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vendredi, mars 29, 2024

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Le pommier

LE POMMIER

Importance et aire de culture

Abstraction faite de l’amandier, le pommier (Malus domestica) est l’espèce qui occupe la plus grande surface en matière de rosacées fruitières au Maroc. Actuellement, les vergers plantés en pommes totalisent 29000 ha dont 1000 ha nouvellement crées avec une production de 390000 T. C’est un secteur qui connaît une évolution rapide, stimulé par un marché porteur, une gamme variétale qui tend à se diversifier et une profession dynamique. Les principales régions sont Meknès, Midelt, Khénifra, Haouz Marrakech, Fès, Ouarzazate…

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Exigences agro-écologiques

Le pommier est une espèce des zones tempérées, il nécessite une longue période de repos végétatif pour satisfaire ses besoins en froid qui sont de l’ordre de 800 à 1600 heures inférieures à 7,2°C. Des variétés à faibles besoins en froid ont été développées et ont permis l’extension de l’aire de culture du pommier.

L’espèce peut résister jusqu’à -35°C en phase de dormance, mais les zones les plus favorables à la culture sont celles qui présentent des hivers froids et des étés modérément chauds et relativement humides. Des températures de 21 à 26°C sont les plus favorables à l’activité des abeilles au cours de la pollinisation. Des nuits fraîches et une luminosité intense durant la maturité sont très favorables à la bonne coloration des fruits. Par contre, des journées brumeuses accompagnées de précipitations ou de rosées matinales déprécient la couleur des fruits et favorisent le développement du russeting.

Le pommier s’adapte à une large gamme de sols. Cependant, des terrains bien drainés légèrement acides (pH 6,5 à 6,7), argilo-limoneux, profonds et riches en matières organiques sont les plus favorables à la culture du pommier. Les sols lourds argileux à forte capacité de rétention en eau doivent être évités autant que les sols à forte teneur en calcaire actif.

La quantité d’eau nécessaire au pommier pour sa croissance et sa production varie de 700 à 900 mm/an. Les besoins en eau du pommier en période de végétation (Mars à Septembre) seraient de 600 mm. Les besoins les plus forts se manifestent en Juillet-Août.

Le matériel végétal

Variétés

Un des problèmes qui restreint les zones de culture du pommier est la non satisfaction des besoins en froid hivernal. Aussi, pour la culture en plaine (Saïs, Gharb), il convient de choisir les variétés à faible besoin en froid. Parmi-elles, on peut citer Anna, Einschiemer, Vista Bella, Jerseymac, Delbar estivale, Earlygold, Sungold, Primgold, Ozark gold, Newgold, Arkcharm, Sunrise, Akane et Dorset Golden. Certaines parmi ces variétés sont peu connues, particulièrement sur le plan adaptation et ce n’est qu’à la suite d’essais de comportement que des conclusions peuvent être tirées sur les choix à faire.

Un autre point important à considérer est l’association de variétés qui s’interpollinisent. Une variété plantée sans pollinisateur ne peut pas produire. C’est ainsi que Anna a comme pollinisateur Einschiemer. Vistabella est pollinisée par Jerseymac, Idared, Prima, Malus Floribunda Evereste et Akane a comme pollinisateur Golden delicious, Idared, Reine des Reinettes, etc…

Porte-greffe

Le porte-greffe le plus utilisé au Maroc est le MM 106. Il est d’une moyenne vigueur, s’adapte bien aux sols lourds et profonds, craint la sécheresse mais est très sensible au phytophthora, ce qui limite actuellement son utilisation. MM 109 est très vigoureux, convient bien aux sols légers bien drainés, résiste à la sécheresse, mais est très sensible à l’hydromorphie. M26 a une faible à moyenne vigueur, nécessite un sol bien drainé car sensible à l’hydromorphie.

Certains porte-greffe sont actuellement peu utilisés à cause de la vigueur qu’ils confèrent à la variété (M II et MM111). D’autres, des sélections du M 9, suscitent beaucoup d’intérêt à cause de leur effet nanifiant et de mise à fruit rapide. Ce sont le Pajam 1 Lancep, le Pajam 2 Cepiland, le M 9 NAKB et le M 9 EMLA. Ces porte-greffes sont d’introduction récente.

Les techniques culturales

Préparation du sol avant plantation

Deux opérations sont importantes à réaliser: le profil pédologique et l’analyse du sol. Le profil pédologique jusqu’à 1 m de profondeur permet de déterminer la profondeur d’enracinement possible et du travail du sol adapté (défoncement, sous-solage etc…). L’analyse de la terre va permettre de raisonner la fertilisation tant au plan quantitatif que qualitatif (tenir compte de la texture, des taux d’argile et de la matière organique, du pH et du calcaire actif).

Fumure de fond

Il faut profiter du labour ou du sous-solage pour incorporer au sol la fumure de fond: Fumier=50-60 T/ha, phosphate = 300-400 U/ha sous forme de superphosphate, Potasse = 300-400 U/ha sous forme de sulfate de potasse ou mieux de sulfate double de potasse et de magnésie, Magnésie = 50-70 U/ha sous forme de sulfate ou de carbonate et oligo-éléments = 500 kg/ha d’un engrais à base de mélange d’oligo-éléments (Zinc, Bore, Fer etc…).

Choix du système de plantation

Il tient compte de la densité de plantation et de la forme des arbres. Celle-ci est fonction de la vigueur de l’association variété-porte-greffe, de la fertilité du sol et de l’ensoleillement du lieu. On distingue différents systèmes de plantation: les vergers extensifs (80 à 150 plants/ha), intensifs (1000 à 1500 plants/ha) et la haute densité (2500 plants/ha).

Choix des variétés

Le choix doit porter sur les variétés pour lesquelles les débouchés sont assurés. Une certaines diversification des variétés est souhaitable aussi bien pour l’étalement des ventes sur le marché que pour les besoins de la pollinisation.

Conduite et entretien du verger

Entretien du sol

L’entretien du sol consiste à mettre en œuvre un ensemble de techniques visant à maintenir le sol en bon état après plantation, pour un bon fonctionnement des racines. Le sol peut être soit travaillé mécaniquement au niveau de la couche superficielle, soit désherbé chimiquement, soit recouvert d’un « mulch » ou paille. Toutes ces techniques visent à détruire les mauvaises herbes et réduire l’évapotranspiration.

Dans la mesure où les ressources en eau sont excédentaires, la couverture du sol par un engrais vert temporaire ou permanent permet un enrichissement de ce sol en matière organique et une amélioration de la qualité des fruits.

Fumure d’entretien

Elle doit être basée sur l’analyse du sol qui doit être répétée tous les 3 ans environ, au même endroit dans les mêmes conditions. A titre indicatif et pour des arbres en pleine production, il faut apporter:

– 20 à 25 T/ha de fumier bien décomposé.
– 120 unités/ha d’azote fractionné en 1/3 sous forme d’ammonitrate au stade B (débourrement), 1/3 sous forme de nitrate au stade E-F (floraison) et 1/3 sous forme de nitrate au stade G-H (grossissement du fruit).
– 50-100 unités/ha de P205 sous forme de superphosphate en hiver, en localisation.

L’apport du potassium dépend de la texture du sol, en particulier de sa teneur en argile. Il est préférable de l’apporter sous forme de sulfate ou de sulfate et de magnésie. En sol sableux, l’apport est de 50-75 U/ha de K20. En sol limoneux: 75-100 U/ha. En sol argileux: 150 U/ha.

La magnésie est apportée sous forme de sulfate de magnésie à raison de 20-30 U/ha pour compenser les pertes. En cas de carence, apporter 30-50 U/ha. Les autres éléments: Zn, Cu, Mn, Fe, B, peuvent être apportés sous forme de pulvérisations foliaires.

Irrigation

Le système d’irrigation doit être défini avant la plantation. Il peut être par ruissellement, submersion, aspersion ou goutte-à-goutte. L’apport d’eau doit se baser sur le bilan hydrique. Cette méthode consiste à maintenir un équilibre entre l’offre et la demande en eau. L’offre correspond à la contribution du sol, aux précipitations, aux irrigations et aux remontées capillaires. La demande correspond à l’évapotranspiration réelle (ETR) des arbres (et éventuellement de l’enherbement) auquel il faut ajouter les pertes par drainage et ruissellement. Les irrigations comblent la différence entre l’offre et la demande. Les remontées capillaires sont souvent négligées.

En aspersion et micro-aspersion, le sol est un réservoir que la consommation des arbres épuise petit à petit. La technique consiste à réapprovisionner la réserve du sol lorsque celle-ci est épuisée. Dans le cas du goutte à goutte, on considère que le volume du sol humide est beaucoup trop faible et qu’il ne constitue qu’une zone de transfert d’eau.

Taille

Les grands types de taille sont la taille de formation, d’entretien et de fructification. La taille de formation permet de donner à l’arbre une structure bien définie, et d’obtenir un certain équilibre entre les différentes charpentières; elle permet également un bon éclairement ainsi que le garnissement des branches dénudées.

Les différents types de tailles répondent à des objectifs d’intensification et de durée du verger. Parmi ces tailles, on distingue les formes libres type Gobelet ou dirigées (forme palissées, axe vertical etc…).

La taille de fructification a pour objet d’éclaircir les charpentières, d’éliminer les gourmands, d’assurer une pénétration suffisante de la lumière ainsi que l’établissement d’un équilibre annuel entre la végétation et la fructification.

La taille de renouvellement est fondée sur l’allongement naturel du rameau et l’ablation partielle (taille de rapprochement).

Maladies, ravageurs et protection phytosanitaire

Voir calendrier des traitements (Tableau, voir fichier pdf).

Récolte et conservation

La récolte est basée sur l’utilisation de certains indices de cueillette. Ces indices doivent être développés pour chaque variété pour des régions données. Parmi ces indices, il faut signaler la coloration des pépins dont la couleur brune doit s’étendre sur au moins ¾ de la surface des pépins (Golden), le test de régression de l’amidon, la couleur de fond de l’épiderme, la fermeté, l’indice réfractométrique, l’acidité, etc…

La récolte doit être faite avec le maximum de soins. Elle peut être sélective ou totale. Après la récolte, il est souhaitable que les pommes subissent une pré-réfrigération par air ou par eau glacée, ce qui permet de ralentir le processus de maturation des fruits. La conservation se fait en chambre froide simple ou en atmosphère contrôlée.

Prof. Walali Loudyi Dou El macane, Prof. Skiredj Ahmed
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat

Activités du projet ConserveTerra

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