses moyens humains et matériels ainsi que son savoir-faire au service des partenaires et acteurs concernés pour favoriser et faciliter la prise des décisions appropriées au moment opportun.
L’Observatoire est organisé en réseau, composé d’une structure centrale qui travaille en étroite collaboration avec les partenaires membres, et qui est en liaison permanente avec les unités opérationnelles à l’échelle régionale.
Structure centrale: La coordination et l’orientation des activités de l’Observatoire devra être assurée par une structure centrale à Rabat pour être à proximité des services centraux des partenaires impliqués. A l’instar d’autres observatoires dans le monde, et typiquement l’observatoire national de gestion de la sécheresse aux Etats-Unis qui est rattaché à l’Université du Nebraska, l’observatoire marocain doit être domicilié dans un environnement scientifique et technique qui lui confère neutralité et efficience dans l’action. La multidisciplinarité des activités de l’observatoire exige un cadre qui permette une synergie entre des disciplines aussi diverses que l’agro-météorologie, l’agronomie, la gestion des ressources eau, la production et la santé animale, l’agro-économie et les politiques agricoles, la télédétection et les systèmes d’information géographique, les statistiques et l’informatique. Sa situation dans un pool scientifique et technologique de haut niveau permettra à l’Observatoire de mettre à profit les expertises confirmées de terrain déjà existantes et des interactions dores et déjà établies ou initiées avec les différents partenaires.
Unités régionales: L’observatoire de la sécheresse ne peut pas fonctionner sans des liaisons fonctionnelles avec des cellules opérationnelles à l’échelle régionale, permettant l’acquisition des informations fiables qui sont à la base de l’élaboration des critères objectifs pour la régionalisation de la sécheresse, le suivi de ses effets et l’évaluation de ses impacts au niveau des différentes régions.
Partenariat: L’observatoire de la sécheresse ne peut pas fonctionner sans des liaisons biens établies avec les nombreux acteurs, qui interviennent à tous les niveaux (local, national, international, sectoriel) dans l’élaboration et la mise en oeuvre des programmes de lutte contre la sécheresse. Ces liaisons doivent, d’une part, permettre la circulation des flux d’informations nécessaires à la prise de déci- sion et d’autre part, permettre de mettre en place rapidement et d’une manière coordonnée les actions prévues dans ces programmes.
Les partenaires potentiellement importants pour le fonctionnement de l’observatoire sont les suivants:
Directions Centrales et régionales du Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et des Pêches Maritimes (AGR, DCFC, DPV, DE, DPAE, DPA, ORMVA, Chambres d’Agriculture,…)
Direction de la Météorologie Nationale (DMN)
Centre Royal de Télédétection Spatiale (CRTS)
Directions Centrales et régionales du Ministère de l’Equipement
Secrétariat d’Etat à l’Environnement
Ministère de la santé publique
Ministère de la Communication et de l’Information
Directions centrales et régionales du Ministère de l’Intérieur
Institutions nationales de formation et de recherche (IAV Hassan II, INRA, ENA, ENFI, CNRF, Universités et Centres de Recherche Scientifique)
Institutions internationales intéressées par la sécheresse.
Les liaisons entre les différents partenaires, leurs responsabilités respectives, les informations nécessaires à la prise de décision et les flux d’information peuvent être
définis a priori lors de l’élaboration d’un plan de préparation à la sécheresse, ou d’une stratégie d’adaptation à la sécheresse.
Organisation de l’Observatoire
L’observatoire est structuré selon l’organigramme ci-dessous. Il est composé d’un Comité d’orientation, d’un Comité scientifique, d’un Comité directeur appuyé par une Unité centrale de gestion et des Unités régionales, de trois Comités techniques constitués chacun de quatre Groupes thématiques. Font partie du Comité directeur les responsables des institutions partenaires nationales et les responsables des trois comités techniques. L’Observatoire est dirigé par un Coordinateur désigné par le Ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et des Pêches Maritimes.
Le Comité directeur a pour missions de définir les orientations et les stratégies de l’Observatoire, d’assurer la coordination de ses activités thématiques, de valider ses programmes techniques, d’évaluer les actions entreprises, et d’assurer les ressources nécessaires au fonctionnement optimal de l’observatoire.
Fonctionnement de l’Observatoire
Le fonctionnement optimal de l’observatoire nécessite une collaboration étroite et permanente non seulement avec les différents ministères\ Directions, mais aussi avec les instituts de recherche et de formation. En effet, dans son rôle de coordinateur d’une stratégie nationale de lutte contre sécheresse, l’Observatoire de la sécheresse devra être en mesure d’inciter certaines recherches ou de favoriser l’émergence de nouvelles technologies visant à développer des stratégies efficaces de lutte contre ce fléau. L’observatoire devra aussi s’appuyer sur ces institutions pour assurer la formation des acteurs impliqués à différents niveaux d’interventions.
Dans sa phase de lancement, l’Observatoire concerne la composante agricole de la sécheresse et repose sur une structure comprenant un Comité Directeur, une Unité Centrale de Gestion à l’IAV Hassan II, Rabat, et trois Unités régionales à Settat au Centre d’Aridoculture de l’INRA, à l’ENA de Meknès et à l’ENFI. Trois Comités Techniques Spécialisés sont créés pour traiter des volets de suivi de la sécheresse, d’évaluation de ses impacts et de l’élaboration des stratégies d’adaptation. Cinq Groupes de travail sont initialement institués: Suivi et prévision de la sécheresse, Agriculture Elevage, Eau potable et Energie, Environnement, Socio-économie (voir diagramme ci-dessous),
Outils de travail de l’Observatoire
Outils de collecte et d’exploitation de données (enquête ponctuelle, enquête de suivi, données climatiques et hydrologiques, télédétection et systèmes d’information géographiques).
Outils de prédiction / modélisation (modèles agro-météoroJogiques, ressources en eau, état du couvert végétal, prévision des rendements, mouvements d’animaux,…)
Outils de suivi des prix et marchés des produits .Conception d’études pilotes spécifiques selon les besoins.
Approche méthodologique
Approche méthodologique: Lorsque l’observatoire devient opérationnel, on peut utiliser deux approches différentes mais complémentaires pour l’acquisition et le traitement de l’information, l’approche passive et l’approche active.
L’approche passive est basée sur la collecte régulière et l’exploitation des informations habituellement produites par les structures officielles partenaires. Un effort doit être consenti au niveau de la sélection des données utiles et pertinentes pour répondre aux objectifs de l’observatoire. Cet effort doit aussi tenir compte de la standardisation des méthodes de collecte.
L’approche active est basée sur la mise en place d’investigations et d’études pilotes dans différents secteurs de l’agriculture ou des autres activités économiques, afin de fournir des éléments de réponse à des problèmes spécifiques ayant ou non un caractère conjoncturel. Cette approche vise essentiellement à générer des informations pour la quantification des effets de la sécheresse sur une activité donnée selon une méthodologie appropriée à chaque situation.
Actuellement, les techniques mises en oeuvre par les différentes structures pour l’acquisition de l’information en vue de la prise de décision concernent les prévisions météorologiques, l’évolution des niveaux des réserves en eau dans les barrages, le suivi de la campagne agricole, l’estimation des récoltes, l’estimation des effectifs du cheptel, l’évolution des prix des produits agricoles, des aliments de bétail, et des animaux.
Ces techniques peuvent être améliorées et exploitées au maximum; mais elles ont une portée limitée par rapport aux exigences d’un traitement dynamique de la sécheresse. La télédétection spatiale, combinée avec les systèmes d’information géographique et des modèles agro-météorologiques, est de plus en plus utilisée à l’échelle internationale. La chaîne dans laquelle l’information doit circuler est claire. L’information de base est recueillie par satellite puis analysée par des institutions ayant la maîtrise de ce type d’information. Ensuite, l’information ainsi élaborée doit transiter par des institutions qui puissent la réadapter aux besoins des utilisateurs finaux. En même temps, l’information de base doit aussi servir à mieux étudier les cycles de la sécheresse et leurs causes pour rendre les informations obtenues plus performantes.
Moyens d’équipement et de fonctionnement
Le fonctionnement optimal de l’observatoire exige des moyens humains, matériels et financiers. Les ressources humaines ne doivent pas poser de problèmes majeurs si ce n’est de formation et de remise à niveau du personnel technique opérant sur le terrain (voir ci-dessous). Sur le plan matériel, l’Observatoire aurait besoin des équipements suivants:
Moyens de saisie et de traitement des données (équipements informatiques)
Support informatique de l’information choix d’une base e données)
Moyens de communication et d’échange de données (messagerie électronique)
Formation des acteurs de l’observatoire: La réalisation adéquate des programmes de l’observatoire nécessite la formation préalable des différents acteurs impliqués dans la conception et la mise en oeuvre de ces programmes, à chaque niveau d’intervention et de responsabilité. Selon les besoins qui doivent être clairement identifiés dès la phase préparatoire, il s’agira de réaliser des actions de formation initiale ou d’assurer des modules spécifiques de formation continue.
Coopération internationale
Le développement de l’Observatoire national de la sécheresse nécessite d’avoir des liens de coopération mutuellement bénéfiques avec les institutions et organismes internationaux concernés par le traitement structurel de la sécheresse. Certains de ces liens sont déjà établis; d’autres sont en cours.
–Liens institutionnels établi aux Etats-Unis, en Australie et en Afrique du Sud:
National Drought Mitigation Center, University of Nebraska Lincoln, USA
National Drought Policy Commission US Department of Agriculture, Washington DC
US Corps of Engineers, Washington DC
lnstitute of Land, Agriculture and Natural Resources University of Melbourne, Australia
Agricultural Research Council
lnstitute for Soil, Climate and Water, Pretoria, South Africa
–Liens institutionnels en cours d’établissement dans le cadre de la coopération bilatérale: Espagne, France, Italie, Angleterre.
–Liens de collaboration en cours d’établissement avec des organismes régionaux et internationaux: UMA, CIHEAM, ICARDA, UNESCO, OSS, FAO, PNE, FIDA, USAID.
Productions de l’Observatoire
La production de l’observatoire de la sécheresse peut revêtir différentes formes selon les besoins des décideurs, des partenaires et des utilisateurs
Rapports de conjoncture
Rapports périodiques de suivi
Rapports scientifiques et techniques
Plan de préparation pré-sécheresse
Plan de lutte contre la sécheresse
Plan de redressement post-sécheresse
Stratégie d’adaptation à la sécheresse
Les informations générées par l’observatoire permettent de réaliser un pilotage raisonné de la sécheresse sur des bases objectives à travers l’élaboration d’un système d’alerte précoce de la sécheresse, et la détermination d’indicateurs pertinents pour le suivi dès effets et l’évaluation des impacts de la sécheresse à court, moyen et long termes.
Conclusion
L’élaboration d’une stratégie nationale d’adaptation à la sécheresse devient une orientation prioritaire, compte tenu du caractère structurel de cet aléa. En vue de combattre les effets néfastes de la sécheresse, cette stratégie doit être axée sur la création et la mise en place d’un observatoire national sous la forme d’un espace de partenariat, de concertation et d’échanges d’informations. L’expérience des observatoires existants de par le monde montre que cette structure doit être domiciliée dans un environnement scientifique multidisciplinaire qui lui assure neutralité et efficacité.
L’observatoire est un outil privilégié pour promouvoir les techniques de gestion des risques à travers l’intégration de prévisions fiables des phénomènes atmosphériques précurseurs, le développement de systèmes d’alerte précoce de la sécheresse et la préparation de plans opérationnels de lutte contre ce fléau, avec une attention particulière sur la sensibilisation des populations. La mise en oeuvre des différents programmes de l’observatoire et des actions à entreprendre doit être coordonnée à tous les niveaux en vue d’atténuer les impacts de la sécheresse sur les populations cibles, sur l’activité économique à court et long termes, et sur l’environnement dans sa globalité ■.
Le pois chiche d’hiver pourrait avoir une place importante dans les systèmes de culture des zones semi-arides marocaines. Les résultats des travaux expérimentaux, de plus d’une décennie à l’INRA, ont démontré un gain de rendement allant du simple au double, et même au triple dans certains cas, par rapport à la culture traditionnelle de pois chiche de printemps. Ce gain de rendement est dû principalement à une meilleure utilisation des eaux de pluies, généralement perdues par évaporation entre les mois de novembre et mars pour la culture de printemps, à la précocité de la récolte et au potentiel génétique des variétés.
Choix de la variété
Le catalogue officiel contient un certain nombre de variétés dont la plupart sont de création récente. Toutes ces variétés, à l’exception de ILC 195, sont tolérantes aux souches d’anthracnose sur lesquelles elles ont été testées et ont une bonne résistance au froid.
Choix du sol
Le pois chiche s’adapte aux sols assez lourds, pourvu qu’ils soient bien drainés. Comme pour les autres cultures, sa productivité sera plus faible dans les sols peu fertiles. Il tolère des pH allant de 6 à 9.
Préparation du sol
Nous conseillons les outils à dents pour la préparation du sol. Pour la reprise, il faut effectuer un minimum de passages. L’objectif est de laisser un sol souple et légèrement motteux.
Azote
Dans les sols où le pois chiche est habituellement cultivé, le Rhizobium sp est généralement présent en quantité suffisante, et il n’y a pas de besoin d’inoculer. Le pois chiche d’hiver peut donc satisfaire ses besoins en azote jusqu’à 80%, selon l’alimentation hydrique. L’aptitude de la plante à fixer une grande partie de son azote permet d’éviter les apports d’azote. Néanmoins, nous recommandons l’apport supplémentaire de 10 à 20 kg N/ha au semis.
Phosphore
Dans les sols pauvres à moyennement pourvus en phosphore (3.4 à 5.5 ppm P), on recommande un apport de 40 à 60 kg P205/ha. Ceci améliore le rendement, la taille des graines et la nodulation.
Date de semis
En règle générale, il faut semer le plutôt possible pour profiter des pluies précoces et réduire les risques d’un déficit hydrique en fin de cycle. Pour les régions dites du bour favorable (Sais, Zaer), il serait préférable de réaliser un semis de fin d’hiver (mi-janvier). Pour les régions semi-arides (Chaouia, Abda), les semis d’automne sont recommandés (mi-novembre).
Densité de peuplement
La densité de peuplement optimale varie selon la date de semis et les conditions hydriques prévisibles. En général, on recommande un peuplement de 35 à 45 plantes par m2.
Ecartement – Profondeur
Pour les écartements entre les lignes de semis, il ne faut pas dépasser 50 cm. Un tel écartement permet de réaliser les binages dans de bonnes conditions et améliore le rendement. En cas de semis tardif, il est préférable de semer plus dense pour compenser la faiblesse du couvert végétal (réduire les écartement et augmenter légèrement la dose de semis).
Les graines doivent être semées à une profondeur de 4 à 6 cm. La profondeur doit être régulière pour assurer une levée homogène.
Par Dr. R. Dahan, Centre Aridoculture, Settat
Lutter contre les mauvaises herbes sur le pois chiche d’hiver
Une culture très vulnérable à la concurrence des mauvaises herbes
Le semis du pois chiche en hiver coïncide avec la période pluvieuse où les mauvaises herbes sont très abondantes. Durant cette période la croissance du pois chiche est relativement lente du fait que cette culture est très vulnérable à la concurrence des mauvaises herbes. Si la perte de rendement du pois chiche de printemps ne dépasse pas les 30% en l’absence de désherbage, dans le pois chiche d’hiver, les mauvaises herbes peuvent anéantir totalement la culture.
Attention aux espèces à feuilles larges, plus nombreuses et abondantes
Deux catégories de mauvaises herbes peuvent infester le pois chiche. Celles à feuilles larges appartenant à la classe des dicotylédones et celles à feuilles étroites avec des nervures parallèles qui sont les graminées. Les principales espèces graminées qui se trouvent dans la plupart des régions agricoles sont citées dans le tableau. Les espèces à feuilles larges sont plus nombreuses, leur abondance relative varie d’une région à une autre. Dans les plaines de Chaouia et Abda, par exemple, les espèces qui ont été plus fréquemment observées figurent dans le tableau. Leur caractéristique commune est la tolérance au 2,4 D, l’herbicide le plus utilisé sur les céréales.
Réalisez un binage manuel ou mécanique
Le binage manuel ou mécanique par une bineuse généralement à traction animale est une pratique courante pour le désherbage des légumineuses. Le pois chiche d’hiver nécessite deux binages manuels. Le premier doit être fait 4 à 5 semaines après la levée et le deuxième 60 à 70 jours après la levée.
Dans le cas où l’on prévoit un binage mécanique avec une bineuse, celui-ci doit être obligatoirement précédé par un désherbage manuel étant donné que ce type de binage est fait à un stade avancé de la culture afin d’éviter les dégâts mécaniques de la culture.
On recommande l’utilisation de la bineuse à lame qui coupe les racines des mauvaises herbes sans retourner le sol. Le binage avec cet outil peut se faire à partir de la quatrième semaine.
Désherbage chimique
L’infestation par les mauvaises herbes se présente le plus souvent comme une population variée d’espèces de graminées et dicotylédones. Les herbicides testés sur le pois chiche et disponibles sur le marché sont uniquement des anti-graminées non sélectifs ou à la fois des anti-graminées et anti-dicotylédones.
Herbicides anti-graminées non sélectifs en post-levée
La lutte contre les graminées dans le pois chiche offre la possibilité et l’avantage d’utilisation des herbicides non sélectifs des graminées. Plusieurs matières actives sont disponibles au Maroc tels que: Fervinal (sétoxydime), fluazifob-p-butyl (Flusilade super) et Cycloxydime (Focus ultra). Ces herbicides sont très efficaces contre toutes les espèces de graminées ainsi que les repousses de blé et d’orge. Ils s’utilisent en post-levée et de ce fait permettent de juger de l’importance de l’infestation et par la suite de l’intérêt d’un traitement.
Herbicides anti-graminées et anti-dicotylédones de pré-levée en plus d’un désherbage manuel
Ces herbicides ont la particularité d’éliminer sélectivement certaines espèces graminées et d’autres à larges feuilles. Un herbicide appliqué à un pois chiche infesté par différentes espèces de mauvaises herbes risque de ne pas éliminer la totalité des mauvaises herbes. Celles qui échappent, peuvent causer des pertes en rendement non négligeables. C’est le cas des herbicides suivants: Maloran (chlorbromuron), Gesagard (prometryne), Tribunil (metabenzthiazuron), Bladex (cyanazine). Ces herbicides peuvent être toutefois utilisés sur le pois chiche pour réduire l’infestation par les mauvaises herbes. Cependant, il faut compléter par un désherbage manuel.
Les herbicides qui se sont montrés efficaces contre une gamme assez large d’espèces de mauvaises herbes sont l’Igrane (terbutryne) à la dose de 4 à 6l/ha et le Gesatope (simazine) à la dose de 1.5 à 2l/ha. Ces deux herbicides s’appliquent juste après le semis et avant la levée du pois chiche et des mauvaises herbes. Ce sont des herbicides de pré-levée. Les rendements obtenus avec ces herbicides sont comparables à ceux des parcelles maintenues propres durant tout le cycle de la culture.
Conditions d’application des herbicides de pré-levée
Une bonne préparation du sol est souhaitable, afin d’avoir une meilleure uniformité d’application.
Ces herbicides sont absorbés par le coléoptile et les racines des mauvaises herbes qui viennent de germer, son action se manifeste après son incorporation au sol par une pluie (5 à 10 mm).
La quantité de bouillie (mélange herbicide plus eau) doit être aux environs de 200 l/ha.
Une bonne calibration du pulvérisateur est indispensable. Une dose élevée peut être phytotoxique et une faible dose n’est pas efficace.
Il faut d’abord remplir le pulvérisateur avec la moitié de la quantité d’eau à utiliser puis ajouter l’herbicide et la quantité d’eau restante.
Ajuster la dose avec les types de sol. Dans le cas d’un sol léger, il faut mettre la dose la plus faible. Alors que dans un sol lourd , il est recommandé de mettre la dose la plus élevée.
Dans la même année, il faut éviter de semer une culture sensible en cas d’échec de la culture.
Par Dr. A. El Brahli, Centre Aridoculture, Settat
Options de choix pour mécaniser la production du pois chiche
Problématique
Les pratiques culturales courantes de la production des légumineuses alimentaires sont très exigeantes en main d’oeuvre (25 à 30 journées par hectare). Plusieurs études et rapports ont montré que le semis, le contrôle des mauvaises herbes et la récolte constituent les contraintes majeures qui bloquent la production des légumineuses alimentaires en général et du pois chiche en particulier. Un système adéquat de mécanisation devient impératif pour cette production qui ne fait que diminuer durant ces dernières années. Ainsi, l’utilisation des variétés de pois chiche d’hiver et l’intensification des itinéraires techniques pourront palier à ces problèmes et augmenter les rendements de cette culture.
Alternatives
Le développement d’un système performant et complet pour semer, désherber et récolter mécaniquement le pois chiche d’hiver doit faire en sorte que la rentabilité augmente par une diminution des coûts de production. Les techniques de préparation du lit de semences sont relativement simples à maîtriser. Des machines pour le semis, le contrôle des mauvaises herbes et la récolte mécanique ont été développées et ont pu réduire considérablement le temps en main d’oeuvre nécessaire.
Résultats
Le travail du sol requis pour la préparation du lit de semence d’une production de pois chiche complètement mécanisée doit avoir une surface bien nivelée et une structure d’agrégats autour de la graine de même diamètre que ceux des semences. Ce travail peut être réalisé à l’aide d’outils à dents, d’un passage à l’aide d’un sweep ou dans le cas échéant à l’aide d’un double cover-croppage croisé.
Un passage à l’aide d’une herse ou d’un rouleau dans le cas où la surface du lit de semence n’est pas bien nivelée après le semis serait souhaitable pour pulvériser les mottes.
Le semoir mono-grains développé au centre Aridoculture permet de réaliser le semis à l’aide d’une traction animale ou mécanique. En effet, les éléments indépendants qui constituent ce semoir permettent d’atteler un ou deux éléments à des animaux de trait (jouja), ou quatre ou plus éléments à un tracteur. Le système de distribution est constitué de plateaux inclinés interchangeables qui permettent un meilleur raisonnement du peuplement . La roue tasseuse derrière chaque élément permet à la fois l’entraînement du système et le tassement du sol autour de la semence.
Le contrôle des mauvaises herbes peut être réalisé chimiquement en pré-émergence à l’aide du pulvérisateur et mécaniquement à l’aide de bineuses. Ces bineuses doivent permettre de couper les mauvaises herbes avec un minimum de perturbation du sol et sans le retourner. Ainsi, la surface du sol restera bien nivelée et l’évaporation de l’eau sera minime.
La récolte du pois chiche peut être réalisée à l’aide d’une faucheuse andaineuse, ou à l’aide de la moissonneuse batteuse conventionnelle moyennant les réglages suivants nécessaires pour minimiser les cassures des graines:
Baisser la barre de coupe entre 5 à 10 cm; augmenter le jeu entre le batteur et le contre-batteur (5 à 7 cm à l’entrée et 3 à 4 cm à la sortie).
augmenter la ventilation pour assurer un bon nettoyage sans avoir trop de pertes.
Par Drs. O. Gharras et R. Dahan, Centre Aridoculture, Settat
Douyet et Rizki: variétés de pois chiche adaptées au semis d’hiver
Pourquoi un semis d’hiver?
Au Maroc le pois chiche est traditionnellement semé au printemps. Ceci expose la culture à un déclin de l’humidité du sol et à une hausse de la température de l’air qui coïncident avec la croissance reproductive de cette culture. La productivité est de ce fait limitée. L’INRA a depuis 1979 entamé des recherches visant à avancer le semis du pois chiche en hiver. L’objectif principal est l’agencement du cycle de la culture avec les régimes hydriques et thermiques optimaux visant une meilleure efficience de l’utilisation de l’eau et par suite un rendement élevé et stable.
Quelle variété semer?
Le choix de la variété est un facteur clé dans la production du pois chiche d’hiver. Ce choix devra prendre en considération les caractéristiques suivantes:
potentiel de rendement
résistance aux maladies, principalement l’anthracnose
résistance au froid
maturité
possibilités de mécanisation
Ces caractéristiques devront permettre d’orienter l’agriculteur dans le choix de la variété qui conviendra le mieux à son exploitation.
A quoi s’attendre d’un semis d’hiver par rapport à un semis de printemps?
Accroissement significatif du rendement (>200%)
Précocité de la récolte (25 à 45 jours)
Mécanisation de la production
Réduction des attaques parasitaires (mineuse, flétrissement fusarien)
Meilleur agencement du cycle de la culture avec les régimes hydriques et thermiques
Meilleure utilisation de l’eau
Extension de la culture vers de nouvelles zones
Fertilité du sol (effet résiduel de l’azote)
Meilleure réponse aux intrants
Quels problèmes posés par le semis d’hiver?
Attaques dues à l’anthracnose
Infestation par les mauvaises herbes
Besoin d’inoculer en cas d’extension vers de nouvelles zones.
Par Drs. R. Dahan et M. El Hadi, Centre Aridoculture, Settat
En consacrant cette journée d’étude pour l’Olivier et ses implications sur la santé humaine et l’environnement, l’Association des Amis de l’Olivier, ‘‘AMIOL’’ s’inscrit dans la dynamique représentée par cet arbre multiséculaire dont le rameau symbolise le savoir, la sagesse, la solidarité, l’amour de l’environnement et la durabilité.
Que serait en effet le paysage méditerranéen sans la présence de ces dix millions d’hectares d’oliviers qui ont défié les siècles pour marquer de leurs empreintes les civilisations méditerranéennes, désormais qualifiées de civilisations de l’Olivier.
Par sa sagesse symbolique, ses vertus, l’Olivier nous interpelle, dans l’intérêt des générations futures, pour la signature d’un nouveau traité de bonne conduite et d’une bonne gouvernance qui impliquerait, dans un projet équitable, les aspects économiques et écologiques pour une croissance et un développement durable.
Le Plan Maroc Vert ambitionne de restituer à l’Olivier ses titres de noblesse en le soustrayant au statut de parent pauvre de l’agriculture pour le propulser à celui d’espèce fruitière performante, économiquement rentable et respectueuse de l’environnement.
Un objectif aussi ambitieux inscrit pour l’Olivier dans le Plan Maroc Vert devra faire adhérer et agir en synergie les Décideurs au niveau du Ministère d’Agriculture, les « professionnels leaders », les petits producteurs, la recherche, l’enseignement, le développement, les organisations professionnelles, les banques, la société civile…
«L’AMIOL» s’inscrit dans cette démarche participative et souhaite apporter sa modeste contribution aux efforts communs.
Le programme d’aujourd’hui, à travers la thématique proposée : « l’Olivier = Qualité, Santé et Environnement » les préoccupations majeures qui continueront à se poser avec beaucoup d’acuité à la filière oléicole. Elles nécessiteront des programmes de recherches, de développement et un travail en parfaite synergie avec l’ensemble des intervenants dans différentes filières (oléicole, nutritionnelle, médicale et environnementale).
Ce programme est le prélude à d’autres manifestations thématiques diversifiées constructives à même d’enrichir les débats et aider à la prise de décision en vue de résoudre les problèmes majeurs de la filière oléicole.
Enfin l’olivier, grand fédérateur nous invite à agir ensemble pour relever les nombreux défis et récolter avec l’aide de Dieu la croissance espérée à travers la promotion de l’olivier, espèce aux multiples symboles et aux nombreuses vertus médico – nutritionnelle bénéfiques à l’Humanité.
Programme de la journée
Olivier: Secteur privilégié du Plan Maroc Vert,
Mr HAJJAJI Ahmed (Directeur Général de l’Agence de Développement Agricole) [présentation]
Olivier et santé
Effets préventifs sur la santé
Dr CHAOUI Asmae et Pr ALAOUI My Idriss [présentation]
Effets curatifs sur la santé
Dr SKALLI Souad et Pr BEN AZZOUZ Mustapha [présentation]
Olivier: Qualité et Environnement
Qualité: Facteur compétitif pour la promotion de la filière et indispensable pour le respect de l’environnement,
Pr. RAHMANI Mohamed- IAV HASSAN II [présentation]
Rôle de la diversité variétale de l’olivier dans la sauvegarde de l’environnement,
Dr BOULOUHA Bel Kacem- INRA [présentation]
Sous produits de l’olivier: valorisation et protection de l’environnement,
Pr OUAZZANI Nourredine – Agropole- ENA de Meknès [présentation]
Qualité et conditionnement,
Mr Hassan DEBBARH, Président de l’interprofession oléicole [présentation]
L’amélioration génétique a toujours constitué un facteur important pour l’augmentation des productions bovines, en l’occurrence le lait et la viande. Au cours de la dernière décennie, le secteur de l’élevage bovin a beaucoup évolué, tant du point de vue structurel qu’organisationnel, que ce soit à l’échelle nationale ou internationale.
Au Maroc tout d’abord, sous l’impulsion du Plan Maroc Vert initié en 2008, l’élevage bovin, surtout laitier, a connu un développement spectaculaire. En effet, dans sa composante développement des filières lait et viande bovines, le Plan Maroc Vert a prévu une progression sensible du niveau moyen de consommation des produits animaux par habitant à l’horizon 2020 (multiplication par 3,5 à 4 de la consommation de lait et multiplication par 2 de la consommation de viandes bovines), et cela notamment à travers un vaste programme d’amélioration génétique visant à encourager les races laitières hautes productrices, en même temps que la production de veaux croisés destinés à la boucherie. Deux contrats programmes 2010/2014, liant l’Etat et l’Interprofession signés en 2009, permettent depuis lors d’encourager ces filières en développant à grande échelle le croisement des femelles laitières avec des races à viande. Ces programmes impactent la conduite des élevages et aussi conditionnent à moyen et long terme les systèmes d’élevage bovins.
À l’échelle mondiale, la mise sur le marché de la semence sexée et des taureaux évalués par la génomique a profondément bouleversé l’organisation de l’amélioration génétique, aussi bien au niveau de l’insémination artificielle, que du contrôle de performances et de l’évaluation génétique des animaux.
Consciente de son rôle de forum de discussion et d’échange d’opinions, l’ANPA organise un séminaire sur le thème «Programmes d’amélioration génétique des bovins et conséquences sur les systèmes d’élevage» afin de permettre à ses adhérents d’enrichir le débat sur les programmes actuels et les nouveautés qui sont utilisées dans le domaine de l’amélioration génétique bovine et leur impact sur les modes de conduite des troupeaux. Pour cela, le séminaire est organisé en trois grandes sessions:
La 1ère session vise à étaler les stratégies de développement de l’élevage bovin mises en oeuvre actuellement dans le pays et à présenter une expérience européenne en matière d’amélioration génétique des bovins;
La 2ème session a pour objectif de présenter la façon dont les deux contrats programmes sont appliqués sur le terrain et de découvrir quelques résultats préliminaires concernant la conduite et les performances des bovins;
La 3ème session a pour objectif d’exposer les dernières nouveautés dans le domaine de la génomique et de la semence sexée et de présenter quelques résultats de recherche obtenus à l’échelle nationale dans le domaine de l’amélioration génétique des bovins
Session 1: Stratégies de développement de l’élevage bovin
1- Analyse rétrospective des programmes d’amélioration génétique des bovins et perspectives d’évolution dans le cadre du Plan Maroc Vert. A. Benlekhal (DDFP) [Résumé et présentation]
2- Présentation du contrat programme de développement de la filière lait et organisation de la profession. (FIMALAIT) [Résumé et présentation]
3- Présentation du contrat programme de développement de la filière viandes rouges. K. Chajaï (FIVIAR) [Résumé et présentation]
4- Produire du lait et/ou de la viande? Stratégies et performances d’élevages bovins paysans au Maroc. M.T. Sraïri (IAV Hassan II) [Résumé et présentation]
5- Expérience de l’Association Wallonne de l’Elevage (AWE – Belgique) en matière d’encadrement des éleveurs de bovins.C. Bertozzi, A. Gillon, C. Boccart (Association Wallonne de l’Elevage) [Résumé et présentation]
Session 2: Programmes d’amélioration génétique des bovins: Organisation et réalisations
6- Programme de croisement industriel des bovins: Mise en place et résultats préliminaires. D. El Bada (ANPVR) [Résumé et présentation]
7- Programme d’action de l’Association Nationale des Eleveurs de Bovins et sa contribution au développement des filières lait et viande bovines. N. Belkadi (ANEB) [Résumé et présentation]
8- Organisation de l’amélioration génétique des troupeaux laitiers dans le Souss Massa. Z. Annasser (Coopérative SAGB)[Résumé et présentation]
9- Mise en oeuvre du contrat programme au niveau de l’ORMVAD. (Directeur de l’ORMVAD) [Résumé et présentation]
10- Mise en oeuvre des contrats programmes: Cas d’une zone bour. M. Kharbouche (DRA Chaouia) [Résumé et présentation]
11- Caractérisation des élevages en croisement terminal bovin dans la région de Doukkala. K. Lakhssassi, M. El Fadili (INRA) [Résumé et présentation]
12- Résultats préliminaires sur les performances de croissance et les caractéristiques des carcasses de taurillons issus du croisement industriel dans les Doukkala. M. Chaoui, A. Boughalmi, T. Coulibaly, L. Diallo, H. Karib, M. Bourfia, A. Araba (ANPVR et IAV Hassan II) [Résumé et présentation]
Session 3: Acquis de la recherche dans le domaine de l’amélioration génétique des bovins
13- La sélection génomique: principe et impact sur l’organisation de l’amélioration génétique. M. Brochard, D. Boichard (Institut de l’Elevage et INRA, France) [Résumé et présentation]
14- Évaluation génétique des bovins laitiers sous le modèle de lactation de référence et le modèle de contrôle individuel. I. Boujenane, M. Benbouajili, A. Tijani (IAV Hassan II et ENA de Meknès) [Résumé et présentation]
15- Comparaison des performances laitières des vaches Holstein et Montbéliardes conduites en système intensif. A. Tijani, I. Amechtal (ENA de Meknès) [Résumé et présentation]
16- Effet du pays d’origine sur les performances zootechniques des vaches Holstein. S. Anaflous, I. Boujenane (ANEB et IAV Hassan II) [Résumé et présentation]
17- Évaluation de l’utilisation de la semence sexée en élevage bovin laitier pour la production des génisses au Maroc: cas des grands élevages laitiers. A. Mazouz, I. El Miri (IAV Hassan II) [Résumé et présentation]
Séminaire ANPA
Programmes d’Amélioration Génétique des Bovins et Conséquences sur les Systèmes d’Elevage – Rabat 7-8 Juin 2012– Synthèse des Discussions et Recommandations
Première session – Stratégies de développement de l’élevage bovin Président : Ahmed Bentouhami , Rapporteur : Abdelilah Araba
La première session a été principalement consacrée à l’analyse rétrospective des programmes d’amélioration génétique des bovins et aux perspectives d’évolution des filières bovines dans le cadre du plan Maroc vert (PMV).
Les différents intervenants se sont attachés à mettre en lumière l’état des lieux de la filière bovine en rappelant, pour ce qui est de:
Structure de production
Les effectifs des différents types génétiques et leur évolution;
la moitié des 800 000 éleveurs sont intégrés au réseau de transformation de lait et la seconde moitié, considérés comme « traditionnels », produisent les veaux pour la viande;
une production qui a atteint en 2010 environ 2,23 millions de tonnes de lait et 226 000 tonnes de viande bovine, enregistrant ainsi une amélioration de l’ordre de 20% par rapport à 2008, année de lancement du PMV;
Un manque à gagner aussi bien en matière de production de lait que de viande dû principalement aux conditions alimentaires et au manque de programme efficace d’amélioration génétique.
Programmes d’amélioration génétique bovine
Les intervenants ont présenté les principales phases d’évolution de la gestion de l’amélioration génétique au Maroc, et qui se caractérisent par:
Pour la décennie 70: lancement du plan laitier.
Pour la décennie 80: initiation de l’organisation des éleveurs en associations.
Pour la décennie 90: transfert de la gestion de l’IA aux Organisations Professionnelles et libéralisation de l’importation des génisses.
Pour la décennie 2000: Nouvelle stratégie de développement agricole: PMV avec de nouveaux objectifs de production laitière et de viande rouge.
2011: Adhésion du Maroc à l’ICAR.
Concernant le PMV, les actions ont concerné surtout:
Pour la filière « viande rouge bovine »:
Promotion de l’investissement par la mise en place d’une prime à hauteur de 10% du montant des investissements pour les projets d’intensification de la production;
Soutien spécifique aux projets d’agrégation: 380 Dh/tête agrégée;
Promotion de la filière par les actions suivantes:
Soutien à la production des veaux croisés avec les races à viande;
Exonération des droits de douane pour l’importation des veaux d’engraissement;
Appui aux organisations professionnelles pour la conduite des programmes de développement (amélioration génétique, formation…);
Formation, qualification des producteurs et recherche appliquée (centre zoopôle).
Pour la filière « lait » :
Soutien à l’investissement: Génisses de repeuplement, bâtiments, équipements…;
Soutien spécifique aux projets d’agrégation: 280 Dh/vache laitière agrégée;
Création du centre national d’évaluation génétique des bovins laitiers et de gestion informatique des données du contrôle des performances laitières et de la filiation des reproducteurs;
Appui aux organisations professionnelles pour la contribution à la réalisation des programmes (amélioration génétique, formation…);
Formation, qualification des producteurs et recherche appliquée (centre zoopôle).
Quelques résultats et bilan
Le nombre d’IA a évolué de moins d’une centaine au début des années 70 à environ 350000 actuellement. Cependant, les participants ont relevé la multitude des intervenants dans cette activité.
L’importation des reproducteurs bovins de races pures a connu des hauts et des bas, avec des pics en 1986 (22000 génisses importées), en 1996 (37000 génisses) et en 2010 (27000 génisses). Néanmoins, l’assistance a relevé que l’Etat subventionne l’achat de génisses d’importation alors que l’achat de génisses produites localement ne l’est pas.
Quant à l’évolution de la structure génétique du cheptel, elle est caractérisée par une augmentation de plus en plus importante de la part des bovins améliorés « d’origine importée » et des croisés, au détriment de celle des bovins de race locale, qui méritent une attention particulière dans des programmes de développement spécifiques.
Cependant, un travail d’enquêtes réalisé dans les régions du Tadla et du Gharb a permis de constater que la spécialisation laitière peine à se concrétiser dans les périmètres irrigués. On assiste parfois même à des situations de concurrence entre le lait et la viande, et dans certains élevages, on passe à des systèmes purement allaitants. Cette concurrence est liée à l’utilisation de l’eau mobilisée pour la production fourragère (1,8 m3 pour la production d’un litre de lait et 10,6 m3 pour la production d’un kg de poids vif), à la main d’œuvre, etc.
Expérience d’ailleurs
Cette session a été aussi l’occasion pour les participants de prendre connaissance de l’expérience de l’Association Wallonne de l’Elevage (AWE) en matière d’encadrement des éleveurs de bovins et d’amélioration génétique à travers ses activités de services (amélioration génétique de l’élevage bovin wallon et amélioration de la gestion économique des exploitations wallonnes) et ses activités commerciales de production et de vente des meilleurs reproducteurs bovins.
Ces activités sont assurées par une équipe de 260 personnes dont 160 sont sur le terrain et un conseil d’administration de 15 éleveurs. Les objectifs de l’AWE sont de mettre à la disposition des éleveurs des reproducteurs de grande qualité et de leur proposer un encadrement technique de pointe afin d’augmenter la rentabilité de leur élevage.
Des questions de l’audience ont porté sur le financement des activités de l’AWE et de sa représentativité.
Cette association bénéficie de ressources financières sous forme de cotisations de ses membres, des services fournis aux éleveurs et d’un soutien public octroyé par la Région Wallonne via son Ministère de l’agriculture. Pour ce qui est des programmes de recherche & développement, ceux-ci sont soumis comme les autres projets auprès d’organismes européens dans le cadre d’appel à projet pour financement.
Pour ce qui est de sa représentativité, l’AWE travaille avec 1100 fermes sur 4000 éleveurs en Wallonie. Il a été souligné que les clients de AWE y restent en raison du suivi assuré et qui génère une amélioration des performances.
Au cours des débats, les intervenants ont formulé certaines recommandations qui se résument comme suit:
Revoir le rôle des intermédiaires dans les transactions commerciales du bétail;
Concrétiser les projets de réhabilitation des souks déjà programmés et inclure d’autres;
Libéraliser la circulation de la viande foraine;
Améliorer l’état des abattoirs qui sont très vétustes;
Veiller à agréer plus d’abattoirs;
Lutter contre le colportage du lait qui concerne entre 30 et 40% de la production nationale;
Mettre en place un plan d’éradication de la tuberculose (au moins 20% du cheptel étant touché par cette maladie);
Prendre en considération le contrôle laitier dans tout programme d’amélioration génétique des bovins laitiers;
Encourager les programmes de croisement terminal qui doivent être envisagés comme option de source de revenu pour les éleveurs en parallèle à ceux du développement de la filière laitière;
Inclure la subvention des génisses produites localement, à l’instar de celles importées, surtout que leur coût de production est élevé.
Session 2 : Programmes d’amélioration génétique des bovins : Organisation et réalisations Président : Fouad Guessous, Rapporteur : Ismaïl Boujenane
Les exposés présentés lors de la 2ème session ont traité des aspects relatifs à la mise en place et à l’organisation des programmes d’amélioration génétique des bovins, à la mise en œuvre des contrats programmes dans les zones de Doukkala et Chaouia, à la caractérisation des élevages en croisement industriel et à la présentation de quelques résultats préliminaires sur les performances de croissance et d’engraissement des veaux issus du croisement industriel.
Ces interventions et le débat riche qui a suivi ont mis en exergue les points suivants :
1.Le croisement industriel des bovins a pris une grande ampleur à l’échelle du pays
Il est devenu une opération attractive pour les éleveurs, y compris les éleveurs laitiers. Toutefois, il est nécessaire de piloter de près cette activité afin d’assurer sa pérennité et sa réussite, sans trop affecter le secteur laitier. A ce propos, plusieurs recommandations ont été faites:
Choix des races à viande utilisées en croisement industriel. Il a été rapporté que les semences d’au moins quatre races à viande européennes sont actuellement utilisées pour la production des veaux croisés. La question qui se pose concerne l’opportunité de l’utilisation de toutes ces races. Toutefois, cette question est restée presque sans réponse puisque les résultats actuellement disponibles sur les performances des veaux croisés sont encore insuffisants et fragmentaires et ne permettent pas de répondre objectivement à cette question.
Devenir des femelles croisées. Si le principe du croisement industriel exige que les femelles croisées de 1ère génération soient destinées exclusivement à l’abattage, plusieurs intervenants ont rapporté qu’une certaine proportion de ces femelles est gardée pour le renouvellement, sous prétexte qu’elles ont une bonne conformation et qu’elles se prêtent parfaitement à l’élevage. Cette pratique non saine, de la part de certains éleveurs, mérite une campagne de sensibilisation afin d’expliquer la finalité du croisement industriel et le risque de diminution des performances suite à l’utilisation pour la reproduction des femelles croisées.
Types génétiques des femelles support du croisement industriel. Les intervenants ont mentionné que les semences des taureaux à viande sont actuellement utilisées à la fois sur les vaches des types génétiques local, croisé et amélioré pur, à des proportions variables selon les désirs des éleveurs et les régions. En effet, il a été rapporté dans une présentation que 48% des vaches Holstein de l’échantillon étudié ont été utilisées en croisement industriel. Or, pour un croisement industriel propre, il est recommandé qu’il soit pratiqué sur une partie des vaches locales, les vaches croisées et les vaches améliorées pures qui ne produisent pas de génisses de remplacement. Là également, des efforts de sensibilisation importants doivent être déployés afin d’épargner les bonnes vaches laitières de race pure et de réserver la pratique du croisement aux seules vaches croisées et aux vaches améliorées génétiquement médiocres et/ou en fin de carrière.
Comparaison des performances des veaux croisés. Quelques résultats concernant les performances des veaux croisés ont été présentés. Toutefois, ces résultats, bien qu’indicatifs, doivent être pris avec précaution et doivent être approfondis car ils semblent refléter :
les différences individuelles entre les taureaux et non pas les différences entre les races;
les différences dues aux races des mères support de croisement;
les différences de mode de conduite entre les troupeaux.
Etude économique sur le croisement industriel. La majorité des présentations s’est surtout limitée aux performances de croissance et d’engraissement des veaux croisés afin de souligner l’intérêt de l’opération croisement industriel et pour avancer la supériorité d’une certaine race à viande. Or, la comparaison doit également inclure d’autres caractères zootechniques: fertilité des vaches inséminées, viabilité des veaux…, et doit aussi intégrer la composante économique afin de prendre en considération le coût de l’opération (prix de la semence, frais alimentaires, frais vétérinaires, coût des bâtiments d’élevage, coût de la main d’oeuvre…), la plus value dégagée…
Impact du croisement industriel sur les systèmes d’élevage. La pratique du croisement industriel bovin dans notre pays est encore récente. La majorité des éleveurs était plus tournée vers le secteur laitier, et presque tous les investissements réalisés sont faits dans ce sens. L’arrivée de cette nouvelle technologie va en parallèle impacter les systèmes d’élevage, en vue de permettre une nouvelle conduite du troupeau, l’adaptation des bâtiments d’élevage, l’introduction de nouveaux calendriers alimentaires, la recherche de nouveaux types de marchés pour l’écoulement des produits, etc., bref une nouvelle organisation de l’élevage.
2. Coordination entre associations
Les associations professionnelles doivent plus travailler en synergie afin de développer les secteurs lait et viande. Ceci passerait par:
l’orientation des efforts de chaque association vers de nouveaux créneaux non encore explorés par une autre association;
la diversification des activités de chaque association tout en respectant ses propres spécificités et sa mission;
le positionnement de chaque association dans de nouvelles zones où une autre association n’est pas encore implantée…
3. Devenir du secteur laitier
Dans certaines régions, comme la Chaouia et les Doukkala, le secteur laitier est menacé par la pratique du croisement industriel. En effet, beaucoup d’éleveurs se sont convertis dans le croisement industriel aux dépens de l’élevage laitier… Cette conversion impactera sûrement le secteur laitier dans les quelques années à venir à travers l’amenuisement des génisses laitières de renouvellement. Certaines voix ont appelé à orienter l’activité du croisement industriel principalement vers des zones à vocation non laitière.
Session 3 : Acquis de recherche dans le domaine de l’amélioration génétique des bovins Président : Mhamed Sedrati, Rapporteurs : Moussa El Fadili
Dans la 3ème session, les orateurs ont abordé des thèmes très importants relatifs aux acquis en amélioration génétique des bovins: l’utilisation de la génomique et de la génétique quantitative, la semence sexée et les performances des principales races laitières observées dans des élevages laitiers intensifs du Maroc.
Le 1er exposé a concerné l’expérience française dans le domaine de la Sélection génomique des bovins laitiers en présentant les principes et impacts de cette méthode sur la création du progrès génétique et sur l’organisation de l’amélioration génétique. Il a également traité de l’importance de la qualité de la collecte complexe de données (phénotypage et séquençage), la population de référence, l’organisation et les collaborations nationale et internationale qui sont nécessaires pour développer la sélection génomique, qui constitue de nos jours une véritable révolution dans le domaine de la génétique animale.
Le 2ème exposé s’est intéressé à la comparaison des résultats de l’évaluation génétique des bovins laitiers en utilisant deux méthodes de modèles: la lactation de référence et le contrôle individuel journalier. Après avoir présenté les lacunes du système de lactation de référence et les avantages de la méthode directe des productions laitières obtenues le jour du contrôle, l’orateur a présenté les résultats de l’évaluation génétique des bovins laitiers selon les deux modèles, ainsi que l’estimation du progrès génétique réalisé dans un élevage de vaches laitières privé marocain.
Le 3ème exposé a comparé les résultats de performances de production des deux principales races laitières : la Holstein et la Montbéliarde, obtenus dans les élevages intensifs dans les régions de Tadla, Chaouia, Gharb et Saïs. La question de se limiter à l’utilisation de la race Holstein ou de diversifier les races laitières à exploiter au Maroc a été posée.
Le 4ème exposé a comparé l’effet du pays d’origine (Maroc ou pays étrangers d’importation de génisses) et les effets des facteurs d’environnement sur les performances de production des vaches laitières. Les résultats présentés semblent en faveur des vaches nées et élevées au Maroc.
Le 5ème exposé a traité de l’utilisation de la semence sexée en élevage bovin laitier et il a présenté les premiers résultats réalisés au Maroc dans 3 grands élevages laitiers de production de génisses.
Lors de la discussion générale qui a suivi les exposés, les points saillants suivants ont été soulevés:
Les opportunités et les possibilités qui s’offrent au Maroc pour s’engager dans la voie de la sélection génomique;
La nécessité de développer des axes de collaboration avec d’autres pays pour mutualiser les moyens voire la population de référence dans le cas où le Maroc veut développer l’indexation génomique;
la taille de la population de référence minimale et ses caractéristiques dans le cas du Maroc;
la répercussion sur les closes du CPS lors de l’importation de reproducteurs indexés sur la génomique;
le coût additionnel à payer par l’éleveur/profession dans le cas d’utilisation des taureaux indexés sur la valeur génomique;
la nécessité d’avoir des données et un pedigree informatif pour réaliser une évaluation rigoureuse et créer le progrès génétique;
le prix additif de la semence sexée qui sera supporté par l’éleveur / profession.
Parmi les recommandations :
La nécessité de la révision du système de contrôle laitier au Maroc voire son allégement;
La nécessité de compléter le caractère production laitière (seul utilisé actuellement) par les autres caractères d’intérêt, à savoir la matière grasse, les protéines et les cellules somatiques pour la comparaison des races ou pour l’évaluation génétique. Il faudra donc mettre en place le système d’analyse de la qualité du lait ;
La nécessité de normaliser les méthodes de contrôle laitier, de performances et de calcul d’index;
La disponibilité de la DDFP à s’engager dans la voie de l’amélioration du système de contrôle laitier;
L’encouragement de la production nationale des génisses dans les unités pépinières puisqu’elles performent mieux et qu’elles sont plus adaptées aux conditions marocaines ;
Les subventions accordées ne doivent pas se limiter aux importateurs et aux producteurs des génisses, comme c’est le cas actuellement, mais elles devraient s’étendre également aux éleveurs acquéreurs des génisses produites localement;
La nécessité de bien cibler les clauses du cahier des charges lors de l’importation des reproducteurs et de la semence bovine de l’étranger pour garantir le progrès génétique;
Améliorer la technique du contrôle de la mobilité des semences produites et importées au niveau du CRIA;
La nécessité de créer la commission nationale d’amélioration génétique des animaux impliquant les différents acteurs: Ministère, professionnels, scientifiques… qui aura pour mission, notamment, d’orienter la sélection et l’amélioration génétique en général de l’espèce bovine, mais aussi des autres espèces et d’en assurer la continuité;
La nécessité de développer les études de suivi technico-économique pour avoir des éléments précis sur les systèmes de production de bovins (lait, viande) au Maroc;
La nécessité de lancer une étude sur le coût de production de la génisse au niveau national et aussi pour comprendre les raisons pour lesquelles la production de la génisse ne se développe pas ou reste faible au Maroc;
La nécessité de développer la recherche et la recherche & développement dans les filières lait et viande et lui assurer un financement étatique durable.
Evaluation de l’utilisation de la semence sexée en élevage bovin laitier pour la production des génisses au Maroc: cas des grands élevages laitiers
A. Mazouz 1, I. El Miri 2
1 IAV Hassan II, Rabat
2 Vétérinaire privé, Settat
Le présent travail a porté sur l’évaluation de l’utilisation de la semence sexée pour la production des génisses au Maroc, ainsi que la caractérisation de cette semence. Cette évaluation a été réalisée au niveau de trois grandes fermes du nord du Maroc: la Ferme A dans la région du Loukkos, la ferme B dans la région du Gharb et la ferme C dans la région de Fès. L’étude a concerné 564 génisses et 44 vaches inséminées par la semence sexée importée issues de 9 taureaux. L’évaluation a concerné deux paramètres: le pourcentage de réussite de la première insémination (%RIA1) et le sex-ratio femelle.
Les résultats obtenus ont montré que le %RIA1 est de 41% pour la ferme A, 33% pour la ferme B 67% pour la ferme C. Le sex-ratio femelle est de 92% pour la ferme A, 77% pour la ferme B et 95% pour la ferme C. L’analyse statistique réalisée dans le cadre de cette évaluation a montré que le %RIA1 est influencé par la mobilité individuelle des spermatozoïdes et par l’effectif de femelles inséminées, tandis que le sex-ratio femelle est influencé par le choix du taureau.
Il a été conclu que ces résultats sont conformes aux normes mondiales en la matière. Aussi, ils ont permis d’aboutir à des recommandations qui par leur application vont permettre d’optimiser l’utilisation de la semence sexée pour la production des génisses au Maroc.
Effet du pays d’origine sur les performances zootechniques des vaches Holstein
S. Anaflous 1, I. Boujenane 2
1 ANEB, Rabat
2 IAV Hassan II, Rabat
L’effet du pays d’origine sur les performances zootechniques des vaches Holstein a été étudié à travers l’analyse des données du contrôle laitier effectué entre 2006 et 2009 dans 49 troupeaux de la coopérative agricole (COPAG) et dans le troupeau de la ferme Mazaria. Le nombre de lactations analysées est de 2756, dont 459 lactations ont été réalisées par des vaches issues d’Europe, 847 par celles importées des USA et 1450 par celles nées au Maroc.
L’analyse des données a montré que le pays d’origine de la vache a un effet significatif sur la quantité de lait et la quantité de matières grasses par lactation de référence, ainsi que sur la durée de la lactation, mais pas sur l’intervalle entre vêlages ou le taux butyreux. Ainsi, les vaches nées au Maroc performent mieux que celles importées des USA et d’Europe. La quantité de lait et la quantité de matières grasses en 305 jours des vaches nées au Maroc sont respectivement de 322 kg et 20 kg plus élevées que celles des vaches importées des USA, et de 743 kg et 18 kg plus élevées que celles des vaches issues d’Europe. En revanche, la durée de lactation des vaches nées au Maroc est de 45 jours et de 17 jours plus courtes que celles des vaches importées respectivement des USA et d’Europe.
Il a été conclu que les vaches nées au Maroc n’ont rien à envier à leurs homologues européennes et américaines et qu’il est nécessaire d’encourager la production locale des génisses et leur acquisition par les éleveurs.